Chapitre 13 - Faire ses preuves

Deux semaines s'étaient écoulées depuis qu'Artémis avait officiellement rejoint les Rangers. L'arrivée d'une déviante, assez jeune qui plus est, n'avait pas ravit tous les membres de l'organisation. D'autant plus que l'épée de Damoclès que représentait la NDA pour la jeune fille restait toujours au-dessus de la tête des combattants.

Malgré cela, la cité avait repris peu à peu une vie plus normale. La fin de la loi martiale et le jugement à venir des traîtres chez les Rangers étaient signe que les choses allaient dans le bon sens. De plus, de nombreux citoyens voyaient dans Artémis l'arrivée d'un sang nouveau dans les rangs de leur protecteur quotidien.

Alors que le soleil commençait à pointer au-dessus des montagnes du Nord, venant dessiner des vagues dorées sur le ciel bleu, chassant les derniers nuages d'une nuit pluvieuse qui avait détrempé la cité, la patrouille du matin des Rangers se préparait à partir. Menée par le sergent Bennett, qui était accompagné de la soldate Spence et du soldat Stephen. Ce dernier arrivait tout juste du dortoir, avec quelques minutes de retards, suivit par la jeune Artémis, qui bailla à s'en décrocher la mâchoire.

- Recrue Artémis, je croyais qu'on vous avait prévenu d'être à l'heure pour votre première patrouille de l'aube ! Le sergent posa un regard sévère sur la jeune fille.

- Je suis désolée sergent... Je pensais que le bruit des autres soldats me réveillerait, comme d'habitude... La recrue semblait quelque peu peinée de décevoir ainsi son mentor.

- J'espère pour toi que cela sera la dernière fois que ça arrive. On se met en route immédiatement ! Nous allons patrouiller au Nord puis nous redescendrons sur l'Est de la cité. Allons y !

Les ordres donnés, l'homme, un trentenaire aux cheveux court avec une barbe de quelques jours déjà s'avança, suivit par le duo de soldats, pendant que la recrue fermait la marche. La patrouille se mit en route, se frayant un chemin vers la place principale du Nord de la cité. Cette dernière était connue pour ses combats de rues, se déroulant le plus souvent au cours de la journée, ou dans la soirée. Ils étaient évidemment très encadrés et servaient avant tout à régler des comptes entre deux personnes. Il n'était pas rare que des combats pour le plaisir, ou pour les paris, se tiennent aussi au milieu de ces combats d'honneurs.

Alors que l'hiver approchait, le lever du soleil était plus tardif, et la patrouille de l'aube commençait donc aussi plus tard. Ils étaient alors aux premières loges pour voir les passants aller et venir. Certains quittaient la petite auberge non loin de la place, quand d'autres rentraient chez eux, après une nuit palpitante à la taverne, non sans faire beaucoup de bruit, voir en se battant avec les passants qui traversaient cette partie de la cité, la plupart redescendant vers la zone centrale, ou partant sur les côtés, pour rejoindre le quartier résidentiel ou le marché.

Alors qu'ils avançaient calmement, des insultes commencèrent à monter de l'extérieur de la taverne. Elle était restée ouverte toute la nuit, comme tous les dimanches soir. Mais cette fois-ci, un homme, visiblement soûl, ne comptait pas repartir de suite sans avoir obtenu du gérant un autre verre d'alcool.

- Je t'ai dit que je ne suis pas bourré ! Allez, file moi une dernière pinte !

- Je t'ai déjà répondu que je fermais boutique ! Ne continue pas à m'importuner comme ça et rentre chez toi maintenant ! Le tavernier, un grand gaillard aux muscles des bras saillants, se tenait face au maigrelet puant l'alcool.

- Putain, je t'ai pris je ne sais pas combien de verre depuis hier soir, je peux bien t'en payer une petite dernière ? L'homme, malgré sa carrure peu adapter au combat, rapprocha son visage du colosse, cherchant à faire pression.

- Qu'est-ce qui se passe, messieurs ? Le sergent Bennett s'approcha du duo, suivit par Stephen et Artémis.

- Ce client n'accepte pas de quitter mon établissement alors que je lui ai bien précisé depuis bientôt un quart d'heure que nous fermions ! Le tavernier commençait lui aussi à s'énerver, et la situation semblait s'envenimer.

- Je voulais juste une dernière petite pinte ! Mais ce vieux con n'est même pas foutu de servir un client correctement ! L'insulte cinglante de l'homme mécontent exaspéra encore plus le responsable de l'établissement, qui osa lever un bras en l'air, prêt à envoyer un coup de poing dans l'importunant client.

- On se calme monsieur. Votre client n'a pas à dire des choses pareilles, mais ce n'est pas à vous de lever la main dessus. Le soldat Stephen n'hésita pas à s'interposer entre les deux personnes prêtes à en venir aux mains.

- De plus, vous semblez très clairement en état d'ivresse. Et cela n'est pas autorisé en public, vous le savez, j'espère ? Le sergent pu alors s'occupait du maigrelet, pendant que son collègue gérait la situation de l'autre côté.

- Mais je ne suis pas ivre bordel !! J'ai juste... un peu bu. L'homme se retient au dernier moment de régurgiter une partie de l'alcool qu'il a bu pendant toute la nuit.

