30 - PERLE

PERLE

Renzo n'est pas un adepte des démonstrations linguistiques.

Vendredi 30-11-18 | Appartement de Perle au 4 rue Dancourt, 75018 Paris

∞ ∞∞ ∞

Ce mec est vraiment une tête de mule. Il a claqué la porte de son appartement me laissant seule au milieu de ma chambre. Je voudrais bien prendre du temps pour analyser ce qu'il vient de se passer. Mais justement, je n'en ai pas. Il défile à une vitesse folle et je ne me suis pas encore douchée. Je file au plus vite à la salle de bains. J'y retrouve Manon, en train de se maquiller.

— Enfin te voilà ! J'espère qu'il t'a fait grimper au rideau ?

Je vire ma nuisette et me glisse sous l'eau chaude sans prendre le temps de lui répondre. Je n'ai pas deux minutes en trop pour lui en parler et puis pour lui dire quoi ?

Qu'il m'a fait jouir avec sa langue dans une pénétration inédite de mon antre ! Que c'était une première ! Et quelle première ! Il m'a rendue folle de désir, de plaisir au point où j'en ai perdu la tête.

Mon Loup...

Moi-même, j'ai été surprise de l'appeler ainsi. Je me suis perdue dans cette exquise volupté charnelle. Mes sens étant maintenus en éveil par cette intrusion alternant entre la douceur de sa langue et le côté piquant de sa barbe. Je venais d'atteindre l'extase et je voulais qu'il en soit de même pour lui. Mais il n'a pas souhaité que je lui rende la pareille. Pourtant j'ai essayé de le tenter. Mais ce petit mot de quatre lettres avait déjà tendu une ligne rouge entre nous.

Une frontière que je n'aurais jamais dû franchir.

Je prends juste quelques secondes pour apprécier la détente que m'apporte l'eau chaude. Je me lave et tente de repousser au maximum les images de la soirée qui me reviennent.

Je n'aurais jamais dû fumer ce joint.

Je sors rapidement de la douche à l'italienne entourée d'un drap de bain. Je n'ai pas le temps d'enduire mon corps de crème, je me brosse les dents tout en essayant de démêler mes cheveux. Mais je n'arrive à rien et n'avance pas assez vite.

— Pose tes fesses sur le fauteuil et laisse-moi t'aider.

Manon s'occupe de ma coiffure tandis que je réalise un make-up léger, mais soigné.

— Alors, c'est quoi, le blême ?

— J'ai commis une erreur qu'il n'a pas laissée passer.

— Du genre ? Tu lui as rayé la bite avec les dents ? s'amuse-t-elle.

— Je n'y ai même pas eu accès.

— Tu as fait quoi de si répréhensible ?

— Je l'ai appelé « Mon Loup ».

Mio lupo...

Ma meilleure amie me regarde au travers du miroir en affichant un visage étonné.

— Et ? marque-t-elle un arrêt. C'est tout ?

— Je me suis emballée. Je venais de jouir et je n'ai pas réfléchi.

— Non, mais tu t'entends ? C'est bon ! Tu n'as rien commis d'illégal ! Au pire, ça ne lui plaît pas, il te le dit et puis voilà. Basta così !

— Tu ne comprends pas, Manon !

— Explique-moi, alors.

— Nous ne voulons pas de relation. On est libre. On se voit quand on en a envie. Pas d'engagement, tu captes ?

— C'est son idée ou la tienne ?

— La nôtre !

Manon me regarde bizarrement et j'attends sa remarque qui ne tarde pas.

— Il t'a convaincue que c'était la meilleure option pour toi ? Parce qu'on est d'accord, ce n'est pas ton genre.

— Justement, après la relation que je viens de vivre au côté de Victor, je ne veux pas me prendre la tête. Avec Renzo, c'est simple. Enfin... C'est censé l'être. Mais je dois aussi composer avec son passé.

— C'est quoi, son excuse ? Il a été marié ?

— Non, mais il a vécu deux ans avec une femme qui l'a trahi. Depuis, il ne veut plus de relation. Pas de sentiments, de petit nom, de tendresse à la con...

— Et donc, tu l'appelles « Mon Loup » et tu trouves normal qu'il parte en vrille ?

— Non, mais...

— Il ne t'en donne pas, lui, des surnoms ?

