T2 | 04 - RENZO
∞ RENZO ∞
∞ Ils forment une famille comme chaque gamin rêverait d'avoir. Un clan solidaire, magnifique, chaleureux et uni par l'amour, qui se soutient, ce que je n'ai pas connu. Mais j'ai l'impression que des zones d'ombres traînent dans certains de leurs regards, ils ne trompent pas... Parce que j'ai les mêmes. ∞ Merci à rosnaly2 FIBULON ChrisBonna anarsis o_loveaddict_ edmarah29 bamboue orrace57 mimiminou54 StephOBV pour avoir participé au préambule !
Samedi 01-12-18 | Trattoria « Una Storia importante » 83 Via Giampaolo Orsini 50 126 Firenze FI, Italie.
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Le repas se passe dans la bonne humeur et je peux dire que la famille de Perle est ce dont j'ai toujours rêvé quand j'étais plus jeune. Ils partagent une vraie joie de vivre. Ils se prouvent qu'ils tiennent à cette remarquable cohésion et à chacun de ses membres. La fratrie est très unie et je les envie.
Comme à cet instant. Perle accompagnée de ses frères et sœurs sortent de la cuisine en portant un gâteau à étages surplombé de bougies et de feux de Bengale. Ils chantent la fameuse chanson de joyeux anniversaire en cœur alors qu'ils déposent la pièce montée devant le chef de famille.
Andrea fête ses cinquante-quatre ans. Il est entouré de ses proches et de ses amis et rayonne de bonheur. Chacun de ses enfants lui claque une bise sur la joue avant de revenir s'installer à table. Perle s'assoit à côté de moi. Tandis que Nelo se trouve à l'opposé de nous. Son autre frère, Mattéo, et sa petite sœur Tara se placent en face de nous. Gianni se trouve à côté de moi et crée un tampon entre Manon et moi.
Elle n'est pas de très bonne humeur.
Ce qui, pour moi, ne change en rien nos rapports, mais d'après Perle, ça n'arrive pas souvent. Et pour cause, elle est assise à côté de son nouvel amant alors qu'elle n'a d'yeux que pour Nelo – le grand frère de Perle – qui, lui, ne la calcule même pas. Apparemment, c'est comme ça depuis qu'ils se connaissent. Manon est raide dingue de lui, tandis que, lui, il s'en fout royalement. Mais ce qui m'emmerde le plus c'est que Gianni se force à sourire pour donner le change et ne pas accorder de pouvoir à Manon. Nelo et lui ont engagé une discussion cordiale, laissant Manon sous hautes tensions. Elle ne sait pas comment agir.
Forcément, en nous invitant, Perle l'a mise dans l'embarras. Manon devait déjà se voir passer la soirée avec son crush alors que là elle doit composer avec la présence de son amant. Gianni quant à lui reste courtois, posé, participe à la conversation sans rien exiger de sa maîtresse. Contrairement à moi qui, si j'avais été à sa place, me serais imposé et j'aurais marqué mon territoire en revendiquant ma position.
Après, Nelo n'a pas l'air débile ni con. Il a très bien compris la situation et visiblement il ressent du soulagement. Les regards qu'il échange avec Perle me perturbent. Ils ont un langage bien à eux que personne d'autre n'a l'air de remarquer. Pourtant je reconnais cette insondable tristesse, qui étreint leurs pupilles et guide leurs mouvements. Perle n'arrête pas de faire tourner ses bracelets alors que son frère tape son index sur la table à intervalle régulier. Le synchronisme de leur geste pousse leur mimétisme à se répondre en écho. C'est vraiment troublant.
Perle tourne la tête vers moi en sentant que je les observe. Elle me sourit et petit à petit arrête ses mouvements mécaniques, que je remplace par des ronds que je dessine sur le dessus de sa main pour lui assurer de ma présence.
Le dessert est à la hauteur du reste du repas. Et ça faisait longtemps que je n'avais pas aussi bien mangé. Je termine ma flûte de champagne quand j'annonce mon départ à Perle.
— Je vais rentrer, il commence à se faire tard.
— Je t'accompagne vers la sortie.
— Tu as peur que je me perde ?
— Non, je me doute que ton sens de l'orientation est assez aiguisé pour repérer la porte qui se trouve en face de nous.
— Donc, tu souhaites venir te geler les miches pour quoi ?
Je pensais esquiver le moment des au revoir que je déteste. Mais Perle forcément n'est pas de cet avis. Quelle délicieuse chieuse. Je vais devoir la laisser dans la lumière avec sa merveilleuse famille et je vais retourner dans la maison de mon enfance où ma mère et les ténèbres m'attendent. Sept ans sans revenir.
