Apolline, elle chantait faux.

Elle chantait horriblement faux, une vraie calamité. On aurait dit un concert de chats à qui on arracherait la peau –– et Célian exagérait à peine en pensant ça. Elle s'en rendait probablement compte, mais si c'était le cas, elle n'en avait strictement rien à faire.

Célian s'en était aperçu pendant leur cours de musique. Il était assis pas très loin d'elle, et avait pu l'entendre chanter lorsque leur prof le lui avait demandé.

Elle ne chantait pas fort, cela dit. Ceux au fond ne l'entendaient certainement pas. Peut-être que la pudeur l'y poussait, ou peut-être qu'elle voulait garder son chant rien que pour elle et les quelques personnes autour d'elle. Mais lui avait eu la chance de ne pas être assis loin, et il l'avait écoutée avec attention. Il était probablement le seul, cela dit.

D'habitude, Apolline avait la voix frêle, presque timide, mais vibrait toujours d'un éclat qui laissait supposer qu'elle pouvait éclater de rire à tout moment — et qu'elle allait le faire. Mais, alors qu'elle chantait, elle prenait de l'assurance, se redressait et souriait. Elle avait l'air heureuse, comme ça.

Elle mettait tout son cœur, elle s'investissait dans sa chanson. Et c'était magnifique.

Elle irradiait de l'intérieur, illuminant ses voisins. Malheureusement pour eux, ils ne semblaient pas très réceptifs.

Quelques rires s'étaient faits entendre dans la classe à l'entente de sa voix de fausset, et Célian avait sentit la colère lui nouer les entrailles. Ne voyaient-ils pas sa pureté, sa beauté, alors qu'elle chantait ?

Mais elle n'avait que faire des rires et continuait à chanter. Elle, elle s'amusait. Et c'était tout ce qui importait.