Chapitre 19

M A Ë L Y S S

La professeur de philosophie se massait les tempes, excédée par le comportement excessif d'Amélie Scalpers. Elle dérangeait le cours qui lui semblait inutile.

- Madame Scalpers! Regagnez votre siège immédiatement. Nous ne sommes pas en boîte!! s'écria-t-elle.

Je la pleignais cette pauvre femme. Elle atteignait à peine le mètre cinquante et était toute maigre. Donc elle n'avait presque pas d'autorité.

Mes camarades n'étaient pas des fouteurs de troubles. Non bien au contraire. Ils agissaient en élite. Sauf qu'à ce moment même, la brune se conduisait comme telle. Elle ne voulait pas admettre que les échecs étaient des humains qui devaient avoir des droits.

- C'est inadmissible ce que vous nous apprenait! On devrait vous faire remplacer, suggéra-t-elle en croisant ses jambes.

Elle était assise sur la table de Wesley qui n'arrivait vraiment pas à détourner le regard. J'eus un pincement au coeur. Comment pouvait-il craquer pour cette peste!?

- N'est-ce pas le nouveau? demanda la brune en se tournant vers lui.

Il hocha bêtement la tête. Il m'exaspérait. Qu'est-ce que je croyais? Il était évident que tous les mecs craquaient pour la belle Amélie! Mais j'avoue que j'espérais autre chose de sa part.

- Je ne vois pas pourquoi tu dis ça Amélie, intervins-je en me levant.

Je me mis en face de toute la classe. Pendant quelques secondes, je regrettais d'avoir pris la parole. Mais je me lançai dès que je vis le regard d'encouragements d'Alex.

- Les adultes nous ont toujours dit qu'on apprenait l'histoire pour ne pas commettre les erreurs du passé! Mais on fait pire maintenant!

- Cette situation nous a sauvé je te signale!! fit remarquer Yann, un métisse au fond de la classe. On était destiné à couler sous les dettes, dans des pays déshumanisé où la technologie régnerait. L'ancien président l'avait bien vu. C'est pour ça qu'il a créé ce système!

Je serrai les poings.

- En quoi ça nous a sauvés!? m'écriai-je. Une partie de la population vit dans l'ombre et la misère! Ils n'ont rien à se mettre sous la dent. Tu dis que les pays auraient été déshumanisé si ce système n'avait pas été mis en place, mais dis moi, tu nous trouves humains en ce moment?

La classe était figée. Personne n'osait parler après ce que j'avais dit. Je profitai de leur attention pour poursuivre.

- Je n'en peux plus de vivre sereinement alors que d'autres ne le peuvent pas, et par notre faute! Vous auriez aimer vous balader avec des codes barres tatoués sur la peau comme des produits!?

- T'as qu'à te suicider! balança Amélie en enroulant une mèche de ses cheveux autour de son doigt. Il n'y a que toi que ça dérange ici!

Mon cœur fit un bon. Je lui jetai un regard meurtrier. Je voulais lui arracher les cheveux. Je me contentai de reprendre mes affaires et quitter la salle. Mme Calostine n'avait pas pu me retenir.

Pourquoi avais-je fait ça? Avais-je bien fait ou non? Je devais vraiment le savoir, car je me sentais très mal.

N'empêche, d'où m'était venu ce courage? Quelques semaines avant, j'aurais été incapable de parler à une personne de la bande d'Amélie. Alors avoir pu tenir debout quelques minutes devant la classe en défendant mes idées était inimaginable.

- Tu as été grandiose Allison!

Je sursautai.

- Qu'est-ce que tu me veux Parker? demandai-je en le fusillant du regard.

- Je voulais juste m'assurer que ma rivale allait bien depuis la dernière fois que je l'ai vue...

- Je te l'ai dit, le coupai-je froidement. Je ferai tout pour m'absenter....

- Ce n'est pas ce que je veux Maëlyss, s'écria le blond en attrapant mon épaule.

Je fus surprise par son geste. Il se racla la gorge mais ne se laissa pas impressionné par la gêne qui s'installait.

- Je m'inquiète pour toi! Il a fallu seulement deux jours pour réapparaître avec des blessures. Je sais qu'on est pas assez proche pour que tu te confies à moi. Mais j'aimerai tout de même que tu saches...

- Maëlyss!! nous interromput Wesley essoufflé.

Il stoppa sa course tandis qu'Alex retira sa main qu'il avait laissé pendant tout ce temps sur mon épaule.

- Ne fais pas attention à ce qu'a dit Amélie!

Je le fusillai du regard en m'en allai. Il m'avait trop déçu! Il ne devait pas dévorer du regard ma pire ennemie. Une autre fille, pas de problème, mais elle!! Hors de question!! Je ne fis même pas attention au regard peiné d'Alex qui n'avait pas pu finir sa phrase. D'une certaine manière, je ne souhaitais pas me lier d'amitié avec lui.

