Chapitre onze
AILUIN
Royaume d'Olea.
L'océan était agité depuis le retour du Roi. Comme s'il se préparait pour l'Oraison. Prêt à offrir à notre peuple toute la bonté et la fureur qu'il pouvait nous donner.
Nous acceptions cette offrande de sa part.
Nous acceptions tout.
Car nous ne pouvions vivre loin de l'océan.
Nous vivions à travers lui, puisant dans ses ressources, nous abreuvant d'une écume légère et blanche.
Le vent souffla un peu plus fort, faisant claquer la natte que je portais sur le haut de mon crâne.
— Tu ne t'annonces même plus, vieux crabe, marmonna Skeik en s'approchant du balcon sur lequel je me trouvais.
— En ai-je seulement besoin ? soufflai-je, bizarrement fébrile.
Skeik, le Roi d'Olea, posa sa main sur mon épaule, à l'endroit où ma ceinture d'armes reposait, accrochée par différentes boucles. Je pivotai à demi mon visage vers lui.
— Comment était ton voyage ? m'enquis-je. As-tu trouvé ce que tu cherchais ?
Skeik émit un léger rire et pressa mon bras tatoué avant de poser ses deux mains sur le bord du balcon en pierre. Une pierre usée par le temps et par l'air marin qui parfois grignotait tout sur son passage.
— Je l'ai trouvée, admit-il, mais je ne l'aurais pas.
— Tu as donc si peu de foi en ton charme ? minaudai-je en haussant un sourcil.
Skeik leva les yeux au ciel. Il posa de nouveau son regard sur l'océan agité et prit une longue inspiration.
— L'Oraison est pour bientôt, remarquai-je. Es-tu prêt ?
— N'auras-tu donc jamais confiance en mes capacités, vieux crabe ?
Je regardai Skeik, pivotant mon corps vers lui. J'étais assez vieux pour savoir que les Rois tombaient, que les Dynasties changeaient, que les Mondes se transformaient. Skeik finirait par mourir, que ce soit de la poigne de l'Océan ou de la main d'un homme. J'en étais conscient et je détestais ça.
J'avais beau être un pirate, un homme avec très peu de principes, je protégeais les miens. Et je considérais ce gamin comme l'un des miens depuis que je lui avais sauvé le cul.
— Il se peut que je continue de la courtiser, ajouta Skeik. C'est une personne très intéressante cette princesse.
Soudain, l'océan se mit à rugir un peu plus fort et Skeik tendit l'oreille, comme s'il en entendait un murmure particulier. Les Rois d'Oléa devenait parfois bien trop proche de l'océan et c'était aussi une des raisons pour laquelle ils finissaient fous.
Je sentis quelque chose se resserrer à l'intérieur de mon corps et un souffle rauque m'échappa.
— Ailuin ? souffla Skeik.
— Mon Roi ! s'écria quelqu'un.
Skeik pivota vers son message qui semblait inquiet et grave. Il ne me jeta qu'un bref coup d'œil, car il m'avait déjà vu là. Je posai une main sur le balcon, sentant ma respiration se bloquer.
— Il s'agit d'Astalos, mon Roi, ajouta le messager.
Je fermai les yeux et serrai le balcon entre mes mains.
La douleur se répandit brusquement dans ma poitrine.
Je tombai à genoux, une main sur mon torse, serrant ma tenue de cuir entre mes doigts.
JE NE VEUX PAS !!!!!
Je clignai des yeux, persuadé d'être à des kilomètres d'ici.
Persuadé de n'être plus moi-même.
Persuadé de n'être qu'une seule et même personne et cette personne n'était pas moi.
Pas moi.
Pas moi.
— Le Roi Dragnir est mort.
Un long silence s'étendit et Skeik pivota vers moi.
Mon regard s'écarquilla.
Le Roi voulut s'approcher, mais je secouai la tête.
Je fis demi-tour et me mis à courir.
Skeik m'appela mais déjà, je sautais par-dessus le balcon.
Je lançai mon grapin qui s'accrocha à une toiture et glissai le long de la corde.
Le souffle court, je roulai au sol, ne sachant même pas comment je tenais encore debout.
Je me mis à courir vers le pont suivant pour pouvoir sauter de nouveau dans le vide.
J'atterris sur un premier bateau, puis un second.
Je dus traverser plusieurs ponts avant d'arriver enfin sur le bateau que je visais.
Mon bateau.
Mon navire.
Mes pieds heurtèrent le bois du ponton et la douleur s'en alla enfin, me laissant à bout de souffle et tremblant.
Je secouai la tête.
Ce n'était pas possible.
Ce n'était pas vrai.
Ce que m'avait dit cet Elfe n'était pas possible.
— Ailuin ? Tu pleures ?
La voix de ma Seconde s'éleva à côté de moi.
Je touchai mes joues.
Je pleurai.
**
Et un autre..... 😎😎😎😎😎 Ça en fait hein 😁😁😁
Vous avez un préféré ou pas ?
Des bisous ❤️❤️
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