Chapitre 7 : Eden
Nous prenons la route dès que nous mettons un pied sur le continent. Nous retournons là où tout avait commencé : le camp de travail pour monstre surnaturel. La route est longue du Danemark jusqu'en Sibérie alors tout notre petit groupe s'occupe comme il peut, Jake remplaçant Chuck. Les filles chantent de leurs voix suaves et enchanteresses les musiques qui passent à la radio, du français à l'espagnol en passant par le russe et l'allemand. Tantôt l'une, tantôt l'autre ou bien ensemble, ce qui nous permettait de faire passer le temps. Jake, Kay et moi avions aménagé la voiture pour pouvoir jouer aux cartes sur une surface plane. Changeant de jeu quand l'un nous saoulait. De temps en temps les gars et moi nous passions la main pour rouler, le dernier roulant s'endormant comme une masse une fois qu'il n'était plus à la barre. Il était inconcevable qu'on s'arrête. Nous ne voulions pas perdre de temps.
Quatre jours plus tard, nous roulons enfin dans la neige qui recouvre la Sibérie à longueur d'année. Nous arrivons assez vite au camp, toujours autant abandonné que la dernière fois que Jayden et moi y avons mit les pieds. Nous sommes d'ailleurs les premiers à ouvrir la marche. Nous repérons une salle dont la porte est entrebâillée. Quand nous y entrons, nous découvrons un bordel pas possible. On dirait qu'il a été complètement pillé. Des feuilles de papiers jonchent le sol tandis que les tables ont été totalement débarrassées. Quelques tubes à essai et béchers ou erlenmeyers cassés tiennent compagnies aux pages sur le sol.
- Mais qu'est ce qui c'est passé ici ?
- Les gens pour qui travaillent Kyle doivent avoir tout emmené.
- On ne va rien trouver ?
- Je peux essayer de réveiller les images résiduelles.
On regarde tous Lydia comme si elle était folle. Elle roule des yeux avant de nous expliquer.
- Tu te rappelles, Eden, j'avais pu lire les souvenirs d'Alice quand j'étais une Inugami. Pendant ces trois ans, j'ai travaillé sur mes pouvoirs. Non seulement je peux fouiller dans les souvenirs mais je peux, à partir d'objet, voir des images de ce qui c'est passé avec cet objet. Je peux montrer les images à quelqu'un en même temps que je les vois. Je suggère quelqu'un qui ne peut pas lire ce que je vois en même temps que moi, comme ça nous serons trois à l'avoir vu.
Jayden se désigne et donne sa main à ma petite copine. Je me concentre sur ses pensées alors qu'elle se dirige vers l'une des tables. Quant elle la touche nous voyons des zombis ramasser tout ce qu'ils peuvent sans trop faire attention. Elle change d'emplacement. Cette fois les images datent de plus longtemps, où un homme dont on ne distingue pas le visage à cause de la peine ombre de la nuit, regarde un ordinateur où notre grand-père parle en boucle. Sans le son c'est compliqué de savoir ce qu'il dit.
- Au moins, nous sommes sûr de l'identité de la personne qui lui a mit ces idées farfelus dans la tête.
Alice, Kay et Jake nous demandent implicitement de qui il s'agit.
- Notre grand-père.
- On n'en aura jamais fini. Même mort il nous pourrit encore la vie.
- Mais qu'est ce que Kyle à avoir dans cette histoire ?
Bonne question belle-sœur. C'est Kay et Lydia qui répondent de connivence à cette interrogation.
- Il en a tiré profit pour détruire la vie d'Eden.
Ils se sourient l'un l'autre fiers d'eux. Moi, ça ne me fait pas spécialement rire. On ne sait toujours pas qui est cette personne qui en a après nous et où il se trouve. Nous ne savons même pas ce qu'il veut à long terme et ce que vont devenir les zombis qu'il a créé.
- Ce n'est pas drôle.
- Déride-toi, Eden.
- On ne sait même pas où les trouver et qui est derrière tout ça.
Alice m'aide à rassembler les papiers sur le sol. La plupart expliquent seulement les avancés des recherches de mon grand-père. Les autres, pendant ce temps, fouille tout le bâtiment. J'ai beau lire ses papiers aucun ne décris notre ennemi ni où il se trouve.
