Chapitre 14 : Eden
A l'appartement, Joshua est de nouveau obligé de raconter son histoire. Mes amis sont complètement choqués. Quand il a finit, il retire sa capuche pour montrer les dégâts qu'a subit son corps. Jayden me regarde avec un sentiment de soulagement. Il se rend compte que j'aurais pu subir les mêmes dommages que ce pauvre gosse.
- Je crois que je peux faire quelque chose pour ton corps.
J'interroge Alice du regard.
- Tu peux le faire, vraiment ?
- On va voir. Venez avec moi les garçons.
Elle se dirige aussitôt vers la salle de bain et j'entraine à ma suite le garçon. La jeune fille blonde referme la porte derrière nous.
- Dis-moi jusqu'où vont tes blessures.
- Je vais vous montrez.
Il retire difficilement son pull. Il me demande de l'aide pour retirer son tee-shirt. Alice nous regarde avec amour. Je ne sais pas si elle pense à son futur bébé ou si elle se demande si je serais un bon père. Il enlève ensuite son pantalon. Je vois à quel point son corps est meurtrit. Il est touché autant que moi avec mes figures de Lichtenstein. La nécrose rouge et noire boursouflée couvre une partie de son buste, parcourt ses bras. L'une de ses jambes est touchée aussi, contrairement à moi.
- Je vois. Je ne suis pas sûr de tout faire disparaitre. Par contre, je peux rendre ça plus acceptable.
- J'accepte tous.
- Tu es sûr ?
Il me sourit. Alice me regarde avec compassion. Elle lève ensuite les mains au-dessus du corps de Joshua assis sur le bord de la baignoire. Une lueur blanche sort de ses mains et englobe le corps de mon homologue plus jeune. Il ferme les yeux et apprécie la douceur du sort de soin que lui prodigue la gardienne.
Un petit quart d'heure plus tard, Alice s'arrête essoufflée et essuie la sueur sur son front en regardant son travail. Elle a raison, c'est beaucoup plus beau à regarder. Son visage est redevenu normal, marqué seulement par des brûlures irréversibles. Sa bouche est redevenue normale, ses bras et son torse sont dans le même état formant des plaques rouges de formes diverses. De même sur sa jambe.
- Merci Alice. Je ne pouvais pas rêver mieux.
- Tu es sûr ? Se sont quand même des brûlures.
Il se tourne vers moi avec un sourire resplendissant.
- Toi aussi tu as des brûlures. Comme ça, on se ressemble vraiment. Je suis fier de te ressembler, je n'aurais plus à cacher mon visage.
Ma bouche s'ouvre d'elle-même. C'est la première fois qu'on me dit vouloir me ressembler. J'ai commis tellement d'erreur et d'horreur, que je ne me voyais pas comme un modèle, ou comme un héro. Le garçon se relève avec le poing en l'air.
- Tu as fait des miracles, Alice. Je vais rejoindre les autres.
Il disparaît aussitôt, nous laissant dans notre torpeur. Alice respire avant de me sourire.
- Tu lui as sauvée la vie.
- Et toi, tu lui donnes de l'espoir.
Je m'assois à mon tour sur le bord de la baignoire, un air défaitiste sur le visage. Alice me regarde avec bienveillance, comme une mère.
- Ce n'était pas mon intention. Je ne veux pas qu'on me voit comme un héros, je n'en suis pas un.
- Tu peux être le sien seulement.
Elle me sourit. Je ne sais pas quoi lui répondre. Je ne vois pas où elle veut en venir.
- Les héros ne sont pas que des gens biens. Les enfants ont besoin de modèle. Soit seulement le sien.
- Mais il a dix-sept ans !
Je m'emporte mais j'ai raison. Il n'a plus besoin de croire en quelqu'un d'autres que lui.
- Et il a vécu des choses affreuses, autant que toi à son âge. Il se reconnaît en toi comme tu te reconnais en lui.
Elle s'assoit à côté de moi et regarde ses mains.
- Je sais que tu ne peux pas comprendre et que je ne peux pas me prétendre experte, mais tout à l'heure, j'ai remarqué comment tu le regardais. Je ne peux pas prétendre qu'il pourrait être un fils pour toi, parce que vous n'avez que trois ans d'écart, mais tu le couvais du regard comme un père ou un grand frère. Une figure masculine protectrice qu'il n'a jamais eut.
Je regarde à mon tour mes mains. Ce qu'elle dit est censé. Je vois Joshua comme un petit frère que je dois protéger. Je m'attache à lui alors que je ne le connais que depuis quelques heures et pourtant j'ai l'impression de le connaître depuis aussi longtemps que je m'en souviens.
