T2 | 08 - RENZO
∞ RENZO ∞
∞ Salomé a su me faire redescendre après cette montée en pression pour me ramener à la réalité en me donnant un coup de pied au cul. Elle est arrivée à me détendre, à me réconforter, à me permettre de changer d'humeur en m'ouvrant les yeux sur leurs attentes à mon sujet et en me remettant les idées en place. Elle m'a fait comprendre l'importance de mon poste dans l'entreprise familiale ainsi que ma place en Italie. Exit l'écrivain, je dois redonner un sens à mes priorités et à ma vie. ∞ Merci à gael2660 isabelleboissonnot bamboue jessdiegoezetam rosnaly2 StephOBV Georgette59 FIBULON orrace57 mimiminou54 eloloflower ChrisBonna
Samedi 15-12-18 | Manufacture Barresi & CO, Via di Piazza Calda, 12, 50 125 Piazza Calda FI, Italie.
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2 semaines plus tard
Ça fait treize jours que je suis de retour à Florence et j'ai l'impression d'avoir vécu une année entière déjà. Je me laisse envahir par le travail pour ne pas crouler sous le poids de la culpabilité. Et c'est tout autant de jours que je n'ai pas de nouvelles de Perle.
Rien d'étonnant, vu la manière dont je l'ai traitée dans la berline.
Je me dégoûte de lui avoir fait autant de mal. De l'avoir déçue encore une fois. Mais je n'avais pas le choix. Assis dans le nouveau fauteuil de mon bureau, je n'arrive pas à oublier son regard. Un mélange d'amertume, de tristesse et de colère. Son incompréhension était flagrante alors que je n'arrêtais pas de me montrer odieux. Blessant. Augmentant au fur et à mesure la dose de méchanceté que je distillais dans mes mots comme s'ils étaient dictés par un autre.
J'ouvre le tiroir de mon bureau et récupère mon carnet de dessin. Je regarde les croquis que j'ai réalisés depuis que je connais ma belle Italienne.
Il s'est produit tant de choses entre nous en si peu de temps. Perle est entrée dans ma vie telle une tornade, elle a tout renversé sur son passage. Elle a bouleversé mes habitudes, mes certitudes, mon obligation à rester célibataire.
Il mio Angelo a cui ho spezzato le ali.
Je lui ai aussi brisé le cœur. Le mien ne battait déjà plus, il est redevenu pierre, car je ne mérite pas mieux.
Je jette un regard au dernier croquis que j'ai réalisé. Je retrace les courbes sensuelles de ma tentatrice. Elle est si belle, si généreuse, si tendre. Un cadeau que la vie m'a envoyé, mais que je n'ai pas la possibilité d'accepter. Je dois la protéger, même si ça m'entraîne à plonger plus profondément dans mes ténèbres, qui viennent réclamer leur dû. Les flammes de l'enfer lèchent mon esprit, que je tente d'anesthésier avec ce nouveau verre de whisky.
Rien que de repenser à la façon dont je l'ai traité, j'ai envie de vomir. Elle a enfin réagi normalement face à mes insultes et à mon mauvais comportement. Je ne savais plus comment agir pour qu'elle comprenne que je n'étais pas un mec bien pour elle. Que je ne peux que la tirer vers mes ténèbres, elle qui est si solaire.
Même si j'ai obtenu ce que j'étais venu chercher à l'arrière de la berline, je ne veux pas l'oublier. Même si je croule sous le boulot, je ne peux m'empêcher de penser à elle. Même boire et fumer n'arrive pas à l'effacer...
Pourtant loin de son attraction, j'espérais qu'il serait plus facile de me la sortir de la tête. Mais il faut croire que mon ancienne voisine a su s'infiltrer bien plus profondément que je ne le pensais dans mon corps. Ses racines ont-elles emprisonné aussi mon cœur ?
L'interphone sur mon bureau me fait sursauter et lâcher mon verre qui s'écrase au sol. Je ramasse les plus gros morceaux et tente de me ressaisir afin de répondre à ma secrétaire.
— Monsieur, Barresi.
— Oui, Gina.
— Votre rendez-vous de 11 heures est arrivé.
— Faites-la entrer.