- Pourquoi avoir autant bu ? Vous avez des problèmes ? Artémis, qui était jusque-là restée en retrait, s'approcha du jeune homme, sous l'œil surpris du chef de la patrouille.

- Hmm... Ça ne va pas fort avec mon père, en ce moment. J'essaye de noyer ça dans l'alcool. Le grand buveur semblait tout à coup être devenu un pauvre garçon sans défense, noyant ses problèmes dans un poison qu'il considérait comme un remède.

- Si vous avez des problèmes avec votre père, réglez-les directement, et ne vous en causez pas plus avec l'alcool. Le ton plutôt cinglant du sergent trancha avec celui d'Artémis, qui avait une certaine douceur.

- Je... je vais essayer. Merci, jeune fille. L'homme se décala de la patrouille, partant non loin de la taverne pour vider ses entrailles de l'alcool consommé toute la nuit.

- Bien, vous pouvez fermer votre taverne sans problème maintenant. Le soldat Stephen, qui était resté avec le dirigeant de l'échoppe, sourit en voyant la situation s'apaiser.

- C'est vrai... Merci beaucoup, Rangers. L'homme allait laisser la patrouille rejoindre la soldate Spence, qui s'entretenait avec deux hommes, bien connu des Rangers pour leur organisation des paris sur les combats de la place, mais il posa son regard quelques instants sur Artémis.

- Un problème, monsieur ? La jeune recrue l'observa, sans comprendre.

- Non, aucun. J'ai bien cru que c'était elle, la fameuse déviante qui a rejoint les Rangers récemment. L'homme pensa tout haut ce qu'il n'avait osé dire, avant de retourner fermer les portes de sa taverne.

Lorsque le groupe fut réuni, au milieu de la place, la patrouille pu faire un premier point d'étape.

- Pas de problème du côté des paris ? Le sergent jeta un regard vers la soldate, qui acquiesça.

- Aucun à signalé. Deux combats sont à venir ce soir, mais rien de problématique en vue. Et vous, avec la taverne ? La femme, aux longs cheveux bruns qui lui arrivait jusqu'en bas du dos, observa le reste du groupe en posant la question, et plus particulièrement la jeune recrue.

- Situation tendu de prime abord. J'ai bien cru qu'ils allaient en venir aux mains, mais il semblerait que le soldat Stephen et la recrue Artémis ont su répondre à la situation. Malgré des paroles tranchantes, le mentor et son apprenti comprenaient bien qu'ils avaient agit comme attendu.

- Nous avons gérer comme nous pouvions, sergent. Mais pour une première situation complexe, je trouve qu'Artémis s'en est plutôt bien tiré. Le compliment fit chaud au cœur de la jeune déviante.

- Vous avez bien fait. Nous allons pouvoir continuer notre patrouille vers l'Est. En route ! Le sergent ne prit pas plus de temps pour ce petit débriefing, partant directement pour rejoindre le pont reliant les deux parties de la cité.

Le reste du groupe suivi, et Artémis pu sentir derrière elle le regard satisfait de son mentor, mais aussi celui de l'autre combattante de la patrouille, qui semblait contente des commentaires sur la recrue.

Passé le pont, la patrouille se retrouva à l'entrée du marché. En ce début de matinée, de nombreux habitants de la cité étaient venus pour faire des achats de nourritures, voir d'habits pour certains. Malgré la fraîcheur matinale, il y avait foule devant les étales, et les soldats eurent des difficultés pour avancer au milieu de toutes ces personnes. Et pour ne rien ajouter, Artémis était obligée de se tenir la tête d'une main, grimaçant, à cause des trop nombreuses pensées. Même si elle avait appris à maîtriser ce pouvoir depuis le temps, il y avait malgré tout une limite à ce qu'elle pouvait bloquer pour éviter que les pensées extérieures la submergent.

- Ça va aller, Artémis ? Tu peux continuer la patrouille ? Le mentor de la jeune déviante s'arrêta avec elle, laissant les deux autres combattants avancer.

- Ouai... J'ai un peu mal à la tête avec toutes les pensées... mais ça devrait aller. La recrue sourit tant bien que mal au soldat, qui acquiesça, en reprenant la route, accompagné par la fille.

La patrouille avait fini par se scinder en deux groupes. Le premier, mené par le sergent, allait à la rencontre des passants, dont ils en connaissaient certains. Il prenait de leurs nouvelles, tout en surveillant que l'ordre règne dans le marché. Son acolyte gardait un œil vif sur toute la zone, et plus particulièrement vers le chemin menant à la ruelle sombre, prisé des délinquants de la cité.

Pendant ce temps, Artémis et Stephen entamaient la discussion avec de nombreux commerçants. Ils s'assuraient que tout se passait bien, et cherchait s'il n'y avait pas eu des vols récemment, ou d'autres problèmes divers et variés. De nombreux marchands connaissaient Stephen, mais la majorité découvrait tout juste la nouvelle recrue, qui évitait soigneusement de mentionner sa vraie nature. Bien qu'elle soit acceptée chez les Rangers, ce n'est pas toujours le cas dans la population de Lestall, qui ont majoritairement un avis plutôt critique envers les déviants.

Alors que le soleil commençait à pointer haut dans le ciel, les deux groupes finirent par se rejoindre, au milieu du marché, qui se vidait un peu, laissant la plupart des habitants partir travailler.

