Chapitre 32 : Eden
Le lendemain est, je crois, le jour le plus pourrit de toute ma vie. Quand je me réveille, je décide de ne pas bouger de mon lit. Jayden et Alice se sont retrouvés alors il ne s'occupe pas vraiment de moi, je n'ai pas envie de voir Lydia et je sais que Kay passera dans la journée. C'est sans compter sur la présence de ma génitrice démoniaque. Elle vient s'assoir sur le lit avec un sourire condescendant.
- Pourquoi tu n'es pas en cours ?
J'ai tellement envie de lui cracher mon venin à la gueule, mais je me retiens.
- Je n'ai pas envie d'en parler.
Elle pose sa main sur mon épaule et j'enfonce mon visage dans mon cousin. Mon dieu, laissez-moi la tuer tout de suite. C'est un supplice.
- Tu peux m'en parler si tu veux.
Je lève imaginairement les yeux au cuel avant de me retourner sur le dos et de fixer le plafond.
- Je suis amoureux d'une fille qui ne veut pas de moi.
Elle n'est vraiment pas douée pour cacher sa joie. Ses pensées en sont tellement heureuses, qu'elle a dû mal à retenir son sourire.
- C'est qu'elle ne sait pas ce qu'elle rate.
- Bien sûr, pour ça il faudrait que je ne sois pas invisible aux yeux de tout le monde.
Elle esquisse une moue.
- Tu veux rester à la maison ?
- Je crois que oui.
Elle me sourit avant de disparaitre. Enfin libéré, je replonge tête la première dans mes cousins. Sauf que ma reposante tranquillité est balayée par un doigt qui tapote sur mon omoplate.
- Je n'ai pas énormément de temps alors tu vas très vite m'expliquer pourquoi tu reste dans ton lit.
Je tourne la tête vers mon meilleur ami en blouse de chimie et des lunettes en plastique lui donnant un air de mouche.
- Qu'est que tu fais dans cette tenue ?
- On fait de la combustion. Ça prend un peu de temps alors je me suis éclipsé.
- Lydia m'a envoyé boulé encore une fois. alors j'ai décidé de la snober.
- Et moi je me retrouve en TP de chimie avec un pyromane douteux.
- Tu devrais y retourner avant qu'il ne fasse exploser le lycée.
- Je repasse au déjeuné.
Il disparait en un clignement d'œil. Je souris comme un débile. C'est vraiment mon meilleur ami. Il est dix heures et j'ai donc le temps de sortir me balader sur mes pattes. Je ne perds pas de temps. Quand mes coussinets entre en contacte avec la mousse, la sensation est exquise. Le vent sur mon pelage revigore mon corps et toutes ces sensations me permettent d'oublier tous mes malheurs.
Je reviens à onze heures et demi et commence à préparer le déjeuné en jogging à midi dix, Malakay se matérialise sur une chaise au moment où je place une assiette devant lui. Il me sourit et je passe un tee-shirt avant de nous servir.
- Qu'est qui c'est vraiment passé entre Lydia et toi, encore une fois ?
- Je voulais lui laisser du temps, mais à peine étions nous sortis de la maison, qu'elle m'a dit qu'elle ne voulait plus de moi et que Nial allait bientôt mettre les pieds en ville.
Malakay fait la moue avant d'enfourner une bouché du plat que j'ai préparé.
- Comment tu fais pour être aussi bon en cuisine ?
- Quand on passe les trois quarts de sa vie, seul, on se perfectionne.
- T'es un mec à épouser, elle devrait s'en mordre les doigts. Et puis un vampire quoi ? C'est froid, c'est imbu de lui-même...
- Calme-toi. et arrête de penser si fort, ça en devient gênant.
Mon meilleur ami s'empourpre et je rigole de son malaise. Nous finissons de manger dans une bonne ambiance avant qu'il ne reparte au lycée. Je n'ai plus l'habitude de passer mon temps libre tout seul. J'en profite pour fouiller dans les affaires de ma mère. Mais je ne trouve désespérément rien. Je m'affale donc dans mon canapé afin de jouer aux jeux vidéo jusqu'à ce que ma mère rentre à la maison.
- Tu as vraiment touché le fond.
- Je m'ennuie.
Quelqu'un frappe à la porte et je me lève pour allé ouvrir. J'y trouve mon meilleur ami. Il a dû comprendre que ma mère était rentrée. Il lui dit bonjour rapidement avant de me suivre à l'étage. Heureusement que ma mère ne le déteste pas.
- Alors, les potins ?
- Tu as cru que j'étais une fille en manque d'histoire croustillante ?
Je le fixe jusqu'à ce qu'il cède.
- Rien de nouveau, à part peut être le harcèlement constant de Lydia pour savoir où tu es ? ça ne m'étonnerait même pas qu'elle déboule ici.
- Je croyais qu'elle n'en avait plus rien à faire de moi.
