À la fin du cours, il avait prit son courage à deux mains et était allé lui parler.

— J'aime bien, quand tu chantes.

Apolline leva un de ses sourcils roux, paraissant surprise. Célian n'avait aucune idée de la manière dont elle parvenait à bouger indépendamment ses muscles faciaux. Il avait pourtant essayé un bon nombre de fois...

— Tu brilles.

Une fois la surprise passée, ses joues rosirent légèrement, et elle sourit. Pas un magnifique sourire, aux dents blanches et avec des fossettes. C'était un sourire un peu tordu, et on voyait l'espace entre ses deux incisives.

Mais c'était vrai. Un sourire authentique et qui venait du fond du cœur. Un sourire naturel. Et c'était superbe.

Célian se sentit gratifié d'être le destinataire de ce sourire. D'en être aussi l'origine.

— Merci !

Sa voix s'éleva tel un carillon, légère et un peu rieuse. Sûrement qu'elle ne comprenait pas ce qu'on puisse trouver à sa voix, elle qui chantait si faux.

Justement. Ce n'était pas sa voix. C'était elle, qui était si vraie.

— J'aime bien chanter, rajouta-elle un peu songeuse.

Et c'est sur ces paroles que la cloche marquant la fin de l'intercours sonna, et qu'Apolline, la fille au beau sourire un peu de travers, se fit emporter par la foule. Et Célian ne réussit pas à la suivre.