Chapitre 17
M A Ë L Y S S
Au moment où Wesley avait déposé sa tête sur mon épaule, mon cœur s'était emballé. Je n'avais jamais été aussi proche d'un garçon. Mais cette pensée fut vite balayée lorsque ses larmes mouillèrent mon vêtement.
- Tu sais Wesley, une vie sans regrets, je pense que ça n'existe pas. Et cela parce qu'on est humain, et qu'on fait des erreurs.
Je fis une pause. J'hésitai à continuer, mais je devais le faire pour me libérer de ce fardeau.
- Mais il faut savoir admettre nos erreurs et se faire pardonner. Je dis ça mais... j'ai peur d'être incapable de pardonner mon père pour m'avoir caché la vérité à propos de mon passé.
Je penchai ma tête pour voir son expression de visage, vu qu'il ne disait rien. Je découvris alors qu'il dormait paisiblement. Je souris à cette vue. Ses cheveux noirs retombaient sur ses yeux fermés.
- Repose-toi, c'est important! murmurai-je en regardant le ciel.
***
Je faisais tourner mon stylo bleu sur mon doigt. Cela faisait une heure que j'étais devant ma copie blanche. J'avais beau me creuser les méninges, je n'avais pas d'idée pour ma rédaction.
La rentrée approchait à grand pas. Les absences fréquentes de mon père m'avaient permis de traîner devant la télé, ou de glander dans ma chambre.
Bon, je me désespérais. Je n'avais plus aucune motivation. J'en avais plus qu'assez de travailler. Je fis tomber mon stylo, mais je ne le ramassai pas. La paresse m'empêchait de me baisser pour le reprendre.
Je soupirai. Il ne restait que deux jours avant la rentrée. Qu'est-ce que je gagnais à ne rien faire?
- La question est qu'est-ce que tu gagnes en travaillant durement? me répondit une voix intérieure. L'entreprise de ton père? Ça ne t'intéresse pas! Sa reconnaissance? Il se fiche complètement de toi! La première place? Et alors?
Je baissai la tête. Peu importe ce que je faisais, je ne sortais jamais gagnante. Et ça m'agaçait énormément.
Je me levai de mon siège et ouvris la porte. Je surpris Diana essayant de s'introduire dans la chambre de mon père.
- Je peux savoir ce que tu cherches? demandai-je méfiante.
Elle sursauta. Je parie qu'elle se maudissait intérieurement.
- J'ai besoin de connaître quels sont mes chances de reprendre les rennes de l'entreprise de mon père.
Je ne savais pas si c'était un mensonge ou pas. Seulement je n'avais pas confiance en elle.
- Au lieu de faire ça, lit le journal du jour et regarde comment se débrouille ta belle-mère, lui conseillai-je fermement.
Elle me sourit.
- C'est marrant de te voir pleine d'assurance!
- Si tu veux faire référence au passé, je t'arrête tout de suite. Je n'ai pas envie de sombrer dans la douleur à deux jours de la rentrée!
Je descendis les escaliers et allai dans la cuisine pour me verser un verre d'eau. Je le bus rapidement avant de trouver mon père dans le salon.
- Depuis quand tu es arrivé? demandai-je surprise.
- Une heure ou deux! répondit celui-ci en changeant de chaîne grâce à la télécommande qui était à sa disposition.
- Ah je vois! Tu ne me salues pas, tu ne signales pas ta présence, tu ne réagis pas quand je souffre, tu me frappes, tu ne me félicites quasiment jamais, énumérais-je en augmentant le ton à chaque proposition. À la fin, je suis quoi pour toi?
Mon père appuya sur son oreille comme s'il était bouché puis changea de chaîne.
Je le regardai les larmes aux yeux, attendant au moins une réponse de sa part. Mais rien.
Pourquoi l'être que j'aimais le plus au monde se conduisait de la sorte avec moi? N'étais-je pas sa fille? Mon cœur se durcit. Je n'avais vraiment plus envie de faire d'efforts.
- Je m'en vais!! Ah, et je faillis oublié! On est le 1er novembre. Sur ce, BYE!!!
Je montai dans ma chambre pour m'habiller convenablement, pris mon portable et avant que je ne sorte, j'entendis :
- Joyeux anniversaire Lyssou!!
Je serrai les poings.
- Pourquoi ça sonne faux? murmurai-je.
Je pris bien soin de claquer la porte.
- Tu vas où?
Je me tournai et vis Jean avec un gâteau d'anniversaire.
- Loin d'ici!
- Mais il faut fêter la venue de Diana! Je lui ai acheté un gâteau...
- Le train fonctionne? le coupai-je.
- Oui pourquoi?
