Chapitre 8

M A Ë L Y S S

Je sentais que mes jambes allaient lâcher. Ma gorge était nouée. Dès que je vis mon père ouvrir la porte de l'infirmerie, je ne pus cacher ma stupeur. J'allais encore le décevoir malgré moi.

- Votre fille a fait un malaise au réfectoire, expliqua alors l'infirmier, Ali Badaoui, en lui tendant un papier. Cela est dû au surmenage. Ce n'est pas la première fois ce mois-ci. Il faut vraiment qu'elle ne saute aucun repas et qu'elle respecte les heures de sommeil.

Mon père me jeta un regard noir rempli de reproche. Involontairement, je le faisais encore passer pour le méchant de l'histoire.

- Je vous remercie monsieur, déclara mon père en se levant.

Mais son mouvement fut tout de suite interrompu par la main de l'infirmier qui retenait fermement son poignet.

- Si ça continue, une personne finira par découvrir la vérité. Donc il faut vraiment faire attention! Je veux bien garder le secret, mais vous devez aussi vous assurez qu'il n'éclate pas au grand jour, rétorqua Badaoui en insistant bien sur chaque syllabe.

Mon père se dégagea brusquement de sa poigne. Il le défia du regard quelques instants puis se tourna vers moi qui étais dans une incompréhension totale.

- Allons-y! déclara mon père.

- Je serai obligé de dire la vérité si cela se reproduit. Et vous savez que c'est inévitable.

Il hocha brièvement la tête avant de mimer un petit "au revoir". J'inclinai légèrement la tête pour le saluer et le remercier. Il répondit par un sourire et retourna à son occupation.

- De quelle vérité parle-t-il?

Je sentis la crispation de mon père. Il m'adressa un regard un peu frustré.

- N'as-tu donc pas d'autres problèmes à résoudre? Comme ça, ce n'est pas la première fois?

- Ah, euh oui, bredouillai-je. Mais...

- Ça fait combien de temps que ça dure?

- Presque un mois.

- Et tu ne m'as rien dit!?

- Désolée.

Alors que nous traversions le long couloir qui nous menait à la sortie, Léa se plaça devant nous.

- Lylyss!!! Alors, tu vas mieux!? demanda-t-elle visiblement inquiète.

- Oui ne t'inquiète pas.

- Et tu penses pouvoir venir à la fête de tout à l'heure?

- Quelle fête? intervint mon père intrigué.

- Une fête organisée pour le top 5 monsieur. En plus, c'est le dernier jour avant les vacances de Toussaint.

- Ah, les résultats des examens sont arrivés? Alors Maëlyss, quelle est ta note finale?

- Je... j'ai eu 96/100, balbutiai-je toute tremblante.

- Tu as encore baissé!! s'écria-t-il.

- Papa, s'il te plaît, gronde moi à la maison si tu en as envie mais pas ici...

- Tu m'as promis de faire des efforts!

- Et j'en ai fait...

- Je ne veux rien entendre jusqu'à nouvel ordre, me réprimanda-t-il.

- Mais papa!

- Je t'ai dis que je ne tolérais pas le fait que tes notes soient en chute!

- J'ai seulement baissé de deux points!

Je reçus une violente giffle. La douleur n'était pas moindre. Mes larmes se mirent à couler. Il venait de m'humilier devant une grande partie des élèves de St Area. J'avais juste envie de fuir. Mais mes jambes ne décollaient pas. Les yeux baissés, je portai la main à l'endroit où il m'avait claquée.

Les regards remplis de pitié me mettaient mal à l'aise. Je détestais ce regard. Je n'avais pas besoin de leur pitié! Ils n'avaient pas besoin de s'arrêter pour admirer le spectacle! Ils pouvaient ignorer ce qu'il venait de se passer et continuer leurs activités! Alors pourquoi ils se tenaient toujours là, autour de nous?

- Ne me réponds pas! articula-t-il d'un ton ferme avant de me devancer.

