Chapitre 23 : Eden
Je cours sans m'arrêter. Je ne supporte plus de les voir, de la voir. Je ne supporte pas de ressasser toujours les mêmes images en boucle dans ma tête. Je vois sa bouche sur celle de Nial. Nial ! Le gars que je ne connaissais pas et que je détestais le plus. Tout ça parce qu'il voulait se taper ma copine et aujourd'hui il a réussi.
Je suis tellement concentré sur mes pensées que je perds l'équilibre et me prends les pattes dans une racine, tournant sur moi-même pour m'écraser sur l'humus fraîche et humide. La pluie c'est arrêter ou alors l'explosion de mes pouvoirs l'a bloquée autour de moi.
Je regarde le ciel à travers les feuilles recouvertes d'une fine pellicule d'eau. Cette étendue grise n'étant pas très intéressante, je me relève mais je te tombe sur le regard vert de Lydia. Sa louve me fait toujours un effet de folie. Tant quand elle est humaine, elle est magnifique et je ne peux pas détourner les yeux une seule seconde sans aller à l'encontre de mes pensées. Mais sous cette forme je suis ensorcelé.
- Eden, je suis désolée.
- Désolée de quoi ?
Elle s'assoit et tourne la tête vers l'infinité de la forêt. Je sais qu'elle ne veut pas en parler au risque que je n'explose de nouveau. Je n'aime encore moins qu'elle ne me parle pas. Je lui lance une boule d'eau à la figure. Quand elle se retourne, la moitié de son visage est trempée et ses poils lui collent à la peau.
- Je me sentais mal et je n'ai pas réfléchis. Tu me manquais.
Je ne réponds pas et réagit comme elle quelques temps plus tôt. J'ai peut être réagit excessivement mais je l'ai vraiment très mal pris.
- Qu'en est-il de Nial ?
- J'étais désespérée, fatiguée, à bout et surtout inquiète pour toi. j'avais peur que tu ne fasses une bêtise... ou pire. Jayden m'a dit que quelque chose t'avais changé...
Je me lève et pars m'enfoncer dans la forêt.
- Eden.
Un froissement de feuilles arrive jusqu'à mes oreilles et j'évite de justesse une fléchette tranquillisante. Depuis notre tour du monde, énormément de personnes en ont après Jayden et moi. Ça ne m'étonne alors guère de me faire attaquer. Je me tourne vivement vers Lydia.
- Cours et ne t'arrête pas avant d'être à la maison !
- Je ne te laisse pas !
- Fait ce que je te dis pour une fois dans ta vie !
Elle me lance le plus noir regard lourd de sens de toute l'histoire. Dans un sens je savais qu'elle n'allait pas partir mais j'aurais été content de voir que pour une fois elle m'obéit. J'ai des fois l'impression que mon pouvoir d'alpha n'a pas d'effet sur elle.
Voyant qu'elle n'a pas l'intention de partir, je me place devant elle et sonde les environs. Rien, je ne vois pas d'où vient cette fléchette. Je tourne autour de Lydia en laissant le moins possible de partie visible de son corps pour éviter qu'elle n'en prenne une par erreur.
Une deuxième fuse et je l'évite en poussant Lydia sur le sol. Elle se retrouve couchée sur le flan sous moi. Elle me regarde en relevant la truffe et je bénis le ciel de ne pas être humain pour qu'elle ne voit pas a quel point je suis troublée, à quel point mes joues doivent être rouge, à quel point elle me fait de l'effet.
Je fonce vers la direction des fléchettes suivit de trop près par Lydia. Je vois apparaitre une masse noire. Il est seul, ce qui n'est pas très malin de sa part. Je le prends de vitesse alors qu'il tente de m'atteindre en s'échappant et le plaque sur le sol. Les pouvoirs de Lydia vont m'être utiles en fin de compte.
- Qui es-tu ?
- Un chasseur. J'ai entendu parler de toi Eden Carter.
Je détaille son visage mais il ne fait pas partie de mes cibles. Je m'éloigne légèrement.
- Tu ne fais pas le poids, rentre chez toi.