— Pour me griller une clope. Arrête de croire que tous mes mouvements sont programmés en fonction de toi.
— Pourtant tu gravites en orbite autour de moi depuis que l'on se connaît.
— Telle la lune autour de la terre ? C'est là que tu commets une erreur...
Perle se lève, mettant fin à cet échange, qui me laisse un goût amer. Du temps qu'elle passe une veste, je vais saluer ses parents afin de les remercier pour l'accueil et le bon repas. Le père de Perle me serre la main en m'annonçant.
— Tu reviens quand tu veux Barresi.
Sa mère en fait autant et ajoute même une bise sur ma joue en me souhaitant bon courage pour les jours à venir, qui – selon elle – vont être critiques.
J'informe Gianni que je rentre et il me demande de lui accorder quelques minutes pour consulter Manon. Il doit vouloir rester avec elle, mais je ne suis pas sûr que c'est ce qu'elle souhaite.
— Tu as appelé un taxi ?
— Oui, il ne devrait plus tarder.
Perle s'allume une cigarette que je lui pique aussitôt l'obligeant à s'en préparer une autre. Elle ne réplique pas et préfère fumer en silence pendant quelques secondes.
— Tu as prévu quoi demain ?
Et voilà, c'est exactement le genre de discussion que je ne voulais pas avoir.
— Tu veux dire dans quelques heures. Même si c'est dimanche, ma mère sera debout aux aurores.
— Pas de grasse matinée en vue chez les Barresi ?
— Non, ce qui ne va pas être ton cas, vu ton sourire de chatte alanguie.
— Tu as tout compris. Mon seul impératif sera d'être à l'heure pour le repas dominical.
J'ai beau vouloir mettre de la distance entre nous, j'avance d'un pas pour l'attirer contre mon corps. J'ai besoin de sa chaleur. Et de faire le plein de bonnes ondes. J'embrasse son cou tandis que je la serre le plus possible sans savoir quand je la renverrai.
— Tu comptes m'étouffer ?
— Non... Je remplis mon coffre au trésor.
Je sais que ma remarque la pousse à sourire. Je le sens dans l'abandon de son corps. Comment je vais arriver à me passer d'elle ?
— Prends ce dont tu as besoin. Mio Pirata.
— J'y comptais bien.
Tel un vampire, je plante mes canines dans sa carotide pour aspirer son énergie positive.
— Je ne t'avais pas imaginé en comte Dracula.
Son rire cristallin fend la nuit noire. Seul le réverbère dépose un halo de lumière blafarde sur nous.
— Il y a bien des facettes de ma personnalité qui te sont encore inconnues.
— Tu me laisseras les découvrir ?
— Tu veux prendre ce risque ?
Sa bouche pulpeuse se pose sur la mienne et avant de s'abandonner dans un baiser langoureux, elle me souffle.
— Oui. Sans aucune exception.
Tel un bulldozer, je la pousse jusqu'à ce que son dos entre en appui avec le lampadaire. Le métal froid lui arrache une série de frissons ainsi qu'un cri qui se perd dans la pénombre.
— Tu ne sais pas dans quoi tu t'engages, il mio Angelo senza ali.
— Toi non plus, mio Tenebroso.
— Je vais aspirer ton âme, remplacer ton cœur par une pierre. Je vais te vider de ton sang pour y distiller mon venin. Je vais te détruire pour t'entraîner dans les méandres du Styx. C'est ça que tu veux ? Vivre en enfer ? Parce que je n'ai rien d'autre à t'offrir.
Des pas résonnent sur l'asphalte, pour autant, je ne relâche pas ma prise sur ses bras, que je serre un peu trop fort. Je ne dérobe pas mon regard d'obsidienne de ces deux prunelles d'un vert d'absinthe amères qui me perturbe.
— Tu vois que je peux être toxique, moi aussi.
— Montre-moi à quel point, la mia Strega.
Je veux la pousser à dévoiler ses sortilèges, qui tentent d'extirper les racines, qui enfouissent mon âme dans la noirceur la plus profonde.
Sa paume se pose sur mon cœur, sa chaleur se répand sous les couches de mon épiderme. Mon palpitant cesse de battre instantanément. Ma respiration se bloque et je perds pied. La tête me tourne. Le venin se diffuse dans la moindre de mes cellules. Je dois bloquer son attaque, qui tente de m'extraire des profondeurs de l'enfer.
J'arrache sa main en serrant son poignet et j'obtiens une grimace à cause de ses trop nombreux bracelets.
— Tu t'es prise pour Méduse ?
— Et toi ? Pour Persée ?
— Bon quand vous aurez fini de croire que vous êtes des divinités grecques, on pourra aller dormir. À part que tu tiens à le transformer en statue ou, toi, à lui couper la tête.
