Chapitre 6 : Eden

Toute la nuit je n'ai dormi que d'une oreille pour être sur que mon frère ne me tue pas dans mon sommeil. Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en lui, mais je tiens à la vie et à ma conscience. Les morsures de vampire ont un effet aliénant sur les loups et elles nous rendent fou. Je ne suis déjà pas très doué avec les relations sociales mais si en plus je me mettais à tuer les humains dans ma folie, je n'arrangerais pas mon cas.

Une fois levé, je me dirige vers la maison de ma voisine pour qu'on aille en cours ensemble. A peine ais-je frappé que la porte s'ouvre à la volée sur sa mère. Elle me regarde avec mépris alors que je lui indique que j'accompagne Lydia au lycée. Elle me referme la porte au visage et hurle dans toute la maison le nom de ma petite amie.

- Qu'est ce qu'il y a mère ?

- Depuis quand tu fréquentes ce garçon ?

- Je ne le fréquente pas on est... ami.

- Je ne veux pas que tu t'approche de ce... bref... va en cours et ne soit pas en retard.

Je n'arrive pas à savoir ce qu'elle à voulu dire et je n'arrive pas à percevoir ses pensées. La porte s'ouvre coupant court à mon monologue intérieur. La mère de Lydia la tient par le bras, alors que la jolie rousse semble crispée et repliée sur elle-même. Après quelques secondes interminables, elle lâche sa fille et referme brusquement la porte.

- Je suppose que tu as tout entendu ?

- Qu'est ce qu'elle a contre moi ?

- Je n'en sais rien. Depuis hier soir elle me rabâche la même chose.

- Tu crois qu'elle sait ?

- J'en doute.

Je ne réplique pas et prend le chemin du lycée suivit de ma petite amie. Je vais chercher mes affaires dans mon casier quand je surprends une conversation entre deux filles de l'ancien groupe d'amie de Lydia.

- Je ne sais pas ce qu'elle lui trouve.

- Moi non plus. Chuck à tellement plus de charisme et il est capitaine de l'équipe de football. Et puis tu as remarqué, depuis qu'elle est avec lui, elle nous a complètement laissée tomber.

- Ouais. Qu'elle ne revienne pas pleurer quand elle se rendra compte que Carter n'est pas un mec pour elle.

Cette remarque me met hors de moi. Je frappe mon casier laissant un enfoncement dans le métal. Les gens me regardent avec surprise jusqu'à ce que mon regard se pose sur Lydia. Malgré la distance avec moi, je remarque que les deux filles étaient assez proches d'elle pour qu'elle entende. Je m'apprête à venir la voir quand je vois une larme couler sur sa joue et qu'elle parte en courant. Avant que je ne puisse la rattraper, mon frère m'attrape le bras. Je le fusil du regard.

- Tu ne semble pas très apprécié dans ce bahut.

- C'est dans ma nature d'être solitaire.

- Mais Lydia empathie.

Un grognement sort de ma gorge alors que je vois une lueur violette passer dans ses yeux.

- On devrait faire les sélections de football.

- Ce n'est pas mon truc et je ne contrôle pas mes humeurs.

- Un chien qui court après une baballe ça le devrait pourtant.

- Tu veux vraiment que je m'énerve ? Je ne rivaliserais jamais avec Chuck. Si tu veux bien, j'ai ma petite amie à retrouver.

Il lâche mon bras et met ses mains dans ses poches. Je me rends compte qu'on a toujours les mêmes goûts vestimentaires malgré tout. Il me regarde de haut, même si nous faisons la même taille, et me sourit comme le vampire qu'il est.

- Je concours à ta place alors.

- Ça ne marchera pas. Niveau caractère on ne se ressemble pas du tout et Chuck va tout de suite le voir.

Il m'imite avec la voix la plus fausse qu'il puisse exister et fait des mimiques beaucoup trop exagérée.

- Je ne suis pas comme ça.

- Je te prouverais que je peux me faire passer pour toi.

