Chapitre 3 : Jayden
Le repas finit et mon frère retranché dans sa chambre, j'aide Alice à faire la vaisselle avant de retourner dans notre propre espace. Nous y trouvons Lydia, assise au milieu du lit, des feuilles et des livres éparpillés autour d'elle.
- Il y a quelque chose qui cloche chez cette fille.
Je regarde ma petite amie qui hausse les sourcils.
- Ce ne serait pas de la jalousie ?
Lydia relève la tête sur moi avec un air défaitiste sur le visage. Elle retourne à ses papiers sans me répondre.
- Ce n'est pas de la jalousie. (elle relève de nouveau la tête en la secouant) Enfin, je ne vais pas vous mentir. J'ai toujours été amoureuse d'Eden, alors oui, il y a peut être une part de jalousie là-dedans, mais il y a quand même quelque chose qui me chiffonne chez elle.
- Tu devrais peut être lui dire.
- Quoi ?
Elle nous regarde, réellement perdue parce que je viens de dire. Elle oublie vite ce qu'elle dit.
- Que tu l'aime.
Elle se fige avant de se mordre la lèvre. Alice vient s'assoir près d'elle avec l'optique de la prendre dans ses bras. Lydia la regarde tandis qu'une larme roule sur sa joue. Alors elle ne ment pas, elle l'aime toujours du plus profond de son cœur. Mais elle a peur de ce que pourrait penser Eden.
- Je veux des preuves avant de faire son procès.
- Tu aurais dû aller en droit.
Elle sourit en me regardant. Puis je viens m'asseoir près d'elle à mon tour pour regarder ses données.
- Que penses-tu savoir sur cette fille ?
- Vous n'allez pas me croire.
Elle range ses feuilles avant de me tendre un livre sur lequel est dessinée une très belle femme, presque nue. En fait, une épaisse peau écailleuse et verte recouvre sa poitrine et ses jambes jusqu'à ses parties intimes et ses yeux reflètent des nuances roses bonbon. Sur l'autre dessin est visible une jolie fille semblable à la première mais à l'allure normale. En haut de la première page est écrit en grosses lettres bien dessinées : La Succube. Un rire m'échappe.
- Tu pense réellement qu'elle influx sur ses sentiments ?
- C'est plus compliqué que ça en réalité. Les succubes se nourrissent de l'amour que leur porte les autres. Elles peuvent influencer l'esprit pour augmenter leur attachement de différente façon que se soit. La seule limite est qu'elles ne peuvent pas forcer quelqu'un à tomber amoureux d'elle. Les Incubes sont leurs reflets masculins. Leurs pouvoirs se basent sur l'attirance.
Nous l'écoutons attentivement sans l'interrompre. Elle a un savoir monstre. Je ne sais pas comment elle fait pour emmagasiner autant d'information dans une si petite tête. Elle m'épate.
- Elles ne peuvent pas tomber amoureuses non plus.
- On dirait une malédiction.
Lydia sourit à sa meilleure amie.
- Toutes les créatures sont soumises à une malédiction. Les loups-garous sont esclaves de la pleine lune, les succubes et les incubes sont incapables d'éprouver de l'amour, les vampires sont esclaves de leur soif... leur soif...
Lydia fronce les sourcils avant de me reprendre le livre des mains et examiner ses propres notes.
- Vous avez vu Sephira manger quelque chose ce soir ?
- Maintenant que tu le dis, son assiette n'avait presque pas bougé.
- Et elle a touché Eden pendant notre altercation.
Si je pouvais voir à travers le crâne de Lydia, je suis sûr que je pourrais y apercevoir les rouages de son esprit s'échauffer. Elle se lève et fait les cents pas le long de la pièce. J'arrête très vite de la regarder parce qu'elle me donne le tournis.
- Eden à tout de suite changé de comportement quant elle l'a touchée.
Aucun de nous ne répond à sa remarque implicite. Puis elle s'arrête d'un coup et disparait dans le couloir avant de revenir Avec un Kay à moitié dénudé. Forte heureusement, il porte un bas de jogging. Je remarque qu'en trois ans, sa musculature s'est considérablement développée. Il nous regarde tour à tour comme si nous avions un troisième œil avant de s'assoir sur le lit pour nous tourner le dos à Alice et moi.
- Kay, est ce qu'Eden est totalement différent quand il est avec sa pétasse ?
Nous nous passons de remarque sur la façon dont elle parle de Sephira. Y a vraiment de la jalousie dans l'air. J'ai peur que Lydia ne se contrôle pas.
- Qu'est ce que tu veux dire ?
- Est-ce qu'il se met soudainement à la défendre, à être gaga d'elle. Oh, j'en reviens pas de dire ça, j'ai envie de vomir. Est-ce qu'il s'isole dès qu'elle est là, est ce qu'il ressent le besoin d'être prêt d'elle et inversement.