— Gianni, ce n'est pas le moment de nous la prendre !
— Dommage, Athéna attendait son trophée.
Ce petit con est arrivé à briser le charme. Mais loin de lui en vouloir, c'est dans un fou rire que nous mettons fin à cette croisade d'un ancien temps.
— Vous êtes flippants tous les deux ! Aussi barges, l'un que l'autre.
Le sourire malicieux de Perle me confirme qu'il n'a pas tort. Elle se montre de plus en plus redoutable. Elle n'a rien d'un agneau fragile que l'on doit protéger. Elle serait plutôt une louve dans la bergerie.
— Le taxi est là !
— Tu m'appelles ?
Il n'est pas question que je la laisse macérer en attendant un coup de fil que je ne donnerai pas. Il n'y a pas plus destructeur que l'espoir. Alors je zappe volontairement ma réponse.
— Passe une bonne nuit, Angelo mio.
Je sais pertinemment qu'elle est déçue, mais c'est ce qu'il y a de mieux à faire. En rentrant chez mes parents, je vais replonger la tête la première dans les emmerdes, dans mes enfers. Je veux bien prendre des risques, mais elle ne résisterait pas à cette apnée, qui pourrait lui être fatale.
À peine, j'ai le cul posé sur la banquette arrière, Gianni attaque.
— Tu es dur avec elle.
— Je n'ai pas le choix. Je dois la tenir éloignée de moi.
— Perle pourrait être ta planche de salut.
— Elle est dangereuse pour moi, mais surtout pour elle. Elle pense gérer, alors qu'elle ne maîtrise rien.
— Pourtant, elle a su t'atteindre, et en plein cœur en plus ! Une seconde de plus et je devrais réaliser un massage cardiaque.
— Ça y est ? Tu as fini de te foutre de ma gueule ?
— Je commence !
— Tu comptes passer ta déception sur moi, c'est ça ?
— Non. Contrairement à toi, je n'espère rien de ma relation avec Manon.
— Tu parles ! Tu agis comme un clébard qui attend qu'on lui balance un os !
— Tu as sans doute raison, mais, moi, je ne joue pas à la roulette russe à chaque fois que je respire.
Si seulement, ça pouvait effrayer ma belle Italienne, tout du moins assez pour qu'elle ne s'approche plus de moi, je serais prêt à prendre le risque. Mais, je ne suis même pas sûr que ça l'éloignerait assez pour ne pas devenir un dommage collatéral. Têtue comme elle est, elle serait prête à relever le défi et faire fi du danger que je représente pour elle. Et ça, il n'en est pas question !
— Tu comptes agir comment ?
— Perle doit rester et restera un merveilleux fantasme. De toute façon, dès demain elle rentre à Paris et, moi, je vais m'ensevelir, vivant en demeurant ici à crouler sous le poids des responsabilités. Nos chemins se séparent ici.
— Tu n'es pas obligé...
J'ai envie de lui faire avaler sa langue. Comment peut-il me dire une chose pareille ?
— Tu trouves que j'ai le choix ? Mon père va crever, ce n'est qu'une question de jours, peut-être même d'heures.
— La manufacture tourne depuis des mois grâce au bras droit de Tonio. Tu pourrais...
— Lui laisser la succession ? C'est ça, ton idée à la con ?
— Lorenzo ! Je ne te crois pas si tu me dis que tu n'y as pas déjà pensé !
— Pensé ? Oui ! Entériné ? Non ! C'est une entreprise familiale depuis trois générations. Il n'est pas question qu'elle termine dans les mains d'investisseurs qui n'ont qu'une envie, celle de la démanteler pour obtenir plus de profit encore. Je suis la quatrième génération, je me dois de relever ce défi, même si je dois y laisser ma peau, mon âme et mon cœur.
Je vais devoir faire une croix sur mes passions connues du grand public avec l'écriture de mes romans érotiques, mes expositions de photos et mes peintures. Mais aussi celui que je cache à tous... Ou presque.
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➥ Perle lui tient tête. Et de belle manière. Elle n'a pas dit son dernier mot contrairement à ce que voudrait Renzo, non ?
➥ Renzo repousse Perle pour ne pas l'entraîner vers le fond avec lui et pense même ne plus la revoir. Prend-il la bonne décision ?
➥ Le poids des responsabilités à l'air lourd à porter pour Renzo. Est-ce trop de responsabilité pour lui ?
➥ D'après vous, que cache Renzo et qui est au courant ?
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📍 Demain, on pourra lire le chapitre de PERLE :
🎭 Le poids des souvenirs...
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🐞 Bonne journée, mes Sexy Love, gros bisous 🐺
🎉 Kty.Edcall.Autrice 🎉
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