C'est vrai, il est comme moi. Il est devenu un loup-garou et son père l'a rejeté. Cette même figure paternelle lui a fait subir des horreurs inimaginables qu'il aimerait oublier mais son corps le lui rappelle tous les jours, mon esprit en fait de même.
Mais pourtant il n'a pas la même force que moi. J'étais seul face à tout ça. J'ai dû me forger une coquille autour de moi pour affronter le monde extérieur, je n'avais personne sur qui compter jusqu'à ce que je trouve de vrai ami.
Il m'a trouvé moi.
Il est tellement plus extravertie que moi, il se confit et il est heureux malgré tout tandis que moi je me suis enfoncé dans la noirceur. Si Lydia était morte à la place de Chuck, je crois que je ne me serais pas relevé comme ce garçon affronte la vie chaque jour.
J'espère pour lui que sa copine est encore en vie.
- Tu serais un très bon père, Eden. Ne laisse personne dire le contraire. En tout cas... (elle se lève et s'avance vers la porte pour se retourner et me regarder dans les yeux) Tu es un très bon frère.
Elle me sourit une dernière fois avant de sortir. Je les rejoins et regarde Joshua rire avec mes amis. Lydia a passé un bras autour de ses épaules et le garde contre elle. Elle semble elle aussi s'être attachée à ce petit loup rescapé.
Je me mets à l'aise en attendant que Kay s'endorme pour venir jusqu'à nous en mode fantôme. Il débarque suivit de Joshua en caleçon. Ce garçon est autant exhibitionniste que moi. Ça promet.
- Qu'est ce qu'il se passe ?
Je prends la main de mon petit frère d'adoption et l'assois près de moi.
- Ces deux là vont parler de moi sans faire attention à ma présence.
Joshua me fixe avec un sourire contrit.
- Arrête de dire n'importe quoi, Eden. On va bosser tes pouvoirs ce soir.
Lydia fronce les sourcils et me gronde du doigt.
- Elle fait un peu peur, non ?
- On s'habitue à sa mauvaise humeur.
Joshua et moi rigolons à nos messes bases tandis que Kay s'amuse de notre comportement. Lydia, elle, est très énervée.
- Trèves de bavardage.
Nous redevenons tous sérieux. Je m'assois en tailleurs face à tous mes amis. Je suis les conseilles de Kay et me concentre sur cette magie insoupçonnée qui sommeille en moi. Je me représente sa couleur, sa force, sa douceur dans mon esprit pour la concentré dans le creux de ma main. Je dois avoir l'air ridicule, assis en tailleur, les yeux fermés et le bras tendu devant moi.
Les minutes passe et rien ne se passe. Je commence à désespéré. En même temps, la dernière fois que je les ais utilisés, ce n'était pas consciemment. Je me concentre sur mon électricité. Je l'entends crépiter autour de mon bras mais toujours pas de trace de l'énergie jaunâtre venant de mon corps.
Je rouvre les yeux et souffle de découragement. Mon bras tombe de lui-même sur ma cuisse. Kay réfléchis sur ce qui ne marche pas. Joshua lui sourit toujours autant, comme si rien ne pouvait lui faire perdre sa joie de vivre. Lydia fait une moue dubitative.
- Pourquoi ça ne marche pas ?
- Peut être parce que tu n'es pas en situation de combat.
- Je ne préfère pas essayer. Mes adversaires sont tous morts, je vous rappelle.
Kay s'accroupi devant moi. Ça fait bizarre de le voir lui ainsi que Josh et Lydia à travers son corps.
- On n'est pas obligé d'en arrivé là. Pense à ces situations de combats, pas spécialement à la magie, plutôt à ce que tu ressentais au fond de toi.
Je suis son conseil, un peu dubitatif. Quand je me remémore enfin ces combats fatidiques, je remets mon bras en position. Je me rappelle que je me sentais seul et triste. J'étais un peu en colère qu'on ne me voit que comme un bourreau sans scrupule.
- Eden ! Reviens parmi nous.
J'ouvre les yeux. Un petit soleil flamboyant a prit place au creux de ma main. Il crépite de petites explosions nucléaires comme un vrai soleil.
- Au moins, on ne s'est pas trompé sur la nature de ta magie.
- En tout cas tu la contrôle mieux que dans tes souvenirs.
Je grimace.
- Je ne suis pas sûr que ça compte. Il faudrait que je m'entraine plus que ça et dans un environnement où je pourrais faire plus que ça.
Je regarde le petit soleil. C'est magnifique et en même temps, il dégage une aura surpuissante. Je referme mon poing et il disparait. Je le rouvre et un autre soleil fait son apparition.
- J'ai compris comment les faire apparaitre. Mais je ne sais pas comment faire apparaitre d'autre sort. Je ne sais même pas en quoi consiste cette magie. L'eau et l'électricité c'est plus facile, il suffit de la modeler à ma guise et ils répondent à mes ordres.
