T1 | 52 - PERLE
∞ PERLE ∞
∞ Quel connard arrogant, quelle ordure. Il croit quoi ? Que je n'ai pas deviné son scénario de série B. Que je vais sauter à pieds joints dans son jeu ? Je le hais, le déteste, jamais je n'aurais cru qu'il soit comme ça. C'est de pire en pire, il vient de briser mon cœur en mille morceaux et s'affiche avec ma Boss. Merde, je suis jalouse, mais je ne m'avouerai pas vaincue, s'il veut jouer on peut être deux, je vais montrer à ce fils de Putana ce qu'il perd. Je regrette de lui avoir proposé de prendre le jet avec nous, le voyage va être un enfer, mais je vais aller de l'avant pour ne plus souffrir et le laisser à ses ténèbres ! ∞ Merci à orrace57 est__her_ rosnaly2 ChrisBonna mimiminou54 FIBULON gael2660 jessdiegoezetam Georgette59 bamboue edmarah29 StephOBV eloloflower d'avoir participé avec brio à ce préambule !
Samedi 01-12-18 | Vol entre Paris et Florence
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Dire que j'ai du mal à parler ou à suivre la conversation après le rejet de Renzo est un euphémisme. J'avais envisagé qu'il montre encore du ressentiment après tous les événements de la matinée, mais pas à ce point.
Là, il m'a carrément ignorée, repoussée comme si l'embrasser était la pire chose au monde qu'il pouvait subir. Dans sa posture glaciale, j'ai senti toute cette noirceur, qui compose son être. J'en avais conscience, mais je ne pensais pas y être confrontée de la sorte.
Pourtant, Gianni m'avait prévenue. Je savais pertinemment qu'il pouvait partir en vrille à n'importe quel moment. Renzo ne s'en est jamais caché. Mais je n'aurais jamais pensé que ça arrive à ce point d'indifférence et de noirceur.
Le message est clair, net et entendu.
Je dois passer à autre chose. Tourner la page. Ce week-end en famille va me faire du bien et, à mon retour à Paris, j'aviserai. Si ça se trouve, Renzo devra rester quelques jours de plus en Toscane et ça m'accordera encore plus de temps pour oublier cette relation aussi intense que nocive.
Salomé parle des ventes de ce samedi et je dois me reconnecter, même si je me sens vide au fond de moi. Je n'avais pas mesuré à sa juste valeur la place que Renzo avait prise dans ma vie.
— Cette première journée est un véritable succès. Cela va bien au-delà de nos prévisions. Nous avons réussi le double de vente qui était espérée et il reste encore les chiffres de la fin d'après-midi à ajouter.
— C'est vraiment bien, les clientes ont été emballées par nos modèles.
— Principalement les tiens, Perle, ajoute Monsieur Capresi.
Victor a du mal à retenir une grimace.
Il s'est installé en face de moi et, depuis que nous sommes montés dans l'avion, il ne me lâche pas du regard. Cette attention me gêne, me contrarie. Et je trouve déplacé qu'il agisse ainsi alors que sa fiancée se retrouve à côté de lui.
Ma Boss a le nez dans son ordinateur et n'arrête pas de travailler ou d'échanger avec son père. Elle agit avec moi comme si rien ne s'était passé entre elle et Renzo, ce qui me perturbe d'autant plus.
— D'après toi, je valide combien de modèles "Rouge Rubis" ? L'usine me demande de confirmer la commande enregistrée depuis la boutique.
— Avec Jade, nous avons tablé sur vingt pièces.
— Cela me semble raisonnable. Surtout qu'ils vont devoir aussi nous fournir au moins dix ensembles pour chacun des autres modèles.
— Tu ne peux pas demander aux employés de l'usine de travailler jour et nuit pour approvisionner la boutique.
— J'en suis bien consciente et, si nous sommes dans cette situation périlleuse, c'est de ta faute, Victor. Tu n'as pas assez cru en ces modèles et tu as préféré que la production se fasse autour de tes créations.
— Ma ligne de lingerie se vend bien, regarde les chiffres.
— En effet, mais nous ne sommes pas en rupture de stock comme avec ceux de Perle.
— C'est normal, pendant le défilé, mon assistante a mis ses modèles en avant.