Alors que je rebrousse chemin, il tente une dernière offensive qui m'entaille de ventre et qui se solde par ma mâchoire autour de son cou. Je finis par lui arracher le larynx et il s'effondre pour se vider de son sang. Lydia étouffe un cri intérieur quand elle me voit recracher les organes de cet homme.
- Mais Eden ! Qu'est ce que tu as fait ?
- Je suis un monstre, Lydia ! Depuis que je suis né !
- Nan tu as changé ! Il y a quatre mois tu n'aurais jamais pu faire ça ! On dirait que toi et ton frère avez échangé vos comportements. Tu n'es plus l'homme dont je suis tombée amoureuse...
Je prends une violente gifle. C'est vrai que j'ai changé, mes sentiments ont changé et mon comportement avec. Je suis remplie de rage et je n'arrive à penser à rien d'autre. Et pourtant ses mots viennent de me briser le cœur. Je n'ai arrêté de penser à elle, je n'ai pas cessé de l'aimer.
Je la suis à distance jusqu'à la maison. J'entends ses sanglots et je retiens difficilement les miens. Je n'en reviens pas de la tournure qu'à prit notre histoire. Je pensais qu'à la minute où nous nous étions embrassés, nous ne nous quitterions jamais. J'avais tord et tout est de ma faute, si j'avais sauvé Chuck, je ne serais pas devenue fou, Lydia n'aurait pas déprimé et nous serions toujours ensemble.
Une fois à la maison, je monte directement à l'étage et me couche sur le lit sans prendre le temps de redevenir humain. Je suis fondamentalement instable et anéantie. J'aime tellement cette fille que ça me rend malade. Je n'ai que dix-sept ans et je vie ma première peine de cœur et j'ai l'impression qu'elle va m'annihiler.
Je me réveille en sueur, tout à fait humain. Une quinte de toux me prend aussitôt et plus je tousse plus j'ai l'impression de me décoller les poumons. En regardant ma main, je vois qu'elle est couverte de sang. Je me lève, avec difficulté et me dirige en titubant vers la salle de bain.
Quand je vois mon reflet dans le miroir j'ai un mouvement de recule. Du sang sort à la fois de mon nez, de mes yeux et de ma bouche. Ma peau est si pâle que je ressemblerais presque à un vampire. Je titube et m'effondre sur le sol en faisant tomber une boite remplie de produit de beauté féminin donc un parfum qui explose sur le sol et se répand sur le sol laissant échapper une odeur acre.
Jayden entre dans la salle de bain en furie et me regarde avec de grands yeux. Il s'accroupit et détaille mon visage alors que je peine à garder les yeux ouverts. Alice est appuyée contre le chambranle de la porte et nous regarde, horrifiée.
- Aller Eden, lève-toi !
- Je n'ai... plus de force...
Jayden me prend les mains, les poses sur ses épaules et attrape mes hanches pour me soulever. Je m'accroche avec le peu de force qu'il me reste à son cou alors qu'il me ramène dans la chambre. Une fois couché sur le lit je me retourne et vomis du sang sur le parquet.
- Alice va chercher une bassine. Que t'est-il arrivé ?
Je montre mon ventre où la blessure a noircit et s'est épendue. J'entends quelqu'un courir et trois personnes font irruption dans la chambre. Lydia est en pleure et elle s'en veut terriblement pour ce qu'elle m'a dit, elle a peur. Kay semble plus dans l'incompréhension plutôt que terrifié. Alice me ramène la bassine.
- Qu'est ce qui lui arrive ?
La voix d'Alice n'est pas du tout assurée mais elle ose dire tout haut ce que tout le monde se demande tout bas.
- Je n'en sais rien. Il semble faire une infection. Ce qui est physiologiquement impossible. Je ne comprends pas. Que s'est-il passé quand vous étiez dehors ?
Lydia revient à la réalité et fixe mon frère.
- On a rencontré un chasseur. Il lui a entaillé le ventre avant qu'Eden lui... lui... lui arrache la gorge.
Mon frère grimace, pas spécialement enthousiaste que tout le monde soit au courant pour mes nouvelles lubies. Mais il reste interdit, il ne sait pas du tout quoi faire pour moi alors que ma vision devient rouge et que je vomisse une nouvelle fois.
