L'âme douce. Œil perdu. Son suivant au sol, collier en main, espérances en tête, Lumineuse en vue. Son suivant ? Son ombre, son ombre à l'odeur de sang, parfumée crainte. L'étoile allongée par-delà les sillons mouvants d'un désert sans faille est en peine. Plus rien n'est à prouver pour des âmes à jamais traquées. Elle, au mur adossée, lui, complice des terres.

– Toi qui a dérobé au monde souffrances et peines, dis-moi la source de ta force.

– Elle n'est pas ailleurs qu'à mes côtés, et la croire méprisable ne serait que trop détestable. Qu'il soit permis de blâmer, c'est l'invisible... devrait-on le haïr.

– Solitaire émissaire. Crois-tu en toi ?

– Crois-tu en l'invisible ? Crois-tu en cette relation de dépendance à une croyance ? A ta propre dépendance et ton impuissance ? Croire n'est pas savoir, et je ne méprise point, et maintenant et toujours ceux qui ont besoin de croire, sois assurée de cela.

– Non, je n'en ai cure.

– Voilà donc ta réponse.

– Je ne comprends pas...

– Moi non plus. J'aimerais.

– J'aimerais...

– Qu'aimerions-nous ?

– Savoir ?

– Ressentir ?

– Peut-être....

– Au creux de nos poitrines ressentir ne serait-ce...

– ... qu'un vent frais. Je ne veux pas courir pour le sentir, mais ressentir sans courir.

– Misérable suis-je... Et d'aucuns traquent la petite fleur, seule sa course prête à l'occasion. Jamais ses cheveux ne volent en d'autres situations.

– Traque infinie... C'est bien de la mort qu'ils désirent nous faire le présent.

– L'indifférence fait toute la différence

– Chasse à cour où le gibier ne peut être que nous

– Horreur de l'insaisissable.

– Qu'ils me soit permis d'être pris pour te voir, du sourire orné, déguster le vent qui soit ressenti par toute autre chose que la fuite.

– Que l'on nous laisse, et nous voilà disparu.

– Que l'on nous traque, et nous voilà partout.

– Espoir.

– Réalité.

– Pour une vie.

– Mille morts.

– Pour une mort.

– Mille vies.

– Saccagées.

– Dérobées.

– Annihilées.

– D'abord parues

– Puis disparues.

S'éteignent dans les ombres l'entremêlement de sourires non effacés. Qui pour succéder ? Quels malheureux ?