Chapitre 14
W E S L E Y
La voiture ralentit lorsque la gare fut à quelques mètres. Plusieurs hommes se tournèrent vers nous. Ils étaient armés jusqu'aux dents pour une fille de dix-huit ans. À croire qu'elle était trop puissante pour eux. Certains s'avancèrent vers nous.
- Qu'est-ce que vous faites? Vous n'avez pas le droit de franchir la frontière.
Nathan arriva quelques secondes après, surprit de voir qu'on l'avait dépassé.
- Oh! Bonsoir Matthieu.
- Nathan!? Qu'est-ce que tu fais là?
Il lui chuchota à l'oreille. Le dénommé Matthieu esquissa un sourire.
- Ils n'auront pas besoin de leur bagage alors! rétorqua l'homme armé en riant.
Nathan lui fit un clin d'oeil. Je ne savais pas ce qu'il lui avait raconté mais en tout cas, ça avait fonctionné. Nous pûmes monter dans le train sans difficultés. D'ailleurs, l'horloge suspendu de la gare affichait qu'il était vingt-huit. Donc il restait deux minutes avant le départ.
Je m'impatientai. Quand allait-elle venir? Je regardai à l'extérieur et vit la petite silhouette de Diana en train de courir.
- Viiiite! Dépêche toi!!! hurlai-je à plein poumon.
- Cette fille est avec vous? demanda Matthieu qui nous avait suivit jusqu'aux portes par courtoisie.
- Oui, mentis-je.
Il ne restait que quelques secondes avant la fermeture des portes. Elle courrait à présent sur le quai.
- C'EST ELLE!!! hurla un homme.
Je tendis ma main en m'accrochant à une "perche". Elle la saisit et je la tirai vers moi. Tout de suite après, les portes se fermèrent. Je fus soulagé. Elle avait pu se sauver.
- Euh vous m'expliquez? intervint mon oncle en levant un sourcil.
Je me rendis de notre position très délicate et embarrassante. Je repoussai alors Diana en me raclant la gorge.
- Ce n'est pas ce que tu crois!! me défendis-je.
- Oui bien sûr, approuva Nathan sur un ton qui voulait en dire long.
- Tu te trompes sur toute la ligne!!!
- Mmh...
Diana expliqua alors la situation. Nous nous assîmes aux côtés de mon frère et de ma soeur qui dormaient à points fermés. Nathan se frottait le menton pendant le récit de la brune. Les bruits du train empêchaient parfois la compréhension de certains mots. Elle n'hésitait donc pas à répéter si besoin. Elle voulait absolument éclaircir le malentendu.
- Saiko Misaki..., commença le médecin. Elle est très rusée cette femme. Il te sera donc difficile de reprendre les rennes. Je te souhaite bon courage.
- Une personne m'a dit qu'un certain Daniel Allison pouvait m'aider!
- Ah oui, c'est possible, admit-il. On se rend chez lui justement.
Le trajet se passa super bien à mon plus grand étonnement. Ce qui accrut ma curiosité.
- Pourquoi le train ne s'arrête pas?
- Pourquoi voudrais-tu qu'il s'arrête? répondit Nathan en ouvrant un œil.
Il tentait en vain de dormir. Et à vrai dire, je ne l'aidais pas trop. Je décidai tout de même de poursuivre mon raisonnement.
- Si Diana représente un obstacle pour cette Saiko, pourquoi ces sous-fifres n'arrêtent pas le train?
- Il est impossible de l'arrêter du bidonville. Un échec aurait pu se servir de cette fonction comme bon lui semblerait. Les élites n'aiment pas beaucoup cette idée, si tu vois là où je veux en venir.
- Et de la grande ville? poursuivis-je en fronçant les sourcils.
- Saiko veut rester discrète. Ses plans ne plaisent pas à tout le monde.
- Je vois...
Voyant que je ne posais plus de question, il ferma les yeux. Je me contentai de regarder le paysage se transformer par l'une des vitres. Adieu maudit bidonville, bonsoir à toi grande ville...
***
- Réveille toi!
J'ouvris mes yeux avec peine. Mia venait de me réveiller. Je me rendis compte que je me trouvais dans une chambre luxueuse. Je n'avais pas le temps d'admirer le palace, je devais déjà partir à la rencontre de cet homme... Daniel Allison.
Je tombai nez à nez avec Diana. Elle me fixa longuement avant de lever un sourcil.
- Quoi!?
- Tu ne vas pas partir habillé comme ça!!
Si elle entendait par là, habillé comme une personne issue du bidonville, elle pouvait se faire voir. Elle s'attendait à ce que je sorte des habits chers de ma valise ou quoi!?
Elle soupira et demanda à Nathan d'intervenir.
- Qu'est-ce que tu fais dans cet accoutrement? Tu veux te faire démasqué à peine arrivé? répliqua-t-il exaspéré.
