Chapitre 2 : Eden
Je parcours les couloirs du lycée avec Malakay, jusqu'à ce qu'une main ferme et bien plus puissante que moi me plaque contre les casiers d'un couloir désert. Malakay se ratatine sur lui même et moi je regarde Chuck de travers.
- Tu touches encore une fois à ma meuf, je te démoli.
- Je ne l'ai pas touché.
- Ne te fous pas de moi. Rappelle moi qui t'as transformé et, à ce titre, qui est ton alpha ?
Je sers les dents. Je ne fais pas partie de sa meute. Il l'espère, m'étant révélé très utile avec de bonnes qualités après ma transformation. Mais je refuse. Tous les loups peuvent transformer des humains, même si c'est défendu, mais je pourrais me créer ma propre meute.
- Tu n'es pas mon alpha. Tu n'es qu'une sorte de géniteur surnaturel.
- Tu es seul, nous sommes dix fois plus, tu ne ferais pas le poids.
- Il m'a moi.
On se retourne vers Malakay. Si je pouvais me taper le front je le ferais.
- C'est ce que je disais...
- Chuck, qu'est ce que tu fais ?
Lydia apparaît de nulle part, en béquille et regarde son copain pour qu'il me lâche. Il obtempère et je respire enfin mieux. Je ne regarde toujours pas ma sauveuse, récupère mon sac et disparaît suivit de Malakay.
- Il va te tuer.
- Je sais.
- Tu vas faire quoi ?
- Je n'en ai aucune idée.
Lydia est de nouveau adossée à son arbre entrain de dessiner. Je la contourne pour voir ce qu'elle dessine de la fine mine de son crayon. Le premier dessin que je vois c'est le loup. Moi. Et le second est une ébauche de l'homme que je suis. Pourquoi elle me dessine ?
- Je sais que tu es là.
Je sursaute. Quand je m'approche, elle lève les yeux vers moi puis reprend son dessin. Je m'allonge près d'elle et écoute simplement les bruits de son crayon sur la feuille de dessin. Quand elle pense avoir fini elle pose le calepin devant mon nez et je regarde mon portrait. Elle a un sacré coup de crayon. Je relève le nez et pose ma patte sur ma hanche gauche, là où je me suis fait un tatouage en forme de patte de loup.
Elle me sourit incrédule et j'admire ses trait angélique, dont ses yeux verts rehaussés par son teint pâle.
Un craquement me ramène à la réalité. Je tourne la tête les oreilles en arrière et remarque la présence de cinq loups, dont Chuck. Je me relève sans que Lydia ne comprenne jusqu'à ce qu'elle remarque les loups aux babines retroussées. Je fais barrage entre elle et eux.
- Je voulais aussi parler de ça, petit loup solitaire.
Je regarde Lydia. Elle ne peut pas fuir et je vais avoir du mal à me battre si je dois lui éviter des blessures collatérales.
- Je ne veux rien d'elle. C'est elle qui cherche à me voir.
- Ne parle pas trop vite. Je sais que tu guette à ses fenêtres depuis deux mois.
Chuck se jette sur moi et je l'évite de justesse. Je me replace entre la fille que j'aime et la meute. Ils viennent un par un, je me bats, protégeant Lydia au risque de blessures profondes dans les reins au cou. La meute se retire quand je suis assez amoché et Chuck s'avance vers moi. Il m'attrape à la gorge et me force à baisser la tête. Une fois au sol il me lâche et plaque sa patte sur mon front.
- Je te propose un marché. Je te laisse avoir ces petits rendez-vous secrets loup/humaine si tu rejoins ma meute. Tu ne pourras plus l'approcher en dehors de ton loup. Sinon je la tue.
- C'est ta copine !
- Elle n'est pas irremplaçable.
Je ferme les yeux.
- D'accord.
Il retire sa patte et s'en va victorieux. Je garde la tête basse et les oreilles en arrière.
- Que s'est-il passé ?
Si tu savais... Je m'éloigne alors qu'elle me rappelle. Je n'écoute plus, je suis anéanti. Il me tient, il a une emprise sur moi et mon cœur.
Je rentre dans la salle de bain et regarde les blessures. Elles cicatrisent déjà, mais étant d'un alpha, elles prendront plusieurs jours à disparaître.
J'enfile un tee-shirt, difficilement, puis me couche dans mon lit. Il est tôt mais plus rien ne me retient dans ce monde et je préfère rejoindre celui des rêves.
Dans ma préparation pour aller en cours, je ne trouve pas de moyen pour cacher mes blessures au cou. Je regarde le pull à col roulé sur mon lit et grimace. Je déteste ce genre de vêtement mais je n'ai pas le choix. Je me dirige ensuite vers le lycée.
- Toi, en col roulé ? T'as un suçon ou quoi ?
- Pire que ça, Chuck et ses chiens mon mordus.
Je lui montre la trace dans mon cou. Je lui explique ensuite tout ce qui s'est passé hier.