Je me lève, referme le bouton de ma veste afin de soigner mon apparence. Le costume et la cravate sont devenus mon nouveau code vestimentaire. Enfin pour le bureau. Aujourd'hui, j'ai particulièrement soigné ma tenue en ajoutant même une pochette en soie et des boutons de manchettes qui appartenaient à mon grand-père. J'arbore une chevalière en or blanc qui me vient de lui aussi. Le blason de la famille y est représenté et est orné de quatre diamants.
Autant de perles scintillantes qui ne me quittent plus.
Je range mon carnet de croquis, que je viens de noircir pour permettre à la pression de redescendre en réalisant le dernier regard que mon Ange sans ailes m'a asséné avant de sortir de la voiture. Il sera mon garde-fou.
Deux coups sont donnés à la porte et je m'avance pour accueillir mon rendez-vous.
— Salomé. Ravi de te revoir.
Je lui claque une bise sur la joue et lui indique le fauteuil pour qu'elle s'y installe.
— Tu désires boire quelque chose ?
— Un café, merci.
Elle pose sa sacoche Coco Charnel à côté d'elle, d'où elle en sort un dossier qu'elle place sur la table basse se trouvant entre nous. La pièce se charge des effluves de ce nectar noir qui vient de couler. Une odeur qui m'apaise.
— Ça a drôlement changé, ici.
— Tu apprécies ?
— Ça en avait besoin et là au moins on sent tout le potentiel de cette entreprise. Tu lui as permis de basculer dans le monde du luxe, ce que j'apprécie. Ce bureau en est vraiment un maintenant. Voyons si la suite est dans le même état d'esprit.
— J'ai bossé dur depuis que je suis de retour. Ce n'est que le début, mais j'espère que la récente direction donnée à la manufacture sera à la hauteur de tes attentes.
— Tant que je garde l'exclusivité sur tes nouveautés, ça devrait marcher entre nos deux sociétés.
Je respire mieux, rassuré par ce début de rendez-vous avec la directrice de Coco Charnel. Sa promotion a été effective le week-end qui a suivi mon arrivée à Florence. Je m'y suis rendu accompagné d'une Escort girl en sachant très bien que j'allais y croiser Perle. Il n'était pas question que je vienne seul à cet événement mondain.
D'ailleurs, Perle a eu le même raisonnement, car elle donnait son bras à un grand brun qui ressemblait plus à un mannequin qu'à un petit ami. D'un autre côté, comment aurait-elle pu en trouver un en si peu de temps ? Enfin, c'est ce que je répète en boucle pour me rassurer et éviter de partir en vrille. Mais la voir dans ses bras m'a vraiment fait mal. Bien plus que je ne pouvais l'envisager.
Elle a passé la soirée à m'ignorer comme si pour elle, je n'existais pas. Elle riait à gorge déployée à chacune de ses phrases. La découvrir aussi lumineuse – radieuse même – m'a emmerdé sur le coup, mais après tout, c'est exactement ce que je voulais. Il me fallait l'accepter la mort dans l'âme.
Perle se devait de sortir de ma vie et reprendre le cours de la sienne avec un mec qui pourrait prendre soin d'elle. Pourtant l'amertume que j'ai ressentie était bien réelle. La belle blonde qui me tenait compagnie essayait de tout tenter pour me distraire, mais c'était peine perdue. Je n'avais d'yeux que pour mon Ange. Contrairement à Perle, qui n'en avait rien à foutre de moi.
Elle portait une robe noire qui moulait ses courbes sensuelles, que je connais si bien. De longues boucles d'oreilles argentées et brillantes qui scintillaient en serpentant dans ses cheveux ébène, qu'elle n'avait pas attachés, la rendant encore plus désirable. Je n'avais qu'une envie, celle de passer mes doigts dans ses belles mèches brunes en repensant à l'odeur qu'ils dégageaient.
En deux semaines, je n'ai pas eu le temps d'oublier à quel point elle était magnifique. La revoir – aussi élégante et solaire – a réactivé en moi quelque chose que j'ai eu tant de peine à enfouir. Je me suis souvenu pourquoi elle a pris une telle importance dans ma vie bancale.
Alors même si nous ne nous sommes pas adressé la parole. Même si nous avons tout mis en œuvre pour ne pas nous regarder, je sais que, tout comme moi, assister à la célébration de Salomé a remué beaucoup de choses en elle. Je suis persuadé que cette soirée va compter malgré notre manque d'interactions. Du moins, je l'espère.