- Alors, comment vont les commerçants ? La jeune femme s'enquit des nouvelles de la part de l'autre groupe, tandis que le sergent finissait de discuter avec une mère de famille accompagnée d'une jeune adolescente.

- Tout va bien. La plupart se plaignent du froid qui arrive et des récoltes qui baissent en forêt, mais dans l'ensemble, ils sont contents que la situation à Lestall se soit améliorée. Stephen rapporta ce qu'il avait entendu des différents vendeurs rencontrés lors de la patrouille.

- Et de votre côté ? La jeune recrue osa poser la question, observant sa camarade, ainsi que le chef de la patrouille qui rejoignait enfin le trio.

- Rien à signaler. Les habitants reprennent une vie plutôt paisible, la criminalité est en baisse, tout est au beau fixe. L'homme répondit en arrivant, remerciant d'un coup d'œil la jeune fille d'avoir osé poser la question.

- Parfait alors. Nous allons pouvoir rentrer au QG, je présume ? Si nous n'avons rien de plus à faire ici.

- C'est exact. Nous allons rentrer et j'irais faire le rapport sur la patrouille. Vous pourrez prendre une petite pause quand on sera à la base. Allons y ! Sur ces mots, le sergent guida les troupes à travers les étales.

Celui-là m'a l'air pas mal. Il doit pouvoir se revendre assez cher en bas.

Alors que les Rangers avançaient vers le pont reliant l'Est et le Nord de la cité, Artémis s'interrompit, regardant vers le marché. Elle était sûre d'avoir entendu des pensées, mais elle n'arrivait pas à savoir exactement d'où elle venait.

- Artémis ? Tu viens ? Le mentor de la jeune déviante s'arrêta en remarquant que sa recrue n'était plus derrière lui.

- Il se passe quelque chose au marché. Sans réfléchir, la jeune fille rebroussa chemin, déployant ses sens dans la zone pour retrouver la piste des pensées.

- Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi la recrue repart vers le marché ? Le sergent rejoint rapidement le soldat Stephen, accompagné par la soldate Spence.

- Il y a quelque chose ! Il faut qu'on aille voir ! L'homme allait se mettre à courir pour rejoindre sa protégée, mais il fut stoppé par sa camarade.

- Comment peut-elle savoir qu'il se passe quelque chose ? Tu comptes vraiment faire confiance à ses capacités ? Spence posa un regard sévère sur le mentor, avant que Bennett n'arrive pour s'interposer entre les deux.

- Pour l'instant, nous ne savons pas si elle a halluciné ou s'il y a bien quelque chose, alors comme dans tout cas, on fait une levée de doute en priorité. Allons la rejoindre. Le plus haut gradé trancha en faveur du mentor, ce qui enragea quelque peu la soldate.

Il faut que j'attende qu'il ne regarde pas vers moi, et je récupère les deux habits en une seule rafale.

Cette fois-ci, Artémis avait bien plus distinctement entendu les pensées de la personne. Elle se fit guider par l'écho de ces dernières, jusqu'à un petit étale de vêtements. Là, de nombreuses robes de haute couture étaient installées en avant, alors qu'à l'intérieur de la boutique, un homme d'un certain âge était en pleine discussion avec une jeune femme venant commander une de ses robes pour son mariage à venir. La jeune recrue remarqua non loin une femme, tout juste la vingtaine, qui regardait avec détail les habits. Elle jetait des coups d'œil discrets vers le vendeur, attendant une opportunité.

La jeune recrue voulait directement l'empêcher de commettre le vol, mais elle se dit qu'il fallait mieux la prendre sur le fait, sinon, elle devrait se justifier de son action. L'autre problème était le fait que les autres membres de la patrouille ne soit pas avec elle, mais cela lui donnait un avantage, le fait qu'elle ne soit pas encore repéré par la femme suspecte. Cette dernière regardait les habits d'une main, cachant l'autre dans une épaisse veste. Cela intrigua Artémis au plus haut point, mais elle ne devait pas perdre de vue son objectif.

Alors que le reste de la patrouille arrivait, ils remarquèrent que la recrue patientait, observant l'intérieur de la boutique. Mais avant qu'un des Rangers aient pu faire quoi que ce soit, un puissant coup de vent vient balayer la boutique, jusqu'aux combattants. Tous durent mettre leur bras devant eux pour encaisser la bourrasque, avant qu'ils ne remarquent que deux robes avaient disparu de l'étale. « Au voleur !! » Le marchand hurla à plein poumon, en voyant la jeune femme qui se tenait en hauteur, sur le toit d'un petit magasin en bois de nourriture carné.

Cette dernière tenait les deux robes dans une main, tandis que son autre main, n'en était pas une. Il s'agissait d'une aile, comme celle d'un rapace, faisant une taille bien conséquente comparé aux oiseaux survolant la cité. Elle toisa du regard la jeune recrue, avant de s'exprimer.

- Je ne sais pas comment tu as pu anticiper... Mais ne crois pas que je vais repartir bredouille, gamine. La déviante ailée s'exprima avec un ton acéré, alors que les autres membres de la patrouille se plaçaient au côté d'Artémis.

- Tu crois ça ? Vient te battre si tu as du courage ! La jeune recrue n'hésita pas à dégainer sa lame, en observant son adversaire.