- Il faut que j'appelle quelqu'un.
Il sort de la chambre, suivit de près par sa petite amie. Kay ne reste pas longtemps et je lui en remercie. Lydia quand à elle s'assoit près de moi.
- Tu ne devrais pas rester ici. On ne sait pas si c'est contagieux.
- Je m'en veux...
- Arrête ! Je ne vais pas mourir. Tu peux dég...
Je m'étouffe et recrache du sang dans la bassine. Sa main vient se poser sur mon front mais je la dégage vivement essayant malgré mon mal de crâne et mes yeux peinant à rester ouvert de paraitre menaçant. Avant qu'elle ne puisse parler de nouveau, ma vue se brouille et je sens mes muscles se contracter violemment avant que je ne me morde la langue.
- Jayden ! Il convulse !
Je sens mon sang se répandre dans ma bouche dont un filet passe la barrière de mes lèvres.
Je perçois la présence de mon frère sans pour autant le sentir ou le voir. J'ai l'impression que quelque chose me retient sur le côté mais j'ai perdu le sens du touché. Puis tout s'arrête. Mes muscles se détendent d'un coup, je retrouve la mobilité de mes membres, ma vision revient légèrement et je sens enfin les mains de mon frère sur mon corps, ce qui peut paraitre bizarre hors contexte.
Quand je revois enfin, la pièce est remplit de personne dont une particulièrement qui me frappe. Mais qu'est ce qu'elle fait ici ?
- Maman ? Mais qu'est ce que tu fais ici ?
Jayden me laisse retomber sur le lit alors que je le regarde, totalement perdu.
- Je l'ai appelé. Les sorciers sont des guérisseurs. Je me suis dit qu'elle pourrait nous aider.
Je grimace de dégout alors que les yeux de ma mère s'approchent dangereusement de moi. Si j'avais un peu plus de force, je me serais déjà transformé.
- Il faut que je te touche. Tu me l'autorises ?
- Je n'ai pas le choix de toute façon.
Elle me sourit avant de poser sa main sur mon front. Ses yeux se voilent et deviennent aussi noir que la nuit. C'est flippant.
- Venin de loup-garou concentré.
- Ça ne devrait pas me faire d'effet...arrg... je suis un loup-garou...
Ma voix n'est plus ce qu'elle était et je me vide encore dans la bassine bleue à la base, teinté de rouge maintenant.
- C'est pour ça que tu n'es pas mort, seul ton vampire se bat en ce moment contre le venin. Ton loup te maintient en vie.
Ses yeux redeviennent gris, transcendant avec la couleur noir de jais de ses cheveux. Je me rends compte que notre physique ne vient que de notre mère et comme elle là dit elle-même, même nos pouvoirs viennent d'elle.
- Ce que je vais faire ne sera ni agréable ni une partie de plaisir mais nous n'avons pas le choix. Il faut qu'on élimine le venin et pour ça on doti renouvelé ton sang.
Je le sens mal. Jayden vient me prendre dans ses bras, une main dans mon dos l'autre sous mes genoux. J'ai l'impression d'être une jeune fille en détresse. Il m'amène à la cave où ils ont installé une table sur laquelle me dépose Jayden. Je remarque la présence de mes amis.
- Sortez-les d'ici.
Alice et Kay ne se font pas prier mais Lydia résiste au point de menacer Jayden d'un seul regard fluorescent. Il laisse tomber avant revenir vers notre mère.
- Attaches ses pieds et ses poignets.
Jayden le fait en quatrième vitesse alors que ma génitrice se retourne pour aller chercher un couteau. Un couteau ! Je frissonne et Lydia aussi sans me quitter des yeux.
C'est alors que je hurle. Ma puissance vocale me surprend moi-même alors que ma mère entaille ma chaire en commençant par mes bras, en m'ouvrant les veines comme un suicidaire, puis le torse sur toute sa longueur surtout autour de ma blessure et quelques autres entailles superficielles. Elle répète son action à chaque fois que ma peau se referme. Je hurle à chaque fois que le couteau entre en contact avec ma peau. Mes yeux s'embuent de larmes. Une fois, je tourne la tête vers Lydia qui pleure à chaudes larmes. Je finis par m'évanouir tellement la douleur est insupportable, mais surtout parce qu'il ne doit plus me rester une seule goutte de sang dans le corps.
