Chapitre 4 : Eden

Pendant le reste de la journée, Jayden et moi n'avons pas fait grand-chose. Après ma confession, nous sommes restés silencieux un certain temps et je me suis mit à faire le ménage dans tout l'appartement afin de ne penser à rien. J'ai passé l'aspirateur, rangé le bordel de Lydia, dépoussiéré les meubles, rangé ma propre chambre et même celle de Kay. J'ai lavé les toilettes de fond en comble et la salle de bain. Jayden me suivait et me regardait comme s'il ne me reconnaissait plus. En fait, depuis la fin de la guerre contre notre propre famille, j'ai l'impression de me tourner les pouces, quoi que je fasse. Alice à peut être raison, j'ai besoin de faire partie de cette nouvelle aventure.

Les filles sont revenues vers dix-huit heures avec des dizaines de sac dans les mains et des sourires montant jusqu'aux oreilles. A ce moment là, tout mon stress est retombé en flèche et j'ai sentis une vague de soulagement m'envahir. Au moins elles sont toutes en vie et bizarrement souriante. On dirait que leur après-midi c'est très bien passée.

Vers dix-neuf heures trente, tout le monde est prêt dans le salon. Je reste bouche bée devant la robe bouffante verte pomme de mon ex petite amie. Elle est tellement belle que je ne remarque même pas ma petite amie dans sa robe plissé bleue nuit. Enfin, jusqu'à ce qu'elle mette sa main dans la mienne. Je lui souris sincèrement malgré les hurlements de mon cœur qui vont à l'encontre de ce que je crois ressentir.

Nous montons tous les sept dans ma voiture, les garçons à l'arrière, Alice et Lydia dans le coffre où deux malheureuses places existent et Sephira à ma droite. Elle semble perdue dans ses pensées. Nous arrivons à l'opéra où Lydia nous paye à tous les places. Je me demande d'où elle sort tout cet argent. Nous nous asseyons les uns après les autres dans la grande salle décorée de rouge et doré du sol au plafond. Je me retrouve de nouveau entre les deux rousses. J'ai l'impression que tout le monde se ligue contre moi pour me faire devenir chèvre. J'ai déjà du mal à comprendre mes propres sentiments alors si maintenant ont m'empêche de réfléchir clairement, je vais avoir du mal à me concentrer.

Au milieu de la représentation, Sephira prend ma main et une vague de chaleur m'envahi. De l'autre côté, Lydia s'endort alors que c'est elle qui voulait venir, et tombe littéralement sur mon épaule. Je commence sérieusement à étouffer avec en plus les regards insistant de mes amis. Ne pouvant plus supporter, je me lève précipitamment, réveillant Lydia qui papillonne des yeux, légèrement désorientée. Je sors de la salle et m'échappe du bâtiment pour prendre un bol d'air frais. La lumière venant des lampadaires et du bâtiment, éclairé comme en plein jour, me permet de voir les gouttes d'eau tombées autour de moi.

La pluie battante me revigore aussitôt. J'ai toujours cette affinité grandissante avec l'eau et elle à le pouvoir de me calmer. Je la laisse donc me tremper de la tête aux pieds. Je suis vite rejoint par des talons aiguilles, même si de dos j'ai dû mal à savoir de qui ils viennent. Je pose donc les yeux sur la personne qui m'a poursuivie. Je m'attendais à ce que se soit Sephira, mais je tombe sur Lydia.

- Tu ne te sens pas bien ?

- A vrai dire, je suis complètement perdu. Seph et toi vous battez sans relâche et peut être même sans le savoir, pour prendre une place au près de moi.

- Pourquoi je devrais me battre ? Tu ne veux même plus entendre parler de moi.

J'ouvre la bouche sans savoir quoi répondre. Je la referme donc alors qu'elle s'approche de moi de quelques pas.

- Pourquoi es-tu si perdu ? Le choix devrait être facile pourtant. Ne sors-tu pas avec cette fille depuis un an ?

- Ce n'est pas aussi simple.

Je regarde tout autour de moi pour éviter d'avoir à la regarder dans les yeux et de faire une bêtise.

- Bien sûr que si.

Elle s'approche encore de moi et il m'est maintenant difficile de ne pas la regarder, j'en suis incapable en fait.

- Qu'est ce qui te fait croire ça ?

- Tu es aussi perdu parce que tu n'as pas les idées claires.

- Et que crois-tu pouvoir faire pour que je vois enfin claire dans toute cette histoire ?

Elle s'approche encore alors que nos corps se touchent à peine. J'ai tellement envie d'être plus près encore d'elle, de l'embrasser et de ne jamais, plus jamais la laisser partir. Sephira a complètement quitté mon esprit et je suis irrémédiablement attiré vers Lydia. Je l'ai toujours aimé et je l'aimerais toujours.

- J'ai une petite idée.