J'envoi valser tout ce que je trouve avant de m'assoir sur la seule chaise présente dans la pièce. Alice vient aussitôt à ma rencontre et retire mes mains autour de mon visage. Elle tente de me rassurer du regard mais ça ne me sert à rien.
- On trouvera quelque chose, Eden.
- Tu te rends compte, Alice, à chaque fois qu'on gagne une bataille, une autre se déclenche. Quand est ce qu'on aura la paix ?
- Un jour, je te le promets.
Elle me sourit et je rigole.
- Tu n'es pas très convaincante.
- Peut être, mais au moins tu souris.
J'esquisse un dernier sourire jusqu'à ce que Lydia revienne dans la pièce avec une petite mallette en tissus. Elle la pose sur la table pour en sortir un ordinateur.
- Je vais chercher des informations sur le net. Je vous tiens au courant.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Elle se met à pianoté sur son clavier à une vitesse folle sans faire attention à nous. Je me rassois et attends patiemment n'ayant rien de mieux à faire. Je finis par m'endormir.
Je suis assis sur une chaise dans la pièce que je connais maintenant comme ma poche. La seule fenêtre laisse filtrer les rayons du soleil si rare dans les environs. Je me lève, n'étant pas entravé comme d'habitude pour venir essayer d'ouvrir la porte. Mais elle est fermée à clé. Je commence à m'exciter dessus mais elle ne bouge même sur ses gonds.
Je me retourne et tombe sur Lydia, assise sur une chaise, les bras attachés dans son dos. Elle est apparue par magie dans la pièce. J'essaye de m'approcher d'elle pour voir si elle va bien mais une chaine apparait autour de ma cheville gauche. Très vite rejoint par d'autre autour de mes poignets.
Contrairement à tous mes anciens cauchemars, Lydia est présente et à la place de mon père, c'est Kyle qui tient la seringue entre ses doigts. Ma copine semble endormie.
- Alors Eden, tu es prêt ?
J'ouvre les yeux, ne comprenant pas où il veut en venir. Il tire les cheveux de Lydia en arrière pour qu'on voie son visage. Une expression de douleur peint son visage jusqu'à ce qu'elle ouvre les yeux pour me regarder. Je serre les poings et les dents de rage. Il n'a pas intérêt à lui faire du mal.
- Ne la touche pas !
Il pouffe de rire.
- Tu es ridicule, Eden.
Il lève une main vers moi tandis que les chaînes se raccourcissent pour me plaquer contre le mur qui s'effrite sous mon poids et la force du choc. Il appuie ensuite sur le piston pour faire s'échapper l'air et approche l'aiguille de son cou.
- Non ! Ne fait pas ça ! Je t'en supplie !
Je me débats contre mes entraves mais c'est comme si j'avais perdu tous mes pouvoirs. Kyle n'attend pas plus et enfonce l'aiguille. Lydia hurle alors que je vois son corps se transformer. Ses muscles enflent et des veines rouges strient bientôt sa peau.
- Pourquoi... Pourquoi tu fais ça ?!
- Pour te faire souffrir bien sûr.
Kyle retire la corde autour des poignets de ma petite amie. Elle se relève et ouvre des yeux rouges de l'iris au blanc de l'œil. Elle s'approche de moi à pas de velours, un mauvais sourire sur le visage.
- Reprends-toi. Je sais que tu n'as pas du tout envie de ça.
Elle ne m'écoute pas et continue de venir vers moi. Quand elle est assez proche, elle plonge sa main dans ma poitrine et écrase mon cœur.
Je me réveil en sursaut. Ma respiration est haletante, ma peau est recouverte de sueur. Je passe mes mains sur mon visage en regardant Lydia qui ne semble pas avoir remarqué ce qui m'est arrivé. Elle s'arrête un instant pour me regarder.
- Tu as fait un cauchemar ?
- Oui...
- Ça passera un jour.
J'acquiesce avant de me lever, sentant mes jambes ankylosées.
- Je vais faire un tour.
- D'accord.
Elle se concentre de nouveau sur son écran. Qu'en a moi, je prends la direction de l'extérieur. Cet endroit à vraiment un mauvais effet sur moi. je n'étais déjà pas spécialement heureux de revenir mais là je n'ai qu'une envie, c'est de partir.