- Oh. Tu comptes vraiment te mettre en travers de ma route ? Soit. Je vais t'apprendre qu'il n'est pas bon de chercher des problèmes aux déviants. La femme oiseau posa les habits sur le côté, avant de sauter en direction d'Artémis, positionnant son aile comme une lame.

La jeune déviante encaissa l'attaque non sans mal, reculant légèrement. Elle remarqua que l'aile de son adversaire n'avait aucune égratignure, comme si ses plumes étaient devenues de l'acier en quelques instants. Le reste des troupes dégainèrent leurs épées, alors que la plupart des citoyens encore présents s'écartaient. Artémis mena alors la première riposte, tentant d'atteindre son ennemi par la droite. Mais cette dernière esquiva en reculant. Malheureusement pour elle, le sergent Bennett avait eu le temps de se positionner dans son dos. Il n'avait que très peu de marge pour reculer à cause du petit étale, mais il tenta un coup d'épée en avant, visant directement le dos de la déviante. Cette dernière utilisa son aile pour parer l'attaque, et se propulser dans les airs à l'aide d'une rafale, qui fit chanceler le Ranger. Elle atterrit juste derrière Artémis, pointant le bout de son aile juste devant la gorge de la recrue.

- Je t'ai pourtant dit quelque chose, gamine. La déviante eut un sourire malsain en voyant la détresse et la peur dans le regard de la jeune Ranger.

- Je te conseille de la laisser partir immédiatement, si tu ne veux pas que l'on ne t'abatte pas sur le champ. Stephen prononça ces mots en gardant un certain sang froid, alors que Spence était positionné juste en face de son camarade, qui encadrait de chaque côté la voleuse.

- Vous êtes peut-être plus nombreux, mais êtes vous prêt à risquer la vie d'une des vôtres ? La jeune femme rapprocha légèrement l'aile de la jeune fille, qui reconnut l'odeur distincte de l'acier.

Mais la déviante finit par retirer ce qui lui servait de lame, avant de créer une nouvelle rafale pour aller récupérer son butin. Les Rangers la regardèrent, avec incompréhension, avant d'apercevoir des combattants de la NDA qui arrivait depuis le centre de Lestall. « On dirait bien qu'il est temps que je reparte. Merci pour ce divertissement, Rangers ! » D'un puissant coup d'aile, la voleuse créa une puissante bourrasque, bien plus violente que les précédentes, qui envoya tous les combattants proches au sol, alors que les troupes de la NDA étaient immobilisées pendant quelques instants. Peu de temps, mais assez pour que la déviante se soit volatilisée, sous les yeux de tous. Forts heureusement, les différents étales ont tenu bon face au vent, mais pas la marchandise, qui fut en partie envoler dans tout le marché.

Alors que les commerçants s'entraidaient pour récupérer les différentes denrées éparpillées, la patrouille des Rangers s'assurait qu'aucun d'eux n'était blessé, avant d'engager la discussion avec les membres de la NDA.

- Bien le bonjour Rangers, qui est le chef de cette patrouille ? Une femme, d'une bonne trentaine d'année, aux courts cheveux châtains, semblait diriger le groupe.

- C'est moi-même, sergent Bennett. À qui avons-nous l'honneur ?

- Sergent Juniper. J'ai été envoyé après un signalement par des civils d'une attaque de déviants au marché. Je vois que nous sommes malheureusement arrivées en retard. Alors qu'elle parlait, les deux soldats se placèrent à ses côtés, dévisageant le reste de la patrouille des Rangers.

- C'est exact. Nous avons eu affaire à une déviante qui a commis un vol de deux robes de haute couture dans le magasin juste derrière. Elle possédait une aile très particulière, capable de résister à un coup d'épée. De plus, elle semblait maîtriser le vent. Le sergent donna les principales informations.

- Nous avons bien remarqué concernant son pouvoir, mais cette aile... qu'a tel de si particulier, pour résister à une épée ? La femme avait du mal à croire qu'une lame ne puisse pas tout simplement transpercer l'aile d'un rapace, même mi-humain.

- Les plumes... elles étaient en acier lorsqu'elle a combattu. La jeune recrue, encore sous le choc de l'affrontement, répondit à la haut gradée, sous le regard surpris des soldats de la NDA.

- Comment peux-tu le savoir ? La sergent toisa la jeune fille.

- Je l'ai senti lorsque son aile était juste à côté de ma gorge... Le regard de la jeune déviante se noya quelques instants dans les souvenirs de ce moment où elle a bien cru y passer.

- Je vois... Nous informerons nos supérieurs de cette déviante en ville. Nous laisserons l'enquête sur le vol être fait par les Rangers, mais nous assurerons la traque de cette femme. Tel était maintenant les directives concernant les affaires de déviants, qui venait d'être à nouveau édicté par la combattante.

- Très bien, nous allons rentrer pour faire notre rapport et ouvrir l'enquête. Nous tiendrons vos troupes informées de l'avancement. Le sergent Bennett s'inclina, par respect, envers son homologue.

- C'est parfait, nous vous remercions pour votre coopération. La sergent Juniper s'inclina aussi, avant de remercier d'un coup d'œil supplémentaire la jeune recrue pour son information plus qu'utile.

Le groupe, à la suite de la discussion, se scinda. Les membres de la NDA repartaient à leur QG, discutant à voix basse, alors que la patrouille des Rangers regagnaient leur base.

