T2 | 25 ∞ RENZO

∞ RENZO 

∞ Je dois me montrer aussi fort que mia Perla preziosa pour être à la hauteur du cadeau que mon Ange me fait. Rester attentif, patient et obstiné pour l'inciter à tout me raconter, car je sens que ce qu'elle va me dire va être dur pour elle et pour moi. Garder mon calme et être à l'écoute pour elle comme Perle l'est toujours pour moi. Maîtriser ma colère pour ne pas exploser en plein vol et ne pas partir en vrille. Personne ne doit faire de mal à mon Ange et je retournerai le monde pour la garder en sécurité. 

Merci Djibelle orrace57 FIBULON bamboue anarsis Dulce1503 rosnaly2 edmarah29 o_loveaddict_ celenalana vero1370 pour avoir participé à ce prélude.

Décembre 2018 | Dans les nuages entre Paris et Florence

∞ ∞∞ ∞

On a bien fait de prendre le vol de nuit. L'avion est calme. Une bonne partie des passagers dorment ou mate un film et je suis soulagé que Côme n'en fasse pas partie. Gianni ayant pris son billet à la dernière limite se trouve à deux rangées devant nous. Régulièrement, il tourne la tête dans ma direction pour savoir si je vais bien et je lui réponds en levant mon pouce en l'air. Comme à chaque fois que je subis une crise, il se préoccupe encore plus de moi. D'habitude, il reste à mes côtés jusqu'au retour à la normale et endigue aussitôt la réplique quand elle se produit, ce qui n'est pas toujours le cas.

Mais là, il a dû céder sa place à Perle et il n'est pas serein. Pourtant mon Ange a su me ramener vers sa lumière en employant la douceur, la chaleur et l'amour. Trois composants que ne maîtrisait pas Gianni. Il suivait à la lettre ce que le psy lui avait demandé de mettre en place pour me choquer et arrêter au plus tôt la crise. Je préfère cent mille fois la méthode de mon Ange.

Elle porte en elle cette faculté d'aider les autres, de les aimer au détriment de son propre bien-être. Elle est exceptionnelle. Se retrouver dans un avion réactive forcément mes souvenirs et ce que nous avons vécu dans le jet des Capresi. Et je sais comment les réanimer pour elle aussi.

— Envie de pisser ?

Ma belle Italienne me sourit. Elle n'a pas l'air surprise, que je lui pose la question. Elle me le confirme, elle savait que je le lui demanderais et m'avoue qu'elle aurait dû parier, car elle aurait gagné le jackpot selon ses dires. Je ne la connaissais pas à ce point joueuse. Je comprends mieux sa façon de me défier sans jamais rien lâcher. C'est une compétitrice qui n'aime pas perdre. Et c'est Nelo, son frangin, qui l'a formée pour devenir une adversaire redoutable.

— Tu ne me parles jamais de tes parents, de ta fratrie. Pourtant j'ai pu voir que vous étiez une famille unie quand je suis venu manger chez vous.

— Que tiens-tu à savoir ?

— Tout !

Absolument tout.

Je veux découvrir quelle petite fille elle était. Quelle adolescente a-t-elle pu être avant de devenir cette jeune femme, qui devait faire tourner la tête à bien des mecs avant de finir par être la maîtresse de ce connard ?

— Ça risque d'être long et je ne suis pas sûre que l'heure de vol qu'il nous reste soit suffisante.

Je vois bien que la discussion la met mal à l'aise. Ce n'est pas la première fois que je tente d'aborder le sujet et systématiquement elle trouve une bonne raison pour botter en touche, mais là, elle ne peut pas me fuir. Je me saisis de sa main, qui s'agite et témoigne qu'elle est mal à l'aise.

— Arrête de vouloir gagner du temps ! Je ne lâcherai pas l'affaire cette fois-ci.

Mon pouce caresse le dessus de sa peau fine en réalisant des ronds pour tenter qu'elle se focalise sur ce mouvement lent et régulier. Je sais que ce rythme permet de calmer aussi la respiration. Alors j'enchaîne les mouvements en tentant de m'approcher de plus en plus de ses bracelets. Je suis sûr que leur présence n'est pas juste une question de mode et de coquetterie.

Que me caches-tu, mon Ange ?

— Arrête, Renzo.

Son autre main se pose sur la mienne pour m'empêcher de pousser ses joncs mélangés aux liens en cuir, à celui composé de perles bleues. Plusieurs chaînettes de différentes grosseurs allongent cette barrière. Je m'amuse à agiter les breloques qui pendent de sa gourmette en or blanc.

— Un loup ? Il est nouveau, non ?

— Oui, ainsi que la coccinelle.

— C'est pour...

— Te remplacer.

Son sourire est timide, pourtant dans ses iris je décèle sa malice.

— Et il t'a bien baisée ?

Une autre nana se serait vexée, aurait été outrée, mais pas ma belle Italienne. Elle a bien entendu dans ma voix que je plaisantais.

