T2 | Prologue - PERLE
∞ PERLE ∞
∞ Mes bracelets tintent au rythme de mon désarroi, de ma nervosité. Ils font remonter des souvenirs douloureux que j'aurais préféré oublier. Ils me rappellent ce passé, qui m'a tant coûté, mais ils me déstressent en repensant à notre tête-à-tête torride... ∞ Merci à bamboue orrace57 rosnaly2 StephOBV FIBULON est__her_ mimiminou54 pour avoir participé au préambule !
Appartement des parents de Perle | Trattoria « Una Storia importante » 83 Via Giampaolo Orsini 50 126 Firenze FI, Italie.
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TW | J'attire l'attention sur les plus jeunes ou les plus sensibles, certains passages risquent de vous heurter.
1 997 | 21 ans plus tôt...
Florence, la belle. Cette ville m'a accueilli les bras ouverts, alors que je n'avais que sept ans. Toute la famille a débarqué pour donner un nouveau sens à nos vies. Surtout à celle de mon père. Il voulait réaliser son rêve. Revenir sur sa terre natale et ouvrir une Trattoria.
Mon grand frère, Nelo ne l'a pas bien vécu. À neuf ans, il s'est senti déraciné, il avait des amis qu'il ne voulait pas quitter, ainsi que notre école. La barrière de la langue a été un gros problème pour nous deux. Même si notre père nous avait appris quelques mots, nous n'étions pas préparés pour tenir une conversation et encore moins pour étudier dans cette langue.
Les difficultés se sont amplifiées au fil des mois. Alors pour nous aider à les surmonter, mes parents ont jugé bon de demander à notre cousin – le fils de notre tante – de nous épauler en pensant qu'entre gamins le courant passerait mieux. Il nous apprenait à parler et nous filer un coup de main pour les devoirs. Petit à petit, nous avions constaté des progrès et nos parents étaient heureux de nous voir à nouveau sourire et s'épanouir dans cette nouvelle vie.
Et puis la Trattoria a eu rapidement du succès et ma mère trouvait de moins en moins de temps à passer avec nous. Alors le soir, j'étais chargé de m'occuper de mon frère Mattéo âgé de quatre ans et de ma sœur Tara d'à peine trois ans. Une fois mes leçons apprises, je devais jouer avec eux jusqu'à ce que maman remonte pour les doucher et nous préparer à manger. Ensuite, elle redescendait au restaurant et, moi, j'aidais les petits pour le repas et le dodo. Je leur lisais une histoire ou deux avant d'aller me coucher à mon tour.
Placido venait trois fois par semaine pour nous aider. Je passais en premier pour pouvoir être libre de m'occuper de Mattéo et Tara. Tout comme son nom l'indique, notre cousin était un adolescent calme - posé même - pour ses quatorze ans. Il travaillait bien au lycée, obtenait de bonnes notes, ce qui avait renforcé la confiance que mes parents lui portaient.
Mon frère commençait à avoir des potes et il s'était mis à jouer au foot pour mieux s'intégrer. Alors, une fois ses devoirs terminés, il les rejoignait soit pour taper dans un ballon dans la ruelle derrière chez nous, soit pour se rendre aux entraînements avec son équipe.
Me retrouvant seule avec Placido, il m'aidait pour m'occuper des petits. Il me disait que ça ne le dérangeait pas. Il était fils unique et avait toujours rêvé d'une fratrie comme la nôtre. De plus, Mattéo et Tara l'adoraient. Il s'amusait avec eux et je reconnais que ça soulageait mes fins de journées.
Et puis, il a eu un soir...
Profitant de sa présence – alors que j'avais eu deux heures de sport en fin d'après-midi – je l'ai informé que j'allais me doucher. Comme à son habitude – et se montrant toujours aussi serviable – il m'avait dit de prendre mon temps, qu'il gérait les petits.
Je m'étais autorisée à me faire couler un bain me trouvant en toute confiance. Avoir quelques minutes pour moi ne m'arrivait pas si souvent. J'écoutais de la musique avec les paupières fermées, quand je sentis l'eau créer des vagues sur le haut de mon corps. Puis un frôlement sur mon buste. Paniquée, j'ouvris les yeux pour tomber dans ceux de Placido. Ses iris n'avaient plus rien de paisible ou de doux. Sa grande main venait de se poser sur ma bouche, alors que je le suppliais de sortir de la pièce.
Le reste, ça fait des années que je tente de l'oublier. Mes bracelets tintent...