- Je suis désolée d'avoir douté d'elle. Spence murmura à Stephen, pour éviter que la jeune fille, qui fermait la marche, n'entende son commentaire.

- Tu as douté d'elle car c'est une déviante. Tu as eu peur qu'elle se soit trompée avec son pouvoir. Je me trompe ? Le mentor avait bien compris le souci, et la soldate soupira, pour toute réponse.

- J'ai compris... J'essayerais de parler avec elle, au QG. Peut-être que je pourrais un peu mieux la comprendre. La réaction de la combattante fit sourire le soldat, qui acquiesça à ses dires.

- C'est en comprenant mieux les différences que l'on s'y ouvre. Je l'ai appris en entraînant Artémis, et elle sait s'ouvrir quand les personnes sont réceptives, en face. Les paroles de Stephen remirent un peu d'espoir pour que les choses s'arrangent entre Spence et la jeune fille.

Le reste de la journée, Artémis était rester quelque temps à l'infirmerie, pour s'assurer qu'elle ne soit pas blessée. Elle resta ensuite un certain temps dans les dortoirs, sur son lit. Elle avait rapproché ses jambes contre elle, les tenant avec ses bras. Ceux qui passaient par là semblaient voir une jeune fille traumatisée, qui reste dans son petit coin de tranquillité. Les Rangers faisaient peu attention à la recrue, même si certains essayaient de lui demander pourquoi elle était dans un tel état.

Aucune réponse ne parvenait à leurs oreilles. La jeune fille restait muette. Jusqu'à ce qu'une forme féminine se glisse dans le dortoir. Elle avait délaissé son équipement de combat, tout en gardant sa longue tenue bleutée, qui ressemblait à s'y méprendre à une robe, avec l'insigne des Rangers tissé sur l'épaule. La jeune femme se posa juste devant la jeune déviante, sans rien dire. Elle avait entendu les nombreuses tentatives infructueuses de communication de ses collègues, et elle ne comptait pas refaire la même erreur qu'eux.

- Pourquoi tu viens me voir ? Malgré le fait qu'elle ne parle pas, Artémis est encore capable d'utiliser son pouvoir pour communiquer.

- Car personne n'arrive à te faire parler. Car tu es ici depuis que tu es sortie de l'infirmerie. Car je sais ce que tu as vécu, je l'ai vu. Spence ne regardait pas la jeune recrue, elle restait juste à côté d'elle.

- Tu l'as vu, mais est-ce que tu l'as déjà vécu ?! C'est... au moins la deuxième fois, que j'ai vu la mort de bien trop près. Quelques larmes se mirent à couler sur les joues de la jeune fille.

- Je suis chez les Rangers depuis bien plus longtemps que toi Artémis. La mort, je l'ai malheureusement côtoyé plus d'une fois. Il m'est arrivé de la frôler, lors de combats avec des criminels bien préparés au combat. Ce n'est pas ce qui m'a empêché de continuer à protéger les citoyens de Lestall. Ce discours ne se voulait pas moralisateur, mais bien encourageant, pour la jeune fille.

- Certes, mais... j'aurais dû être capable de la combattre, ou au moins de ne pas la laisser m'atteindre si facilement... Les premiers mots qui sortirent de la bouche d'Artémis rappelèrent bien des souvenirs à la soldate, qui se tourna doucement en tendant ses bras ouverts.

- Tu n'es qu'une recrue, tu as encore beaucoup à apprendre, surtout pour combattre une tel déviante. Ton pouvoir ne te sert pas en combat, mais il a d'autres avantages.

Sans un bruit, la combattante remarqua que la plus jeune se glissait doucement contre elle, dans ses bras. Elle cachait son visage contre le torse de la Rangers, en sanglotant. Cette dernière glissa doucement sa main sur le dos de la jeune fille, le lui caressant légèrement.

- Tu sais... Lorsque tu es repartie vers le marché, je ne savais pas quoi penser. J'avais entendu parler de ton pouvoir, mais je ne savais pas à quel point il était puissant. J'ai eu un doute sur la véracité de tes propos lorsque tu as entendu la menace dans le marché. Alors que tu avais eu parfaitement raison. Tu as une capacité des plus utiles pour repérer des choses comme ça. Même si cela ne t'aidera pas forcément en combat, sache que c'est un pouvoir très utile pour enquêter, et c'est aussi ce que les Rangers font.

- Si je ne peux pas compter sur mon pouvoir... Il faudrait que je m'améliore encore plus en combat, alors ? La jeune fille semblait comprendre son défaut, et comment l'outrepasser.

- C'est ça. Tu as une capacité utile en enquête, à toi de compenser le manque d'utilité en combat. Si tu veux, on peut s'entraîner un peu, ensemble. Ces derniers mots décollèrent la tête d'Artémis du torse de Spence.

Cette dernière observait avec des yeux écarquillés celle avec qui elle avait patrouillé le matin même. Elle était prête à l'entraîner, même si elle n'était pas son mentor. Cela lui fit chaud au cœur, et elle sourit doucement, pour la première fois depuis leur retour de patrouille.

- Ça me va ! Artémis s'écarta légèrement de sa supérieure, prête à la suivre.