— On peut aller voir les échantillons ?
La voix de Salomé me sort de ma rêverie et m'oblige à mettre de côté ce que j'éprouve face à cette situation que j'ai volontairement créé.
— Renzo ? Tout va bien ?
— Oui... Juste un coup de fatigue. Allons-y.
Je passe devant la Boss de chez Coco Charnel afin de nous rendre à l'atelier. La traversée de la cour s'effectue avec empressement, car à dix jours de Noël le temps s'est rafraîchi.
Il fait légèrement plus chaud dans l'entrepôt où bon nombre de machines sont en train de confectionner les nouveaux tissus dont je suis si fier. Ils ont reçu ma touche personnelle et ma patte commence à se voir sur plusieurs projets en cours.
J'avance vers une table où j'ai demandé qu'on prépare les derniers échantillons. Le mur du fond est recouvert d'une centaine de rouleaux de différentes couleurs et matières, ce qui confère un espace chaleureux à cet endroit de l'atelier.
Je déplie le premier tissu sous le regard intéressé de Salomé. Alors que je vois du coin de l'œil Côme arriver. Elle ne peut pas s'empêcher de foutre son nez un peu partout. Garante du travail de mon père, elle discute tous mes choix, mes décisions et je dois m'employer à la remettre à sa place très fréquemment.
— Bonjour, Mademoiselle Capresi.
— Mademoiselle Bellucci. Comment allez-vous ?
— Bien, merci. Avez-vous trouvé votre bonheur ?
— Nous venons de commencer, renseigné-je mon assistante en serrant les mâchoires.
— J'arrive au bon moment, alors.
Elle se tourne vers l'imposante étagère en bois qui se trouve là depuis la création de « BARRESI & CO » par mon grand-père. Elle pioche des étoffes dans plusieurs casiers en fonction des couleurs que j'ai sélectionnées.
— Pacôme, ce n'est pas nécessaire d'en sortir plus. Salomé veut de la nouveauté.
— Je tente d'élargir le panel de nos propositions pour que son choix soit sûr. La tradition a du bon aussi et peut se marier à merveille avec la nouveauté.
— Très bien, commence à s'agacer Salomé, je les regarderai ensuite.
La nouvelle Boss de Coco Charnel se saisit d'un bout de tissu rouge. Un de ceux que j'ai imaginés en pensant à mon ancienne voisine.
— Pour celui-ci, je suis parti sur la création de l'ensemble dessiné par Perle.
— En effet, il irait à merveille.
Salomé glisse ses doigts sur l'étoffe douce. Un savant mélange de soie pour le plaisir et de stretch pour le confort. D'ailleurs, elle est en train de tester l'élasticité en tirant de part et d'autre le tissu d'un rouge flamboyant.
— Il est parfait. Bon travail, Renzo.
Je vois Côme froncer les sourcils et attraper un échantillon se trouvant dans sa sélection.
— Vous pourriez l'associer avec cet autre tissu.
C'est de la dentelle fine, comme seules nos petites mains de fées savent en réaliser. Elles ont contribué à bâtir la renommée de « BARRESI & CO ».
— Le choix pourrait être pertinent, je le note.
Elle prend en photo les deux tissus. Puis elle les superpose et réalise un nouveau cliché.
— C'est dommage que Perle ne soit pas parmi nous. Elle aurait pu valider ou pas mes choix, se plaint Salomé.
Je devrais faire comme si de rien n'était. Mais je n'arrive pas à retenir ma question tout en notant la référence des tissus sélectionnés par Salomé pour garder un air détaché.
— Elle avait un empêchement ?
— Apparemment... Elle est restée assez vague. Et puis, le samedi, la boutique ne désemplit pas. C'est sans doute un trop plein... De travail...
Parler de Perle et de son refus de venir m'interpelle. Ce n'est pas son genre de se soustraire à ses obligations surtout quand il s'agit de ses créations.
— Elle ne veut pas me voir, c'est ça ? annoncé-je avec une pointe d'amertume dans la voix.
— Tu la connais, elle ne l'a pas stipulée ainsi, mais...
— C'est bon, j'ai capté.