C'est autour de Kay de me regarder fixement légèrement exaspéré par mon comportement.
- Elle t'aime toujours tu sais.
- Permets-moi d'en douter.
- C'est parce que tu es en colère à cause de son rejet. Passe au dessus, t'es un mec, montre que t'en a rien à foutre.
- Il est là le problème, j'en ai pas rien à foutre.
Kay baisse les yeux en soufflant. Dans mon cas, je m'allonge sur mon lit, les mains sur mon visage.
Le lendemain, je me lève en même temps que mon frère et prend le bus avec lui. Kay écarquille les yeux en me voyant.
- Ta déprime est finit ?
- Nan, mais je m'ennuie trop chez moi tout seul à rien faire. En fait je m'ennuie énormément depuis qu'on court plus pour sauver nos vies.
Il rigole. Mais c'est totalement vrai et les paroles de Lydia me restent en tête. Elle m'a toujours dit qu'elle ne se sentait plus à sa place dans la vie normale, après avoir passé quatre moi en cavale à courir après des tueurs en séries surnaturels, je comprends ce qu'elle voulait dire par là. Je ne m'y sens plus à ma place, je n'avais déjà pas envie de suivre des cours, mais j'en ais encore moins envie.
- Comment tu fais pour aimer autant les cours ?
- Je n'en sais rien. j'aime apprendre et emmagasiner des informations. Et puis cette année, la concurrence est rude, Lydia et moi sommes ex aequo à la première place. C'est amusant de se battre pour avoir les meilleures notes.
- Y a que toi et elle pour trouver ça « amusant ».
Il me sourit avant de se lever pour descendre du bus et aller dans le bâtiment. Nous croisons Lydia, que j'ignore totalement alors que le brun lui dit bonjour. Pendant le cours, je reçois un papier sur ma table. J'ai l'impression de revenir des mois en arrière. Je décide de ne pas l'ouvrir et me concentre sur le cours de physique qui me semble être du chinois. Sauf que ce n'est pas l'avis de ma harceleuse qui m'envoie un papier à chaque fois que j'ignore le précédent. Ayant peur qu'elle me grille le cerveau par sa colère grandissante, j'ouvre le dernier où la question est écrite en majuscule.
« Pourquoi tu m'évites ? »
Je souffle bruyamment ce que le prof prend pour une remarque. Pour autant, j'écris la seule réponse qui me semble la plus appropriée.
« Parce que »
Quand elle reçoit la réponse, elle ne semble visiblement pas satisfaite faisant monter sa colère. C'est elle qui est en colère ? Je viens quand même de me faire jeter.
Quand la fin du cours sonne, je ne lui laisse pas le temps de venir à ma rencontre et m'échappe. Avec une chance inouïe, notez l'ironie, nous avons sport et Lydia me colle comme une bernique. Dans les vestiaires, un trop plein de testostérone me monte à la tête surtout quand les gars parlent de leurs conquêtes.
J'ai soudainement envie de prendre l'air. Habillé d'un short et un tee-shirt et talonné par Kay, je sors du bâtiment pour courir autour du terrain de foot. Nous sommes très vite rejoins par Lydia. Mon meilleur ami se laisse distancer à mon plus grand regret et je n'arrive pas à lui échappé même en y mettant le plus de vitesse possible sans paraître anormale.
Elle court près de moi, ce qui me permet de la détailler du coin de l'œil. Habillée presque comme moi, un débardeur beaucoup trop moulant et un short beaucoup trop court. Cette fille veut vraiment me rendre dingue. Et après tout, ce n'est plus mes affaires et elle a autant de force que moi maintenant.
- Tu vas m'ignorer encore longtemps ?
- Autant que je le veux.
- Eden... ce n'est pas parce que je ne veux pas qu'on se remette ensemble, que je ne veux pas qu'on soit amis.
Je m'arrête nette alors qu'elle continue sur quelques mètres pour revenir vers moi.
- Tu crois sérieusement que je veux être ami avec toi ?
Elle regarde ses chaussures en jonglant d'un pied sur l'autre.
- Eden ! Lydia ! Vous comptez nous honorer de votre présence.
On se tourne d'un seul homme vers notre professeure de sport puis Lydia se concentre de nouveau sur moi. Mais je la bloque avant même qu'elle ne prononce un mot, ne voulant pas spécialement lire en plus ses pensées.
- Laisse tomber.
Je finis par trottiner jusqu'à ma classe.
- Bon tu vas m'expliquer ton comportement ?
Je m'écrase sur le lit de mon meilleur ami et soufflant bruyamment comme je le fais à chaque fois que quelque chose m'exaspère.
- Tu crois que j'allais passer au dessus de ça ?
Je me relève et regarde Kay dans les yeux pour être sur qu'il m'écoute bien.
- Qu'elle ne veuille plus de moi, soit, mais je ne vais pas m'abaisser à rester ami avec la personne que j'aime le plus au monde et la voir tous les jours avec un autre homme en faisant semblant d'être heureux.