Elle passe sa main dans ma nuque avant de se hisser sur la pointe des pieds pour poser sa bouche sur la mienne. C'est fou ce que ses lèvres m'avaient manquées. C'est comme une drogue et je fais une furieuse rechute. Je passe mes bras autour de son petit corps si frêle quand je l'ai rencontré. Ce baisé me ramène à cette fois où nous étions venus à Paris et que nous étions embrassés sur le pont des arts. Je ne connaissais pas un mot français, à part peut être « Bonjour » et « Je t'aime », les incontournables que tout le monde connais au moins dans deux langues différentes. Pourtant aujourd'hui, je le parle couramment, après trois ans.

Nous sommes interrompu part des pas dans le dos de Lydia et je me crispe aussitôt quand je vois Sephira en première ligne, suivit de près par la joyeuse petite bande. Son expression est un mélange entre tristesse et rage. Je le sens moyennement bien.

- C'est quoi ses conneries ? Tu m'as affirmé que tu ne ressentais plus rien pour elle !

J'enfonce mes mains dans mes poches et me mordant la lèvre inférieur encore gonflé de désir. Je m'apprête à lui répondre mais je suis devancé.

- C'est peut être parce que tu n'es rien à ses yeux.

Le sourire malsain de Lydia ne me dit rien qui vaille. Sephira se rue subitement vers elle, verte de rage.

- Toi salope, tu fermes ta gueule !

- Tu peux me redire qui est la salope ?! Ou peut être que tu as une confession à nous faire ?

Ma copine du moment, même si je commence à m'y perdre, s'arrête nette instantanément intriguée par ce que Lydia a à nous dire.

- Je... Je ne vois pas... de quoi tu parles.

- Et si tu nous disais quelle est ta vraie nature ?

Je fronce les sourcils en faisant un pas.

- De quoi elle parle ?

Sephira tente de m'amadouer par de belle parole mais je l'arrête dans sa lancé en immobilisant ses bras. Elle se tourne vers Lydia, les yeux lançant des éclaires.

- Tout ça c'est de ta faute, pétasse !

Elle se défait violemment de mon emprise avec une force que je ne lui soupçonnais pas et attrape Lydia à la gorge qui ne se départ pas de son sourire sadique. La louve repousse avec une facilité déconcertante la femme que je pensais connaitre avant de se tourner vers moi.

- Ta petite amie est en réalité une succube. Elle se sert de toi depuis le début et te met des idées fausses dans la tête. c'est pour ça que tu es si troublé.

Elle se tourne ensuite vers la femme rousse que je ne reconnais même plus mais laisse la parole à mon frère.

- Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi mon frère ?

- Tu étais au courant toi aussi et tu ne m'as rien dit ?!

- On n'était pas sûr.

Je tombe des nues. Je me raccroche délibérément à mon meilleur ami qui me lance un regard désolé qui en dit extrêmement long. Je m'affale sur le sol, contre la carrosserie de ma voiture. Toute ma famille était au courant mais personne n'a eu la brillante idée de me mettre au courant. Lydia vient s'accroupir près de moi.

Un rire sonore me ramène à la réalité. Sephira s'esclaffe telle une hyène faisant se retourner les gens dans la rue. Ses yeux virent au rose quelques instants avant de redevenir normaux. Je n'y comprends vraiment plus rien.

- L'amour est sur fait pour les gens de mon espèce mais je devais te surveiller. Je me suis pourtant attaché à toi, tu étais une sorte d'animal de compagnie.

J'ai soudain envie de vomir. Jayden prend la relève.

- Pour le compte de qui devais-tu surveiller Eden ?

Un sourire hypocrite vient barrer son visage.

- Kyle Montgomery.

La totalité de nos bouches s'ouvrent sous la surprise.

- Pourquoi ?

Tout le monde est autant surpris, qu'il y a de ça quelques secondes, d'entendre aussi ma voix.

- Que me veut cette pourriture ?

Sephira s'avance jusqu'à moi et se baisse afin que nous soyons à la même hauteur. Lydia grogne comme un animal mais je la stoppe en posant ma main sur sa cuisse.

- Te voir souffrir encore et encore. Il s'est délecté de voir ton visage déformé par la tristesse à la mort de Chuck ainsi que de te voir courir après une ombre à travers le monde pour le retrouver alors que tu aurais simplement dû regarder par-dessus ton épaule.

Elle se relève.

- Il faut dire que s'était drôle. Kyle à toujours su manipuler les gens comme personne et ensuite être aux premières loges pour les voir se déchirer eux-mêmes.

Je fronce les sourcils, agacé par sa voix de crécelle et en même temps dans l'incompréhension la plus totale.

- Que t'ais-je fais pour que tu acceptes de jouer le jeu sous les ordres de Kyle ?

- Absolument rien. Je voulais simplement m'amuser.

Son sourire s'agrandit. Elle jette un rapide coup d'œil à sa montre.

- C'est qu'il est tard. Il va falloir que je rentre. A la revoyure mes chéris, ça ne saurait tarder.

