T2 | 06 - RENZO
∞ RENZO ∞
∞ Une plongée dans les abysses ténébreux m'entraîne vers un monde où je ne trouve pas mes marques. Sans me laisser aucune échappatoire, cet enfer me renvoie tous les problèmes liés à la succession. Cette fois-ci, pas d'ange ni de lumière pour m'aider à m'extraire de ce passé destructeur. Mais je ne peux pas laisser tomber, car c'est dans le noir que se nourrissent mes racines. ∞ Merci à ChrisBonna rosnaly2 bamboue anarsis vero1370 StephOBV FIBULON Georgette59 orrace57 isabelleboissonnot pour avoir participé à ce préambule.
Dimanche 02-12-18 | Maison familiale des Barresi, Via di Piazza Calda, 12, 50 125 Piazza, Calda FI, Italie.
∞ ∞∞ ∞
La nuit a été aussi cauchemardesque que je l'avais imaginé. Je n'ai pratiquement pas fermé l'œil. Tournant et virant dans ce lit peu accueillant. Pas plus que cette chambre d'amis. Celle que j'occupais – étant jeune – ayant terminé en remise, où mon père stockait tout ce qu'il ne tenait pas à jeter. Un vrai dépotoir. Me prouvant, s'il y avait besoin, que mon retour n'était pas plus attendu que désiré.
Alors, j'ai pris une des nombreuses chambres d'amis du deuxième étage afin de me trouver au plus loin de celle de mes parents. Ce n'est pas les pièces qui manquent dans cette très grande bâtisse. Gianni en a fait autant, la sienne se trouvant au fond du couloir.
Je n'ai aucune envie de l'avoir trop proche et qu'il perçoit mon mal-être. Il s'inquiéterait...
À notre arrivée, ma mère m'attendait assise dans son fauteuil. J'avais l'impression d'être un cambrioleur pris la main dans le sac. Ou un adolescent, faisant le mur et se trouvant en faute à son retour sur la pointe des pieds.
Avec Gianni, on voulait juste prendre un whisky en rentrant de l'anniversaire d'Andrea, le père de Perle.
Mais elle a braqué le fusil de chasse vers nous au moment où j'ai allumé le lustre en cristal du salon.
— Pose cette arme, mamma. C'est Lorenzo.
— Je sais encore qui tu es.
— Allons, tu n'as plus besoin de surveiller ainsi la maison, je vais veiller sur elle et toi. Tu devrais aller te coucher, il est tard.
— Pff ! Dormir est devenu une option. Deux ou trois heures tout au plus me suffisent.
Je l'écoute que d'une oreille. Son blabla sur le sommeil est en train de me saouler bien plus que le whisky que je viens de nous servir.
Je tends un verre à Gianni avant de m'asseoir sur le fauteuil en cuir marron de mon père sous le regard courroucé de Gloria.
— Et moi ?
— Tu veux une tisane, mamma ?
— Tu m'as prise pour une vieille à l'agonie ?
— Ce n'est apparemment pas le cas.
Gianni est plus prompt à répondre à la demande de cette sexagénaire qui pense qu'elle a encore trente ans.
— Merci, Gianni. Toi, au moins tu es adorable avec moi.
— C'est normal, ce n'est pas ton fils. Il peut se permettre d'être parfait vu qu'il ne partage pas les mêmes gènes que vous deux.
Ma mère ne grimace même pas face à ma réflexion. Elle préfère me tacler en s'adressant à Gianni.
— Tu ne veux pas que je t'adopte pour le remplacer ?
— J'en aurais été honoré, balance mon ami avec ironie. Mais j'ai des parents et eux, ils ne sont pas défaillants. Sur ce, je vous laisse. J'en ai marre de compter les points entre vous deux.
— Tu as raison, Gianni, l'air est vicié, ici.
Je me saisis de la bouteille de whisky et suis mon pote jusqu'à nos chambres. Ma mère continue de réciter des psaumes. Elle a dû retrouver un chapelet à égrainer face à toutes les prières qu'elle s'impose pour tenter de sauver un fils aussi dégénéré que moi.
Si elle savait que mon âme est déjà perdue, elle éviterait de passer des heures de repentance pour obtenir un quelconque pardon.
— Essaye de ne pas te mettre trop minable, me conseille mon meilleur ami.
— Ça ne risque pas ! La bouteille n'est qu'à moitié et, en plus, je n'ai pas de joints à fumer.
— Alors si tu n'as pas de came sous la main, on est sauvé.
On se marre comme deux cons dans ce couloir peu éclairé alors que la lumière vacille légèrement.
