Chapitre 9 : Jayden
Kay réceptionne mon frère tandis que Lydia tient sa tête entre ses mains. Quelques secondes plus tard, des larmes inondent ses joues et ses cris se répandent dans toute la pièce jusqu'à m'en vriller les tympans.
- Eden !
Mais mon frère ne réagit plus. Alice et Jake nous rejoignent difficilement et s'interrogent eux aussi sur la situation. Je m'approche de ma copine et lui glisse quelques mots à l'oreille.
- Tu ne peux pas faire quelque chose ?
- Si ce n'est pas physique, je n'ai aucun pouvoir.
Je m'éloigne, un regard pour mon frère avant d'avoir la furieuse envie de nous débarrasser du Docteur Frankenstein et de ses partisans, dont la rouquine qui a retourné le cerveau d'Eden. Mais j'ai fait à peine quelques pas que Lydia et Kay m'implorent de rester.
- Lydia à raison. Je n'aurais pas la force de le porter, aucun de nous. Nous ne savons même pas ce qui lui arrive.
- Tu dois choisir, Jayden. Ta vengeance ou la vie de ton frère.
Je serre les dents et les poings pour ne pas dire tout ce que je pense aux amis de mon frère. Je me retourne vers eux, de la fureur dans le regard. J'attrape Eden par les genoux, mon autre bras derrière son dos. Il est lourd. Tous me suivent difficilement jusqu'à l'extérieur. Je ne m'arrête pas malgré la neige qui nous tombe dessus et celle qui entrave notre marche.
Je me retourne quand même pour voir si les autres me suivent. Kay tient malgré lui Lydia à bout de bras. De même pour Jake et Alice. Ils ont du mal à mettre un pied devant l'autre. Je fais exploser ma puissance magique à mes pieds pour faire fondre la neige, creusant un chemin pour facilité la course de mes amis.
Une fois à la voiture, je dépose le corps dénué de signe de vie de mon frère. Je conduis à une grande vitesse jusqu'à l'hôpital le plus proche. Quand nous débarquons aux urgences, Lydia hurle comme une folle à qui veut bien l'entendre. Nous sommes très vite relégués à la fonction de potiche dans la salle d'attente. On m'apporte même une blouse d'hôpital pour remplacer mon tee-shirt délabré que j'ai laissé sur place.
Des infirmières viennent nous prendre chacun notre tour pour soigner nos blessures. Une chance qu'elle ne s'évapore pas en quelques minutes, sinon les médecins n'y comprendraient rien. Je suppose alors que la perte de connaissance d'Eden y est peut être lié. Après plus de deux heures d'attente interminable, un médecin entre dans la salle. Je me relève avec vitesse pour attendre son verdict.
- Comment va mon frère ?
- Vous pouvez aller le voir.
- Moi aussi ?
Lydia c'était lever et serre ses bras autour d'elle avec protection. Elle a les yeux rougit et semble complètement exténuée. Elle ne regarde cependant pas le médecin dans les yeux.
- Seule la famille est acceptée.
- C'est sa fiancée.
Il réfléchit quelques temps avant d'accepter. Ce petit mensonge était de rigueur, je ne veux plus que Lydia se morfonde. Il nous entraîne à travers de nouveaux couloirs pour ouvrir une porte. Eden est relié à un cathéter et un électrocardiogramme pendant qu'il est allongé tranquillement dans ce lit d'hôpital.
- Il ne s'est pas réveillé ?
- Non. Votre frère est dans un coma profond. Nous ne savons pas vraiment à quoi il est dû, peut être à la foudre qui l'a frappé même si ça n'a aucun sens étant donné qu'elle n'a pas touché son cerveau.
- Comment le savez-vous ?
- Les figures de Lichtenstein n'ont pas atteint son visage.
J'affiche une moue défaitiste. Je ne sais pas le moins du monde ce qui pourrait réveiller Eden. Le médecin nous laisse et je m'assois sur l'une des chaises de la chambre et regarde le visage en dormis de mon jumeau infernal. Lydia se met en face de moi et semble pensive.
- Tu crois qu'un baiser le réveillerait ?
- Je ne suis pas sûr que l'histoire de la belle aux bois dormants ait des effets dans la réalité.
- Ça vaut le coup d'essayer.
Je la laisse dans son délire, au moins ça me divertit. Elle vient déposer ses lèvres sur celle d'Eden, ça devait surement la démanger depuis qu'il s'était évanoui. Elle se recule ensuite mais rien ne se passe. Elle croise les bras sur le bord du lit et y pose sa tête, ses larmes revenant à la charge. Elle semble tellement vulnérable avec son air de petite fille et ses bandages autour des ses bras et de sa gorge. Elle a morflé, autant que chacun de nous.
