T2 | 01 - RENZO
∞ RENZO ∞
∞ Jusqu'à mon adolescence j'étais un petit prince. J'étais heureux avec mes parents et fier d'être son fils, mais ça c'était avant... ∞ Merci à orrace57 ChrisBonna StephOBV rosnaly2 pour avoir participé au titre !
Samedi 01-12-18 | Direction vers l'hôpital Santa Maria Nuova de Florence - Piazza di Santa Maria Nuova, 1, 50 122 Firenze FI, Italie.
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Dire que le trajet vers l'hôpital s'est passé sereinement serait un euphémisme. Je suis en total stress à l'idée de revoir cet homme, que je déteste et qui me le rend au centuple. Pourtant, ça n'a pas toujours été le cas, en ce qui me concerne. Je l'ai admiré, aimé, mis sur un piédestal pendant des années. Je voulais lui ressembler. Avoir sa prestance, son aura, sa façon de parler avec éloquence. À travers mes yeux de gamin, il était mon Roi.
Dès l'école terminée, je courais à la fabrique avec une pomme dans la bouche, un morceau de pain avec une barre de chocolat dans la main et dans l'autre une brique de jus de fruits. Je m'installais sur une chaise et je regardais mon père et mon grand-père travailler. Ils choisissaient soigneusement les étoffes pour répondre au mieux aux commandes effectuées principalement par Coco Chanel, mais aussi d'autres marques de luxe ainsi que des particuliers qui tenaient à décorer leur villa avec les plus beaux tissus.
Et puis, l'adolescence est passée par-là. J'ai commencé à me rebeller face à son éducation, mais surtout en réaction à ses ordres. Il devenait de plus en plus strict, alors que je n'étais épris que de liberté. Il était seul à la tête de la fabrique et de la vente. Mon grand-père avait progressivement passé la main, avant de lui laisser sa place étant son unique enfant. Et c'est ce que mon père pensait obtenir de moi.
Son héritier. Son successeur. Le fils dont il aurait pu être fier.
La manufacture devait perdurer après lui.
Sauf que j'avais des envies de voyages. Je voulais découvrir le monde avant de devoir devenir le Boss de Barresi & Co. Chose impensable pour mon père, qui, à dix-huit ans, me voyait déjà travailler à ses côtés pour apprendre mon métier. J'ai tenté pendant quelques années de concilier les études et ma formation au bas de l'échelle en simple employé de l'usine. « Pour pouvoir gérer et comprendre, tu dois être passé par tous les postes » n'arrêtait pas de me marteler mon père. Il était intraitable et il ne m'écoutait pas. Je n'avais pas mon mot à dire sur ce que je pensais, ressentais ou aimais.
Et ça, il s'est appliqué à l'incruster dans mon esprit, mais aussi dans mes chairs.
Alors un jour, j'en ai eu marre et j'ai tout plaqué. Les études, le boulot et avec mon sac sur le dos, je suis partie visiter les pays au gré de ma progression en stop. Mon père n'a pas supporté cet affront, il m'a coupé les vivres en pensant que je reviendrais ramper à ses pieds. Mais il n'en était pas question. Je préférais sauter des repas et dormir dans la rue plutôt que de lui demander le moindre argent.
Le seul qui m'a aidé et encouragé, c'est, mon grand-père. Je l'appelais régulièrement et à travers mes mots et mes cartes postales, il a suivi mon road trip. Et puis, j'ai rencontré Charlotte. J'ai posé mon sac dans le sud de la France. Pendant deux ans, nous avons été heureux. Du moins, c'est ce que je pensais...
Malheureusement, mon grand-père est mort et j'ai tenu à me rendre à son enterrement. Après plus de trois ans d'absence, j'ai revu mes parents. Ma mère m'a embrassé sur une seule de mes joues d'adulte et m'a souligné avec rudesse que je ne m'étais même pas rasé. Trois ans sans se voir. Et ses premiers mots m'adressaient déjà des reproches. Elle avait l'air tendue de me retrouver, quant à mon père, il n'a pas esquissé le moindre regard, ni le moindre geste envers moi.
Rien n'avait changé. Il m'en voulait toujours.
Malheureusement pour moi, ça lui a permis de savoir où je vivais avec Charlotte. Il n'a eu de cesse de maintenir la pression sur elle pour que je revienne. Il a poussé le vice jusqu'à lui offrir une place dans la plus prestigieuse école des beaux-arts de Florence. Tonio était persuadé de me tenir et ainsi m'obliger à suivre la femme que j'aimais. Parce que bien sûr, Charlotte avait accepté la place. Comment le lui reprocher ? Il lui a offert son rêve sur un plateau d'argent.
Sauf qu'il n'avait pas prévu que je tiendrais bon.
C'est à ce moment-là que j'ai pris la décision de vivre à Paris dans cet appartement légué par mon grand-père pour tenter de me reconstruire loin de leurs manigances. J'ai pu trouver du temps pour écrire, peindre, photographier ce qui m'entourait. De son côté, il ne décolérait pas. Il m'a même menacé de me rayer de son testament, mais ma mère est intervenue, l'empêchant – selon elle – de commettre l'irréparable. Pour une fois, elle avait laissé passer mon bien-être avant le sien. Alors, il a monté ma petite amie contre moi, et même pas six mois après s'être installé à Florence elle me quittait.