Je m'enfonce dans la forêt, là où la neige m'arrive à mi-cuisse mais le froid me revigore. C'est une des formes que peut prendre ma magie, elle n'a donc aucun effet sur moi. Elle a plus un effet régénérateur. Je finis par m'allonger et regarder le ciel gris. La couleur me rappelle celle de mes yeux.
- Eden ?
Je tourne la tête vers mon frère non loin de moi.
- Qu'est ce que tu fais ?
- Je calme mon esprit.
Il hausse les sourcils.
- Dans la neige ?
- Je ne supporte pas cet endroit. Je suis pressé qu'on s'en aille.
- Moi aussi. Ne t'en fais pas.
Il s'assoit à côté de moi. Nous ne disons pas un mot, appréciant la tranquillité des lieux. Ça fait du bien, un peu de sérénité dans le chao de nos vies. Je m'amuse à liquéfier la neige pour ensuite faire des sculptures de glace. Un loup, un ours, une fée. Jayden me regarde sans rien dire. Notre tranquillité est déranger par la voix de Lydia.
- Les gars, revenez dans le bâtiment s'il vous plait.
Nous nous levons à contre cœur. Nous sommes les derniers à rejoindre Lydia là où je l'avais laissé. Elle est assise à son ordi, de façon à ce qu'elle puisse nous regarder.
- Dans le journal, j'ai trouvé les mêmes informations que j'ai exploitées au court de mes recherches. J'ai essayé de regrouper les informations des chasseurs avec celles des humains mais je n'ai rien trouvé de concret.
- Alors à quoi ça a servit ?
Lydia me foudroie du regard alors je me tais.
- Par ailleurs, les événements isolés qui ont permit la création des zombis ne dépasse pas la Russie et la Sibérie. Je pense qu'il serait judicieux qu'on fasse notre propre enquête en commençant pas les habitants et les archives de Moscou.
La rouquine me regarde, attendant une remarque ou un ordre. A vrai dire, on n'a pas vraiment le choix étant donné qu'elle n'a rien trouvé sur le web. Je souffle en baissant la tête, résolu à écouter la voix de la raison.
Lydia me sourit avant d'expliquer son plan à nos amis. Je l'ais déjà lu dans son esprit, je me dirige donc vers la voiture où je m'installe à l'arrière en attendant les autres.
Jayden conduit jusqu'à Moscou pendant des heures durant. Contrairement à l'allée, il n'y a pas un bruit dans l'habitacle au point où la tension y est à son paroxysme. Personne n'ose parler ou se regarder. Quand nous débarquons dans la ville il fait déjà nuit noir. Nous décidons de dormir dans la voiture jusqu'à ce que les premiers rayons du soleil nous réveil.
Jayden et Alice partent de leur côté et Kay et Jake de l'autre. Pendant ce temps, j'accompagne Lydia à la grande bibliothèque nationale pour avoir accès à plus de donner. Je la regarde taper sur son clavier sans rien comprendre à ce qu'elle fait. Je vois des lignes de code un peu partout. J'imagine que ce qu'elle fait n'est pas légale puisse qu'elle regarde de temps en temps autour d'elle.
- Qu'en est ce que tu as appris à encodé ?
- Je n'ai pas à proprement appris. On avait des cours d'informatique à la fac et mon cerveau, c'est comme réveillé. J'ai tout de suite sue faire. Je suppose que ça fait partie de mes pouvoirs télépathiques. L'informatique c'est comme influer sur le cerveau. Ça revient au même.
J'acquiesce en enfonçant ma joue de mon poing. Je m'ennuis comme pas possible et Lydia fait à peine la conversation. Je décide de m'amuser avec l'une de ses mèches et l'entortille autour de mon doigt. Lydia relève la tête et regarde l'un des vigiles à l'autre bout de la pièce.
- Qu'est ce qu'il y a ?
- Ils savent que quelqu'un a piraté leur base de données.
- Qu'est ce qu'on fait ?
Elle retourne sur son écran pour pianoter encore plus vite.
- Je vais en retenir le plus possible le temps de glaner encore plus d'information.
- Comment ?
- Mon cerveau est une clé USB géante.