Kay se retourne vers moi comme s'il la prenait pour une folle. Je me contente d'hausser les épaules.
- Oui. Mais en même temps elle le colle en permanence. Quant elle est dans les parages on a dû mal à lui parler.
- Non, je n'avais pas remarqué !
Lydia fait de gros yeux jusqu'à rencontré mon regard désapprobateur. Elle se reprend.
- Désolée...euh...
Elle porte sa main à son front pour réfléchir. Je la devance parce qu'une question me taraude.
- Si on admet qu'elle est bien une succube, si se n'est pas parce qu'elle est amoureuse d'Eden qu'elle est avec lui, alors pourquoi ?
- On peut m'expliquer ce qui se passe ?
Pendant que Lydia réfléchit à mon interrogation, je réponds à celle du sorcier. Il m'écoute attentivement avant de se concentrer de nouveau sur la louve qui a reprit ses vas et vient sur le sol de la chambre. Si elle continue, elle va creuser une tranchée.
- Est-ce que tu aimes encore Eden ?
Elle s'arrête de nouveau pour plonger ses iris anis dans ceux chocolat de notre ami.
- Oui mais ça n'a aucun...
- Et vous la croyez alors qu'elle fait une fixette sur cette fille simplement parce qu'elle est jalouse ?
- Kay, se n'est pas parce que...
- Bien sûr que si. Je peux comprendre ce que tu ressens mais essaye d'être un minimum joyeuse qu'il soit heureux avec une fille.
- Malakay, je t'en supplie...
Il se lève et nous regarde tous avant de revenir sur Lydia.
- Je t'apprécie énormément mais Eden est mon ami. Je ne cautionne pas que tu dises du mal de sa copine.
Et il claque la porte. Lydia s'effondre sur le lit. Tu m'étonnes qu'elle ne se sente pas bien, personne ne veut la croire. Je reste quand même dubitatif vu que je n'ai rien remarqué de spéciale chez cette fille, à part son penchant pour les confrontations.
- Dites-moi que vous me croyez.
- Bien sûr ma chérie.
Je sers les dents mais Alice me donne un coup de coude. Je finis par répondre moi aussi par l'affirmative. Après tout, Lydia à toujours eu un instinct très développé pour ce genre de chose et ne s'est jamais trompé. Elle nous dit finalement bonne nuit avant de prendre la porte.
Je reste une bonne partie de la nuit éveillé, à penser à tout ce que Lydia nous a dit. Peut être qu'elle n'a pas tord, Sephira n'est pas une fille extraordinaire en soit mais elle ne passe pas une minute de son temps en présence d'Eden loin de lui. Pour le peu que j'en ai vu, elle restait à de courte distance. J'ai d'ailleurs été surprit quand mon frère a demandé à Lydia d'être aimable alors que sa copine ne faisait qu'enfoncer le clou encore plus profondément à chaque réplique, ce qui a eu le dont d'énervé la louve. Qu'elle que chose me chiffonne aussi mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus.
Le lendemain, nous faisons tous la grasse matinée. Après la tension de la veille, elle est bien méritée. Quand je me lève, devancé comme toujours par ma petite amie qui n'arrive plus à dormir après huit heures, il est déjà onze heures et je retrouve les autres dans la cuisine. Eden, Thomas et Sephira manquent à l'appel. Alice vient m'embrasser, comme à son habitude et je la prends dans mes bras avant de mettre mon menton sur le haut de sa tête et d'entourer son ventre de mes bras. Lydia boude sur le canapé, une tasse fumante dans les mains et Kay fait des allers-retours dans la cuisine.
- Bon, j'ai très peu dormi cette nuit à cause de vos histoires.
Lydia réagit au quart de tour et se retourne vers le brun en pyjama.
- Que veux-tu dire ?
- Qu'il y a bien quelque chose chez cette fille qui m'intrigue. Je ne dis pas que tu as raison mais... j'ai toujours su que ce qu'il y avait entre vous n'avait pas disparu, même avec l'arrivé de Sephira. Eden ne dupe personne, quant il n'est pas avec elle, il ne pense pas à elle. C'est pour ça que ton histoire tient la route.
Nous sommes coupés par le bâillement sonore de mon frère à l'autre bout de l'appartement. Il déboule quelques secondes plus tard, suivit de la rousse diabolique. Aussitôt Lydia se tend et se renfrogne dans le canapé. Mon frère se balade torse nu, comme moi ce qui n'est pas passé inaperçu aux yeux de Lydia qui se rince l'œil avant que la vipère ne lui fasse face. Celle-ci me détaillant de la tête au pied comme un vulgaire bout de viande.
- Vous parliez de quoi ?
Eden nous ramène tous à la réalité et c'est Kay qui nous donne la solution.