— Je ne me souvenais pas à quel point cet étage était glauque.
— Tiens, bois, ça maquille quelque peu la réalité.
On se laisse glisser au sol et Gianni avale une gorgée en grimaçant.
— Il passait mieux dans un verre et avec des glaçons.
— Même sur ça mon père réalise des économies. Je te l'affirme, bien des choses vont changer.
— Et donc en tête de liste arrive le choix d'un meilleur whisky ?
— Bien évidemment. Si je dois rester ici, il va m'en falloir en grande quantité. Et du bon.
— Tu comptes vivre dans cette immense demeure lugubre ?
Je n'en ai aucune envie et ce n'est pas ce que je perçois qui va me pousser à changer d'avis.
— C'est clair que ça n'a rien à voir avec mon appartement à Paris.
— Là, c'est sûr, tu ne vas pas croiser de voisine qui va défiler en tenues sexys devant tes fenêtres.
— Ce n'est pas plus mal...
Ma réflexion aiguillonne mon palpitant, pourtant je vais devoir m'y habituer.
— Tu ne veux pas arrêter de jouer au con avec Perle. Elle est ce qui a pu t'arriver de mieux, depuis, bien longtemps.
Je le sais, mais ce n'est plus d'actualité.
— Tiens, bois, ça évitera que tu balances des conneries bien plus énormes que toi.
— Tu sais que j'ai raison.
Je le foudroie du regard. Même à un mètre de moi et malgré le peu de clarté, il doit percevoir la noirceur de mes iris. En tout cas, il peut au moins mesurer l'intensité que je m'applique à lui transmettre.
— Tu connais les raisons qui me poussent à agir ainsi.
— Justement, c'est parce que je les maîtrise que je pense que tu devrais lui en parler.
— Elle n'y arrivera jamais. Elle n'a pas les épaules pour supporter toute cette merde. Elle a beau détenir un sacré caractère, elle est bien trop pure à l'intérieur.
La bouteille est terminée, alors je me lève en m'aidant du mur afin de rejoindre la chambre.
— À demain, mio fratello.
— À tout à l'heure, Lorenzo. Essaye de dormir un peu.
— Tu veux venir me border peut-être ?
Il me tend son majeur avant de m'adresser sa pensée profonde.
— Va te faire foutre, Barresi !
Mon rire cynique raccompagne mon ami vers sa chambre avant de me rendre dans la mienne. Je ne sais pas à quoi ressemblent vraiment les enfers, mais cette pièce pourrait en être l'antichambre.
Je vais m'y enterrer vivant en m'allongeant sur ce matelas, qui exprime son désaccord sous mon poids.
— Putain, je vais vraiment crever comme un clébard enragé si je reste ici.
Dès demain, je vais chercher un truc dans le coin qui me permettra déjà d'être indépendant et de fuir cette bâtisse, qui exhale de trop mauvais souvenirs.
Je ferme les yeux pour tenter de les repousser, mais c'est peine perdue. Ils vivent en moi depuis trop longtemps et ne se sont pas échappés quand j'ai ouvert ma boîte de Pandore en la présence de Perle.
La mia perla incantata.
Je rêve que je caresse ses formes voluptueuses pendant que j'astique mon manche. Gagné par le trop-plein de stress, de fatigue et le plaisir que je viens de m'offrir, je plonge dans les bras de Morphée.
Le chant du coq me rappelle où je me trouve quand j'ouvre les paupières. Dans la campagne Toscane. Je regarde l'heure sur mon portable, il est tout juste six heures. Le jour peine encore à se lever. J'ai dormi presque deux heures. Quel exploit !
Je sors de mon lit en sachant pertinemment que je ne pourrai pas retrouver le sommeil. Je passe sous la douche. Enfile des fringues basiques, jean et sweat noir à la hauteur de mon humeur. Massacrante.
Arrivé dans la cuisine, j'allume la machine à café. Je sélectionne les grains que je verse dans le compartiment. Ils sont broyés en poudre au dernier moment afin de conserver tous leurs arômes. C'est un moment odorant qui m'a toujours fasciné. Je regarde couler un expresso puis sors sur la terrasse attenante.
Le soleil commence à se lever et la vue est juste magnifique sur la vallée qui se réveille. La brume flotte au-dessus de la végétation dense. Tout comme les volutes de ma clope qui s'échappe de ma bouche.
— Je ne tolère pas que tu fumes chez moi.
— Ça tombe bien, je me trouve sur la terrasse. Ciao, mamma.
