T2 | 23 - RENZO

∞ RENZO 

∞ Je ne contrôle plus rien, ni mon désespoir, ni ma terrible colère. Avec ce décès, tout s'effondre pour moi, ma vie d'avant est terminée, je sombre dans mes ténèbres. Mes émotions et mes sentiments sont ambivalents. Tout se mélange et se confond, entre mon passé, mon présent et mon futur. Entre, ce mec qui était au club et l'appel de ma mère pour m'annoncer la mort de mon père. C'est beaucoup trop ! Heureusement que ma Perle précieuse est à mes côtés... 

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Décembre 2018 | Appartement de Renzo au 4 rue Dancourt, 75018 Paris

∞ ∞∞ ∞

Assis dans le canapé du salon, j'avale un nouveau whisky sous le regard de Perle qui ne sait plus quoi me dire pour que j'arrête de boire.

— Tu devrais retourner à ton appartement avant que je te fasse du mal.

Mes jointures sont blanches tant je serre le verre en cristal dans ma main. Je tente de garder le contrôle face à Perle. Je ne veux pas décharger ma colère sur elle. Mais quand je la vois s'approcher de moi, je me braque, je panique. C'est plus fort que moi.

— Va-t'en ! Perle...

Je la supplie de partir alors que je sens ce putain de mécanisme se mettre en branle. Les clics et les clacs commencent à se succéder.

— Non, je reste avec toi. Pas question que je t'abandonne alors que tu as besoin d'aide.

— Putain ! Dégage !

Je balance le verre contre le mur où il se fracasse en morceaux. Ça devrait suffire à attiser sa peur, à l'inciter à fuir.

— Je suis là. Écoute ma voix.

Je ne peux pas. Les clics et les clacs font déjà trop de bruits. Je bois à la bouteille pour ne plus les entendre.

— Donne-la-moi.

— Non !

Je me recule pour éviter que Perle me la prenne et je m'y accroche comme si c'était une bouée lancée en pleine mer dans cette tempête qui fait rage en moi. J'ai la sensation de me noyer en buvant une nouvelle gorgée. Je tousse et Perle en profite pour me la subtiliser.

— Rends-la-moi !

Je hurle après elle. Je dois me retenir pour ne pas lui faire du mal. Je dois trouver la force de contrer mes ténèbres, mais les mots sortent sans contrôle.

— Tu te prends pour qui ?

J'avance d'un pas dans sa direction avec les poings fermés pour tenter de maîtriser ce qui peut encore l'être. Perle ne bouge pas. Elle ne me quitte pas du regard et à son tour elle boit à la bouteille.

— Fallait me le dire, que tu voulais trinquer à la mort de mon vieux.

Mon rire se répercute sur les murs de mon appartement. Mon refuge. Celui qui a vu bien des choses et subit bon nombre de mes débordements ingérables. Seul Gianni sait comment arrêter le processus de destruction.

— Appelle Gianni.

Je récupère une nouvelle bouteille et allume un joint.

— Je l'ai déjà fait, il ne devrait pas tarder.

— Dommage, je ne vais pas avoir le temps de te baiser. Suce-moi !

Je tire une nouvelle latte et recrache la fumée au visage de ma voisine qui grimace. Je m'approche d'elle pour l'embrasser. Perle ne se dérobe pas. Malgré mes mots crus et mon comportement hors de contrôle, elle reste à mes côtés. Je dévore sa bouche. Mes mains passent sous son gros pull en laine.

— Tu aurais dû garder ton legging pour que je te pénètre plus vite.

— Gianni va arriver.

Son rappel est doux. Sa voix est posée. Sa caresse sur ma joue me donne envie de fermer les yeux. Son souffle cajole mes lèvres.

— C'est ça, respire...

Mon rire éclate à nouveau.

— Tu as cru que ça serait suffisant pour me sauver des ténèbres ?

Je sens la colère revenir à la charge avec une force décuplée.

Clic... Clac... Ils s'enchaînent rapidement. Trop rapidement, alors que je la tiens dans mes bras. Je vais la briser...

Arrête-toi, Lorenzo. Relâche-la.

Je crispe mes doigts sur ses hanches. Je perçois sa grimace, mais je ne ressens plus rien. Ni bien ni mal. Plus rien ne m'atteint. Je la soulève comme un fétu de paille.

— Repose-moi, Renzo.

Je perçois la panique dans sa voix. Je l'entends pleurer. Mais c'est trop tard, le processus est en marche. Je vais la briser. La détruire. Je ne contrôle plus rien. Je ne peux plus revenir en arrière. J'ai dépassé la bordure de l'entendement.

— Tu aurais dû partir tant qu'il était encore temps.

— Renzo, écoute ma voix. Mio Lupo. C'est moi, ton Ange. Tia Perla preziosa. Regarde-moi.