Salomé relève la tête de sur son ordinateur et fusille du regard son fiancé. Si ses iris étaient chargés telle une carabine, il serait déjà mort. Mais, c'est le son lapidaire de sa voix qui s'en charge.
— Dois-je te rappeler qu'elle n'est plus ton assistante ? Perle a obtenu le poste de directrice qu'elle mérite ainsi que de créatrice. Dorénavant, les modèles seront dessinés par Perle et moi.
Victor se recule et croise les bras sur son torse.
— Tu n'as aucune expérience, Salomé. Et puis, ça ne marchera pas vu que Perle ne sera pas sur place.
— Tu sais très bien que je peux travailler en visio ? Je le tacle à mon tour. Et puis, il est prévu que je vienne au moins deux fois par mois pour voir sur place avec les équipes ce qui doit être modifié ou amélioré.
— Je m'aperçois que vous avez décidé de tout sans même me consulter.
— Tu n'as pas ton mot à dire en effet, ajoute Salomé pour finir d'achever Victor. Ton ère est terminée. Tu ne l'as toujours pas compris ?
Mon ancien Boss fulmine et de la fumée blanche ne devrait pas tarder à sortir de ses narines.
— Nous en discuterons, Chérie.
— C'est déjà tout vu. D'ailleurs en parlant de restructuration. Quel est le plus grand bureau ?
J'ai du mal à retenir un fou rire en voyant la réaction de Victor. Quant à Monsieur Capresi, il se délecte de la mise à mort de son ancien poulain. Victor est devenu livide en comprenant ce que sa fiancée avait en tête.
Remarque, je ne sais même plus si le mariage est toujours d'actualité. On dirait qu'elle veut passer à autre chose ou à un autre plutôt.
Je me remémore le moment bizarre qu'elle a vécu avec Renzo avant qu'on embarque. De là où je me trouvais, je n'arrivais pas à entendre sur quel sujet, ils débattaient. Par contre, le dialogue de son corps était limpide surtout quand ma Boss l'a embrassé sur la joue.
Renzo a eu l'air aussi surpris que moi, mais, contrairement à l'attitude négative qu'il a eue envers moi, là il ne l'a pas repoussée. Je me suis sentie mal et c'est grâce à l'aide de Manon que je suis arrivée à monter les marches afin de m'asseoir sur un des fauteuils du jet.
Est-ce que c'est à cause d'elle qu'il m'a repoussée ? Mais depuis quand sont-ils devenus proches ? Est-ce que c'est une façon de la remercier pour le vol en jet privé qu'il a crocheté son bras pour monter dans l'avion ? A-t-elle voulu donner une leçon à Victor et à moi par la même occasion ? Je sais bien que je lui ai causé du tort en entretenant une relation avec son fiancé, alors je n'arrive pas à vraiment lui en tenir rigueur... La voix de stentor de Victor me sort de mes pensées.
— Tu ne peux pas t'installer dans mon bureau !
— Tu n'auras qu'à utiliser celui qui se trouve en face du mien.
— Mais, c'est la salle d'entretien.
— Tu pourras l'aménager à ton goût. Tu n'auras qu'à déplacer quelques serpillières...
— Tu n'as pas le droit de me remiser dans le placard à balais.
— C'est là que tu te trompes, Victor, elle lui assène avec un sourire perfide. J'ai récupéré le pouvoir que tu convoitais tant.
Je les laisse se chamailler et porte mon attention sur l'autre groupe, qui se trouve à bord. Manon et Gianni me tournent le dos. Quant à Renzo, forcément, il a pris place en face à moi. Je ne sais pas à quel moment, il a échangé son fauteuil avec Manon. Sans doute pour qu'elle soit assise à côté de son amant.
Je me lève pour me rendre aux toilettes et je sens tout le poids de son regard ténébreux se poser sur moi. Je tente de faire abstraction, mais c'est peine perdue quand j'entends des pas me suivre. Je ne dois pas flancher. Je dois me tenir fière face à lui et lui démontrer que son attitude de connard ne m'atteint pas.
— Renzo !
— Oui, Perle.
— Je voudrais...
— Moi aussi j'ai un besoin pressant.
— Tu me fais chier !
— Pour mon cas, c'est juste une envie de pisser. Alors je passe en premier.
Il déverrouille la porte des toilettes en m'offrant un rictus provocateur et la referme sur mon nez avant même que je puisse dire ouf.