Manon a raison. Maintenant que les endorphines quittent mon corps. Que mon état d'euphorie dû à l'orgasme revient à la normale, je me rends compte que sa réaction est peut-être démesurée.

Sans doute même.

— Il m'appelle mia coccinella ou tesoro.

— Et tu ne fais pas un caca nerveux pour autant. Ce mec est peut-être un très bon auteur, un amant hors pair, il ne comprend rien aux rapports humains.

Je termine de m'habiller. J'avale un café et je suis pile à l'heure. Nous sortons de l'appartement et le temps d'attendre l'ascenseur, je ne peux m'empêcher de regarder la porte d'entrée de mon voisin.

J'ai claqué la mienne volontairement pour être sûre qu'il m'entende.

S'il le voulait, ça serait le moment idéal pour venir me parler. Pour s'excuser pour son comportement irrationnel. Il pourrait même descendre avec nous pour se rendre ensemble au Hangar.

Mais je comprends que rien de tout ça ne va se produire quand j'entends de la musique filtrer de l'étage supérieur. Renzo est dans son atelier. Il doit terminer de préparer ce dont il aura besoin pour son exposition.

S'il attend que je monte, il rêve. Et en couleurs ! Pas question que je fasse le premier pas. C'est lui qui est parti furax sans me calculer.

Je suis Manon dans la cage de bois et de fer qui descend lentement au travers des étages.

— C'était lui, la musique ?

— Oui, il a créé un studio en reliant trois chambres de bonnes. C'est l'idéal pour qu'il y peigne, qu'il développe ses photos, qu'il y écrit ses romans. Entre autres choses...

— Un vrai piège à gonzesses. Je te parie que c'est aussi là qu'il les emmène pour baiser !

Manon termine à peine sa phrase que des images de nous deux dans son studio me reviennent. Je dois vite les chasser. Monsieur Capresi, sa fille et mon Boss nous attendent devant l'immeuble. Je dois me ressaisir pour adopter une attitude professionnelle.

Une limousine noire aux vitres teintées est garée le long du trottoir. On s'en approche et Victor en sort pour nous tenir la porte. Nous le saluons et Manon me laisse entrer la première pour me permettre d'éviter un face-à-face avec mon Boss.

Je sais pertinemment que je ne vais pas pouvoir l'esquiver toute la journée. Mais là, j'ai besoin d'un peu de répit et mon amie l'a très bien compris.

Le trajet est court et en cinq minutes nous arrivons devant cette halle imposante. Juste avant de sortir Monsieur Capresi me demande d'un ton plus bas :

— Monsieur Barresi nous rejoindra plus tard ?

— Il devait terminer de préparer son matériel et apporter les dernières retouches à ses tableaux.

— De toute façon, nous n'avons pas besoin de lui, annonce Victor.

En entendant que Renzo arriverait plus tard dans la journée, il affiche un sourire satisfait.

Tout le monde descend de la grande berline quand je sens qu'on crochète mon bras. Je vais pour envoyer chier mon Boss lorsqu'une voix fine me demande :

— Tu te sens mieux ?

— Oui, merci. Je suis désolée, Salomé...

— C'est moi qui le suis. Je ne pensais pas qu'un joint te mettrait dans un tel état.

— Je n'ai pas l'habitude d'en consommer. Si l'on ajoute la fatigue et le stress, ça produit un combo détonnant.

Nous en sourions et c'est ainsi que nous passons l'entrée de l'ancienne halle. Je suis aussitôt happée par la beauté de l'édifice. Il est toujours aussi impressionnant avec les poutres en fer, la hauteur...

Impossible de bloquer les souvenirs de ce moment que nous avons vécu dans son bureau. Je ferme les yeux. Je suis submergée par l'appel du vide alors que je me tenais contre les panneaux vitrés tandis que Renzo m'emportait vers l'orgasme.

En fait, n'importe quel endroit où je pose les yeux, je le vois. Comme quand je l'ai trouvé accoudé au bar pour boire son jus de fruits et parler avec la serveuse. Ou bien assis dans le canapé de la grande salle en train de se marrer avec Manon. Ou encore dans l'espace exposition où il m'a permis de découvrir d'étranges sculptures.

Renzo est partout et pourtant il brille par son absence.

Le travail reprend le dessus et c'est tant mieux. J'ai énormément de choses à régler. Salomé et Manon m'apportent leurs aides pour que tout soit prêt lorsque les mannequins arrivent pour effectuer les essais et la répétition.