— J'ai prévu une réunion à 10 heures. Tu dois être présent.
— Ça me laisse du temps. À tout à l'heure.
Je commence à partir quand elle me retient en crochetant mon bras. Face à la froideur de mon regard, elle se ravise et retire sa main.
— Lorenzo, nous devons parler. Tu ne pourras pas esquiver la conversation éternellement.
— C'est pour ça que je vais me rendre à la fabrique. Ça ne sert à rien de discuter dans le vide.
Cette fois-ci, Gloria ne fait pas obstruction à ma fuite. Car elle a raison sur un point, je repousse cette conversation depuis qu'elle m'a appris l'état de Tonio. Je n'ai aucune envie de l'entendre me dire haut et fort que je dois plier de bonne grâce pour le bien de la famille.
En étant fils unique, j'ai toujours su que ce jour arriverait. Mais ce n'est pas pour autant que je l'accueille les bras ouverts. Et puis, c'est bien trop tôt. J'avais tellement de choses à accomplir encore. Ma carrière d'écrivain – celle naissante – de photographe et de peintre...
Le roi Tonio va mourir. Vive le Roi Lorenzo !
Il ne me manque plus que la couronne et le sceptre et l'illusion sera parfaite.
Je monte dans ma chambre pour troquer mes fringues contre un jogging molletonné. Autant joindre l'utile à l'agréable. Je vais faire mon footing afin de me rendre aux entrepôts de la manufacture.
Je n'ai même pas eu le temps que la température de mon corps grimpe, que j'arrive à la fabrique. Je réduis ma foulée pour ne pas m'arrêter net tout en regardant ce qui m'entoure et ce qui va devenir mon quotidien.
Les bâtiments sont toujours aussi impressionnants. Au nombre de trois, ils se présentent en enfilade. Dans le premier, les bureaux y sont dispatchés ainsi que la partie concernant l'envoi des commandes. Dans la deuxième bâtisse se trouve le pôle fabrication. Et, dans la troisième, celui du stock et de la vente.
Rien n'a changé.
Je les trouve bien moins gigantesques que dans mes souvenirs d'enfants, mais ils en imposent tout de même. Une vague de fierté me prend aux tripes en observant l'enseigne trônant en bonne place sur le bâtiment administratif.
BARRESI & CO
Voir mon nom inscrit, en grosses lettres, agite quelque chose dans mes viscères, que je n'ai pas envie d'identifier. Il n'est pas question que je laisse le doute s'immiscer en moi de peur de devenir faible. Je vais avoir besoin, au contraire, de toute ma détermination pour agir comme je le conçois. Je ne veux pas imposer aux employés les méthodes fermes voire sévères dont usait mon paternel. Cette ère est terminée, place à la modernité et aux changements. Pourvu que ça marche. Mais pour cela, le nom de Barresi ne suffira pas.
Je reste quelques minutes sans bouger devant ce grand portail en fer forgé noir. Le vent frais anime les boucles de mes cheveux un peu trop longs pour ma nouvelle fonction. Je vais devoir y remédier pour adopter une apparence plus conforme à ce qu'on attend d'un futur patron.
Je respire à m'en faire péter les poumons avant de m'élancer. Rien ne sert de prolonger cette lente agonie. À un moment donné, il faut se lancer. Je traverse la cour gravillonnée et bordée de grands pots en céramique dans lesquels poussent des oliviers. Quelle hérésie !
Note à moi-même. Planter ces arbres centenaires directement dans la terre.
Je sors le trousseau de clés de la poche de mon jogging et insère dans la serrure celle que j'identifie pour ouvrir la porte en fer de l'atelier. Le calme est la première chose que je remarque. Les machines sont à l'arrêt. Rien de plus normal un dimanche. La manufacture travaille six jours sur sept, c'est bien suffisant.
Alors que j'arrive à proximité d'un des métiers à tisser, c'est l'odeur caractéristique de la graisse se trouvant sur les rouages qui me reviennent – Clic... Clac... – puis celle de l'étoffe qui apparaît au fur et à mesure de la progression des bobines de fil. Ma main se pose sur la fibre soyeuse et noire. Je ferme les yeux et me laisse contaminer par les souvenirs d'enfance.
— Plus un geste ! Les mains en l'air, me gueule une voix féminine terriblement rauque.
— Je suis Lorenzo Barresi !
— C'est ça ! Et mon cul, c'est du poulet. Retourne-toi lentement.
Une blonde, grande et mince, me tient en joue avec une arme à la main. Putain, mais qu'est-ce qu'elles ont toutes à me braquer depuis mon arrivée ? Après ma mère hier soir, voilà que cette nana me vise à son tour. Les jambes légèrement écartées me prouvent sa stabilité et sa détermination.
