Chapitre 13
M A Ë L Y S S
J'aperçus la grande demeure de ma meilleure amie. Le côté ostentatoire m'exaspérait. Pourquoi prendre un palais de cinquante chambres alors que seulement deux ou trois personnes y vivaient?
La musique était à fond. Tout le monde semblait s'amuser. J'hésitai à entrer. Seulement, Léa choisit pile ce moment pour prendre de l'air.
- Lylyss!! Ton père a finalement accepté?
- Non, minaudai-je. Mais il m'a mise en colère et j'ai décidé de lui rendre la pareille.
Elle me serra dans ses bras.
- Je t'avoue qu'en ce moment, j'ai peur pour ta vie mais bon. J'ai quand même envie que tu participes à la fête. D'ailleurs, chouette ta coiffure!! C'est la première fois que tu t'attaches les cheveux.
- Merci! dis-je timidement.
- Et le maquillage ma belle?
- Je comptais te demander...
Elle se mit à rire.
- Pourquoi tu es toute timide d'un coup!? Viens on va s'amuser!!
Je hochai la tête et la suivit jusqu'à sa chambre qui se trouvait au troisième étage.
"MA CHEVIIIILLE!!!" hurlai-je intérieurement.
- Ça va? me demanda-t-elle inquiète.
- Oui oui pourquoi!? mentis-je.
- Juste que tu tires une de ces têtes!!
Elle me maquilla très rapidement. Elle voulait juste ressortir la couleur de mes yeux.
- Est-ce que la première est là!? entendis-je.
La voix résonnait. Je suppose que le type avait parlé dans un micro! Des moqueries retentirent. On se foutait de moi ouvertement. Chacun sortait sa version des faits.
- Va leur faire fermer leur clapet en allant sous les feux du projecteur!! m'encouragea ma seule vraie amie.
Je descendis les escaliers avec assurance (souffrance surtout) et rejoignis le troupeau à moitié ivre. Plus je faisais du chemin, plus le silence s'imposait. Je montais sur l'estrade qui faisait office de scène. C'était ici que le DJ m'avait appelé.
- Je suis là, pourquoi? rétorquai-je en levant un sourcil.
Si cela avait été possible, sa mâchoire se serait décrochée. Il lança alors la chanson suivante en fuyant mon regard.
- Bravo pour ta première place! hurla alors une voix masculine.
Je cherchai alors la personne à qui cette voix appartenait. Je lui souris dès que je l'aperçus. Il était avec son meilleur ami Will. Vêtu d'une chemise blanche, les cheveux en bataille, les mains dans les poches de son slim noir, il arborait un sourire franc. Une deuxième personne de mon côté, sûrement malgré le fait que j'étais sa rivale. Je le rejoignis rapidement. À vrai dire, j'étais mal à l'aise devant tous ces gens. M'intégrer dans la foule était ce qu'il me fallait pour être plus discrète.
- Je ne savais pas que tu viendrais, poursuivit-il en me tendant un verre de jus.
Je le saisis et bus d'un coup sec.
- Moi non plus je ne le savais pas.
- Alex! Tu viens danser? demanda Amélie en le prenant le bras.
Celui-ci se laissa entraîner et me fit un clin d'œil avant d'entrer dans la piste de danse.
- Ce n'est pas tous les jours que tu t'attaches les cheveux! fit remarquer Will avant de mettre un verre à sa bouche.
Je ne répondis pas, préférant rester réservée.
- Tu devrais le faire plus souvent! continua-t-il en faisant glisser son doit sur la mèche que j'avais laissé en liberté.
Sonia arriva brusquement entre nous. Je saisis la situation : je la gênais. Je décidai donc de m'écarter souhaitant que Léa vienne vite me tenir compagnie. D'ailleurs, cette dernière dansait avec ses amies dont j'ignorais les noms. Je soupirai. Qu'est-ce qui m'avait prit de venir?
Je pris un dernier verre et me dirigeai vers la sortie. Je détestais ce genre d'endroit. Les autres semblaient s'amuser mais je ne me sentais pas à ma place. Lorsque j'ouvris la porte, je vis Jean à quelques centimètres de moi. Il semblait rassuré de me voir. Il me serra dans ses bras sans plus attendre.
- Idiote tu nous as fait peur!! avoua-t-il. Ne refais plus jamais ça!!
Je compris que ça allait être ma fête une fois rentrée. S'il m'avait trouvée ici, cela signifiait que mon père savait où je me trouvais.
Je quittai les lieux et vis celui que je redoutais le plus. Je me tournai alors vers mon cousin qui m'adressa un regard qui se voulait rassurant. Je restai immobile quelques secondes mais Jean m'encouragea à poursuivre mon chemin. Je rejoignis mon père qui nous attendait adossé contre sa belle voiture noire. Il avait les sourcils froncés et les bras croisés. Je ne pus m'empêcher de fuir son regard. Je mordis ma lèvre inférieure quand la distance entre lui et moi était vraiment réduite. Il leva la main et me giffla de toutes ses forces. Je tombai au sol, en m'écorchant le genou au passage. D'ailleurs, ma cheville était finie.
