Chapitre 26 : Eden
Après avoir brouillé les pistes pour éviter qu'avec les caméras on nous identifie, nous reprenons le chemin de la maison, tranquillement et à pied. Dès nos premier pas dans l'appartement, Jayden récupère sa crevette et cours dans la salle de bain pour prendre une douche. Kay nous regarde fixement afin de déchiffrer l'issu de notre combat. Mon sourire lui suffit et il part se coucher. Moi aussi, je pense à me coucher. Tout ça était épuisant.
Lydia me suit et se jette sur le lit une fois s'être débarrassée de son soutien-gorge et de son pantalon. Je m'allonge assez vite près d'elle et m'endort en très peu de temps, le bruit de l'eau de la douche en fond sonore et les gloussements de ma nièce.
Je me réveille dans un champ de blé. Derrière moi, une petite maison étrangement ressemblante à celle de mon enfance, comme si on l'avait sortit de sa forêt norvégienne pour l'implanter au milieu de nulle part. Je me relève et détaille ma tenue blanche en lin et plutôt confortable.
Mon frère ouvre doucement la porte de la petite maison aux poutres bleues et me sourit de toutes ses belles dents blanches et parfaitement alignées, une petite fille aux longs cheveux blonds et raides allant bas dans son dos, dans ses bras. Tous deux habillés de blanc me font un signe de la main, la jeune fille entrainée par quelques mots de son père.
Il marche vers moi, très vite suivit de sa femme, réveillée, ce qui me fait légèrement tiquer. Alice est rayonnante, ses cheveux ayant poussés et ondulés, illuminant son visage, son sourire souligné par un rouge à lèvre carmin.
Un gros chien se met à courir derrière elle, venant tourné autour de moi. Je reconnais Kaito et je m'étonne de le voir sous sa forme adulte. Il est magnifique et garde toujours sa fougue. Il vient me lécher la main que je lui tends avant de se rouler dans l'herbe haute, complètement heureux de se défouler.
Mais là je reste complètement stoïque. Lydia sort par la porte, donnant la main à un petit garçon brun aux yeux gris. L'enfant me sourit et cours vers moi les bras levé de joie. Derrière lui, ce qui me semble être sa mère, et donc que je suis son père, me sourit en fermant ses magnifiques prunelles vertes.
Je ferme une seconde les yeux pour être sur que je ne rêve pas. Quand je rouvre les yeux, le décor est catastrophique. Jayden est poignardé en plein cœur par une dague dont le métal est rouge. Son sang macule le sol et les épis de blé qui l'entour. Sur sa poitrine, repose le petit corps de sa fille dont le visage est maculé d'éclaboussure de sang. Alice, la main dans celle de son mari à le ventre ouvert de par en part, montrant le très fond de ses entrailles. J'ai presque envie de vomir alors que j'ai déjà vu pire.
Au loin, la robe blanche de Lydia ne l'est plus du tout. Son regard est horrifié et elle tombe à genoux les mains sur la bouche. A mi chemin entre nos deux corps, la petite bouille brune est surmontée d'un sourire à en glacer le sang, les lèvres barbouillées de sang, autant que ses mains et son tee-shirt.
- Papa, je fais comme toi...
J'ouvre les yeux grands avant que tout s'efface dans un brouillard noir et je me réveille en sursaut.
Je découvre Lydia assise sur le matelas, le souffle erratique et la sueur perlant par tous ses pores. Je pose ma main sur le dos de la sienne et elle sursaute. Je ne pensais pas qu'il nous était possible de partager nos rêves, m'étant immiscé dans le sien.
- Tu m'as refilé le virus.
- Je suis désolé.
Elle se recouche en se blottissant dans mes bras. Je sens son souffle saccadé sur mon torse. Je tente de la réconforter comme je peux mais même moi ce rêve m'a retourné. Je ne veux déjà pas d'enfant pour l'instant mais voir son propre enfant hypothétique, tuer la deuxième partie de ta famille sous tes yeux, ça ne donne pas envie.
On dirait les rêves flippant que les femmes racontent sur la veille de leur mariage. Lydia semble vraiment bouleversée et je ne sais pas trop quoi faire pour elle.
- Alice me manque.
- Crois-le ou pas, elle me manque aussi. Elle s'avait tempérer nos humeurs, même entourée de tant de loups.
Lydia acquiesce avant de fermer les yeux et tenter de calmer sa respiration pour finalement s'endormir au creux de mes bras.
Je me réveille tout seul, le corps littéralement en travers du lit. Kaito me regarde ses grandes oreilles dressées sur le haut de sa tête. Quand il se rend compte que je suis réveillé, il sort la langue et commence à sauter dans tous les sens, montant et descendant du lit comme un taré. Quand il repasse enfin devant moi, je pose ma main sur sa truffe, pour la plaquer sur le matelas.
- Calme-toi.