- Alors allons-y, le champ d'entraînement doit être vide à cette heure-ci, on sera tranquille. La femme se releva, commençant à marcher en direction de la zone de combat, suivi juste après par la recrue.

Après plusieurs minutes de marche, en sortant du bâtiment principal du QG, les deux Rangers arrivèrent jusqu'à un grand terrain fait de sable. Il y avait là des mannequins d'entraînement, des carrés dessinés sur le sol pour créer des petites zones où les soldats pouvaient s'entraîner à combattre entre eux. L'endroit se trouvait juste derrière le bâtiment principal, mais il restait en extérieur. Il était donc soumis aux aléas climatiques comme à la variation du jour et de la nuit. Et en cette fin de journée, alors que l'hiver resserrait doucement son étreinte sur la région, le soleil était déjà bien bas.

- Bien, on va avoir peu de temps pour s'entraîner, et nous n'avons pas nos épées. Alors on va faire quelque chose de plus simple. Le combat à mains nues ! Spence se plaça dans une des zones de combat, serrant les poings en regardant la jeune fille.

- On ne combat pas à main nues en général, non ? Artémis alla se placer face à son adversaire, avec une certaine incompréhension.

- En général non. Mais si tu viens à ne plus avoir ton épée en main, il faut savoir comment combattre sans. Cela pourra te sauver de plus d'une situation. Attaque-moi. L'aînée attendit quelques instants, observant la cadette, qui vient donner un puissant coup de poing dans le ventre de la combattante.

- C'était bien ? La déviante se recula, observant Spence qui grimaçait légèrement.

- C'était un bon coup. Mais il ne suffit pas de frapper fort pour vaincre. Joignant les gestes à la parole, la soldate se glissa en quelques instants devant Artémis, avant de lui infliger une balayette, qui l'envoya dans le sable.

- Je vois ça... Elle tenta de se relever, avant de voir que le poing de son adversaire arrivait tout droit vers son visage.

Elle eut le réflexe d'esquiver au dernier moment, donnant un coup de poing directement dans le coude de l'humaine. Cette dernière eut un léger râle de douleur, avant de reculer. Elle pensait y aller doucement avec la jeune fille, mais il semblait bien qu'elles fussent toutes les deux prêtes à un véritable entraînement.

Spence glissa alors sur le sable pour atteindre son adversaire, lui assénant un violent coup de poing dans le torse, avant de la faire glisser au sol. Mais Artémis avait cette fois-ci anticipé le coup. Malgré la douleur qu'elle ressentait, elle glissa sous la soldate, avant de revenir à la charge. Quand la plus âgée se retourna, elle prit de plein fouet le coup d'épaule de la déviante, qui la fit tomber au sol.

- On dirait que j'ai réussi... Essoufflée, la jeune fille observait son adversaire, dans le sable.

- Évite de vendre la peau d'un ours avant de l'avoir tué, Artémis. D'un puissant coup de pied, la combattante fit s'effondrer son adversaire, qui chuta, dans un bruit sourd contre l'étendue sablonneuse.

- Argh... Je ne pensais pas que tu ferais un coup comme ça... Ainsi au sol, la jeune fille pouvait voir les rayons du soleil qui faiblissait, dans le ciel prenant des tons orangés.

- Un adversaire sera toujours plus ou moins imprévisible. À toi de l'être encore plus que lui. Après s'être relevé, Spence tendit sa main à la jeune recrue, pour l'aider.

- Je m'en souviendrais... La déviante passa une main dans son dos, pour s'assurer qu'elle ne s'était pas faite trop mal.

- Ça va aller ? J'y suis peut-être allé un peu fort, pour un entraînement. La voyant faire, la Rangers eu peur d'avoir blessé la blondinette.

- Ça devrait aller... Une bonne nuit de sommeil, et je serais d'attaque. Artémis offrit un grand sourire à la combattante, avant de partir pour rejoindre les dortoirs, la remerciant d'un signe de la main pour l'entraînement du soir.

- On dirait bien que ton avis à changer, Spence. Après que la jeune fille soit partie, Stephen sorti de sa cachette, derrière un imposant mannequin d'entraînement.

- Alors tu nous as observés ? Eh, je dois dire que cette petite à de la volonté. Mais si on l'avait laissé ainsi, elle ne serait pas revenue combattre, je pense. La combattante savait très bien que rester abattue comme l'était Artémis aurait pu être fatale pour sa carrière.

- Tu as bien fait de la pousser à se remettre directement dans les combats. Ça aurait dû être à moi de le faire, mais.. Le mentor cherchait ses mots, pensif.

- Tu es son mentor, mais tu aurais pu difficilement l'aider à surpasser la peur qu'elle a eue. Tu ne l'as quasiment jamais vécu, bien que tu sois un très bon combattant. Les paroles de celle qu'il connaissait plutôt bien depuis le temps lui firent prendre conscience de ce qu'il cherchait.

- Tu as raison... Au moins, je sais qu'elle ne va plus se morfondre. C'est le plus important. Un sourire illumina le visage du combattant, alors que les derniers rayons du soleil s'éteignaient, laissant place à la nuit.

Les deux combattants marchèrent ensemble jusqu'à la place principale du QG, avant que leur chemin ne se sépare. Stephen allait rejoindre les dortoirs de la base, où il logeait, alors que Spence rentrait chez elle, dans une petite maison qu'elle avait pu acheter il y a quelques mois.