Il s'en va beaucoup trop sûr de lui alors que je pars à l'opposé pour chercher ma petite amie. Je suis son odeur, le bruit de ses pleurs et ses sombres pensées alors qu'un cri m'interpelle. Je déboule dans les toilettes des filles pour voir le même tableau que la dernière fois que j'ai sauvé Lydia des griffes de Chuck. De nouveau en loup, il menace Lydia qui est plaquée sur les lavabos.

- Eden...

Elle me regarde les yeux remplit de larmes.

- Arrête. Tu n'arrange pas ton cas ! Mon père est déterminée à te tuer, ne leur donne pas une raison de plus !

Chuck n'a aucun scrupule à se retransformer devant nous et donc complètement nu. Lydia rougit et j'ai du mal à rester calme. Il prend la gorge de Lydia dans sa main toujours pourvu de griffes acérées. Son autre bras entour la taille de la jeune fille alors qu'il dégage ses cheveux de sa nuque.

- Entre nous, je suis sûr que ça t'ai venue à l'idée...

- Bien sûr que non ! Jamais je ne ferrais vivre à quelqu'un d'autre l'enfer que je vis.

- Pourtant moi j'ai profondément envie de faire de Lydia ma petite louve personnelle.

Lydia tremble et ses yeux se ferment tellement la peur se dégageant d'elle est forte. Je ne veux pas la voir souffrir comme moi à chaque pleine lune, je ne veux pas qu'elle soit la cible des chasseurs, je veux juste qu'elle reste la jolie rousse que je connais et pas une âme meurtrie comme la mienne.

- Et puis... si elle devient une louve... plus besoin de se contrôler, tu pourrais profiter de tout ce qu'elle a à t'offrir.

Je me fige. D'une certaine façon, il n'a pas tord. Je n'aurais plus besoin de faire attention, de me contrôler constamment, plus besoin de me retenir, je pourrais faire ce que je veux. Je baisse la tête, tiraillé par mes propres pensées. Je ne contrôle plus mon esprit, je n'arrive plus à être cohérent.

- Je vois que tu n'es pas sensible à cette proposition.

- Eden... je sais que se n'est pas ce que tu veux.

Je relève la tête et regarde Lydia. Elle est là, avec moi, et c'est tout ce qui compte au fond. Loup ou pas, elle est avec moi aujourd'hui. Chuck n'a pas se pouvoir sur moi et il ne l'aura jamais. Je ne peux pas me perdre à espérer des choses qui ne devrait jamais arriver.

Les yeux de Lydia s'écarquillent alors que Chuck relâche légèrement sa prise comme surprit par quelque chose en moi. Je tourne la tête vers le miroir. Comme mon frère, qui à la capacité de changer la couleur de ses yeux quand il libère sa vraie nature, les miens rayonnent d'une couleur ambrée virant à l'or. Je passe ma main près de mon œil quand je remarque que mes griffes sont de sorties. Me tournant vers Chuck, je vois prendre peur et relâcher Lydia qui vient aussitôt vers moi. Une fois dans mes bras, elle ne lâche pas une seconde mon visage des yeux alors que je fusille mon alfa du regard. Il ne se fait pas prier, reprenant forme lupine, il court et sort aussitôt de la pièce.

Je ferme les yeux un instant pour me calmer. Quand je les rouvre, leur couleur est de nouveau normal et mes attributs du loup ont disparu. Je regarde ma copine au creux de mes bras. Elle semble effrayée et admirative. Je ne sais pas d'où me vient cette nouvelle capacité mais je n'ai jamais vu Chuck avoir peur, encore moins peur de moi. Quand je remarque que je suis toujours dans les toilettes des filles, mes joues se mettent à chauffer. Lydia ricane.

- Je ne pensais pas que c'était encore tabou d'être dans les toilettes des filles.

- Arrête de lire mes pensées.

- Pense moins fort alors.

Je lui souris. Puis je l'embrasse. Ses lèvres m'ont manquées à tel point que je ne veux plus m'en détacher. La poussant légèrement, elle calle son dos contre le mur alors que je continue de l'embrasser. J'entends ses pensées et mon trouble s'accentue quand je vois à qu'elle point je lui fait de l'effet. Notre moment détente prend très vite fin quand une fille fait irruption dans les toilettes. Nous rougissons tous les deux et sans plus attendre je sors des toilettes en poussant la porte. J'entends Lydia pouffer alors que je souris comme un con en direction de ma salle de cours.

