La furie et l'émissaire

Les furies. Histoire ? Mythe ? Légende ? Des femmes qui se sont enfuies. Pourquoi ? Elles auront préférée l'exil à la violence, la rébellion, mais, les hommes, non-content de se voir trahis – selon les mots qu'ils emploient – les traquèrent. Il est facile de comprendre leur haine pour l'homme, et quand bien même elles ne font pas l'éloge de la domination féminine, elles ne protègent pas non plus ces êtres « infâmes ». Les rumeurs disent qu'elles n'ont rien de femmes, en apparence : vêtues d'une tenue sombre leur donnant des allures de démons ou de sauvages, qui n'a rien de charmant. Le principe ? La peur. Qui chercherait à avoir peur ? Qui donc ? On dit également qu'elles sont impitoyables.

Les troupes vécurent comme elles purent sans chercher querelles, et leur existence, rêvée, quoique fantasmée par beaucoup, fait encore l'objet de nombreuses recherches. Un jour, l'une d'elle se serait découverte de la pitié pour un jeune garçon qui ne devait pas voir vécu plus de sept brumales. La raison ? Son assiduité, car il était attiré par le chant féminin en un bois secret, mais c'était aussi le protecteur de ses dames car ses efforts pour détourner les quêteurs de la vérité ont toujours été couronnés de succès. Son don pour les rêveries plurent à bien des personnes, et ses poèmes furent dédiés aux furies, et ne les fit jamais publier, si bien que l'on ne sait rien de leur contenu à l'heure actuelle – s'ils ont réellement existé. Il n'a été retenu qu'une seule parole : « Derrière ces armures de cuir, il y avait un cœur. Derrière ces masques, il y avait une vie. »

Les furies, malgré leur credo, prirent en pitié ce jeune garçon, et eurent raison de le faire. Fini la souffrance physique et mentale. Le jeune, quel que fut son appellation à l'époque, rendit mille et un service à quiconque le lui demandât. Il s'empressait de faire le bien autour de lui sans consulter l'once d'une seconde ses intérêts personnels. Les furies voulurent le lui rendre, mais comment savoir quoi faire quand un bienfaiteur agit sans laisser rien entendre quant à ce qui l'arrangerait ?

Le bienfaiteur cependant ne voulut point allonger son séjour : éprouvant bien de la gêne, de la timidité - quoiqu'il fut grand gentilhomme -et se pensant compromettant pour les troupes, il proposa plusieurs fois son départ, et que la mémoire lui fut retirée, mais pas une n'accepta. Le garçon, persuadé d'être à la fois dans l'erreur et une erreur, disparut, inquiétant l'ensemble, pour finalement être retrouvé à errer dans les bois. Pire encore. L'une d'elle découvrit que leur souffrance n'avait pas disparue, mais que le seul garçon-furie avait choisi de l'encaisser à lui-seul. Elles étaient un danger pour lui. Il devait partir, pour son bien, puis accepter le fait que les furies soient malades de la condition humaine. Il choisit le départ.

Une furie vint lui dire avant les grands adieux « Mon frère, c'est avec un grand regret que nous devons te laisser partir. Promet-nous de revenir. Promet-nous de nous donner de tes nouvelles, et de toujours faire appel à la prudence, de survivre, et surtout, reviens vers nous quand tu le pourras. Tu es notre frère, et nous t'aimons. C'est tout ce qui importe. Pense... pense à cette famille qui maintenant est tienne. Tu n'es plus seul.

– Ma sœur, lui répondit-il, ému aux larmes. Merci de tes conseils. Je ferai ce qui, je crois, sera bon. Je ne veux guère vous porter d'inquiétude ou de mal. C'est en ce nom que je prononce mon départ immédiat. Traqué, je vous met en danger, et c'est le rôle d'un frère de protéger ces précieuses sœurs, n'est-ce pas ? Je ne promet pas de revenir, ce serait mentir que d'affirmer que je reviendrai d'ici quelques mois. Fortune a été mienne pendant un temps, mais tout peut basculer d'un moment à l'autre dans ce terrible monde. Cependant, ne sois pas triste, je te le demande sincèrement, car j'ai eu toute la joie d'être heureux à vos côtés. Je fus l'âme, je crois, la plus heureuse qu'il pouvait y avoir. A présent, je pars, adieu ma sœur. Vous êtes toutes dans mon cœur, éternelle comme le souffle créateur. »

Le garçon partit, larme à l'œil pour lui comme pour tant d'autres, et pour se souvenir de lui, les femmes le surnommèrent "l'émissaire du sacrifice".



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