Quand elle s'endort enfin, je sors de la chambre les poings serrés. Je n'ai pas l'intention de rester à rien faire et de les laisser s'en aller, impunis. Je rejoins mes amis dans la salle d'attente, leur comptant les nouvelles d'Eden. Je donne le nombre inscrit sur la porte de mon frère à Kay pour qu'il s'y matérialise par la magie. Il emmène Alice avec lui pour réconforter Lydia.
- Jake, suis-moi.
- Comment ça ?
- Je ne vais pas les laisser s'en sortir comme ça. J'ai bien l'intention de défaire le règne de malade de ce docteur Frankenstein. Tu viens avec moi.
Mon visage doit être menaçant parce qu'il acquiesce sans discuter. Nous partons donc en direction de la forêt. Une fois à l'extérieur de l'hôpital, je retire la blouse autour de mon torse et me transforme en loup. Nous courons ensembles jusqu'au building que nous avons quitté maintenant depuis plusieurs heures.
Mes flammes y font encore des ravages au point d'avoir atteint tous les étages de l'immeuble. Nous entrons tous les deux en même temps dans une pièce totalement vide.
- Séparons-nous.
Jake hoche la truffe et va vers la droite. Je prends la direction opposée et recherche des traces de personnes encore présentent. Je trouve un vampire totalement mort et lui vol ses vêtements pour m'habiller. Je suis quand même plus à l'aise dans ma forme originelle.
Je ne trouve pas une seule trace d'un signe de vie dans cet endroit. Jake me rejoint autant bredouille que moi. Je m'énerve et détruit une table d'un seul coup de poing. Un autre de mes coups détruit un mur.
- Jayden, calme-toi. essayons de trouver des indices.
- Sans Lydia, on ne trouvera rien. Mes flammes ont déjà tout ravagés. Ah ! ça m'énerve !
Jake me lance un regard contrit. Eden est notre chef, celui qui nous pousse toujours plus loin malgré les épreuves, il ne se démonte jamais, il n'abandonne jamais, il est notre alpha et il nous guide quoi qu'il arrive. Ça nous démoralise de le voir dans cet état et de ne rien pouvoir faire.
Ma magie explose autour de nous. Jake reste près de moi alors que le bâtiment s'effondre. Le plafond nous tombe sur la tête mais j'explose les gravas en tas de poussière d'un poing enflammé. Jake s'étant ratatiné sur lui-même, se relève et regarde le ciel que nous voyons maintenant clairement. Les étoiles brillent de mille feux tandis que les flammes dansent autour de nous.
Je commence à m'en vouloir d'être partie exercé ma petite vengeance personnelle alors que tout le monde s'inquiète pour Eden. Il y a trois ans, jamais je ne me serais attendue à ce qu'Eden et moi soyons si proches. Au point que je veuille le venger.
Jake et moi retournons à l'hôpital où Kay nous téléporte jusque dans la chambre de mon frère. A l'atterrissage, je tombe sur le sol. Décidément, je ne m'habituerais jamais à ce genre de magie.
- Où étiez-vous ?
Je serre les dents sans regarder Lydia dans les yeux.
- Je rêve ! Tu es allé te battre ?!
- Mais il ne sait absolument rien passé. Ils avaient déserté.
Son regard est tellement menaçant qu'elle me fait une peur bleue. J'avais oublié à quel point elle pouvait être flippante quant elle le voulait. Je me demande même ce que mon frère aime tellement chez elle, parce qu'elle a vraiment un caractère de cochon.
- En tout cas, tout le monde est là. Qu'allons-nous faire pour Eden ?
Kay tempère la discussion et dévie la conversation sur un autre sujet. Lydia ne m'oublie quand même pas, me jetant le plus noir de ses regards. Je ne sais pas si faire d'elle un loup-garou était une si bonne idée.
- Je n'en sais rien. Il est dans le coma et nous ne savons même pas pourquoi il est dans cet état.
- Je pense qu'on devrait rentrer en France. Là-bas, je pourrais utiliser tous les sortilèges et toutes les potions que je pourrais trouver dans les livres pour le réveiller.
Le silence nous enveloppe de nouveau, rythmé seulement par le bip de l'électrocardiogramme, le seul appareil qui nous prouve qu'Eden est toujours en vie.
Lydia vient placer ses deux mains autour du visage de son petit ami. Une aura verte sort de celles-ci et la magicienne ferme les yeux.
- Que tentes-tu de faire ?
- J'essaye d'avoir accès à ses pensées.
- C'est possible ?
- Je n'en sais rien.