J'attrape mon téléphone et sans y réfléchir plus je lui envoie un message.
« Je te pensais plus professionnelle »
Je repose vigoureusement mon portable sur la grande table en bois et je me saisis d'une autre étoffe. Noire. Celle-ci. Tout comme l'humeur qui vit en moi à présent. Je défends bec et ongles mes créations face au classique de Côme. Tandis que Salomé effectue ses choix.
— On va partir sur ces deux étoffes, m'informe Salomé. Pour les autres, j'aurais aimé avoir l'avis de Perle. Je serais bien allée à Paris demain pour les lui présenter, mais je dois régler certaines choses après l'annulation de mon mariage.
— Je peux les lui amener, proposé-je sans plus y réfléchir.
Le sourire de Salomé est un début de réponse. J'ai l'impression d'être tombé dans son piège la tête la première. Mais quel con, je suis. Pourvu que Salomé trouve une autre solution. À quoi ça sert que je repousse Perle si c'est pour bondir sur la moindre occasion de la revoir ?
Je nous imagine déjà assis dans son salon en train d'opter pour tel ou tel choix de tissus, un verre de vin à la main et quelques trucs à picorer. Le souvenir de ses défilés en tenues sexys me revient. La façon dont j'aimais la mater au travers de nos fenêtres respectives. Enfin à condition qu'elle veuille bien me parler.
— Tu n'es pas obligé de...
— Je devais me rendre à Paris la semaine prochaine pour récupérer des affaires dans mon appartement.
— Alors si tu dois passer chez toi, s'amuse Salomé. Voilà qui arrange tout le monde.
Je ne suis pas dupe, je sais qu'elle m'a suggéré – plus qu'imposer – un retour chez moi. Elle se doutait que je sauterais sur l'occasion pour avoir une raison valable de revoir Perle. Elle a dû s'apercevoir que nous ne nous parlions pas lors de sa soirée. Que nous nous faisions même la gueule et surtout que nous étions accompagnés par de faux rencarts sans que ça nous rende heureux pour autant.
— J'espère que ça te permettra d'arranger les choses.
— Il faudra qu'elle y mette du sien aussi.
— À toi de te montrer assez convaincant. Je ne doute pas que tu as compris ton erreur en la gardant loin de toi.
— Comment tu sais que...
— Il suffit de vous observer quand vous êtes loin l'un de l'autre.
L'espoir renaît en moi. Perle ne vit pas bien notre séparation. La balle est dans mon camp d'après Salomé. Pourvu que je sois à la hauteur et que j'arrive à laisser mon côté gros con ici.
Je récupère les échantillons sur lesquels Salomé hésite et je les place dans ma sacoche. J'y ajoute même deux étoffes supplémentaires qui, je sais, vont plaire à Perle.
Les battements de mon palpitant s'accélèrent rien que de penser à ma chère voisine. Je vais la revoir dans quelques heures. Et là, elle n'aura pas ce connard de mannequin pour lui servir de bouclier.
Je n'aurais jamais cru ça possible, mais mon Ange me manque et je crève d'envie de la revoir quitte à la mettre en danger. Mais c'est trop dur de vivre sans elle.
— Je peux vous accompagner si vous avez peur d'être à court d'arguments pour que Perle sélectionne nos tissus. Un week-end à Paris ne serait pas de refus.
Non, mais Côme a craqué ? Comme si j'avais besoin qu'on me tienne la main pour reconquérir mon Ange.
∞ ∞∞ ∞
➥ Renzo songe à la soirée où il a revu Perle. Elle était accompagnée et Renzo pense que ce mec n'était qu'un fake. Vous le croyez aussi ?
➥ Le mariage entre Salomé et Victor n'est plus d'actualité. Victor travaille-t-il toujours pour Coco Charnel ?
➥ Renzo saute sur l'occasion de se rendre à Paris pour apporter les tissus à Perle afin de la revoir. Quel va être l'accueil de sa voisine ?
➥ Pensez-vous que Renzo va accéder à la demande de Côme ?
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📍 Demain, on pourra lire le chapitre de PERLE :
🎭 Gianni pourra-t-il...
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🐞 Bonne journée, mes Sexys Love, gros bisous 🐺
✨ Kty.Edcall.Autrice ✨
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