Et elle s'en va tranquillement sous la pluie. Aucun de nous ne bouge pour l'arrêter, l'attaquer ou n'importe quelle autre tentative désespéré pour la retenir. Ma vie est un capharnaüm pas possible et je ne sais même plus si j'ai déjà été réellement heureux. Je n'ai que vingt et un ans et j'ai déjà vu plus d'horreur que n'importe qui, tué un nombre incalculable de personne. Alors que je pensais enfin pouvoir me poser et être heureux, tout m'explose encore en plein visage.

Je me relève difficilement en m'aidant de mon véhicule. Je regarde mes amis sans vraiment les regarder, tous inquiet pour moi, leurs esprits me le hurle. Toute cette histoire est lourde à supporter et j'ai besoin de temps pour y voir claire. Je ne fais pas vraiment attention à mes gestes et bute dans le corps de Lydia en lui déposant les clés de ma voiture dans les mains.

- Eden. Où tu vas ?

- J'ai besoin de temps et de réfléchir.

Je m'éloigne sans un dernier regard en mettant les mains dans les poches de ma veste. Je me balade sous la pluie de plus en plus forte, sans but précis. Mes jambes me portent jusqu'au pont des arts où tous les souvenirs que j'ai passé avec Sephira me semble pervertis. Elle s'est servit de moi depuis le début. Au milieu de tout ça je m'y revois avec Lydia alors qu'une vague de nostalgie me prend aux tripes. Mes pas me guident ensuite dans les rues rarement désertes de la ville de l'amour avec un grand A. je ne sais même plus si j'y crois encore à cet amour en grande pompe. J'arrive au final devant la pyramide en verre du Louvre.

J'entends des pas derrière moi. Par peur, je me retourne vivement sur le qui vive et prêt à attaquer mais je me retrouve nez à nez avec la rousse de mon passé. Je laisse retomber mes bras et elle se détend, elle aussi angoisse.

- Que fais-tu là ?

- Je ne voulais pas te laisser seul.

- Tu n'écoute vraiment jamais les ordres, hein ?

Elle me sourit et vient près de moi alors que nous regardons tous les deux les lumières venant de la coupole en verre.

- Non. Je n'ai jamais été doué pour suivre les ordres. Nous avons trop de pouvoir l'un sur l'autre pour pouvoir se dominer.

- Kay a surement raison : nous avons la même puissance.

Elle fait une révérence.

- Merci de me mettre sur un piédestal.

Je lui souris en levant les yeux au ciel.

- Ne prend pas trop la grosse tête non plus.

- Ah ! Enfin ton sourire ! Il m'avait manqué...

Je ne sais pas quoi lui répondre. Nous avons passé tellement de temps à nous chamailler et nous détester qu'on en a oublié l'essentiel : notre bonheur. Nous avons trop souvent perdu de temps à nous en vouloir. Je ne suis pas encore prêt à tout oublier et redevenir l'amant qu'elle attend mais je lui promets d'un regard que je ferais l'effort de redevenir l'homme qu'elle aimait. Elle prend alors ma main. Elle est glacé et détrempé mais aucun de nous n'avons froid, un privilège de loup-garou. Ses cheveux lui collent au visage et tombent avec raideur sur son corps. Elle a toujours eu des cheveux très longs, bouclés et d'une douceur incomparable.

Elle tire sur ma main afin que nous rentrions chez moi. Je la laisse me guidé à travers les arrondissements pour rejoindre notre immeuble. Nous entrons dans l'ascenseur, restant chacun de notre côté, perdus dans nos pensées. Quand j'entre en premier dans l'appartement, tous le monde est dans la pièce principale l'air morose. Kay est le premier à réagir.

- Vous voilà enfin.

Nous nous arrêtons nette comme si nous avions été pris sur le fait d'une fugue de gamin.

- Qu'est ce qu'il y a ?

- Et bien qu'est ce qu'on fait maintenant ? Pour se débarrasser de Sephira et de Kyle.

- En plus nous ne savons toujours pas ce qui nous a attaqués.

Je me tourne vers Lydia avec un grand sourire.

- Hum... on pourrait faire ce qu'on fait toujours : nous battre.

Alice s'avance, les bras de mon frère autour de son ventre dans un geste protecteur.

- Je croyais que tu ne voulais pas sortir de ta petite vie tranquille.

- Elle est un peu trop tranquille et je carbure au ménage de printemps. Ça va comme ça.

- Tu m'étonnes, je ne retrouve plus mes chaussettes.

Je souffle en croisant les bras tandis que tout le monde rigole à la remarque de mon meilleur ami. Lydia croise elle aussi les bras avec un sourire victorieux sur les lèvres.

- Une vraie petite fée du logis.

Je frappe l'épaule de mon frère. Nous sommes tous mit sur la touche quand Lydia sort sa science en nous expliquant que contrairement à ce que disent les livres, les fées non rien de gentilles, elles sont perfides et mesquines, prête à te tourner en bourrique. Quand le silence revient, Alice prend la parole.

- Alors les gars, on fait quoi ?

Je regarde mes amis qui attendent avec impatience un ordre ou une idée de ma part. J'ai vraiment la meilleure meute qui existe sur cette terre. Mais elle n'est pas complète.

- D'abord, j'ai des loups à retrouver.

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