Elle m'a abandonné pour...
— Renzo, nous sommes arrivés.
J'ouvre les yeux, alors que la voiture vient de se garer devant le plus ancien hôpital de la ville. Il s'impose avec sa grande façade, où se succèdent les colonnes de pierre taillée et les arcades décorées de frises et de bustes.
— Tu m'accompagnes, Perle ?
— Si tu en ressens le besoin, oui.
Sans la proposition de ma belle brune, je ne serais même pas venu le voir. Je ne sais pas comment va tourner cette visite. Et je flippe.
— Je vais vous attendre au café du coin.
— D'accord ! Merci, Gianni.
Perle ouvre la porte et sort en premier de la berline. Elle me tend la main et c'est la perspective de la lui tenir qui m'incite à m'extraire à mon tour. Seul, je sais que je n'aurais pas pu accomplir cette démarche. Elle me pousse à agir sans que j'aie eu assez de recul pour déterminer si c'est bon pour moi. Si c'est ce dont j'ai envie ou besoin. Vais-je supporter de le revoir ? J'appréhende son ton sarcastique en sachant que je vais devoir prendre sur moi pour ne pas péter un câble dans l'hôpital.
— Je suis là, je ne te lâche pas.
Avant de rentrer, je fais le plein de douceur, de sentiments positifs en l'embrassant. Je remplis mes poumons pour retarder l'odeur de désinfectant qui prédomine dans tous les établissements de soins. Je m'adresse à la personne de l'accueil qui me renseigne sur l'étage et le numéro de la chambre. L'ascenseur avale bien trop vite la montée vers le quatrième.
Les soins intensifs.
À peine, nous sortons de la cage de fer, j'aperçois Charlotte assise sur une chaise se trouvant dans le couloir. Elle n'a pas l'air d'en croire ses yeux quand elle me découvre avec Perle. Main dans la main, nous avançons vers elle.
— Heureuse que tu aies changé d'avis.
— Tu peux remercier, Perle. C'est elle qui m'a convaincue de venir dès ce soir.
Sans adresser un regard à Perle, elle s'adresse à moi avec emphase.
— Je vais signaler aux infirmières que tu es là. Ta mère est dans la chambre. Elle va devoir sortir pour te laisser la place. Tu dois passer une combinaison en papier par-dessus tes affaires, ainsi qu'un bonnet et des surchaussures.
— Non, mais tu as vu la vierge ou quoi ? Tu crois que je vais...
Perle serre ma main et m'adresse un regard doux. Je plonge dans ses iris tendres pour me canaliser. Le vert clair de ses prunelles m'apaise assez pour que je ne me casse pas aussitôt de cette prison dont les murs ont l'air de se rapprocher de plus en plus. J'étouffe.
— Lorenzo. Sei venuto.
— Ciao, Mamma.
Elle s'approche et me prend dans ses bras. J'embrasse son front et accepte son étreinte en gardant mes yeux plantés dans ceux de Perle. Mes mâchoires se serrent face aux pleurs qui sortent de ce bout de femme, qui a perdu de sa superbe et de son autorité.
— Il est si faible, je ne sais même pas s'il va...
— Ça m'arrange.
— Lorenzo, tu ne peux pas parler ainsi.
— Je suis venu le voir parce que c'est mon devoir, ne m'en demande pas plus.
— Mon fils, me supplie-t-elle froidement, tente de mettre de côté ta colère.
Perle approuve les paroles de ma mère en agitant sa tête de bas en haut. Mais c'est la main de Charlotte qui s'enroule sur mon bras, qui me pousse à réagir. Sa présence me dérange, son contact me brûle et ses iris aimants me révulse.
— Ne me touche pas !
— Lorenzo. Je tenais juste...
— Rien du tout, je ne veux pas parler avec toi. Alors, garde tes distances.
Perle sentant l'affrontement arriver intervient en saluant ma mère.
— Buongiorno, Signora Barresi.
— Chi sei ?
— Perle Marcillac, j'accompagne votre fils. Vous vous souvenez de moi, je travaille pour Coco Charnel.
Je tends la main vers mon Ange qu'elle saisit aussitôt et je la rapproche de moi.
— C'est ma...
Perle détectant ma détresse vient à mon secours.
— Je suis sa voisine et une amie proche.
Je voulais pourtant la présenter à ma mère comme Perle le mérite. Mais je n'ai pas su quel mot mettre sur ce que nous partageons. On est quoi ? Un couple ? C'est une relation avec des bonus ? Nous sommes des sexfriends ? Je ne suis même pas sûr que nous sommes amis. Nous partageons de bons moments de baise et un peu plus depuis notre intermède dans l'avion, mais c'est tellement récent que je ne sais pas ce que cela représente.
— C'est ta... Petite amie ?
Avec dédain, ma mère détaille Perle de la tête aux pieds en posant un regard mauvais sur son corps pourtant magnifique. Si elle lui adresse un reproche, je me casse illico.