Je jette son corps sur le fauteuil tantrique. Je la chevauche, alors qu'elle tente de fuir. Je capture ses poignets tandis qu'elle me demande de la lâcher.

Ses foutus bracelets tintent. Ils n'en finissent pas de s'entrechoquer. Je vais pour les lui retirer quand elle me hurle de ne pas les toucher. Plus elle gigote pour se soustraire, plus ils font du bruit.

— Dis-leur d'arrêter ce vacarme. Je ne veux plus les entendre.

Mes mains se posent sur mes oreilles pour atténuer ce tintamarre, qui me rend fou. Comme si je ne l'étais pas assez.

La porte d'entrée s'ouvre sur mon ami. Lui, il sait le mal qui me ronge. Il possède les clés de ma prison interne. Un seul regard. Il n'a besoin de rien de plus. Il sait comment agir. Et rien que de le voir près de moi, je respire un peu mieux. Je relâche les poignets de Perle qui en profite pour me repousser sans me brusquer.

Aurait-elle compris ? Saurait-elle quelle maladie me bousille la tête et le corps ? Ses iris verts sont tristes, inquiets et c'est de ma faute. Pourtant, je n'y peux rien...

— Suis-moi.

La voix de Gianni est grave. Sans aucune émotion. Il me tend un verre d'eau que je bois sans rechigner alors que le cachet finit de se dissoudre.

— Perle ! Laisse-nous.

— Pas question. Je lui ai promis de ne pas l'abandonner. Je reste.

— Comme tu voudras. Je n'ai pas le temps de débattre avec toi. Je dois agir vite. Va lui faire couler un bain. Il doit être très froid. Tu as des sacs de glaçons dans le congélateur.

En entendant ce qui m'attend, je me crispe. Je ne veux pas de cette torture. Je me recule tandis que Gianni ne me quitte pas des yeux. Il est à l'affût de mes moindres gestes. Je suis spectateur de ma déchéance. Je me regarde agir sans pouvoir accomplir quoi que ce soit pour arrêter cette nouvelle déferlante. Les livres traversent la pièce, puis ce sont les derniers verres se trouvant sur le meuble.

— Tu sais que ça ne sert à rien. Arrête, Lorenzo.

— Tu m'emmerdes. Va te faire foutre, connard.

La bouteille que je lui balance à la gueule passe à quelques millimètres de sa tête sans pour autant l'effrayer.

— Et merde, je t'ai raté !

Je rigole de ma connerie. Mais je perçois du coin de l'œil une silhouette. Je me crispe à nouveau.

— Dégage ! Charlotte !

— Renzo, ce n'est pas...

— Dis à cette salope de partir.

— Perle, tu devrais...

Mon ami s'est rapproché de cette femme brune. Elle est belle. Son corps est un appel à la luxure. Il la tient au niveau des épaules et mon sang ne fait qu'un tour. Je ne veux pas qu'il la touche. Je le pousse violement. Je reste face à cette merveilleuse créature sans oser la toucher de peur de lui faire du mal. Pourtant je la scrute. Je la déshabille du regard et des tas de scénarios percutent mon esprit fou. Et sans lâche son regard hypnotisant, je m'entends dire à Gianni.

— Très bon choix, mio fratello. On va s'éclater au pieu avec poupée sexy en diable. Laisse-moi la baiser en premier avant que tu nous rejoignes.

La brune se rapproche de moi alors que mon ami tente de la retenir. J'aime sa détermination. Son courage pour me défier du regard sans flancher. Je sens toute l'assurance dans ses prunelles. Elle marche vers moi d'un pas déterminé.

— Alors beau brun, tu attends quoi pour me baiser ?

Je colle mon corps contre le sien pour la tester, mais elle soutient mon regard. Je la pousse de mon torse sur sa poitrine généreuse.

— Putain ! Je vais t'en donner du plaisir. Tu vas même en redemander, ma jolie.

— Alors, suis-moi au lieu de parler.

Elle attrape ma main. Un arc électrique me transperce quand nos doigts se touchent. Je la regarde sans comprendre. Un bruit métallique tinte alors qu'elle tire sur ma main. Des bracelets ? Je secoue la tête. Non, ce n'est pas possible. Je n'ai pas pu... 

— Perle ?

— Oui, mon Loup. Viens.

Sa voix de charmeuse m'envoûte. Je la suis dans le couloir et au moment où je pense que l'on va dans la chambre, je sens deux bras me ceinturer et m'entraîner dans la salle de bains. Je me débats, je hurle, je frappe sans savoir où ni comment.

— Arrête, Renzo ! Tu vas la blesser.

Je n'arrive pas à contrôler mes gestes. Je sais que mon poing ou mon pied risquent de la toucher, mais mon corps ne m'écoute pas. Je suis impuissant face à cette mécanique autodestructrice.

— Barre-toi !