- Je reviendrai peut-être ce soir.
Je partis en accélérant la cadence. Qu'est-ce que j'espérais? C'était vraiment débile de ma part.
J'appelais Léa mais je tombais directement sur la messagerie. Je la vis alors, assise sur un banc, regardant son téléphone et raccrocher.
Alors toi aussi, pensai-je.
- Oh mais ce n'est pas notre chère amie, Maëlyss Allison? s'écria Amélie Scalpers d'un ton amusé.
Léa se retourna et fut surprise de me voir.
- Lylyss... Tu fais quoi ici? demanda-t-elle.
- C'est tout ce que tu as à me dire? Pas d'excuses pour m'avoir raccroché au nez!?
- Oh...
- Maëlyss?
Je vis alors Alex sortir de la boutique qui était en face du banc sur lequel Léa s'était assise.
Génial, pourquoi tant de monde?
- Salut! soupirai-je en continuant mon chemin.
- Ça ne va pas? s'inquiéta Alex en s'approchant vers moi, très vite suivi de ma meilleure amie.
- Faites comme si vous ne m'avez pas vu, et continuez vos affaires.
- Tu rigoles!? Ma rivale est dans cet état à quelques jours de la rentrée.
- Tu devrais te réjouir! fis-je remarquer. Ta rivale va s'absenter quelques jours, si son père ne l'empêche pas.
- Qu'est-ce que tu as!? s'impatienta Léa.
Je les regardai, puis partis sans m'arrêter.
Je devais la déranger, pensai-je. C'est vrai qu'elle l'aime depuis des lustres.
Le chemin que je faisais d'habitude en voiture, je le faisais à pieds. Je frôlais parfois la mort en traversant. Mais chaque voiture freinait à temps. J'aperçus enfin l'endroit où je voulais y aller. J'étais désormais dans la gare, attendant un train.
- Jeune fille, vous n'avez pas le droit de partir sans un adulte! m'avertit un homme de sécurité.
- Je suis grande quand même! Je viens d'avoir mes seize ans!!
- Joyeux anniversaire!! fit une voix masculine derrière moi.
J'étais sûre de l'avoir déjà entendue. Je me tournai et trouvai un jeune homme à la peau matte et aux yeux noisettes.
- Sam!!! m'écriai-je toute joyeuse.
- Je ne pensais pas que tu retiendrais mon prénom.
- Je n'aurais jamais imaginé que tu serais le premier à me souhaiter un bon anniversaire. Mais qu'est-ce que tu fais ici?
- Je travaillais avec un ami! D'ailleurs le voilà! Il s'appelle Evan!
Il s'avança vers moi et me tendit sa main. Je la saisis en souriant.
- Salut, je suis Maëlyss!
Cet Evan avait les larmes aux yeux. Il me caressa la joue avant de me souhaiter un bon anniversaire. Je ne réagis pas. Pourquoi il m'avait fait ça?
- C'est son anniversaire aussi, m'expliqua Sam.
- Joyeux anniversaire à toi aussi alors!!
- Tout le monde semble avoir oublié que c'est ton anniversaire, pas vrai? devina Sam en croisant ses bras.
- Mais au moins deux personnes me l'ont souhaité! C'est mieux que personne! déclarai-je en souriant.
Sam me tapota gentiment la tête.
- Ne sois pas triste pendant un jour pareil! Ce serait dommage d'abîmer ton joli visage par des larmes.
- Calme toi aussi! intervint Evan. Arrête de la draguer!
- Mais... ne me dis pas qu'elle t'intéresse? suggéra Sam en écarquillant les yeux.
Il reçut alors un joli coup de poing dans le crâne. Je ne pus m'empêcher de rire. Je fus tout de suite rejointe par les deux garçons.
- Vous êtes trop marrants! annonçai-je entre deux rires.
Evan s'arrêta de rire. Il me regardait avec un sentiment de nostalgie. Il affichait un magnifique sourire.
- Tu devrais arrêter de me regarder comme ça, je me sens mal à l'aise, avouai-je.
- Désolé, ce n'était pas mon intention!
- Je le sais! C'est pour ça que je te le dis, le rassurai-je.
《Un train arrive en gare sur la voie une! Veuillez vous éloigner de la bordure du quai! Je répète...》
La voix était diffusée dans tous les microphones installés dans cette gare. Je me préparai à monter, mais Evan m'en empêcha.
- Retourne auprès de ta famille...
- Une famille? répétai-je. Ces personnes? Quelle blague!
- Bon, comme tu voudras.
Je les suivis pendant que l'homme de sécurité était distrait. Un petit tour là-bas m'aérera un peu l'esprit, me convainquis-je.
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