— Comment oses-tu venir ici avec cette femme, alors que Charlotte est là ?
— Je gère ma vie comme je l'entends. Et avec qui je le désire. Charlotte et moi, c'est terminé depuis des années.
Ma mère se tourne vers mon ex. Je sens la catastrophe arriver.
— Tu ne sors plus avec mon fils ?
— Gloria, laissez-moi vous expliquer...
— Dehors ! Tu n'as plus rien à faire ici.
— Tonio...
— De quel droit appelles-tu mon mari par son prénom ?
Ma mère est en train de s'énerver alors avant qu'elle ne rameute le personnel de ce service. Je la retiens par les épaules et demande à Charlotte de partir. Elle ouvre la bouche pour se justifier, mais mon regard ténébreux suffit à l'obliger de sortir de la pièce tout en maugréant.
— Veuillez excuser mon empressement à vous juger.
— Ce n'est rien, Madame Barresi, je sais que la situation est difficile. D'ailleurs, Renzo, tu devrais passer la tenue en papier avant qu'il ne soit trop tard pour les visites.
— Viens avec moi !
— Tu penses avoir besoin d'aide ?
— Oui.
Je l'entraîne à me suivre avant qu'elle n'émette une objection ou que ma mère ajoute quelque chose. La porte du vestiaire claque derrière nous alors que je plaque Perle contre le battant. Je l'embrasse avec âpreté. Je n'arrive pas à canaliser cette haine, qui navigue dans mes veines. J'ai besoin d'elle, de son corps. Je passe mes mains sous sa robe pour empoigner ses cuisses fermement.
— Renzo, on ne peut pas faire ça ici.
— Tu m'as dit que tu ferais tout ce qu'il faudrait pour m'aider. Alors, laisse-moi te baiser. J'en ai besoin faute de pouvoir fumer un joint ou de boire.
— Tu ne peux pas réagir ainsi chaque fois qu'un truc part en vrille. Repose-moi tout de suite !
— Non ! Écarte tes jambes. Bordel, je veux juste te baiser, ce n'est pas compliqué comme demande !
— Je t'ai dit non, Renzo ! Reprends-toi ! Je ne suis pas une pute que tu peux tringler à ta guise. Tu m'as montré que j'étais plus que ça dans l'avion. Il est tant de le prouver maintenant.
— Arrête de dire de la merde ! Je n'ai rien à te prouver. Je prends ce dont j'ai besoin. Si tu n'es pas capable de le comprendre ni de me le donner, je me casse. Des gonzesses à baiser, ce n'est pas ce qui manque.
— Alors, casse-toi. Il n'est pas question que je me laisse faire ! Espèce de connard !
La gifle qu'elle me donne me brûle la joue. J'ai même un peu de sang qui emplit ma bouche. Je recule et la regarde complètement ébahi.
— Tu m'as giflé ?
— C'est la seule chose que j'ai trouvée pour que tu reviennes à la raison.
Je me laisse glisser au sol. Comment ai-je pu lui parler ainsi ? J'entendais les mots sortir de ma bouche sans pouvoir arriver à canaliser le flux d'insultes.
— Tu es calmé ?
— Non. Tu devrais partir...
— Laisse-moi en juger par moi-même.
— Je vais te détruire, Perle. Je suis incontrôlable quand j'ai la haine.
Perle vient de s'accroupir face à moi et de sa main elle tente de discipliner les mèches de cheveux tombant sur mon front.
— Pars et laisse-moi à mon triste sort. Je vais encore te causer du mal.
— Tu as besoin de moi. Mais ne t'avise plus de me parler comme ça ! Tu as bien compris ?
Je cale ma joue dans la paume de sa main et accepte qu'elle me cajole. Je ne devrais pas la laisser ainsi. Je ne devrais pas autant apprécier la douceur que Perle met dans ses gestes. Je devrais lui dire d'arrêter. Il me suffirait de l'envoyer chier comme je l'ai fait tout à l'heure.
Mais est-ce que j'ai envie de prendre le risque qu'elle m'abandonne elle aussi ? J'ai besoin d'elle et ça me rend faible. Pitoyable à apprécier sa gentillesse.
Perle... Mon ange aux ailes brisées.
— Je ne te mérite pas, Angelo mio senza ali.
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➥ Les retrouvailles avec sa mère sont éprouvantes. Alors comment va être le tête-à-tête avec son père ? Enfin s'il arrive à aller le voir...
➥ Charlotte a laissé croire à la mère de Renzo qu'elle était toujours en couple avec son fils. Pourquoi d'après vous ?
➥ Renzo se montre odieux envers Perle en voulant la baiser dans le vestiaire. Aurait-elle dû partir après la gifle ? Ou a-t-elle raison de rester à ses côtés pour l'aider à ne pas sombrer ?
➥ Est-on d'accord avec Renzo sur ce point-là, il ne mérite pas Perle ?
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📍 Demain, on pourra lire le chapitre de PERLE :
🎭 A-t-il pu lui parler...
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🐞 Bonne journée, mes #Sexy #Love, gros bisous 🐺
✨ Kty.Edcall.Autrice ✨
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