— Je peux savoir ce que vous foutez chez moi ?
— Chez toi ? Laisse-moi rire ! Non, mais tu es qui pour te prendre pour une Barresi ?
— Côme Bellucci ! Je suis le bras droit de Tonio.
Impossible ! Je n'ai pas le temps d'aligner mes pensées qu'un bruit se produit derrière nous.
— Baisse ton arme Côme. À part que tu tiennes à arracher la vie de ton nouveau patron, énonce ma mère gravement.
Aussitôt, je toise d'un oeil mauvai cette femme, qui a osé pointer une arme sur moi.
— Vous êtes vraiment Lorenzo ? demande-t-elle abasourdie.
— Et toi, tu n'es pas un homme ? Depuis quand une nana s'appelle-t-elle Côme ? Et puis Tonio devait déjà être bien malade quand il t'a embauchée.
— Je suis tout aussi qualifié qu'un mec, s'insurge-t-elle.
— Encore heureux ! Il ne manquerait plus que tu sois une incapable.
Elle fulmine tout en se dirigeant vers un bureau dont elle ouvre un tiroir. Elle range l'arme dedans, le referme à clé avant de la glisser dans la poche de son tailleur-pantalon. Même ses fringues sont un ersatz des costumes portés par les hommes.
— Je peux savoir ce que tu fous là un dimanche matin et de si bonnes heures ?
— Mon travail !
— Le jour du Seigneur ?
— Il apprécie ma dévotion à sa juste valeur. Mais c'est surtout qu'avec l'absence de votre père, j'ai beaucoup plus de travail.
— Retourne chez toi, je vais gérer.
— Ça m'étonnerait !
— Tu remets mes compétences en doutes ?
— Si vous l'étiez, votre père n'aurait pas eu besoin de m'embaucher.
— S'il avait été un vrai père, il ne m'aurait pas exclu de la famille. Maintenant qu'il va crever...
— Lorenzo !
Ma mère s'interpose entre nous, alors que sans s'en rendre compte nous avons avancé l'un envers l'autre.
— C'est bon mamma, si ça n'avait pas été le cas, tu ne m'aurais pas demandé de revenir en urgence. Vous auriez continué à vivre comme si je n'existais pas. Quant à toi, tu vas devoir te plier à ma façon de bosser. Si ça ne te convient pas, la porte se trouve là !
Autant, l'une que l'autre, elles restent silencieuses. Voilà qui est mieux. Pendant trente bonnes minutes, Côme me parle des commandes en cours tout en réalisant le tour complet de la manufacture.
Mon téléphone me signale l'arrivée d'un message. Je le consulte tout en continuant la visite. Putain, Perle. Ce n'est pas le moment. Je n'ai pas le temps de jouer. Mon corps se tend encore plus en découvrant son selfie. Ma belle Italienne est allongée dans un lit en lingerie sexy. Sa main lovée sur sa chatte, qui doit être humide du plaisir qu'elle vient de s'accorder.
C'est un véritable appel à la luxure.
Je lui réponds par un texto lapidaire. Elle n'a pas le droit de me tenter de la sorte alors que ma mère est juste à côté de moi et qu'elle me reprend en découvrant ce qui se trouve sur mon écran.
— Lorenzo !
Son ton froid. Cette façon de prononcer mon prénom. Cette manière intrusive dans ma bulle me ramène à des années en arrière. A mon adolescence... Je serre les poings et maudis Perle pour cet envoi qui à la base aurait dû me détendre.
La visite continue et je n'en peux plus de toutes les explications de Côme, alors que nos échanges par texto avec Perle deviennent de plus en plus tendus. Putain ! La sorcière vient de me dire d'aller me faire foutre. Elle va le regretter.
∞ ∞∞ ∞
➥ Renzo a un début de journée difficile. Il part faire un jogging pour se détendre. Y est-il arrivé ?
➥ Que pensez-vous de l'attitude de sa mère ?
➥ Renzo découvre que Côme est une femme. Va-t-il la garder à son poste ?
➥ Renzo annonce que Perle va payer pour l'envoi du dernier texto. Comment va-t-il réagir ?
∞ ∞∞ ∞
📍 Demain, on pourra lire le chapitre de PERLE :
🎭 Comment peut-il...
∞ ∞∞ ∞
🐞Bonne journée, mes Sexy Love, gros bisous 🐺
🎉 Kty.Edcall.Autrice 🎉
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top