— C'est un bon substitut.

Je tente de tirer sur cet animal, qui a pris ma place le temps que j'ai abandonné mon Ange et m'adresse à lui.

— Espèce d'imposteur ! Occupe-toi de cette fausse coccinelle à côté de toi et laisse-moi me consacrer à la seule et unique femme qui est digne d'être appelée mia Coccinella.

— Charmeur.

— Après m'avoir trouvé charmant, me voilà promu. Regarde-moi dans les yeux, que je t'ensorcelle.

— Tu m'as déjà capturée...

— Mais seulement une partie. Je veux tout de toi. Alors, raconte-moi ta vie à Florence. Dis-moi à quoi tu jouais, étant gamine. Ce que tu aimais lire, je n'en sais rien, moi, je veux juste mieux te connaître.

Je la vois hésiter, alors je lui lance une perche.

— Quel est ton plat préféré, mia Coccinella ? Moi, j'adore les lasagnes.

— Les cannellonis.

Ce ping-pong à l'air de lui plaire, alors je continue.

— Ton dessert ?

— Le tiramisu et toi ?

— La panna cotta aux figues.

Elle sourit en pensant sans doute à la confiture que nous avons dégustée dans son lit.

— Ta chanson préférée ?

— C'est dur d'en choisir une.

— Un chanteur ou un groupe alors.

Elle place son doigt dans sa bouche et réfléchit.

— Pour que le jeu fonctionne, il te faut réagir du tac au tac. Alors ?

— Taylor Swift...

Perle rougit. Elle est trop mignonne. Donc, j'en profite pour me moquer d'elle et détendre l'atmosphère.

— En effet, tu aurais dû prendre un peu de temps avant de répondre.

Son poing atterrit dans mon épaule alors qu'elle tente de dissimuler son rire. Elle me tire la langue et j'entrevois la gamine farceuse qu'elle devait être.

— Robe ou pantalon ?

— Robe.

— Noir ou rouge ?

— Rouge.

Je dois garder ce rythme si je veux l'amener à me confier ce qu'elle cache.

— Littéraire ou matheuse ?

— Littéraire, bien sûr.

— Tu préfères lequel de mes livres ?

— Destroy me.

— Pourquoi portes-tu tous ces bracelets ?

Perle marque un temps d'arrêt. Mon pouce caresse le premier jonc. Je fixe son regard pour rétablir la connexion.

— Fais-moi confiance, je suis là pour toi, Angelo mio.

— C'est dur d'en parler.

J'attire son buste à venir se coller contre mon torse sans lâcher ses mains. Je veux qu'elle se sente en sécurité dans mes bras. Qu'elle arrive à me parler de ses cicatrices sur ses poignets. Je lui laisse le temps sans la presser. Je caresse ses longs cheveux ébène, qui sentent la fleur d'oranger. Cette senteur est apaisante.

— Tu les as vus ?

— Oui.

— Tu sais ce qu'ils représentent.

— Tu t'es scarifiée ?

Sa tête dodeline de haut en bas tandis que je l'entends déglutir.

— Tu as eu des soucis au collège ? On t'a harcelée ?

— Non... Au contraire, je me sentais bien à l'école.

— Alors pourquoi ?

Je sens sa respiration s'accélérer. Ses mains s'agitent avant que ses doigts ne se nouent. Perle se crispe et j'ai mal pour elle.

— Ce n'est pas grave si tu n'y arrives pas. Je serai patient.

Je pensais que ça lui permettrait de relâcher la pression. Mais elle n'arrive pas à surmonter cette angoisse.

— Excuse-moi, je n'aurais pas dû te pousser à m'en parler.

— Tu dois savoir. J'ai été...

Sa voix se coupe avant de pouvoir me le dire. J'embrasse le haut de son crâne. Je la serre plus fort contre moi. Je tente mentalement de terminer sa phrase. « J'ai été... ». Elle a été quoi ? Maltraité, moquer...

— J'ai été abusée sexuellement.

Cette fois-ci, c'est moi qui crispe tout mon corps. L'information tourne en boucle dans ma tête depuis qu'elle est arrivée à lâcher son secret. Je n'avais pas émis cette hypothèse, car elle est au-dessus de ce que je peux supporter. Comment a-t-on pu infliger ça à mon Ange si beau et si pur ?

— J'avais sept ans.

— Putain ! Je vais le buter. Qui ?

— Mon cousin. Il venait nous aider pour nos devoirs et nous apprendre à parler italien.

— Il t'a violée ?

— Non... J'ai eu de la chance. On va dire. Il m'a touchée et j'ai dû le caresser.

— Tu appelles ça de la chance ?

— Il a violé Nelo...

Je n'ai pas les mots. Je ne sais pas quoi lui dire tant je suis choqué. Ce salopard a abusé de deux enfants de la même famille alors qu'il avait la confiance de son oncle et sa tante.

— Tes parents n'ont rien remarqué ?