Je hurle à pleins poumons, mais elle ne me répond pas. Au contraire, elle aide Gianni à me porter jusqu'à la baignoire.

— Non, pas l'eau. Je t'en supplie.

C'est trop tard. Je sens la morsure glaciale accomplir son œuvre sur mon corps. Je me raidis alors que leurs mains appuient de toutes leurs forces pour que je reste dans cet océan polaire. Je grelotte tandis que Gianni rajoute des glaçons. Encore et encore. Je tremble de plus en plus.

— Sauve-moi. Perle...  

Ma supplique lui arrache des larmes. Je ne parviens pas à détourner le regard de sur cette femme magnifique. Mia Perla preziosa. Mio Angelo senza ali.

— Ne... Pleure... Pas.

Je n'arrive pas à contrôler mes tremblements. Mes mâchoires s'entrechoquent, mes dents claquent. Mon corps est tétanisé par mes spasmes.

— Le cachet que je lui ai donné en arrivant, plus le bain, ça va bientôt le calmer.

— C'est obligé l'eau glacée ?

— C'est ce que j'ai trouvé de mieux comme électrochoc.

— Je peux essayer autre chose ?

— Ce n'est pas prudent, il n'est pas encore stable.

Je les entends parler de moi. Je suis pourtant loin d'eux. Du moins dans ma tête. J'ai l'impression de tout voir, tout entendre. Je suis juste témoin de ce corps tremblant et à l'agonie.

Soudain, de l'eau chaude coule sur ma tête, sur mes épaules.

— Vide la baignoire, je prends le relais.

Qu'est-ce qu'elle compte faire ?

Sa main caresse mes cheveux glacés. Je sens une éponge se balader sur mon cou. Ma nuque. Mon torse. C'est doux. L'eau froide ne recouvre plus que mes jambes. Ma respiration est moins hachée. Le pommeau au-dessus de ma tête commence à me réchauffer. Mais ce qui me ranime et calme mes spasmes, c'est son corps qui se faufile derrière le mien. Elle s'en fout de se tremper. Ses jambes viennent enlacer mon bassin. Le reste de l'eau devient tiède. La chaleur remplace la glace. La lumière disperse les ténèbres.

— Bois, tu as besoin de te réhydrater.

Gianni – mon ami de toujours – me tend un jus de fruits puis un autre verre rempli d'eau.

Perle continue de me réchauffer, de me ramener à la vie quand j'entends qu'elle me demande.

— Tu es borderline ? C'est ça ?

Mon Ange a saisi. Elle a identifié ce mal, qui me ronge. Au fond, je crois qu'elle l'a compris depuis longtemps. J'aurais préféré lui épargner ma maladie, que je tente de lui cacher – parfois vainement – depuis que je la connais. Depuis qu'elle s'efforce de m'extraire des ténèbres avec sa joie de vivre. Perle a cette façon de me rassurer, de me parler, de me cajoler, qui me calme et m'évite de partir en vrille.

— Oui... Ne m'abandonne pas.

— Jamais.

Je n'y survivrais pas cette fois-ci.

∞ ∞∞ ∞

La bombe est lâchée. Renzo est malade. Il est borderline. Ses sautes d'humeur, ses passages colériques, où il a été odieux avant de se reprendre, font partie de cette maladie. Son besoin de sexe incontrôlé dans ses moments de panique, ses périodes maniaques, sa solitude, sa peur de l'abandon...

Pour celles qui ne connaissent pas ou sont curieuses d'en savoir plus, je vous laisse aller voir sur le Net ce qu'il en retourne.

Chaque fois qu'il a maltraité Perle en paroles, c'était contre sa volonté. Souvent, vous l'avez taxé de connard, de fou, de bipolaire. Être borderline partage des troubles avec cette autre maladie. Surtout dans l'état dépressif et le changement d'humeur.

La crise qu'il vient de vivre a été déclenchée par l'annonce de la mort de son père. D'où sa larme puis son fou rire. Les fameux clic-clac l'ont mené droit vers ses ténèbres.

Je ne suis pas une spécialiste, je me suis documentée sur cette maladie et j'espère ne pas avoir dit trop de bêtises depuis le début de cette histoire. Ce chapitre a été particulièrement dur à écrire...

J'espère que vous y voyez plus clair et que vous comprenez mieux certains passages qui se sont produits à cause de la maladie. Je n'ai pas voulu la dévoiler trop tôt en laissant des indices de plus en plus importants pour pouvoir monter crescendo dans l'histoire vers cette ultime crise. J'espère que beaucoup de choses s'expliquent pour vous maintenant.

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📍 Demain, on pourra lire le chapitre de PERLE :

🎭 Je vais pouvoir...

∞ ∞∞ ∞

🐞 Bonne journée, mes Sexys Love, gros bisous 🐺

🎉 Kty.Edcall.Autrice 🎉


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