- On pourrait sortir entre amis aujourd'hui, histoire de faire table rase de la soirée d'hier soir.
Eden détaille son meilleur ami en buvant son éternel chocolat au lait comme les enfants. Et pourtant, il a vingt et un ans.
- Bonne idée. Des suggestions.
Sephira couine, pas spécialement emballée, mais Eden ne lui prête pas attention. Un peu comme si la présence de Lydia empêchait le pouvoir pervers que cette fille exerce sur lui de fonctionner, si tente est qu'il y'en est un.
- Il y a un célèbre opéra français ce soir, représenté dans le majestueux opéra de Paris. On pourrait y aller.
Tout le monde se retourne pour admirer le dos de la jolie rousse aux yeux anis.
- Pourquoi pas.
- Je paye les places.
Encore une fois, Lydia nous épate.
- Mais Lydia, nous n'avons rien à nous mettre.
Elle se retourne enfin vers nous une expression bizarre sur le visage. Je n'arrive pas déchiffrer ses états d'âmes.
- Je pensais qu'on pourrait faire du shopping entre fille.
Elle dirige ensuite son regard vers Sephira.
- On pourrait toute y aller. Oublions ce qui c'est passé hier soir et faisons la paix.
Kay et moi nous regardons un peu perdu. A vrai dire, nous nous demandons ce qu'elle veut faire avec cette petite réunion entre fille. Eden quant à lui est complètement aveugle et accepte sans rechigner ce qui n'est pas du goût de sa petite amie qui fronce le nez. Elle lève finalement les yeux au ciel et accepte à contre cœur. Je ne sais pas qui je plein le plus mais j'ai peur que leur aversion l'une pour l'autre finisse réellement mal.
Une demi-heure plus tard, apprêtées, les filles quittent la maison avec un nuage de tempête au dessus de leur tête. Avant qu'elles ne partent, Kay glisse quelques mots à Lydia. « Essaye de lire dans ses pensées ». Ma pauvre Alice, coincé entre deux créatures en colère. Une fois que la porte claque, je me tourne vers Eden qui semble aussi angoissé que moi.
- Tu crois qu'elles vont revenir en un seul morceau ?
- J'espère.
Il me sourit alors que je fais une moue dubitative.
- Depuis quand Alice a retrouvé ses pouvoirs ?
- Maman avait raison, il restait de la magie en elle. Nous sommes allés voir les maîtres qui nous ont entrainés à Kyoto et ils ont réussi à faire ressortir ses pouvoirs. Mais comment tu le sais ?
Eden me sourit en haussant les sourcils l'air de dire « Devine ». Je souris en regardant ma tasse de café, étant donné que je ne peux plus boire de lait. Pendant ce temps, il lave tout ce qui passe sous son éponge. Je soupçonne un stress monté en lui. Je devine assez bien ce que voulait dire Lydia : éloigner la peste de mon frère.
- Tu te sens bien ?
Il arrête tous mouvements puis souffle et remonte son regard vers moi.
- J'angoisse. Il ne manquerait pas que Lydia et Sephira se tapent dessus.
- Je ne pense pas qu'elles se taperaient dessus. Non, je pense que Lydia n'en ferait qu'une bouchée.
Il lève les yeux en me regardant avec désespoir. Il semble exaspérer, complètement dépassé par les évènements.
- Est-ce que tu aimes encore Lydia ?
Il ouvre de grands yeux surpris. J'y suis peut être allé trop directement. Il finit par froncer les sourcils en me scrutant la tête penchée.
- Où tu veux en venir ?
- Tu ne peux pas répondre distinctement au lieu de chercher la petite bête. Entre votre dispute et les regards que tu lui lances, je m'interroge.
- Je suis avec quelqu'un, je ne peux pas penser des choses comme celle-là.
Je plisse les yeux.
- Mais tu y penses.
- Non ! (J'hausse les sourcils) Enfin... c'est compliqué.
Il se remet à astiquer le plan de travail, qui est déjà propre, comme s'il voulait y faire un troue. Je me lève et pose ma main sur son poignet pour qu'il s'arrête. Il me regarde tristement et je lui sourit avec le même état d'esprit.
- Il y a quelques jours, je pensais ne plus revoir Lydia et je pensais vraiment aimer Sephira de tout mon cœur. Aujourd'hui, je suis complètement perdu. Quand je vois Lydia j'ai ce pincement incertain au cœur qui me hurle de la prendre dans mes bras. Mais dès que Sephira est dans les parages, je ne vois plus qu'elle. J'ai l'impression de perdre la tête.
Non, mon frère, tu ne perds pas la tête. Lydia avait raison, cette fille exerce une sorte de pression sur Eden. Comme quoi, on ne sait pas toujours qui sont les gens qui nous entour.
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