Mon ordre n'a que l'effet de l'empêcher de bouger mais sa langue ne rentre pas dans sa bouche. J'enfonce la tête dans mon oreiller avant de hurler tout mon saoul et finit par me lever.
J'entre dans la cuisine et trouve ma copine et mon frère entrain de prendre leur petit-déjeuner avec la télé en fond. Lydia à l'air au bout de sa vie, son cauchemar en boucle dans son esprit. Jayden n'a pas l'air d'aller beaucoup mieux.
- Vous avez l'air de fantôme.
- J'ai super mal dormi.
- Je crois qu'on est tous dans le même cas.
Lydia se lève et m'attrape un bol qu'elle remplit de lait.
- Kay avait l'air bien ce matin avant de partir à la fac.
Ma chérie me dépose mon petit-déjeuner avant d'embrasser ma joue et de disparaitre dans le couloir. Elle repasse devant nous avec rapidité, mes clés de voiture dans la main et déguerpie sur le palier. Je me sens rassuré quand j'entends le moteur ronronner et les roues agripper l'asphalte. Je me tourne finalement vers mon frère. Alors que j'allais reprendre la parole, mon frère hausse le son de la télé.
« Ce matin, trois corps on été retrouvé dans un hôtel du centre de Paris. Deux garde du corps d'une personnalité éminente russe invitée en France pour une conférence sur le génome, ont été retrouvés morts, comme s'ils s'étaient entretués ainsi que l'intervenant brûlé vif dans sa chambre.
D'après les images de vidéo surveillance, trois individus auraient été à l'origine de se massacre, une femme et deux hommes d'une vingtaine d'années d'après les policiers, mais la netteté de la bande ne permet pas de les identifiés correctement pour l'instant...
(Des images de nous passent à la télé avant que la journaliste soit happée par un homme qui lui dit quelque chose à l'oreille)
On vient de m'informer d'une attaque d'homme sûr entrainés à quelques rues d'ici, nous allons aller voir. »
Le présentateur passe à un autre sujet avant de revenir sur la jeune femme. Dans son dos, Jayden et moi voyons une horde sans précédant de zombis déchainés dans les rues.
Alors que je commence à m'affoler, Lydia et Kay apparaissent dans le salon et suivent à leur tour, les infos à la télé. La pauvre, ma copine était à la fac depuis à peine une minute. On n'a pas vraiment le choix, nous serons les seuls à vouloir défendre les humains d'une menace pareille. Je passe un pantalon en revenant dans le salon.
- Kay, tu peux nous emmener au plus près ?
- Oui.
Je lui fais alors un signe de tête et Lydia est la première à partir, très vite suivit de Jayden et moi. Je m'avance jusqu'à la lisière de la ruelle et regarde les centaines d'homme et femme, vampire ou loup-garou pour la plupart, détruire tout ce qu'il trouve. Quand le docteur nous avait dit qu'on ne gagnerait jamais, je ne m'attendais pas à ça.
Je me retourne afin de me plaquer contre le mur de brique pour reprendre ma respiration. Ils sont beaucoup et nous ne sommes que quatre jeunes de vingt-un ans incapable de prendre des décisions tous ensemble, ce gueulant dessus le plus souvent, perdus sans Alice et ses pouvoirs apaisants.
Je suis au bord de la crise d'angoisse. Je sens toutes les responsabilités sur mes épaules alors que je suis mort de trouille à l'idée de me jeter dans la gueule du loup. Lydia et Kay sont mortels et j'ai tellement peur de les perdre. On est tellement proche de la fin de cette histoire et en même temps à des années lumières d'en voir le bout.
- On y va...
Lydia pose sa main sur mon épaule en prononçant ces quelques mots fatidique et en même temps, j'ai l'impression d'être débarrasser d'un poids. Lydia se rend compte de mon appréhension et me sourit pour me faire comprendre qu'elle et Kay n'ont pas peur.
Je prends une grande inspiration avant de foncer tête la première et à corps perdu dans la bataille. Une fois au milieu de la rue pavé, sous le soleil brulant de ce début février. Je n'ai pas froid malgré les bourrasques qui soulèvent la poussière que créent les zombies, et qui font voler mes cheveux en arrière, libérant mon visage. Des éclaires viennent recouvrir mes bras et s'élèvent dans les airs.
Des dizaines de paires d'yeux se dirigent vers moi, autant nos adversaires que les habitants un peu débiles qui nous regardent du haut de leurs balcons. A cet instant, je me fou littéralement que quelqu'un me voit. Je suis là pour protéger les humains contre une armée déchainée, sans aucune conscience et contrôle.
- VENEZ ! BANDE DE SALOP, NOUS SOMMES LÀ !
Toutes les têtes sans exception se tournent vers moi. Je suis rejoins par Jayden, qui arbore déjà ses yeux ambrés légèrement orangés. Il me sourit.
- Tu ne fais pas dans la subtilité.
- Pas de temps à perdre.
Lydia répond à ma place, le visage fermé et les yeux verts luisants.