***

Une semaine était passée. Une semaine que je trouvais bien longue.

Je n'avais pas adressé la parole à mon père. De même je ne lui laissai pas l'occasion de le faire. Il avait beau faire des efforts en m'offrant des bijoux, des doudous... Je ne lui adressais même pas un regard. Il m'avait blessée, aussi bien physiquement que psychologiquement.

Une semaine plongée dans le travail. Si je voulais faire entendre ma voix, il fallait que j'obtienne d'excellentes notes dans toutes les matières. Les examens mi-trimestriels arrivaient bientôt. Je ne devais pas me relâcher.

***

W E S L E Y

Elle passait dans les couloirs en m'ignorant. Je n'arrivais même pas à caser un mot. Elle m'avait abandonné toute la semaine.

Je ne savais pas ce que j'avais fait, mais je ne voulais pas perdre la seule amie que j'avais. Je dévalai les escaliers de la bibliothèque dès que je l'aperçus à l'extérieur avec sa meilleure amie Léa. Cette dernière pleurait. Maëlyss faisait tout pour la réconforter, et ça avait plutôt l'air de marcher.

- Ne pleure pas comme ça, entendis-je. Il faut rester forte dans des situations pareilles.

- Maëlyss? intervins-je.

- Je retire ce que j'ai dit Léa, même moi je ne peux pas rester forte dans des situations pareilles. Je dois me sauver!! s'écria-t-elle en courant vers l'académie qui était à deux rues de la bibliothèque.

Je soupirai. Si elle croyait que j'allais rester planté là, elle se trompait royalement. Je me lançai à sa poursuite et la rattrapai en moins de deux secondes.

- Mais qu'est-ce que je t'ai fait!? m'énervai-je.

Elle fuyait mon regard et essayait de rentrer par la porte que je bloquais.

- Laisse moi passer!

- Pas avant que tu m'expliques ce que tu as!

- Je n'ai rien! s'énerva-t-elle à son tour.

- Désolé si je t'ai fait du mal, alors s'il te plait, parle moi comme avant.

- Impossible! murmura-t-elle. J'en ai marre d'être comme je suis.

Elle s'avança, m'obligeant à me décaler.

- Ne me parle pas pour le moment. Reste avec Amélie et...

- Je croyais que tu ne l'aimais pas! la coupai-je.

- C'est le cas pour moi mais pas pour toi! rétorqua la brune en levant enfin les yeux vers moi. Je n'ai pas envie d'être un obstacle par rapport à tes relations avec les autres personnes de St Area! Tu peux être ami avec qui tu veux!

- Pour à la fin perdre mon amitié avec toi? Même pas en rêve! pestai-je. Mais tu m'as pris pour qui au juste?

- Je t'ai pris pour un mec banal qui craquerait pour la plus belle de l'académie et qui m'oublierait par la même occasion!

- Je ne t'ai pas oublié! C'est toi qui m'a laissé! soupirai-je en me calmant peu à peu. Et qui t'a dit que je craquais pour Amélie?

- Ah, alors selon toi, c'est elle la plus belle? déclara-t-elle sarcastiquement.

- Ne change pas de sujet!

- C'est toi qui me l'a montré.

Elle me poussa et entra finalement dans le bâtiment. J'esquissai un sourire avant de la suivre.

- Donc si je comprends bien, la raison pour laquelle tu m'as délaissé, c'est à cause d'Amélie? la taquinai-je.

- Je n'ai jamais dit ça!! rétorqua-t-elle.

- Mais tu ne me contredis pas non plus.

- Ce n'est pas elle le problème mais moi!

Elle longeait le couloir avant d'atteindre son casier. Elle l'ouvrit et remplaça ses affaires d'anglais par ceux de maths.

- J'en ai marre d'être naïve! poursuivit-elle en claquant la porte de son casier. Je m'accroche facilement aux gens alors que je ne devrais pas!

Elle se dirigea vers la salle du deuxième étage en prenant soin d'ignorer les camarades qu'on croisait en chemin.

- Tu regrettes de t'être liée d'amitié avec moi? conclus-je.

Elle stoppa sa marche et se tourna vers moi. Son regard était froid. J'en avais le cœur en miette.

- Je regrette de...

- Madame Allison! nous interromput le professeur de maths. Je peux vous parler s'il vous plaît?

L'homme rond avec un début de calvitie se trouvait au seuil de la porte de sa salle.

- Oui j'arrive tout de suite.

Elle me regarda une dernière fois avec tristesse puis s'en alla à la rencontre de M. Salwis qui l'attendait avec impatience.

Mais qu'est-ce qu'elle avait à la fin?

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