- Tu devrais mordre quelqu'un.
- T'es malade, les chasseurs sont très claire à ce sujet.
- Ça revient au même d'être à la bonne de Chuck. Deviens un alpha, deviens plus fort que lui.
Je médite ses paroles même s'il m'est inconcevable de mordre un humain. Je ne veux pas que les gens subissent les mêmes horreurs que moi. Kay me regarde réfléchir.
- Vous parlez de quoi ?
Lydia nous regarde l'un après l'autre. Je me rappelle le marché fait entre Chuck et moi, je me détourne et m'en vais sans lui adresser la parole. De toute façon je ne sais pas pourquoi elle cherche à me parler, elle ne traine pas avec des gens comme nous et elle n'avait pas l'air heureuse de me voir quand elle c'est foulé la cheville. J'ai quand même réussis à la détailler : elle porte une petite robe verte légère et des bottes noires. Quand je me retourne vers eux, elle me regarde sans comprendre.
Je reçois un papier sur ma table pendant le cours de maths. Quand je l'ouvre, je tombe sur une écriture élégante et tellement reconnaissable par la forme des lettre. Je lis quand même ce qu'elle demande : « Tu m'évite à cause de Chuck ? ». Si elle savait à quel point j'aimerais lui dire la vérité. Je marque quand même « non » et lui renvoi. Je l'entends souffler et du coin de l'œil je vois qu'elle garde les yeux rivé sur le papier entre les doigts. Je l'entends marmonner « Pourquoi, alors ? ». Je tourne la tête vers elle alors que ses yeux sont rivés sur moi.
La sonnerie retentie et je m'échappe très vite de la salle jusqu'à mon casier. Ayant pas cours je ne me presse pas. Quand le couloir est désert, mon casier claque sous mon nez alors que la main manucurée de ma voisine est plaquée dessus.
- Pourquoi tu m'évites ?
- Je ne t'évite pas.
- Alors vient avec moi.
- Je ne peux pas.
- Ce n'était pas une question.
Elle prend ma main et m'entraine vers la forêt. J'ai toujours l'impression que cette forêt est féérique. Même avec des bottes hautes perchées et une attèle enserrant sa cheville, elle marche plus vite que moi. Elle s'arrête au bout d'un certain temps.
- Je voulais te remercier.
- Je ne vois pas pourquoi, tu l'as déjà fait.
- Tu n'es pas très communicatif.
- Je n'aime pas parler pour rien.
- Ton ami le sait ?
- Oui.
Elle me regarde mais je préfère regarder la mousse sur les racines et le sol. Elle s'approche mais trébuche et me tombe dans les bras. Je la remets sur ses pieds et m'éloigne légèrement.
- Tu as beaucoup de force.
J'hausse simplement les épaules. Elle baisse les yeux comme si elle attendait que je lui parle.
- Pourquoi n'es-tu jamais venu me voir ?
- Pourquoi serais-je venu ?
- Je ne sais pas.
Je la regarde une dernière fois puis récupère mon sac à mes pieds.
- Je vais y aller.
- Attends.
Pour la première fois, je me retourne et ne bouge pas. Elle glisse sa main dans la mienne, que je ne retire pas, pour je ne sais quelle raison. Puis je me retire et la laisse une nouvelle fois seule dans la forêt. Une fois assez éloigné et sur qu'elle n'est pas dans les parages, je me déshabille et me transforme. Après un rapide détour par chez moi je retourne sur ses traces et la trouve entrain de marcher ça et là en regardant ses pieds. Un sourire se dessine sur son visage et elle relève la tête pour me regarder alors que je suis à plus de cinq cent mètres d'elle.
- Je savais que tu viendrais me voir.
Elle s'approche mais je reste assis à la regarder mettre un pied devant l'autre. Quand elle trébuche j'ai un mouvement en avant mais elle se reprend jusqu'à s'effondrer sur la mousse devant moi. Elle n'est qu'à quelques centimètres de moi et si j'étais humain je ne saurais pas comment résister, mais actuellement je ne pourrais que lui lécher la figure. Si je pouvais lui parler je lui poserais tellement de question.
Elle approche la main de moi et je baisse la tête pour me coucher à ses pieds. Ma truffe touchant le cuire de ses bottes, sa main caresse le haut de ma tête. Je sens mon cœur se serrer tellement j'aime à sentir sa main sur mon pelage gris cendré.
- J'aurais tellement aimé qu'Eden reste.
Ça devient gênant. Je ne pensais pas qu'elle parlerait de moi.
- Je ne sais pas pourquoi, mais je savais que tu étais là. Quant à Eden, je pensais qu'il resterait. Je pensais qu'il avait des sentiments pour moi.
Je relève la tête et râle. Je n'ai vraiment pas envie de parler de mes sentiments. Je me relève et commence à partir mais elle me suit. Je m'assoie alors face à elle pour qu'elle arrête de marcher.
- Quoi ?