J'enrage par rapport à sa façon d'agir quand le battant s'ouvre après deux ou trois secondes. Je n'ai même pas eu le temps de reculer que je me retrouve happée par cette minuscule cabine. C'est plutôt le bras de Renzo qui vient d'agripper le mien pour m'entraîner à le suivre. Nous nous retrouvons - corps à corps - dans cet espace réduit. Nos regards s'affrontent tandis que je tente de me débattre pour pouvoir ressortir aussi vite que je suis entrée.
Mais Renzo a tout prévu et colle son dos contre la porte pour m'empêcher de le fuir. Sa bouche presse la mienne et je reste aussi glaciale qu'il a pu l'être avec moi devant la boutique.
— Ma sorcière... Tu me rends...
— Stop ! Tu ne peux pas agir comme ça. Je ne suis pas un jouet que tu peux prendre et jeter au gré de tes envies et de tes névroses.
Mon dernier mot lui arrache un rictus sarcastique, alors qu'il fixe mes lèvres. L'espace est si restreint que je peine à respirer un autre air que le sien. Je tente de reculer un maximum, mais soit, je termine assise sur les toilettes ou bien je finis avec les fesses dans le lave-mains. Quoique ces deux solutions soient toujours meilleures que de rester dans ses bras. J'ai beau être en colère après Renzo, mon traître de corps apprécie beaucoup trop - à mon goût - le contact avec celui de mon voisin.
— Que comptes-tu faire ?
Renzo me défie du regard en pensant avoir gagné cette manche, mais je n'ai pas dit mon dernier mot. Par contre, je ne sais pas d'où me sort cette idée. Ni le courage de l'accomplir.
— Pisser !
Je déboutonne la ceinture de mon pantalon en espérant le forcer à fuir, mais, bien au contraire, Renzo s'adosse nonchalamment contre la porte, croise ses bras sur son torse pour assister au spectacle.
— Sors !
— Non !
— Tu l'auras voulu.
Son sourire est lumineux et il n'est pas gêné le moins du monde. Alors, je me focalise sur ce que j'ai à réaliser comme s'il n'était pas là. Je pense à une verte prairie, aux petites fleurs sauvages bougeant au gré du vent. À une rivière qui serpenterait au travers. Je tente de me focaliser sur le bruit de l'eau. Parce que bien sûr cette conne de vessie fait de la rétention. Mon esprit ne veut pas lâcher et m'accorder cette victoire, qui me tend pourtant les mains. Il me suffit de pisser. Je siffle tel un serpent en mode silencieux. D'habitude, ça marche, alors pourquoi je bloque ?
— Tu veux de l'aide ?
— Dégage ! Renzo !
— Il n'en est pas question, je ne tiens pas à rater le clou du spectacle.
Il s'amuse de la situation dans laquelle je me suis mise toute seule. Mes poings se referment sur la taille de mon pantalon que je remonte le plus possible sur mes jambes. Pas question qu'il se rince l'œil en plus. Je relève la tête et, bien sûr, il me fixe avec cette envie de me défier, que je commence à bien lui connaître.
Je ne sais plus quoi invoquer pour que j'y arrive.
Et puis, une nouvelle idée me vient. En espérant que celle-ci se trouve meilleure que la première. J'esquisse un semblant de soulagement en affichant un air satisfait sur mon visage. L'espace d'une seconde, je vois Renzo tiquer, puis il me tend en souriant deux carrés de papier.
— Tu ne crois pas que je vais m'essuyer devant toi tout de même ?
— J'ai pourtant bien l'intention de rester là pour te voir aller jusqu'au bout.
— Il n'en est pas question !
— Ça, il fallait y penser avant de me mettre au défi !
— Mais tu es un grand malade.
— Si tu savais à quel point, il grimace.
Je ne maîtrise pas ce que ces mots ont eu comme impact sur lui, mais le voilà qui pose le papier sur le lavabo et qu'il sort des toilettes sans rien ajouter. La porte se ferme et instantanément je libère ce liquide, qui jusque-là ne voulait pas jaillir. Je termine en me lavant les mains et en tentant de me donner une contenance. Je laisse passer quelques secondes pour que Renzo ait le temps de rejoindre son siège. Pas question que je retombe sur lui.