J'ai l'impression de découvrir ma petite amie. Il y a tellement de chose que j'ignore encore sur elle. Des rides de concentration barrent son front. J'ai peur qu'elle surchauffe comme un ordinateur sous tension. Elle fait trop de chose en même temps. Je comprends maintenant pourquoi elle était aussi forte en cours. Je l'admirais tant. Je suppose que ça à augmenté étant donné qu'elle avait que peut de fois vingt.
- Ce n'est pas si simple d'avoir un cerveau avec un QI dix fois supérieur à la moyenne. Il faut faire des fautes même si on connait toute les réponses pour ne pas être accusée de tricherie.
Je suppose qu'elle l'applique à la fac. C'est moi qui l'ai transformé, et j'en ai fait quelqu'un de surpuissant. Elle me dépasse même de loin.
- Tu te sous-estime.
- Arrête de lire dans mes pensées, ça t'épuise plus vite.
- Tu penses trop fort et il ne me reste que très peu de temps avant que la police arrive.
Je pose ma main sur sa cuisse pour ne pas la déranger même si j'aimerais qu'elle arrête ce qu'elle fait.
- Alors on s'en va. Je ne veux pas que ton cerveau explose.
Elle souffle en fermant les yeux puis s'arrête et éteint l'ordinateur. Je me lève et la suit jusqu'à l'extérieur. Une fois à l'air libre, nous marchons tranquillement jusqu'à la voiture. Une fois à l'intérieur, elle s'endort comme un bébé.
Je m'occupe de la nourrir dans la journée en attendant que les autres reviennent. Le crépuscule tombe sur la ville quand je vois mes amis revenir, des airs défaitistes sur le visage.
- On n'a rien trouvé. Les gens ne voulaient pas nous parler, même les créatures n'avaient rien à nous dire, c'est décevant.
- A croire que personne n'en a entendu parler.
J'acquiesce. Il ne nous reste que Lydia, qui dort depuis onze heures. Je décide qu'il est temps qu'elle se réveille. Je la secoue gentiment jusqu'à ce qu'elle ouvre les yeux.
- Salut. Tu as trouvé des informations intéressantes dans leur base de données ?
- Non. Par contre je connais tout leur secret.
Je rigole.
- Les services secrets devraient t'embaucher.
Elle me sourit avant de se relever.
- On a fait choux blanc alors ?
Aucun de nous ne sourit plus. C'est très agaçant de savoir qu'on ne peut plus rien faire pour le retrouver. Je n'ai pas envie de fouiller la Russie et la Sibérie de fond en comble. On n'a pas que ça à faire non plus.
- Vous êtes les jeunes qui chercher des informations sur le docteur Asimov ?
Nous nous retournons tous vers la voix qui nous a interpelées. Un homme d'une quarantaine d'années, caché derrière un trench-coat beige, nous dévisage, attendant une réponse de notre part.
- Oui, c'est nous.
Je préfère lui répondre avant qu'il ne disparaisse.
- Venez avec moi. Il ne vaut mieux pas rester dans un coin isolé. Deux d'entre vous suffiront.
Il se retourne et marche sans nous attendre. Je prends le bras de mon frère et l'emmène avec moi à sa suite avant qu'il ne disparaisse de notre vue. Il entre dans un café et nous le suivons jusqu'à sa table où il commande un café, mon frère aussi tandis que je prends mon éternel chocolat chaud.
- Pour commencer je veux mettre les choses aux clairs. Je risque ma vie en vous révélant mon histoire.
Jayden et moi nous regardons avant de nous concentrer sur son récit.
- Il y a deux ans un building s'est construit en Sibérie au milieu de la neige. J'ai été recruté, comme beaucoup de mes confrères pour travailler sur un sujet spécial. Quand j'ai découvert les horreurs qu'il faisait subir aux créatures comme vous, j'ai décidé d'arrêter et je me suis enfui. Je sais qui vous êtes, les deux frères hybrides, je sais que vous saurez vous débarrasser du docteur Asimov.
Je déglutis. Il met beaucoup d'espoir dans notre victoire mais ce n'est pas dans notre nature d'abandonner avant d'avoir gagné. Jayden et moi nous regardons de connivence : on est d'accord sur ce point. J'attrape l'adresse qu'il nous donne sur un coin de serviette et nous repartons voir nos amis.
Il est temps pour nous d'attaquer.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top