Un ange passe et Lydia ne reprend pas la parole. Elle écarte soudainement les mains, la tristesse peignant son visage. Elle n'a pas réussi à le trouver. Je me demande ce que mon frère est en train de faire alors qu'il est prisonnier de son corps.
Nous demandons un rapatriement d'urgence en France qui nous est accordé. Lydia et moi avons remplie une tonne de paperasse en une semaine avant qu'ils mettent leur promesse à exécution.
- Bon, moi, les gars, je rentre en Norvège. J'aime énormément Eden et il est mon alpha mais j'ai besoin d'argent et je ne voudrais pas laisser trop longtemps Peter seul.
Aucun de nous n'objecte quoique se soit. En même temps, sans Eden nous ne savons pas quoi faire de nous. Ce garçon régit nos vies. Il nous accompagne à l'aéroport où nous prenons un avion spécial avec Eden. Nous nous faisons une accolade avant de se séparer, chacun rejoignant son oiseau de fer respectif.
Pendant les heures que nous avons à tuer dans l'avion, Lydia reste penchée sur le corps de mon frère. Ça fait des jours qu'elle ne dort pas et les séquelles de son manque de sommeille sont visibles sur son visage. Même le maquillage ni peut rien.
- Tu devrais dormir.
- Je ne veux pas rater le moment où il se réveillera.
- Ce ne sera pas de si tôt, Lydia. Il faut aussi que tu penses à toi !
- Il a raison. Tu as une mine affreuse. Tu as vraiment envie qu'Eden te voit dans ces conditions ?
Les paroles d'Alice ont l'air d'avoir plus d'impact que les miennes. Elle se laisse emmener par sa meilleure amie en ayant quand même un dernier regard vers l'homme qu'elle aime. Je comprends ce qu'elle ressent.
- On te réveillera s'il y a du changement.
Elle acquiesce avec un léger sourire dans ma direction et déguerpie, tiré machinalement par Alice. Je m'assois là où elle se trouvait et regarde le corps d'Eden.
Sa respiration est tellement paisible et normale qu'on pourrait croire qu'il ne fait que dormir à poings fermés. J'aimerais qu'il se réveille pour qu'il nous aide à conquérir le monde. Il nous reste toujours Sephira et le docteur à retrouver et à faire payer pour les crimes qu'ils ont commis.
- On dirait Lydia avec ton air de six pieds de long.
- Tu crois vraiment que tu peux le réveiller ?
Je me retourne vers Kay, adossé nonchalamment à la porte, les bras croisés. Il a les yeux fermé comme s'il réfléchissait. Il a tellement changé depuis des années. Nous étions amis avant que je ne développe ma particularité de vampire. Mais même il y a trois ans il ne dégageait pas une aussi grande puissance.
- Je n'en sais rien.
Il sort de sa poche deux fioles avec des couleurs que je ne connais que trop bien.
- J'ai l'intention d'étudier ces mélanges pour voir si je ne peux pas synthétiser un antipoison.
- Tu pense que c'est un effet secondaire de la prise du sérum ?
- Je suppose.
Ses yeux restent dans le vague, ne retournant pas sur le corps de son meilleur ami. Décidément, nous sommes tous morose depuis l'annonce de son coma.
Eden est acheminé dans l'un des hôpitaux de Paris dès notre débarquement tandis que nous passons par notre appartement afin d'y déposer nos affaires et nous nourrir. Lydia est tellement presser d'y retourner que nous ne restons pas longtemps à la maison. Je suis le seul à l'accompagner, Kay voulant bosser dès maintenant sur un remède, Alice s'étant proposée de l'aider.
- Bonjour. Je chercher Eden Carter, il vient d'être admis dans cet hôpital.
La secrétaire à l'accueil nous regarde avec une expression que je n'arrive pas à déchiffrer.
- Chambre 752, étage soin intensif.
Lydia court aussitôt dans les couloirs alors que des infirmières lui crient dessus. Je me déplace, moi, les mains dans les poches, le regard baissé sur le sol. Je monte aux soins intensifs par un ascenseur et rejoint Lydia dans la chambre de mon frère.
Elle hurle sur un médecin qui arbore une expression lasse et orageuse. J'attrape Lydia en passant mes bras sous ses aisselles, la retenant en arrière.
- Excusez le comportement de ma belle sœur. Nous sommes tous à cran depuis l'accident d'Eden.
- Ce n'est pas grave. Je disais à votre amie que mon diagnostique sur l'état de votre frère n'est pas différent que celui de mes confrères russes. Nous n'arrivons pas savoir pourquoi il est dans le coma. Nous ne pouvons qu'attendre qu'il se réveille.
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