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Aussi, Apolline dessinait mal.

Enfin, c'est pas exactement qu'elle dessinait si mal que ça... C'est juste que ça n'était jamais ressemblant. Elle avait un certain talent pour l'incongru et l'étrange, pour les choses aux formes inattendues.

Célian était assis à sa table en maths, et il aimait bien la regarder dessiner. Elle semblait toujours si concentrée –– les sourcils froncés en signe de concentration et, parfois, la langue dépassant d'entre les lèvres. Il trouvait ça adorable. Il l'observait donc discrètement, attentif à ses mouvement précis qui, d'un simple arc, pouvaient changer un ballon en tout autre chose. À chaque fois, il s'attendait à voir émerger quelque chose de sa main, comme par exemple un arbre, ou des formes simples et banales..

Mais à chaque fois, elle le surprenait.

Ainsi, la voiture s'était transformée en dragon, l'arbre en barbe-à-papa et le canapé en sirène endormie.

Ça le perturbait, Célian. Il n'aimait pas l'imprévu. Il aimait les choses carrées, simples et répétitives ; les choses avec un ordre et un sens, qui pouvaient rentrer dans toutes ses petites boîtes. Pourtant, il aimait bien quand c'était Apolline qui le surprenait.

À chaque fois, elle lui faisait découvrir quelque chose. À chaque fois, il observait un peu plus de son monde, cette bulle dans laquelle elle s'était isolée. À chaque fois, il la comprenait un peu mieux.

Célian était quelqu'un de carré, il le savait et il aimait ça. L'inconnu, le merveilleux, le rêve, c'était pas pour lui.

Mais il voulait bien changer un peu, si ça voulait dire qu'il deviendrait un peu plus comme Apolline. 

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