Lydia sourit et se lève pour ensuite fouiller dans ses sacs. Elle redevient bordélique en jetant ses affaires un peu partout. Elle revient vers moi avec un livre à la couverture vieillit et abîmée.
- Tiens ! Il y a tout un chapitre sur les aptitudes de ta magie.
- Tu crois que ça marche vraiment ?
- Je m'en suis servit pour ma magie d'informatique. Il est très utile. Les humains ont quand même des livres cachés qu'ils ne soupçonnent même pas.
Kay rigole en examinant la couverture du livre avec moi.
- C'est marrant qu'il ne se soit même pas rendu compte de tout ce qui les entours.
Je l'observe. Il a totalement raison. Les créatures sont en minorité mais notre population est en constante évolution. Ils ne devraient pas tarder à ce rendre compte de chose pas du tout normale qui se passe autour d'eux, comme par exemple les morts suspectes par morsure de vampire ou rien que toutes les personnes que Jayden et moi avons tué.
Je suis réveillé en pleine nuit par des cris venant de la chambre de Kay où dors Joshua, faute de place. Je me précipite dans cette chambre. Kay est encore ensommeillé mais son visage et crispé par l'inquiétude. Je me jette aussitôt sur le corps secoué de spasme de mon nouvel ami.
- Joshua ! Réveille-toi ! C'est moi, Eden. Je suis là, ce n'est qu'un cauchemar.
Il continue à gémir dans son sommeille avant de se relever précipitamment manquant de justesse de me mettre un coup de boule. Il ouvre de grands yeux en réponse à ma propre surprise. Son corps tremble encore. Il semble avoir eu très peur, au point que ses yeux se remplissent de larmes et qu'il vienne me serrer fort dans ses bras. Je lui rends son étreinte au centuple.
- Je suis là. Plus rien ne peut t'arriver.
Il s'accroche désespérément à moi sans pouvoir s'arrêter de pleurer. Mon cœur se serre dans ma poitrine. Je me suis tellement attaché à ce gamin que ça me fait un mal profond pour lui. Je sais à qu'elle point ce qu'on a vécu peut marquer.
- Eden...
- Oui ?
Je le regarde dans les yeux, près à écouter tous ce qu'il à dire.
- Comment tu fais pour vivre avec la douleur tous les jours ?
- Il m'a fallut du temps pour ne plus y penser tous les jours. Je fais toujours des cauchemars mais... (je l'attrape avec force par les épaules) je tiens grâce à l'aide de mes amis. Sache que je serais toujours la pour toi, je t'en fais la promesse.
Ses yeux brillent dans le noir. La couleur marron de ses yeux devient phosphorescente et mes iris rouges sang y répondent. Pour moi, il fait déjà partit de ma meute. Je ferais tous pour qu'il garde le sourire, parce que je n'ai pas pu garder le mien.
Il se recolle contre moi et je le berce comme un enfant. Il se calme rapidement, reprenant une respiration tranquille. Il se rendort. Kay qui était resté avec moi, me lance un regard attendrissant avant de rejoindre son propre lit avant de s'endormir comme un loir. Je rallonge Josh sur son matelas mais alors que je tente de me relever, il retient mon bras, ses yeux étant toujours fermés.
- Reste.
Je grimace avant de me rassoir sur le matelas. Des fois je me demande s'il a vraiment dix-sept ans. Il est très émotif. Mais je ne lui en veux pas, on a tous des faiblesses.
Lydia pose un pied dans la chambre en face de la notre en se frottant les yeux de fatigue. Elle me remarque ainsi que le garçon profondément endormis dans mes bras. Elle s'assit près de moi en posant sa tête sur mon épaule. Elle semble encore endormit mais ne quitte pas le garçon.
- Que ça ne te donne pas des idées, je suis prisonnier.
Elle sourit, amusée par ma remarque.
- Toutes les filles aiment ce genre de démonstration paternel.
- Je ne suis pas son père.
- C'est tout comme. Vous êtes liés, c'est indéniable. Il a une très grande estime de toi et toi tu donnes le devoir de le protéger.
- J'ai l'impression d'entendre Alice.
Son sourire s'agrandit et elle plonge son regard dans le mien.
- Peut être qu'elle a raison au fond. Tu serais un très bon père.
Je me fige avec horreur. J'ai l'impression d'entendre tous les sous-entendus qu'elle me lance dans cette simple phrase. Je tremble rien qu'à l'idée qu'elle y pense, déjà qu'il y a quelques jours elle me faisait une demande en mariage.
- Ne t'inquiète pas. J'attendrais que tu sois prêt.
- Mais ne dit pas ça !
Elle rigole silencieusement alors que mon corps tout entier tremble de peur. Jayden est peut être prêt lui, mais pas moi !
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