Les ensembles de lingerie sélectionnés se trouvent sur plusieurs portants dans la salle attenante à celle où se fera le défilé.

D'ailleurs, je me dirige vers cette dernière pour voir où en est la décoration quand l'hôtesse d'accueil m'informe qu'une livraison a été faite dans la remise. Je m'y rends et y découvre les compositions florales. C'est une catastrophe. C'est beaucoup trop tôt.

Je ne comprends pas ce qui a pu se passer.

Je reste devant ces sublimes créations. Le travail est magnifique. C'est exactement ce que je voulais. Sauf qu'elles arrivent avec six heures d'avance.

Je sursaute en entendant sa voix.

— C'est du grand n'importe quoi !

— Victor... Ça ne sert à rien de râler. Essayons plutôt de trouver une solution.

— Elle est toute trouvée. Le coursier doit tout reprendre et nous les ramener pour la bonne heure.

Je parcours le bordereau de livraison qui accompagne les fleurs et regarde ce que la fleuriste y a noté. Je sens la présence bien trop proche de Victor, qui se penche par-dessus mon épaule pour consulter le papier.

Je dois maîtriser l'agacement qui prend place dans mon corps face à sa position, qui n'est pas du tout professionnelle.

De son index, il me montre l'heure à laquelle est notée la livraison des bouquets. Mais surtout, il en profite pour laisser son nez s'égarer dans mes cheveux pour renifler mon cou. Victor a toujours aimé mon parfum. Je me dégage de son attraction, mon Boss n'est pas de cet avis.

— Tu as fait une énorme erreur. Chérie...

Je me fige face à sa remarque. En effet, il est bien noté 11 h 30 au lieu de 17 h 30 comme c'était prévu. Victor m'impose sa présence en plaçant sa main dans le creux de mes reins.

— J'attends tes explications.

Sa voix est dure. Inflexible.

L'espace d'un instant, je me revois quelques années en arrière à Florence. À mes débuts, quand je ne connaissais pas grand-chose. Je sortais de mon école avec mon diplôme en poche et le passage de la théorie à la pratique s'avérait quelque peu difficile. Victor m'a prise sous son aile et j'en étais flattée. Pourtant sa façon de s'adresser à moi était autoritaire et intimidante. Mais c'était mon Boss, mon mentor. Je buvais ses paroles et accomplissais la moindre de ses demandes, comme doit l'effectuer une assistante dévouée.

Mais je ne suis plus cette gamine impressionnable. Je dois lui prouver que je peux arranger ce problème.

En tout premier lieu, je mets une distance raisonnable entre nous deux. Victor me fusille du regard, mais ça ne marche plus.

— Je vais trouver une solution.

Je sors mon téléphone et cherche dans mes contacts le numéro du fleuriste. Les yeux baissés sur mon écran, je n'anticipe pas la manœuvre de Victor.

La lumière de la remise s'éteint et il en profite pour foncer sur moi. Ses lèvres se pressent contre les miennes. Allant contre mon envie. Mes mains le repoussent. Je livre bataille, mais il me maintient contre lui et m'empêche de me soustraire à sa volonté.

— Victor ! Lâche-moi...

— C'est tellement bon de te retrouver, ma Chérie.

Sa bouche impérieuse veut m'imposer sa volonté dans un nouveau baiser. Mais il n'en est pas question. Je lui mords la lèvre et profite de sa stupeur pour le repousser. Il tombe. Le bruit qui suit sa chute me glace le sang.

— Tu vas me le payer !

∞ ∞∞ ∞

➥ Après sa discussion avec Manon, Perle comprend que la réaction de Renzo est excessive. Vous aussi ?

➥ Renzo s'est réfugié dans son studio au lieu de parler avec sa voisine. Pourquoi a-t-il lancé de la musique ?

➥ Perle se retrouve bloquée dans la remise avec Victor qui en profite pour l'embrasser. Que s'est-il passé après que Perle a poussé son Boss ?

➥ Perle a-t-elle commis une erreur avec l'heure de livraison ? Va-t-elle pouvoir arranger cet incident ?

∞ ∞∞ ∞

📍 Dans le chapitre de samedi, on lira celui de RENZO :

🎭 Pourquoi faut-il qu'elle...

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🥰 Bonne journée, mes #Sexys #Love, gros bisous 💋

💗 Kty.Edcall.Autrice 💙



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