Quand je reviens à moi, je suis dans mon lit, un bandage autour du ventre, toujours avec le même caleçon taché de sang. La respiration calme et sereine de Lydia à côté de moi, calme ma propre respiration, mon propre cœur. Ses yeux sont bouffis et son mascara macule ses joues roses. Ses cheveux sont désordonnés mais toujours soyeux. En tout cas, elle s'accroche à mon bras comme un malade s'accroche à la vie.
Je me sens beaucoup mieux. Je ne délire plus, ma vue est de nouveau nette et surnaturelle. Par contre, j'ai de puissante courbature et je ne suis pas sûr de pouvoir me mettre debout.
Lydia bouge légèrement et ses cils papillonnent avant de laisser apparaitre ses magnifiques iris émeraude qui m'ont ensorcelés la première fois que je l'ai vu. Et je divague, encore, quand il s'agit d'elle. Elle se relève et me regarde, sondant mon visage pour voir comment je vais. J'entends ses pensées distinctement. Je sais qu'elle s'en veut et qu'elle m'aime toujours. Elle n'en revient pas d'avoir dit ce qu'elle m'a dit même si elle à totalement raison. Mais je me dis qu'elle serait bien plus heureuse sans moi et mon passé douloureux qui me suivra jusqu'à la fin des temps.
- Comment tu vas ?
Je lui lance un regard noir qui l'a fait reculer et baisser les yeux. Je me relève pour m'assoir mais ma tête me tourne. Ça ne m'arrête pas pour autant et je me lève en réussissant à rester sur mes jambes. Mais le premier pas est catastrophique et je m'effondre sur le sol. Lydia se précipite vers moi mais je l'arrête d'un mouvement de main.
- Laisses-moi t'aider.
Je fronce les sourcils mais capitule. Elle m'aide à me relever et je lui indique ma direction. Elle m'aide à m'assoir sur le rebord de la baignoire.
- Tu veux de l'aide ?
Elle rougit comme une tomate au soleil. Je me retiens de sourire.
- Je vais plutôt demander à Jayden.
- C'est vrai oui, c'est plus sur comme ça... euhm... tu as besoin de quelque chose ? Tu as besoin que je refasse ton pansement ?
- Après... ma douche.
- Oui c'est sur, c'est plus judicieux. Je... je vais chercher Jayden.
- Merci.
Elle sort comme une furie et Jayden apparait quelques temps plus tard. Il me sourit avant de fermer la porte à clé derrière lui.
- Tu nous l'as rendu chèvre.
Je rigole en défaisant difficilement mes bandages.
- Comment tu te sens ?
- J'ai l'impression d'avoir perdu tous mes muscles sinon ça va.
Il inspecte ma blessure qui a déjà rétrécit et qui n'est plus noire mais rose.
- Ça guérit bien. Tu veux prendre une douche ?
Sa condescendance me tue, j'ai l'impression que mon frère a été échangé par quelqu'un d'autre de plus... mielleux ?
- Tu es trop gentil.
- Je t'aime aussi, petit frère.
Je lui tire la langue alors qu'il m'aide à glisser dans la baignoire.
- Tu as besoin d'aide pour te laver ?
- Je devrais m'en sortir.
- T'en mieux parce que je n'avais pas l'intention de t'aider.
- Je me disais aussi que c'était bizarre t'as nouvelle condescendance.
Il me sourit avant de me laisser seul dans la salle d'eau. Je fais couler l'eau chaude, me revigorants, et lave chaque parcelle de mon corps. Je me sens renaitre malgré la douleur sur mon ventre. Une fois terminée, je me relève difficilement et sort de la douche pour passer une serviette autour de ma taille.
Je m'appuis contre les murs pour rejoindre le lit que j'ai quitté il y a de ça une demi-heure. Je prends au passage un nouveau boxer et l'enfile pour m'écraser sur le lit et me rendormir comme un loir.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top