- J'en contrôle le plus que je peux, vous vous occupez du reste.
On acquiesce pour courir vers le danger. Les zombis tentent de faire la même chose mais les pouvoirs de Lydia ont raison d'eux. J'en profite pour poser mes deux mains sur la poitrine de l'un des hommes en première ligne et envoie la sauce. La décharge couche une dizaine de personne dans la même ligne. Près de moi, Jayden laisse exploser son feu et en calcine à peu près le même nombre, de même pour Kay avec une sorte de laser à la Iron Man.
Les habitants se mettent à applaudir et des fois je me demande, d'où vient la débilité humaine ? Les humains aiment voir les autres s'entretuer, ils se détruisent et un jour ils éradiqueront leur propre espèce.
Je me replonge dans le combat en fermant les yeux. J'essaye de ressentir les flues d'eau dans les tuyaux, sous mes pieds. Mes mains appellent ces trombes, faisant trembler le sol et les immeubles alentour. Les gens perchés sur leur balustrade prennent peur et rentre aussitôt chez eux, nous laissant plus tranquille. Quand l'eau jaillis des murs, trouant le sol, quelques balcons s'effondre avec quelques pans de mur. Formant des pics de glace, je les laisse fondre sur la foule, visant le cœur ou la tête.
Au bout d'une heure, qui m'a paru dix fois plus longue, je n'en vois toujours pas la fin. Jayden commence à faiblir et Kay respire fort, pas loin de moi. Lydia, à cinq cent mètres de nous, tient son crâne à l'aide de ses mains, proche de la rupture.
Lydia tombe par terre, totalement inconsciente, libérant la horde de loups et vampires devant nous. Les premiers coups que je prends au visage me mettent au tapis. Je tente de me relever mais un violent coup de pied me brise les vertèbres. Je tente de me relever, encore, ne pouvant plus bouger les jambes, de nouveau, un coup dans le ventre me retourne et je perds toutes mes forces. Jayden se fait lui aussi martyriser. Quand je tourne la tête de l'autre côté, Kay est enfermé dans une bulle rose, recroquevillé sur lui-même, tenant tant bien que mal sa protection.
Je perds connaissance après trois nouveaux coups de pied au visage.
Quand je reviens à moi, mes poumons me font un mal de chien et pour couronner le tout, une sorte de matière bizarre me brûle les yeux. Je me relève vivement, suivis de mes jambes avec le bonheur de les retrouver. Une sorte de cendre noire qui ne met pas inconnue recouvre l'entièreté de la rue. Une bosse à quelques mètres prouve que mon frère est encore entier.
Mes pouvoirs se sont encore déchainés sans mon contrôle. Je me mets debout en époussetant mes vêtements de la main, en même temps que mon frère. Lydia, toujours dans les vapes, à été épargner par la cendre mais je ne vois pas Kay.
- Tu le vois ?
- Non, mais la cendre recouvre absolument tout.
Je me tourne vers mon frère qui comprend où je veux en venir. Ses mains se positionnent paume vers le ciel et de violente rafale vient balayer ce qui nous entour. Je remarque une masse dans l'ombre d'un bâtiment et accourt vers elle. Kay est évanoui, une plait à la tête, suintant le sang. Je pose ma main dessous jusqu'à ce que des sirènes de police viennent saturer mon ouïe.
On me tire finalement en arrière mais je me débats avec force en hurlant ma frustration. Les personnes qui me tirent sont envoyées en arrière par mes coups de coudes. Je marche à quatre pattes vers mon ami et reprends d'arrêter l'hémorragie.
Je n'entends plus rien depuis longtemps mais quand mes assaillants m'attrapent de nouveau, ma rage s'intensifie et ils sont obligés de me plaquer sur le sol. Des urgentistes viennent s'occuper de lui mais je leur hurle de ne pas le toucher.
De l'autre côté, Jayden est lui aussi plaqué contre le sol tandis que Lydia se réveille à peine. Quand elle se rend compte de la situation, elle se relève et cours vers moi. Je me débats dans tous les sens mais rien y fait, il ne me lâche pas, à cinq sur mon dos pour que je ne bouge pas. La jolie rousse se jette au sol pour me prendre dans ses bras malgré les protestations des gendarmes.
- Qu'est ce qu'il se passe ?
- Je n'en sais rien.
- Alors reste tranquille, ne fais pas de vague.
Elle s'éloigne de moi sous mon regard interloqué. Je vois ses yeux s'embuer de larmes pendant qu'elle pose sa main sur ses lèvres. On me relève une fois m'avoir passé les menottes. Je me retrouve à l'arrière d'une voiture bleue, Jayden dans une autre. Je regarde les ambulanciers emmener Kay avant qu'on m'achemine à la gendarmerie la plus proche.
Je ne reviens pas de la tournure des évènements et le regard de ma copine qu'en elle s'est éloignée de moi, m'a fait froid dans le dos. Nous venons sauver la ville et on nous coffre, Jayden et moi.
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