Placido a continué de venir malgré mes demandes répétées à nos parents. J'avais réclamé de ne plus le voir chez nous. Ni qu'il s'approche de Mattéo ou de Tara. Je ne voulais pas qu'il s'en prenne à eux. Placido attisait ma peur en me disant qu'il irait chercher ce plaisir auprès d'eux si je le lui refusais.
Je devais les protéger. J'étais leur grande sœur, je devais veiller à ce qu'il ne leur arrive rien. Et tant pis si, moi, je devais me sacrifier pour que leur enfance n'en souffre pas.
Puis, il y a eu un nouveau soir, quelques jours plus tard. Et encore un autre, après plusieurs semaines. Je redoutais chacune de ses venues ne sachant pas s'il allait me demander de m'occuper de son sexe ou s'il allait me toucher. Il adorait me voir à sa merci. Je tremblais de peur à chaque fois qu'il se postait derrière moi pour corriger mes devoirs.
Le seul à avoir vu un changement se produire en moi, ce fut Nelo. Mes parents travaillaient trop pour s'apercevoir que je ne souriais plus autant qu'avant. Mes notes étaient toujours bonnes, voire excellentes, me réfugiant dans les livres et les leçons pour oublier ces trois moments de terreur.
Ces trois fois où il a volé mon innocence, mon enfance et ma joie de vivre.
Un soir où Placido était resté plus tard – signe que j'allais devoir subir ses attouchements – j'ai eu la surprise de voir que mon frère ne partait pas jouer avec ses potes. Puis ça a été systématique, chaque fois que notre cousin venait, Nelo ne sortait pas de la maison. Nous n'avions pas eu besoin d'en parler, il avait compris. Il a veillé sur Mattéo, sur Tara et sur moi en grand frère qu'il était.
Petit à petit, j'avais repris goût à sourire, même si je restais vigilante quand Placido venait nous rendre visite. Avec Nelo, nous faisions en sorte de demeurer tous les quatre ensemble chaque fois qu'il était là.
Notre fratrie était notre force.
Je venais de coucher les petits, maman était montée nous couvrir de bisous et voir si tout se passait bien. Placido était parti et Nelo en avait profité pour se rendre dans sa chambre. Après avoir parlé avec ma mère pendant cinq bonnes minutes. Puis après avoir vérifié mes devoirs, elle était redescendue au restaurant qui se trouvait au rez-de-chaussée.
J'étais montée dans ma chambre, me pensant tranquille et soulagée d'être débarrassée de mon bourreau. Arrivé sur le palier, j'ai entendu des bruits venant de la salle de bains. Un coup d'œil à la chambre de Nelo, sa porte était entrouverte et mon frère ne s'y trouvait pas. Les bruits sourds me parvenaient toujours. Inquiète, j'avais frappé sur le montant en bois pour savoir si Nelo allait bien.
Les sons s'étaient arrêtés aussitôt.
J'avais réitéré ma demande et la porte s'était enfin entrouverte. Le regard humide et triste de mon frère m'avait frappé. Tel un miroir, j'avais l'impression de me refléter en lui. Il m'avait demandé de rejoindre ma chambre et de ne pas en sortir tant qu'il ne serait pas venu me voir.
J'avais compris sa détresse, qui trouvait écho dans la mienne.
Il n'était pas question que je reste sans réagir.
Après lui avoir certifié que j'allais me coucher, j'avais descendu l'escalier et prévenu mes parents. Je m'en foutais de débarquer au milieu de la salle du restaurant en plein service alors que je portais mon pyjama licorne. Ma mère me voyant pleurer s'était alarmée en premier, mais c'est quand j'ai tout avoué à mes parents que tout s'est accéléré.
Ils ont tout planté là et mon père est monté comme un fou furieux à l'étage. Moi, je suis restée avec ma mère dans le salon de notre appartement. Blottie dans ses bras, elle me berçait et s'excusait de n'avoir rien vu, de trop travailler, de m'avoir confié une tâche trop importante pour mon jeune âge. Elle s'en voulait de n'avoir pas entendu mes demandes pour ne plus accueillir ce monstre chez nous. Elle était tellement triste de ce que j'avais subi parce qu'elle n'avait pas su me protéger.
Du bruit et des voix nous sont parvenus du fond du couloir. J'avais peur de ce qui allait arriver. Mais maman n'arrêtait pas de me dire que j'avais bien agi, que j'avais réagi comme une grande. Que j'avais protégé mes frères et ma sœur.
