Chapitre soixante et un


KEZAR

Sekhir ne semblait pas confiant derrière moi, mais je sentais qu'il fallait qu'on accélère le mouvement. Je détestais venir au palais. Ce n'était pas mon endroit préféré, clairement. Et en plus de ça, je ne me sentais pas si bien que ça. Je ne savais pas si c'était juste dans ma tête ou si c'était dû à l'odeur qui traînait dans le palais. Je n'osai pas demander à Sekhir s'il la sentait lui aussi. S'il ne la sentait pas, alors je devenais fou complètement fou. Et je n'aimais pas ça.

Un mauvais pressentiment me tirait vers le fond et m'empêchait de prendre une longue et grande inspiration. Comme si j'avais trop retenu ma respiration, pendant trop longtemps. Ma cage thoracique me faisait mal.

Soudain, un cri résonna.

Mes oreilles le reconnurent.

Immédiatement.

Sakhi.

Sekhir voulut me retenir, mais je me mis à courir à travers les couloirs sans réfléchir. Sakhi aurait protégé Renfri coûte que coûte, alors elles étaient forcément ensemble. Et si quelque chose arrivait à Sakhi, Renfri était forcément en danger.

L'adrénaline dans mon corps me força à respirer plus bruyamment.

Je sentais mes muscles me tirailler.

Je sentais ma peur grandir.

— RENFRI ! hurlai-je. SAKHI !

Je crus apercevoir quelqu'un au bout du couloir, mais déjà je repoussai les deux immenses portes qui menaient au bassin d'Ergo. Ce bassin où il emmenait les assassins qu'il envoyait dans l'arène. Il leur promettait force et éternité et leur faisait boire cette eau.

Sekhir se jeta sur les portes pour qu'elles s'ouvrent plus vite et pendant un instant, on se figea tous les deux.

Ergo tenait Renfri à bout de bras.

Il la privait de son air.

Il était en train de la TUER !

Ma vue se brouilla.

Pendant un instant, je crus sentir mon corps prendre une autre forme.

Comme si je réveillais quelque chose de profondément enfoui.

Mes mains me parurent plus grandes.

Ma tête plus lourde, comme si je portais quelque chose dessus.

Des... cornes ?

Mes cheveux plus longs volèrent devant mon visage et le pouvoir qui courut dans mon corps me donna l'impression d'être invincible.

Tellement que je me jetais en avant pour arrêter Ergo.

Je ne pouvais pas le laisser tuer Renfri.

Elle ne pouvait pas mourir.

Mon corps heurta celui d'Ergo avant qu'il ne se tourne et je croisais le regard inquiet de Renfri pendant une seconde.

Mon corps de nouveau dans son apparence naturelle je réussis à mettre Ergo à terre. Renfri roula plus loin.

Je crus apercevoir Sekhir se jeter vers elle, mais déjà mon poing s'écrasa sur le visage d'Ergo.

Il hurla de rire et son bras m'envoya rouler plus loin en un seul puissant jet.

— Qu'es-tu petit Kezar ? cria Ergo.

Son regard fou se posa sur moi.

Je me redressai sur mes coudes et réussis à rouler plus loin pour éviter son pied. Je crus entendre Renfri m'appeler, mais me concentrai sur le combat présent.

— Tu ne voulais pas que je la tue ? Pourquoi ? POURQUOI ?

Je voulus m'écarter de son courroux pour pouvoir mieux attaquer, mais une main m'agrippait. Je croisais le regard fou d'un infecté. Une lame frôla mon visage. Ce fut à cet instant que j'aperçus l'armée d'infectées qui avançaient doucement vers nous.

— Qu'as-tu fait ? murmurai-je.

— J'ai créé mon armée ! hurla-t-il. Une armée qui pourra vaincre et écraser Astalos. À commencer par elle !

Son doigt pointa Renfri et Sekhir. Je déglutis. Bien sûr qu'Ergo savait qui il avait sous la main. Il savait qu'elle était la Princesse Dragnir.

— Tu as réussi à me la cacher tout ce temps, mais son odeur ne ment pas, menadas. Elle est ce qu'elle est.

Je fronçai les sourcils. Ergo se pencha lentement. Ses yeux brillèrent un instant et je crus halluciner.

— Ne sens-tu pas son odeur ? Ne comprends-tu pas que le Roi d'Astalos a caché bien plus qu'une naissance ?

Mes doigts heurtèrent un caillou. Je ne pris pas le temps de le soupeser. Je l'agrippai et de toute mes forces, je l'envoyais dans le visage d'Ergo. Il hurla au moment de l'impact, mais quand il se redressa avec la moitié de sa joue en sang, il ne semblait pas plus impacté que ça par sa blessure.

— Tu as toujours été si violent, Adrellian, cracha Ergo.

Je clignai des yeux. Quoi ?

Il m'agrippa par les cheveux et je tentais de me défaire immédiatement de sa prise. Je ne réussis cependant pas assez vite puisqu'il me fracassa le front contre le sol.

Je hurlai de douleur avant de sentir un souffle d'air. J'entendis le bruit de Sneezy et soudain, Ergo se retrouva face à un énorme Volin, prêt à le bouffer. D'autres cris résonnèrent face à la forme la plus grosse de Sneezy. Ergo ne put échapper à la queue gigantesque de mon gardien et il vola de l'autre côté de la pièce.

— Salut mon vieux, murmurai-je.

Mais déjà, Ergo se relevait pour me foncer dessus. J'eus le temps de sortir mes lames pour contrer la sienne. Je réussis à parer plusieurs coups, mais rien ne me permit de contre-attaquer. Il fallait que je tue cet homme.

Et il fallait que je le tue maintenant.

Je ne pouvais pas le laisser faire, je ne pouvais pas continuer à vivre dans le même monde que lui.

Il méritait de mourir.

Je crus apercevoir Sekhir se battre contre des infectés. Il était rapide l'idiot.

J'eus un moment de déconcentration quand je crus voir Renfri en mauvaise position.

Le poing d'Ergo rencontra mes côtes et je me pliai en deux de douleur.

Ses doigts se refermèrent sur ma gorge et il me redressa.

— Tu crois pouvoir l'aider, mais ce n'est pas le cas. Elle suivra le même destin que sa mère, murmura la voix d'Ergo contre mon oreille.

Je sentis brièvement le froid d'une lame contre mon ventre. Dans un sursaut de survie, je plantai mes deux pieds contre le torse d'Ergo ce qui le déstabilisa et écarta la lame de mon ventre. Avec un cri, j'utilisai mes bras pour me hisser par-dessus ses épaules. Il était assez fort pour supporter ma manœuvre sans bouger. Mon corps passa par-dessus sa tête et nous nous écrasâmes au sol tous les deux.

— Montre-moi ce que tu caches, Kezar ! cria de nouveau Ergo. Montre-moi ce qu'il y a en toi et je te montrerais peut-être mon secret !

— Tu aurais tué ton peuple pour ta victoire ! sifflai-je, le cœur dans la gorge.

— Comme si ce n'était pas déjà fait ! éclata-t-il de rire.

Un rire fou.

Un rire machiavélique.

Qui me donna des frissons d'horreurs.

Etais-je assez fort pour le battre ?

La folie l'emporterait-elle toujours sur le courage ? 

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