— Non, ils travaillaient beaucoup pour que la Trattoria marche.

— C'est arrivé à plusieurs reprises ?

— Trois fois... Nelo a compris qu'un truc n'allait pas. Il restait avec moi à chaque fois que Placido...

Putain ce prénom ! Je lui coupe la parole pour obtenir plus d'informations.

— Tu connais son nom ?

— Bien sûr. Pourquoi ?

— Dis-moi comment il s'appelle.

Je tente de cacher mon inquiétude, mais Perle est bien trop à l'écoute de mes réactions pour rater celle-là.

— Dis-moi pourquoi tu es préoccupé par ça d'un seul coup ?

— Cet homme à la soirée à L'Extase.

— Celui qu'on a trouvé bizarre ?

— Oui. Il s'appelle Placido Tozzi.

Heureusement que je la tiens bien fermement dans mes bras sinon elle se serait effondrée de peur. Elle est blanche comme un cachet d'aspirine et je n'ai pas besoin de lui demander la confirmation du nom de ce salopard.

— Tu crois qu'il m'a abordée en sachant qui j'étais.

— J'en suis persuadé, maintenant. Et je comprends d'autant plus sa folle réaction quand tu l'as rejetée.

— Oh, mon Dieu... Le couple qui nous a matés à Montmartre.

— C'était donc aussi ton cousin. Le masque qu'il portait était le même que celui de la soirée.

Elle tremble comme une feuille. Chacun de ses muscles est sollicité. Je la serre contre moi – du plus fort que je le peux – pour tenter d'absorber sa peine, sa peur. Je sens son angoisse monter en flèche et je ne sais pas quoi réaliser de plus.

Sans trouver comment j'ai cette idée, je commence à bouger ses bracelets. Ils tintent entre eux et leurs vibrations l'atteignent. Mais chose encore plus étrange, ils entrent aussi en résonance avec mon propre corps. Alors je continue à les agiter avec calme pour ne pas que les ondes négatives viennent perturber la quiétude qu'ils dispensent.

Je sens Perle se détendre un peu. Tout comme elle l'a chantonnée lors de ma crise, je fredonne cette comptine d'enfance. Ma main caresse ses cheveux, ma joue contre son crâne, je la berce. Le combo est gagnant. Petit à petit, ses tremblements s'effacent et, même si elle est encore tendue, je suis arrivé à endiguer son angoisse.

— Ça ne finira jamais.

— Si, mon Ange, je vais m'en occuper. Fais-moi confiance, il n'est pas près de t'approcher.

Sa tête se relève vers moi et je sens encore toute la peur qu'elle ressent. Ce connard ne va plus jamais la toucher.

— Que comptes-tu faire ?

— Signaler son attitude à la police dans un premier temps.

Il n'est pas question que je lui parle de l'autre solution.

— Il a été condamné et a purgé sa peine. Tu veux qu'ils fassent quoi ?

Je n'en ai aucune idée encore, je tente juste de gagner du temps.

— Tu sais aussi bien que moi que l'on ne peut pas l'empêcher de se rendre à une soirée. Je l'ai autorisé à poser ses sales pattes sur moi. Il m'a caressée...

— Stop, Perle. Le contexte, le masque, l'excitation du moment ont choisi pour toi. Jamais dans la vie tu ne l'aurais acceptée et d'ailleurs tu l'as repoussé face à sa demande insistante de passer du temps en privé avec lui. Tu n'y es pour rien, c'est ce prédateur qui est coupable encore une fois.

— Je dois prévenir Nelo. Il doit être prudent et veiller sur Mattéo et Tara.

Elle a raison, s'il est revenu dans sa vie, il peut aussi débouler dans celle du reste de sa fratrie.

Je vais devoir agir. Et, vite. Je dois anéantir toute intention de lui nuire. Plus jamais il ne posera ne serait-ce qu'un regard sur mia Perla preziosa.

∞ ∞∞ ∞

Renzo veut tout savoir d'elle. Son ping-pong a été efficace pour mieux la connaître, non ?

Malgré la présence des bracelets, Renzo avait bien remarqué les cicatrices. A-t-il bien fait d'insister pour qu'elle lui en parle ?

Perle est sous le choc en comprenant que l'inconnu de la soirée au club et de la balade à Montmartre n'est autre que son cousin. Elle ne l'a pas revu depuis vingt ans. Est-ce pour cela qu'elle ne l'a pas reconnue ?

Que pensez-vous que Renzo prévoit pour supprimer la menace que représente ce putain de violeur ?

∞ ∞∞ ∞

📍 Demain, on pourra lire le chapitre de RENZO :

🎭 Nelo doit savoir...

📍 On se retrouve demain à 14 h 00 pour le prologue de Connor dans ma nouvelle histoire de Noël « Il n'y a pas que la dinde qui sera fourrée à Noël » 🎅

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🐞 Bonne journée, mes Sexys Love, gros bisous 🐺

🎉 Kty.Edcall.Autrice 🎉


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