Je rejoints Kay à la cafète à midi. Il me parle de sa matinée barbante sans moi en m'assassinant pour mon retard. Pour toute défense je lui explique ce qu'il s'est passé ce matin. Il n'en perd pas une miette et commence à faire des tonnes d'hypothèse farfelue sur le phénomène jusqu'à ce que l'une d'elles retienne mon attention.

- Les alfas ont les yeux de quelle couleur ?

- Rouge. Mais ce n'est visible que s'il utilise leurs pouvoirs.

- Chuck a un pouvoir ?

- Je ne sais pas. Je n'ai jamais vu ses yeux changer de couleur.

- Et toi ?

- Quoi moi ?

- As-tu un pouvoir ?

- Je ne sais pas. Je peux lire dans les pensées de n'importe qui, pas que des loups. Mais ça n'explique rien à ce qu'il m'est arrivé tout à l'heure. Mes yeux sont devenus ambrés, pas rouge et je n'avais pas de pouvoir, enfin je n'ai rien sentis d'inhabituel.

Il me regarde toujours en réfléchissant avant de se lever, prendre nos plateaux et après les avoir déposés sortit du réfectoire. N'ayant pas vraiment le choix, je le suis à l'extérieur où il s'engouffre dans la forêt. Des pas dans mon dos me font comprendre que ma copine nous a suivis. Je la regarde marcher vers moi. Elle vient de comprendre que je savais qu'elle était là, alors elle détourne le regard.

Une fois dans la forêt à l'abri des regards, Kay s'arrête, j'en fais de même alors que Lydia me rentre dedans. En se frottant le nez, elle pose une main sur mon épaule et regarde Malakay en fronçant les sourcils.

- Qu'est qu'on fait là ?

- Je veux voir comment tu t'en sors. On va découvrir quelle particularité tu as.

Lydia regarde mon visage pendant que je fixe mon meilleur ami. Quelle idée a-t-il en tête ? De son sac il sort une batte de baseball et une balle. Il arme son bras, jette la balle et la frappe. Elle part à une vitesse hallucinante en direction de Lydia. Je place ma main en face du visage de ma copine et récupère la balle avant qu'elle ne la frappe en pleine tête. Mes sourcils se froncent de colère.

- Mauvaise idée.

- Au contraire, plus tu t'énerveras plus facilement ton corps perdra le contrôle sur tes pouvoirs.

Sans plus attendre, il sort deux balles de son sac et les jette de nouveau en direction de la jolie rousse à mes côtés. Je sens sa peur, pas qu'elle n'ait pas confiance en moi mais plutôt de ce qu'il pourrait arriver si je m'énervais vraiment.

Récupérant les balles les unes après les autres, je commence sérieusement à me lasser. Jusqu'à ce que l'une d'elle atteigne mon visage. Puis une autre dans le ventre ou dans la cuisse. Je sens ma fureur grandir petit à petit. C'est alors que le vent se lève faisant craquer les arbres, claquer les feuilles qui s'envolent en un tourbillon. Le ciel se voile et l'obscurité prend part sur le soleil de cette après-midi.

Kay s'arrête en voyant ce qu'il se passe. Les cheveux de Lydia volent dans tout les sens alors que sa robe se soulève. C'est alors que la pluie s'abat en torrent sur nous. Elle semble se renforcer autour de l'espace dans lequel se trouve mon ami. Il tient son sac contre lui pour combattre les éléments qui se déchaine contre lui. J'entends Lydia claquer des dents face à la chaleur en chute libre. Je sens mes vêtements me coller à la peau à cause de la pluie.

- C'est bon, mec. J'ai compris ! Je t'en supplie, arrête !

Lydia pose sa main sur mon bras et d'un coup le vent tombe et les feuilles s'écrasent sur le sol. La pluie s'arrête en à peine le temps qu'il faut pour le dire et le soleil filtre de nouveau à travers les feuilles restantes sur les arbres.