Kay baisse les yeux avec une moue de reproche. De ce que j'entends, il m'en veut de diviser notre groupe mais ce n'est pas moi qui ai commencé, je ne vais pas avoir des remords pour quelque chose que je n'ai pas commis.
- Parlons d'autre chose : comment allons nous redonner la mémoire à tout le monde ?
Kay s'assoit près de moi et fait apparaitre le livre de sorts à son nom.
- Il y a un sort qui s'appelle le miroir. Il permet de montrer à quelqu'un la réalité, je peux le détourner pour le lancer sur toute la ville et non sur un simple miroir.
- Je ne comprends rien.
- Je sais, tu es plutôt long à la détente.
Je le regarde surpris et il lève les mains au ciel avec une moue explicative.
- Je n'ai pas l'impression que tu parles exclusivement de tes bazars magiques.
- Je ne sais pas ce que tu cherches avec Lydia.
- Et on y revient, encore...
Je me rallonge et regarde le plafond. Ça devient une habitude.
- Ecoute, je ne suis pas un ange et je comprends qu'elle m'en veuille pour certaine chose. Mais je ne vais pas m'excuser de l'ignorer pour protéger mon cœur.
Sa bouche s'ouvre et il se confond en excuse. Je ne lui en veux pas, mais j'en ai marre de faire passer les autres avant moi, aujourd'hui je me protégerais moi avant tout. Je relève et récupère mon sac.
- Fais ton truc avec le miroir le plus vite possible. Après on s'occupera de nos parents.
Je commence à m'en aller mais il me rappelle.
- Qu'est ce que tu veux faire avec nos parents ?
- Je n'aurais aucun scrupule à tuer ma mère, le reste ne dépendra que de vous.
Je sors de sa chambre sur ces mots et croise le père de mon meilleur ami au rez-de-chaussée, il ne lance même pas un regard. Je sors et me dirige vers ma maison sauf qu'une rousse est assise sur le perron de celle-ci. Je lâche tout ce que j'ai sur moi jusqu'à presque m'en détacher les bras. Elle ne va jamais me laisser tranquille ? Vivement que cette histoire soit finis, que je me casse.
- Qu'est ce que tu fais là ?
- Je veux m'excuser... de te faire souffrir.
- Je ne veux pas d'excuse. Maintenant rentre chez toi.
Je m'avance, lui passant devant sans un regard et entre dans ma maison.
- Alors quoi ? C'est tout ? Tu vas m'ignorer jusqu'à la fin de l'année.
Je me retourne vers elle.
- Ouais, c'est assez bien résumé.
- Je ne comprends pas comment tu peux être aussi cynique. J'ai l'impression de revenir au mois de Septembre. Et on est en Mars, Eden !
- Et alors ? Je n'ai jamais changé Lydia, je ne changerais pas pour toi en tout cas.
Elle a un mouvement de recule et je lève les yeux au ciel. Oui j'aimerais vraiment qu'elle me déteste, au moins je n'aurais plus ce problème sur les bras.
- Je pensais que tu m'aimais ?
Je la regarde droit dans les yeux.
- Qu'est ce que ça change, toi tu ne m'aimes plus.
- Ce n'est pas aussi simple.
- Et pourtant, il n'y a que toi qui trouve ça compliqué. Je ne suis peut être pas un ange, mais tu aime détruire les gens.
- Tu ne pense pas ce que tu dis.
- Si tu savais ce que je pense...
Je me retourne et me dirige vers ma cuisine où je prends un verre d'eau. Tout était tellement plus simple avant qu'elle ne rentre dans ma vie. J'avais ma routine et elle me suffisait. Maintenant, quand je suis seul, je m'ennuie et je ne sais plus quoi faire de moi, je pense constamment à une fille qui ne m'aime plus, je dois encore plus faire attention à mon frère et à Malakay. Je n'ai plus de petite vie tranquille et sans problème.
Elle s'approche de moi dans mon dos et pose une main sur celui-ci. Un frisson me parcourt. J'aimerais tellement ne plus réagir à son touché, à sa présence et à sa voix. Quand je me retourne, elle se jette littéralement sur moi, prenant possession de ma bouche avec tellement de force que je ne saurais pas m'en défaire. Mais j'étais dans un tel manque d'elle, que je lui rends pendant quelques minutes avant de la repousser violemment, la forçant à se cogner contre la table en granite.
Elle pousse un grognement de douleur. Nos deux paires d'yeux sont fluorescentes et nous nous regardons comme des étrangers. Je m'en veux d'avoir céder à la tentation, à la passion qui nous étreins depuis qu'on est vraiment proche, je m'en veux de vouloir à tout prix recoller les morceaux, je m'en veux d'avoir aimé se débordement. Alors je cours, la nuit tombe déjà mais je cours, déchirant mes vêtements pour tomber à quatre pattes.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top