Et puis, il était apparu.
Traîné dans le salon par mon père, qui le tenait par le col de sa chemise. Il avait les joues rouges et un filet de sang coulait de son nez. Derrière eux, Nelo, les yeux rivés sur ses pieds, il n'osait affronter nos regards ruisselants de larmes. Mes bras, comme ceux de ma mère, l'avaient entouré, consolé, l'avaient assuré qu'on l'aimait.
Puis la police avait débarqué, prévenue par mon père.
Nous avons dû parler de ce que nous avions subi. Un médecin et une psychologue avaient confirmé nos dires. Les attouchements dont j'avais été victime, le viol que venait d'endurer Nelo. Puis il y a eu le procès, le jugement et la sensation de pouvoir respirer à nouveau.
J'ai grandi avec ce traumatisme et puis la vie a repris son cours petit à petit. J'ai réussi mes études et je suis devenue l'assistante de Victor.
Quelques années plus tôt dans les locaux de Coco Charnel.
Mes bracelets venaient de tinter alors qu'une mèche de cheveux s'était échappé de mon chignon strict, je l'avais replacé derrière mon oreille et Victor l'avait fixé avec une barrette invisible. La coiffeuse n'avait pas le temps de retravailler mon bun. Il me souriait, m'encourageait pour que je réussisse mon premier défilé. Je n'avais jamais exposé mon corps si peu vêtu devant autant de gens, qui allaient me scruter.
Victor pensait que ça allait m'aider à régler mon souci de timidité. Je ne savais même plus comment je devais marcher. Je ne voulais surtout pas me regarder dans le miroir pour voir à quoi je ressemblais. J'avais trop peur de mon reflet. J'avais commencé à trembler, à caresser mes bracelets.
Victor avait pris mes mains dans les siennes pour me calmer, il me parlait avec douceur. Mon Boss m'encourageait, il me disait que j'étais belle, que je ne devais pas avoir honte de mon corps. Il m'avait demandé une dernière fois si je ne voulais pas retirer mes bracelets. Mais j'avais besoin d'eux pour me rappeler que j'étais bien en vie. Que j'en étais capable.
Ils étaient là pour m'empêcher de paniquer. De sombrer. Et puis ils cachaient ces lignes, que personne ne devait voir. Je les caressais, je les faisais tourner sur eux-mêmes et le son qu'ils produisaient m'empêchait de paniquer. Ils m'apaisaient.
Au fil des mois, chaque nouveau défilé m'apportait une certaine dose de sérénité, de confiance en moi et en mon corps, que j'arrivais à aimer jour après jour. J'avais appris à marcher gracieusement. Je me sentais belle dans cette nouvelle tenue. On m'applaudissait.
La petite fille qui pleurait au fond de son lit disparaissait petit à petit pour laisser la place à la femme plus sûre d'elle que j'étais devenue. Mon Boss m'avait félicité. J'avais été magnifique d'après lui. Il m'avait offert une coupe de champagne.
Ce soir-là, mon Boss venait de m'embrasser pour la première fois parce qu'il m'avait trouvée belle...
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➥ Dans le prologue de ce Tome 2, on plonge dans l'enfance de Perle. Dans ce qu'elle a vécu ainsi que son frère...
➥ Vous avez la réponse sur l'importance que représentent ses bracelets. Ils la protègent, l'empêchent de paniquer. Et ils cachent des traces de scarifications, et même une tentative de suicide. C'est encore une fois Nelo qui l'a sauvée dans la baignoire de leur salle de bains...
➥ J'espère que ce prologue vous donnera envie d'en découvrir plus sur Perle, mais aussi sur Renzo au cours de ce Tome 2 !
➥ Juste un aparté qui me semble important : Toutes les trois minutes, un enfant est agressé sexuellement. C'est un thème qui me touche et me tient à cœur. Il me bouleverse et je n'arrive pas à comprendre comment on peut s'en prendre à des enfants...
➥ On ne doit pas hésiter à en parler, à dénoncer les faits et surtout il faut protéger tous ces enfants, les écouter et surtout les croire. Si vous êtes dans cette situation ou que vous connaissez quelqu'un qui en est victime, composer le 119.
Merci pour eux...
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📍 Demain, on pourra lire le 1er chapitre du Tome 2 avec celui de RENZO :
🎭 Jusqu'à mon adolescence...
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🐞 Bonne journée, mes #Sexys #Love, gros bisous 🐺
✨ Kty.Edcall.Autrice ✨
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