Je tremblais. Je n'avais même plus la force de me relever.
- Tu veux faire la maligne avec moi? cria mon père. C'est comme ça que je t'ai élevée?
Je secouai la tête apeurée par sa réaction. Mes larmes coulaient sans que je puisse en prendre le contrôle. Je me sentais vraiment faible.
- Je n'arrive pas à croire que tu m'ais fait ça! rétorqua-t-il en levant la tête au ciel.
Il retira l'élastique qui tenait mes cheveux en place. Ils retombèrent en cascade sur mes épaules.
- Tu me déçois vraiment! Tu as décidé de me désobéir de la sorte?
Je resserrai les poings. Je méritais ma punition. Mais il devait au moins connaître les raisons de mes agissements.
- Papa, quelle est cette vérité?
La colère de mon père se dissipa directement.
- Moi aussi je suis en colère papa! Tu me caches des choses très importantes qui me concernent! Tu n'es jamais fier de moi! Tu ne vois jamais les efforts que je fais pour parvenir au rang que j'occupe actuellement... Tu n'es jamais content pour moi.
Jean se baissa pour me caresser les cheveux.
- Tu sais bien que c'est faux.
- Alors pourquoi il ne dit rien!?
Et cette fois-ci, j'affrontai le regard de mon père. Personne ne bougeait pendant ce moment d'affront. Le vent se mit à faire balancer nos cheveux. Je serrai alors le voile bleu contre moi. Il se retourna pour ouvrir la portière.
- Monte dans la voiture!
Il venait d'achever mon coeur. Mes pleurs s'accentuèrent tandis que Jean resserrait son emprise. Il avait beau essayé de me réconforter mais il ne pouvait rien faire pour changer ma situation.
***
La pire chose qui pouvait m'arriver était que mon père découvre que je l'avais désobéi. Du moins, c'est ce que je pensais.
J'avais pleuré toute la nuit. Le regard froid de mon père avait hanté mes pensées. De ce fait, je n'avais pas pu trouver le sommeil.
Les vacances s'annonçaient très longues, pensai-je. Je sortis du lit. À la seconde où mon pied droit toucha le sol, je me recroquevillai. J'avais oublié l'entorse que je m'étais faite la veille. Je partis ouvrir les volets de ma fenêtre en faisant bien attention à ma posture. Les rayons de soleil s'offraient peu à peu des passages dans le ciel, s'imposant dans l'horizon, avec des couleurs chaudes. Le rose se propageait tout le long en émerveillant les spectateurs. Un magnifique lever de soleil qui me combla de bonheur. Ce moment fut interrompu lorsqu'une personne frappa à la porte.
- Oui?
- Bonjour, je suis Nathan Scarlet, le médecin qui s'occupera de toi.
Je lui ouvris la porte oubliant que j'étais en pyjama. Mais il semblait avoir oublié les quatre autres qui l'accompagnaient. Le plus petit d'entre eux s'avança vers moi timidement et me prit la main.
- Je m'appelle Sacha. Tu veux jouer avec moi?
Je lui souris et acceptai avec joie. Mais je lui fis bien comprendre que ce n'était vraiment pas le moment, que je devais me laver et me changer. Une fois que j'eus fini, je descendis les escaliers pour rejoindre les fameux invités.
- T'as vu ses cernes!? s'écria une voix masculine.
J'étais sûre qu'elle appartenait à l'adolescent qui semblait avoir mon âge.
- Ce qui m'a choqué c'est la trace rouge, presque violette, sur sa joue, fit remarquer l'adulte. Elle se fait battre.
Je me raclai la gorge pour leur faire signe de ma présence. Ce qui mit terme à leur discussion. J'arborai un sourire forcé tout en leur demandant gentiment de ne plus avoir ce genre de conversation chez moi en tout cas.
- Où est mon père?
- Il a dû aller à travailler plus tôt que prévu. Il y a un problème avec les échecs et..., répondit mon cousin, mais je ne le laissai pas le temps de finir.
- Qu'est-ce qu'on leur veut encore!? soupirai-je. Je suis sûre qu'ils n'ont rien fait... laisse moi aller là-bas!
- On n'y a plus accès...
- Attends!! Qui va leur rapporter leur ration si tu ne peux pas y aller?
- Personne ne le fera Lyss. On ne peut rien y faire.
Cela commençait à bien faire. J'espérais vraiment que mon père allait trouver une solution à ce problème. Et je ne semblais pas être la seule à le souhaitais. Les invités aussi étaient du même état que moi.
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