- Je ne possède pas de vêtements typiques chez les élites.
- Je sais. J'en ai mis dans ton armoire. Soit prêt dans cinq minutes! On t'attend.
Je vêtis rapidement les habits qu'il m'avait prêtés. Je dévalai les escaliers sans prendre la peine d'admirer les alentours. Je n'étais pas vraiment du matin. Je trouvai alors mon petit frère devant la porte, heureux comme jamais.
- Je suis un élite!!
- Évite de dire ça Sacha. Seulement si tu n'as pas envie de retourner dans cette poubelle, intervint Nathan avec ce ton méprisant.
- D'accord.
Le chemin fut assez rapide. Nous arrivâmes devant la maison la plus modeste des alentours. Après avoir sonné, une vielle femme nous ouvrit et nous invita à nous asseoir. Le salon était simple. Des canapés étaient disposés face à un écran. Sur l'un des murs de tenait une photo: une petite fille brune aux yeux bleus aux côtés d'un homme imposant, les cheveux noirs et les yeux bruns. Aucune ressemblance. Peut-être que la fille ressemble plus à la mère, pensai-je.
- Vous êtes là!
Je reconnus la voix de Jean. Il me sourit dès qu'il me vit. Il s'approcha de moi et ébouriffa ma chevelure. Je grimaçai.
- Je ne suis pas un gamin Jean. Tu peux faire ça à Sacha mais pas à moi.
Il ria et se contenta de tirer légèrement les joues de mon petit frère.
- Ça va champion?
- Oui!!
Mia se cacha derrière Nathan. Elle ne voulait pas subir une situation embarrassante.
- Mia, tu ne me salues pas?
- Bonjour...
- Je suis triste maintenant.
Elle s'avanca prudemment mais Jean l'attrapa et lui déposa un baiser sur sa joue. Elle rougit immédiatement. Je ne pus m'empêcher de la taquiner.
- Où est la patiente? soupira Nathan.
- Dans sa chambre à l'étage, indiqua Jean en se grattant la tête.
Il se tourna alors vers Diana.
- Bon retour parmi nous ma grande!
Elle esquissa un léger sourire. Elle était aussi heureuse de regagner sa ville...
***
Elle soupira pour la énième fois. La fille de Daniel Allison semblait embêtée par la situation.
Nous étions assis dans le salon, attendant patiemment son père justement . Elle ne se souciait même pas du fait qu'on l'ait vu en pyjamas, les cheveux en vrille, avec du maquillage qui a coulé sur son visage, et une marque de violence sur sa joue. Elle semblait même avoir oublié qu'on la critiquait il y a peu.
- Les échecs n'ont rien avoir avec tout ça!! Je ne comprends vraiment pas pourquoi on s'obstine à les faire souffrir!! s'écria-t-elle.
Elle se mordillait l'ongle du pouce, pensive. Elle portait tellement un grand intérêt pour les échecs qu'elle en oubliait la honte qu'elle venait de vivre.
- Je ne comprends pas pourquoi tu éprouves tant de sentiments pour des échecs, avouai-je en croisant les bras.
- Et je ne comprends pas pourquoi on éprouve tant de haines à leur égard, répliqua-t-elle sur le même ton.
- Peut-être parce qu'ils sont des ratés!
- Et en quoi nous sommes mieux qu'eux en les traitant de la sorte? Ce sont des humains! Et certains ont souvent tendance à l'oublier.
Je n'aurais jamais cru voir une élite défendre avec intérêt la classe "inférieure". D'une façon ou d'une autre, je commençais vraiment à l'apprécier.
- On joue? persista Sacha en lui tirant le bras.
- Oui, désolée Sacha. J'avais l'esprit ailleurs.
Elle se leva. en nous saluant brièvement. Elle hésitait à y aller, mais finit tout de même par boiter tout en se dirigeant vers son jardin.
- C'est une fille impressionnante, n'est-ce pas? intervint Jean en me sortant de mes pensées.
Je souris en guise de réponse.
- Elle a toujours pensé ainsi, si tu veux savoir. Tu viens de faire la rencontre de Maëlyss Allison, classée première de l'académie St Area. Celle qui va t'aider à t'intégrer là-bas.
- Je vais aller... là-bas?
- Oui, répliqua Nathan en jetant un coup d'œil à sa montre. Tu es capable de changer le podium de cette académie vu ton génie.
Il se leva et prit son manteau.
- Je dois travailler. Je vous laisse ici et vous chercherai ce soir. Soyez sages! Mia, je compte sur toi pour surveiller tes frères!
Elle hocha la tête en prenant à coeur sa nouvelle responsabilité.
- Ce n'est pas à l'ainé que tu es censé donner cette mission? fis-je remarquer en grimaçant.
- Mia est plus responsable que toi! Aller, à ce soir!!
Il s'en alla sans que je n'eusse le temps de répliquer. Il commençait à m'énerver celui-là!!
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