J'estime que d'avoir compté jusqu'à cent est suffisant. Je sors de ma cachette. Je regarde à droite puis à gauche, le couloir est libre et je m'y engouffre sans plus attendre.
Soudainement, un bras s'enroule autour de ma taille et une main bloque ma bouche. Je sens que l'on tire mon corps en arrière. Je tente de donner des coups de coude, de retirer cette paume, qui m'empêche de crier. Alors je la mords aussi fort que je le peux. Et cette fois-ci, la prise se relâche dans une série d'injures feutrées pour ne pas alerter les autres passagers.
— Tu m'as mordu !
— Tu as tenté de me museler pour m'enlever !
— Tu es tout aussi folle que moi.
Nos iris de plus en plus noirs se lancent dans une lutte infernale. Il n'est pas question que je baisse le regard. Alors que j'entame le sujet de Salomé et de leur rapprochement.
— Ne me dis pas que tu es jalouse ?
— Je ne le suis pas, je tente d'analyser la situation. C'est totalement différent !
Renzo m'étonne en me disant qu'il n'est pas du tout intéressé par Salomé alors qu'il rapproche son corps du mien. Mais si je veux pouvoir parler avec lui, je dois le repousser.
— Reste à distance ! Explique-moi alors ce que tu foutais avec Salomé ?
— Je lui ai rendu service, c'est la moindre des choses vu qu'elle a accepté Gianni et moi sur le vol.
— Et en quoi consistait ce service ?
— À rendre jaloux Victor. Je t'avoue que je n'ai pas bien compris sa demande. Ils ne sont pas séparés ?
C'était donc juste pour ça ? Je ressens un soulagement immédiat, mais il n'est pas question de le lui montrer.
— Je me suis posé la même question. Elle le maltraite au niveau du boulot, elle lui fait comprendre qu'il va tout perdre, elle vient de le remiser dans le placard à balais et, lui, il continue de s'accrocher.
— C'est ce qui le challenge.
— Comment ça ?
— L'inaccessible. Tu l'es devenue et il te court après. Et maintenant, celle qu'il pensait être juste une fille à papa qui allait lui apporter le gros lot est en train de lui filer entre les doigts. Elle lui tient tête, elle le défie et veut même le reléguer au dernier plan.
— Un peu comme toi... Je suis proche de toi, tu m'envoies chier et, quand je te fuis, tu reviens vers moi parce que tu ne supportes pas que je m'éloigne.
Je ne peux réprimer un sourire vainqueur face à la moue de Renzo, mais je me ravise vite en décryptant son envie de m'embrasser alors qu'il ne lâche pas mes lèvres du regard. Je tente de l'esquiver, mais son bras s'enroule sur ma taille, sur mon poignet, ce qui fait tinter mes bracelets. Leur son rassurant me distrait. Je me laisse avoir par son souffle, qui se répand dans mon cou quand il me partage son besoin profond.
— Ne me fuis pas, Perle.
— Qu'est-ce que tu me veux encore ?
Ses prunelles brûlent mon âme tant l'intensité dans son regard est proche de la combustion.
— Toi !
Aussitôt dit, il m'embrasse. Il me renverse en arrière et je me sens happée par le vide qui se crée dans mon dos. Je tente de me retenir en balayant l'espace de mes mains. Je ferme les yeux en espérant ne pas me faire trop mal en atterrissant au sol.
Mais c'est une tout autre surface qui m'accueille.
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➥ Salomé profite du vol pour mettre les choses à plat. Est-elle trop dure envers Victor ou bien mérite-t-il ce qui lui arrive ?
➥ Perle va donc continuer à dessiner des ensembles de lingerie en restant à Paris. Est-ce que ça sera suffisant de revenir deux fois par mois à Florence ?
➥ L'idée de Perle d'annoncer qu'elle va pisser pour le défier était-elle la bonne formule ?
➥ Renzo a beau repousser Perle, tenter de tout mettre en œuvre pour la blesser, il n'arrive pas à se passer d'elle comme elle le lui fait remarquer. A-t-elle raison ? Est-ce judicieux de le comparer à Victor?
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📍 Demain, on retrouvera le chapitre de RENZO :
🎭 Je ne peux pas...
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💗 Bonne journée, mes #Sexys #Love, gros bisous💙
✨ Kty.Edcall.Autrice ✨
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