Je souris sans le vouloir. J'adore quand elle me dit ça. On dirait qu'elle parle à un humain.
- Arrête de te foutre de ma gueule.
Je secoue la tête à la négative. Elle s'assoit en tailleurs et croise les bras, boudeuse. Je souris et m'approche d'elle puis gratte à l'aide de ma truffe en dessous de ses bras et je me calle dedans, la tête sur son épaule. Je suis tellement bien avec elle. Qu'est ce que j'aimerais en plus pouvoir la prendre dans mes bras, être vraiment corps à corps avec elle. Je repasse en face d'elle, la faisant basculer en arrière me retrouvant au dessus d'elle. J'aimerais tellement être humain à ce moment là. Qu'elle s'attache à moi plutôt qu'au loup. Je baisse alors la tête et recule, le temps passe et je sens la nuit arriver. Quand elle regarde le ciel noircir, elle souffle et se relève.
- Je vais me perdre.
Je m'allonge, ayant une taille plutôt imposante et pouvant supporter son poids, je lui propose par un glapissement de monter sur mon dos. Elle monte alors sans avoir peur. Je me relève et commence à courir en direction de notre quartier.
- Attends.
Je pile.
- Tu peux me déposer chez Eden ?
Aïe ! Il va falloir que je sois rapide. Je change de direction et la dépose à dix mètres de chez moi. Je pars dans l'autre sens. A bonne distance je me transforme et revient. Elle reste devant ma baie-vitrée. Je me cache derrière un arbre. Je suis nu et si elle ne fait pas le tour, il me sera impossible de rentrer chez moi. Je m'adosse à l'arbre et écoute son comportement.
- Eden ? Tu es là ?
Elle continue de frapper, puis j'entends ses pas faire le tour de ma maison dans les graviers qui l'entour. Je cours rapidement, attrape mon sac à la voilé et entre par ma baie. En l'écoutant toujours, je l'entends refaire le tour surement alertée par le bruit de la baie et des gravillons. Je passe rapidement un caleçon et mon jean. Je la vois arriver par la fenêtre et l'ouvrir quand je passe mon tee-shirt. Elle me voit alors que je me rhabille.
- Pourquoi tu n'as pas répondu ?
- Je sors de la douche.
Elle rougit mais ne perd pas le nord. Elle s'approche de moi, un peu trop près.
- Tu as un tatouage.
Elle soulève mon tee-shirt et parcourt les lignes de la patte de loup avec son doigt. Je baisse mon tee-shirt sur sa main et tourne la tête. J'espère qu'elle ne va pas faire le lien avec ma patte sur son dessin.
- Qu'est ce que tu fais ici ?
- Tu n'as pas envie de me voir ?
Question piège. Pourquoi toutes les filles sont-elles si difficile à comprendre ?
- C'est à moi de te poser cette question. Tu ne me calculais pas, puis tu m'envoi paitre et au final je suis ton meilleur ami.
Elle baisse la tête et mord sa lèvre inférieure. Je lève les yeux et me dirige vers ma cuisine. Elle me suit quand même et s'assoit à la table à manger.
- Qu'est ce que tu veux Lydia ?
- Je ne comprends pas pourquoi tu es aussi froid.
- En trois jours tu es passée de désintéressée à obsédée. Je trouve ça bizarre, tu es avec Chuck et tu passe plus de temps à me suivre qu'avec ton copain.
- Je n'aime pas sa façon de te traiter.
- En quoi ça te concerne, en deux mois tu ne t'es jamais intéressée à moi ! Pourquoi ça devrait changer maintenant ?
Je m'approche d'elle et la regarde de sa petite taille.
- Parce que Chuck est violent alors que toi tu t'es dévoué même pendant la nuit.
- Tu t'emballes. Je voulais juste aider ta mère.
Je me retourne vers la cuisine, ouvre un placard et en sort une barre de céréale. Son calepin dépasse de son sac. Je m'approche d'elle et le prend rapidement pour commencer à le feuilleter. Elle râle et essaye de le récupérer mais elle est trop petite. Elle se met à bouder et se laisse tomber sur le canapé. La barre entre les dents, je regarde tout les dessins. C'est de l'acharnement, il y a alternance entre moi, habillé ou non, ce qui est gênant, et mon loup dans différentes positions. Je passe à côté d'elle, lui lance le calepin et retourne à la cuisine.
- Ce n'est pas ce que tu crois.
- Je ne crois rien, tu as un sacré coup de crayon.
- Eden...
- Rentre chez toi, Lydia.
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Bonjour à tous !
Je sais que pour l'instant vous êtes peu à me lire sur cette histoire mais je vous en remercie quand même.
Je me suis dit que pour avoir une certaine constance, je publierai mes chapitres le vendredi dans la journée.
N'hésitez pas à réagir et à commenter ou encore à me poser des questions. Je réponds toujours ! 😉
Bref... Je vous souhaite une bonne lecture 😘
Aurore
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