- Tes yeux... ils sont de nouveau dorés.

- Je ne comprends pas.

Kay nous rejoint toujours un peu déboussolé. Il me regarde avec un grand sourire quand il voit mes yeux.

- Ça a marché.

- Qu'est ce qui à marché ?

- Ta particularité... Eden, tu contrôle les éléments.

- Hein ?

Lydia me sourit malgré les cheveux trempés qui lui colle à la peau. Je nous ai mis dans ce piteux état ? C'est moi qui ai déclenché tout ça ?

- Oui.

- Mais je contrôle quoi exactement ?

- L'eau, le vent...

Je regarde mes mains. Si je les contrôle je dois bien pouvoir m'en servir même sans colère. Et pourquoi maintenant ? Depuis quatre mois je n'ai jamais vu ces pouvoirs en action. Je me concentre autant que je le peux mais rien ne se passe dans mes mains.

- Eden !

Je relève la tête et regarde toutes les minuscules bulles d'eau en suspension autour de nous. Je me tourne vers Lydia et j'éclate de rire en voyant ses cheveux dressés sur le haut de son crâne. Elle croise les bras l'air pas du tout amusée. Je referme ma main et ses cheveux retombent, les petites bulles d'eau gèlent et retombent en paillettes sur le sol. Me concentrant, je ferme les yeux et rouvre les mains. Un léger vent chaud nous enveloppe et je souris toujours les yeux fermés.

Refermant les mains et rouvrant les yeux, je remarque une sensation bizarre au creux de mes mains toujours. Si je contrôle l'air et l'eau, est ce que je contrôle autre chose ? Un bruit à ma droite m'interpelle. M'étant ma main en direction du bruit, un éclair en sort et vient calciner une partie d'un arbre. C'est alors que je vois mon frère apparaitre.

- Alors comme ça, tu contrôles l'eau et l'air.

- Qu'est ce que tu fais là ?

- Je me demandais ce que tu avais comme pouvoir.

- Et alors ?

Il positionne sa main, paume vers le ciel. C'est alors qu'une flamme flamboyante s'y matérialise. Il referme son poing, elle disparait, puis il pause les deux mains au sol et fait jaillir un champ de coquelicot autour de nous.

Je remarque alors que ses yeux ont pris une couleur violacée radioactive. Il se relève, un vent violent vient nous fouetter arrachant les pétales des coquelicots et les faisant virevolter autour de nous. Je commence à comprendre pourquoi il voulait savoir. A nous deux nous contrôlons tout les éléments. C'est peut être le fait que nous sommes jumeaux qui nous permet d'avoir une complémentarité dans nos pouvoirs. Ce qui me choque le plus c'est qu'il contrôle lui aussi le vent mais il n'est pas au courant de ma capacité à lire les esprits, ce qui me permet de garder un coup d'avance.

- Qu'est ce que tu veux, Jayden ?

- Mais rien. Je veux juste faire ami-ami avec mon frère. Je ne comprends pas qu'on est pu s'éloigner autant.

- Je n'ai rien demandé moi. C'est vous qui m'avait laissé tomber au moment même où je me suis fait mordre par ce piteux alfa. Je m'en rappelle comme si c'était hier...

Lydia serre mon bras en me demandant de lui raconter. J'acquiesce silencieusement avant de me concentrer sur mon frère. Il range ses mains dans les poches de son pantalon en levant les épaules et que son regard se perd. Je suis désarçonné par ce qui traverse ses pensées.

« Je ne l'ai pas laissé tomber, je suis partis parce que je voulais le protéger. Oui c'est ça, pour le protéger... »

Pourquoi me protéger ? Parce qu'il est un vampire chasseur d'être surnaturel ? Si c'est ça alors pourquoi il ne m'a pas tué ? Pourquoi il est revenu ?

Quand il relève la tête vers moi je sens son désarrois, je le vois mais pourtant son visage ne laisse rien paraitre à part un profond air « je m'en foutiste » collé à la peau. Il tourne les talons et disparait en une fraction de seconde laissant un léger coup de vent derrière lui par la vitesse.

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