J'avais mal au coeur. Il n'avait pas hésiter à m'enfoncer encore plus.

- Et si tu oses me parler de la fête ce soir, tu le regretteras! Ça je te le garantis! poursuivit-il. Je veux que tu reprennes les notions qui ne sont pas très bien maîtrisées une fois rentrés.

Léa se mordit la lèvre inférieure. Elle ne savait vraiment pas comment réagir. Elle se sentait coupable de ce qui venait de m'arriver. Je lui adressai un petit sourire avant de m'en aller.

***

Cela faisait deux heures que je travaillais sans relâche. Épuisée, je décidai de m'arrêter un court moment qui fut vite interrompu par la venue de mon père.

- Qu'est-ce que tu fais là!?

- Je me reposais, avouai-je en reprenant mon cahier.

- Tu crois que c'est le moment?

- Papa, s'il te plaît, j'ai déjà eu ma dose tout à l'heure. Et je n'ai fait que travailler avant que tu viennes.

Il soupira. Il semblait exaspéré. Il s'installa sur mon lit avant de me faire la morale. D'après lui, tout cet acharnement était pour mon bien. Le système de la grande ville était très stricte par rapport aux professions des élites. Leur choix était basé sur nos résultats scolaires. Si la moindre faiblesse était détectée sur l'une des matières, le système nous imposait un métier. Pourtant, mon père souhaitait absolument que je travaille à ses côtés. Et la seule manière d'y parvenir était d'être la meilleure partout. C'était d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle je ne lui en voulais pas d'être sévère avec moi. Au fond, il souhaitait juste mon bien.

- J'ai engagé un médecin pour toi ma petite, déclara-t-il en tapant légèrement ses cuisses.

Son ton avait changé. Sa voix était désormais douce. Il agissait vraiment comme un père protecteur.

- Je peux aller à l'hôpital directement, tu sais? répondis-je en riant.

- N'est-ce pas? rétorqua-t-il gêné. Mais je préfère que tu n'ais pas à te déplacer.

- Ce n'est pas comme si je pouvais être en danger en allant là-bas!

Mon père balbutia quelques mots que je ne saisis pas.

- Qu'est-ce que tu as dit?

- Rien rien. De toutes les façons, j'ai rencontré le médecin et signé un contrat avec lui. Tu le rencontreras demain.

Il se leva, s'apprêtant à partir.

- Papa, pourquoi tu ne veux pas que j'aille à l'hôpital?

- Je ne sais pas. J'ai l'impression que tu es plus en sécurité ici. Tout de même, j'ai bien conscience que tu es malade. Je ne vais pas te laisser mourir à petit feu rongée par la maladie.

- Tu n'as pas besoin d'aller jusque là!

- Par contre tu devras aidé le petit nouveau à s'intégrer. Son neveu va emménager chez lui et entrer à St Area le jour de la rentrée.

- Ce n'est que ça, la contre partie du contrat?

- Il semblerait.

- Et le nom de ce médecin?

- Nathan... Nathan Scarlet.

Il s'en alla pour de bon me laissant pensive. J'essayais de comprendre ce qu'il se passait. À vrai dire, j'avais clairement entendu ce qu'il avait dit lorsque j'avais énoncé l'idée de danger.

"Si tu savais, tu es bien plus en danger que tu ne le penses ma petite!"

À quoi faisait-il référence? Et qui était ce fameux nouveau? Qu'est-ce qu'il avait de si important pour que son oncle accepte de s'occuper de moi et qu'en contre partie, je l'aide à s'intégrer?

Je soupirai, sachant que je ne trouverai pas de réponse tout de suite. Je me remis au travail sans faire attention au temps qui passait...

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Coucou!!!

Alors, qu'est-ce que vous en pensez du comportement du père de Maëlyss?

Les enjeux de l'histoire commencent à se mettre en place, doucement mais sûrement. ^^

N'hésitez pas à voter si vous aimez et à commenter :)

☆ Ciao ☆

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