Plusieurs jours passèrent depuis l'entraînement au crépuscule. La jeune recrue avait repris les patrouilles très vite, et se faisait petit à petit une place parmi les Rangers. En moyenne, Artémis participait à deux patrouilles dans la journée, avec ou sans son mentor. Les citoyens de la cité commençaient à s'habituer à voir la plus jeune combattante des Rangers en ville. Cette dernière était à l'écoute des citoyens, mais aussi de leur pensée, tout en sachant être ferme, ou plus en arrière, laissant les plus hauts gradés gérer les situations conflictuelles.

Ce fut le cas, lorsque sa patrouille rentrait au QG. Le crépuscule inondait le ciel des couleurs orangées, alors que des combats se préparaient autour de la place principale du nord de Lestall. Mais avant qu'un d'eux n'ait eu lieu, une violente altercation éclata.

- C'est quoi ces conneries encore ?! Tu vas te battre pour quoi ce soir ?! Une femme, plutôt âgée pour l'époque, sermonnait un homme imposant, d'un âge équivalent.

- Pour notre fille ! Tu crois qu'ils faisaient quoi dans la maison de ce vieux con, son fils et elle ?! L'homme était dans une colère noire, tandis que le combattant adverse, un fermier, semblait attendre en soupirant.

- Mais papa... il ne s'est rien passé... L'intéressé, une jeune adolescente haute comme trois pommes, se dandinaient, observant le regard courroucé de son père.

- Qu'importe. Je vais apprendre à ce foutu fermier à s'occuper de son fils plutôt que son bétail. Sur ces mots, l'homme s'avança vers l'adversaire, alors même que le combat n'avait pas officiellement débuté.

Alors que la foule hurlait en voyant ce qui se passait, prêt à encourager les combattants, la patrouille des Rangers du soir arrivait sur la place. Menée pour une fois par un lieutenant, Riks, celle-ci était composée d'un soldat qui était considéré comme le doyen des troupes des Rangers par son âge, ainsi que le soldat Stephen, et la jeune recrue Artémis. Le groupe remarqua en arrivant sur la fameuse place des combats la foule réunie en cercle, hurlant à plein poumons, alors que les organisateurs tentait d'apaiser la situation. Tout ceci intrigua fortement le lieutenant, qui fit signe à la patrouille de se déployer dans le cercle pour savoir ce qui se passait. Les troupes se dispersèrent, essayant de se frayer un chemin dans la foule, alors que celui qui dirigeait la patrouille alla à la rencontre des organisateurs des combats.

- Bonsoir messieurs. J'aimerais bien savoir pourquoi tant d'agitation au crépuscule. Le lieutenant était maintenant bien connu des deux hommes qui géraient l'affaire.

- Il y a un combat qui a l'air d'avoir commencé, avant même qu'on a pu énoncer les règles. Cela ne semble pas être juste un simple combat... Pour la première fois depuis longtemps, le Rangers pu voir de la peur dans le regard du plus jeune, qui semblait redouter l'affrontement.

- Quelle est la raison du combat ? Il y en avait toujours une, mais parfois, elle était bien plus obscure que ce que les citoyens peuvent imaginer.

- Il semblerait que le fils d'un fermier ait eu une aventure avec la fille d'un forgeron locale, et celui-ci semble plus que remonter. Il a l'habitude de se battre ici, mais ce soir, il a l'air de vouloir en découdre. L'aîné des organisateurs informa Riks des informations glanée dans la foule.

Alors que ce dernier essayait de se frayer un chemin parmi les nombreux citoyens présent, il entendit un puissant coup de poing résonner, alors que la foule hurlait de plus belle. Les personnes à l'avant pouvaient aisément voir ce qui se passait, et les autres Rangers découvraient enfin ce qui se passait. Le fermier gisait au sol, la bouche en sang. Son adverse était juste au-dessus de lui, le poing tâché du même liquide rouge. La fille de ce dernier n'osait même pas regarder le combat, elle tenait fermement la robe de sa mère, qui était horrifiée par ce qui se passait.

- Il faut que quelqu'un l'arrête... il va finir par le tuer. Artémis avait du mal à se concentrer avec le flot de pensée qui l'entourait, mais elle pu distinctement tracer une d'elles. Elle provenait de la femme du forgeron.

- Messieurs, nous vous ordonnons d'arrêter immédiatement ce combat ! La jeune déviante savait qu'en tant que recrue, elle n'aurait jamais dû aller au front d'une telle altercation comme ça.

- La ferme toi, j'ai encore des comptes à régler avec cet enfoiré. L'homme ne détourna même pas le regard, alors qu'il s'apprêtait à donner un coup supplémentaire à son adversaire, déjà mal en point.

- Je crois que vous n'avez pas bien compris à qui vous vous adressez. Artémis voyait les deux soldats qui arrivaient enfin à se frayer un chemin parmi la foule, mais elle savait aussi qu'ils ne seraient jamais assez rapides. Elle s'avança, épée en main.

- Non... Non... Tout ça va mal finir... Au milieu de toutes les pensées, Artémis capta une nouvelle, qui se fraya jusqu'à ses propres pensées. Elle provenait de la jeune fille du forgeron, qui observait la déviante.

- Et je crois que tu as mal compris ta place. Ranger ou non, tu n'es qu'une gamine qui devrait savoir qu'on n'interfère pas dans des histoires d'adultes. Le colosse délaissa son adverse, pour tourner son regard enragé vers la recrue.

- Et vous devriez savoir que, recrue ou pas, elle reste une Ranger à part entière, et mérite autant de respect que les autres. Sous le regard surpris de toute la foule qui se tut en quelques instants, le lieutenant Riks s'avança.

- Allez, tu vas me faire un discours moralisateur le lieutenant ? Vous n'êtes même pas foutu de protéger les gamines contre les dépravés comme ce gars et son fils ! L'homme n'hésita pas à se rapprocher encore plus de Riks, qui restait impassible, comme il pouvait, face à la menace.

- Non... il n'a rien fait... et son père risque d'y passer pour rien... Artémis comprit que la situation était critique, en captant une nouvelle pensée. Cette fois-ci, elle allait devoir faire un des plus grand sacrifice depuis son arrivée chez les Rangers.

- Avant d'accuser quiconque, avez-vous demandé son avis à votre fille ? La jeune recrue surpris tout le monde, et surtout l'intéressé, qui observa la déviante, surprise au plus haut point.

- En quoi elle aurait son mot à dire, hein ?! L'homme cracha au visage du lieutenant, face à lui, avant qu'une petite voix s'élève.

- Elle a raison... Papa, il ne s'est rien passé ! Il m'avait invité pour que je l'aide à apprendre la langue, qu'il ne connaît pas exactement bien, et son père étant trop occupé à la ferme, il ne pouvait pas l'aider. Je voulais juste me rendre utile, et aider ce jeune garçon... La voix de la raison sembla raisonner aux oreilles du père, qui desserra le poing, doucement.

- Tu es sûr de ce que tu avances ? Tout ceci est vrai ?

- Je te le jure papa ! S'il te plaît... Je ne veux plus te voir combattre ! Des larmes coulèrent sur les joues de l'adolescente, alors que sa mère la prenait dans ses bras.

- J'ai compris... j'ai fait une grave erreur ce soir. Je m'excuse infiniment, Rangers. Le forgeron se recula, avant de s'incliner, en guise de respect.

- Plus qu'une grave erreur, vous auriez pu causer la mort d'un innocent. Si cela ne tenait qu'à moi, je vous aurez déjà mis en prison. Mais je crois que vous avez causé déjà assez de tort à votre famille. Tâchez de ne plus côtoyer les combats de rues à partir de maintenant, ou vous devrez en payer les conséquences. Riks fut ferme, mais il restait clément.

Tandis que les soldats des Rangers aidaient le fermier à se relever, le père de famille alla rejoindre les siens. La jeune recrue rangea son épée, voyant le lieutenant qui la rejoignait. Mais une autre forme se glissa devant elle avant que ce dernier n'ait pu arriver.

- Je... Je ne sais pas comment tu as su... mais je te remercie pour ton aide. La fille du forgeron, un peu plus jeune qu'Artémis, venait remercier celle qui avait aidé en grande partie à désamorcer le conflit.

- Disons que certaines personnes ont des particularités... si tu vois ce que je veux dire. La déviante fit un petit clin d'œil à la fille, qui, après quelques instants d'incompréhension, ouvrit grand les yeux en comprenant.

- Je comprends... Encore merci de l'avoir utilisé pour nous aider. Elle murmura pour ne pas révéler son secret à tous, mais était contente que tout se termine bien.

Après ça, elle rejoint sa famille, qui décida de quitter les lieux, après que le père se soit excusé auprès du fermier, encore sous le choc.

Riks s'avança enfin vers la recrue, la guidant en marge de la place sur laquelle les combats du soir allaient enfin avoir lieu.

- Ce que tu as fait n'est pas ce qu'on attend des recrues en général, Artémis. Mais je dois avouer que tu as fait fort. Tu as gardé ton sang-froid, tu as géré la situation comme une Rangers aguerri l'aurait fait. L'homme, autrefois son mentor informel, était fier comme un paon.

- Et encore une fois, tes capacités ont permis de grandes choses. Tu es un très bon élément des Rangers, et je ne te le dirais jamais assez. Stephen arriva accompagné du dernier soldat, qui écoutait la conversation d'une oreille, surveillant les premiers combats de la soirée.

- Merci beaucoup... Mais c'était aussi un travail d'équipe mine de rien, si j'y étais allé seule, je n'aurais rien pu faire. La recrue savait à quel point le fait d'être en groupe était un avantage.

- Tu as parfaitement raison. Mais même en ayant avancé seule la première, tu savais que tes camarades arrivaient. Tu as agi de la meilleure des façons, et je ne peux que te féliciter. Le plus jeune lieutenant des Rangers sourit, voyant les progrès de celle qui était autrefois sa protégée.

- Les combats semblent s'organiser dans le calme, m'est d'avis qu'on devrait rentrer. Notre patrouille est fini, et certains ont de la famille qui les attende. Le plus vieux soldat de la patrouille grommela, commençant à s'avancer vers le QG des Rangers.

- Il est vrai. Allons-y, je dois encore faire le rapport de la patrouille. Riks suivit le vieil homme, accompagné par Stephen et Artémis qui fermait la marche, pour leur retour à la base, après une soirée des plus mouvementées depuis quelque temps.


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