28 - PERLE

PERLE

Je n'ai pas menti...

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Jeudi 29-11-18 | Au club l'Extase 75018 Paris

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Je savais bien que c'était une mauvaise idée. Mais je me suis laissée entraîner par la bonne humeur communicative de Manon et Salomé. Sur le chemin pour se rendre à la boîte indiquée par Renzo, Monsieur Capresi nous a annoncé qu'il avait une vilaine migraine et qu'il préférait rentrer à l'hôtel. Le retour s'est fait dans un certain silence pour ne pas aggraver le mal de tête de mon patron. Victor lui avait apporté son aide pour sortir de la voiture et Monsieur Capresi avait souhaité qu'il l'accompagne jusqu'à la réception de l'hôtel.

Salomé, pas plus chagrinée que ça par l'état de son père, nous a proposé un joint à peine, avait-il refermé la porte. Et entre une chose et une autre, elles m'ont mise au défi de vraiment enlever ma guêpière pour que mon challenge envers Renzo soit plus réaliste.

Je ne fume que très rarement et je pense qu'ajouter à mon état de stress et de fatigue dû aux derniers jours des préparatifs, j'ai été très réceptive aux effets de l'herbe. Je me suis tout de suite sentie très légère et euphorique. Au point de trouver la blague hilarante.

Mes réponses aux textos de Renzo me venaient sans la moindre réflexion, et encouragée par mes amies, je me suis bien amusée, malgré le retour de Victor dans l'habitacle qui tirait une tronche de dix pieds. Pourtant sa fiancée lui a proposé de partager avec nous ce joint. Mais il l'a refusé, outré même par notre comportement.

Nous l'avions traité de rabat-joie, Salomé était allée jusqu'à lui dire qu'il n'était qu'une mauviette et que son manque d'enthousiasme commençait à la gonfler.

Nous avions laissé le couple se prendre la tête, tandis que je finissais avec l'aide de Manon à défier Renzo au travers de mes messages.

Mais quand je vois le résultat, je me dis que l'idée n'était pas si bonne que cela. Je suis redescendue de mon état euphorique aussi vite que je suis montée sous l'effet du joint. Je n'arrive pas à stopper mes larmes. Renzo me tient dans ses bras et me caresse le dos et je sais qu'il ne va pas tarder à réaliser.

Alors j'anticipe son attaque...

— Tu vois, je ne t'ai pas menti.

— Tu es vraiment nue, sous ta robe ?

Son regard interrogateur et ce ton moralisateur me mettent à mal. Je veux retourner me planquer au creux de son épaule, mais il n'est pas de cet avis et me relève le menton en le serrant entre son pouce et son index. Le geste n'est pas brutal, il exprime juste son incompréhension, voire sa déception. Cependant, mon état déforme tout. Je ressens une série de tremblements envahir mon corps. Je tente de les maîtriser comme je peux et arrive péniblement à prononcer ma réponse sous ses iris devenus d'un bleu si profond que je me sens aspiré vers un puits sans fond.

— Dans la voiture...

La colère le gagne tandis que mes jambes se mettent à flageoler. Renzo a juste le temps de me retenir par la taille avant que je ne termine au sol. Il me soulève façon princesse et me porte au travers du couloir. Je l'entends râler après moi, mais ses mots sont comme prononcés avec une lenteur exagérée. J'ai l'impression d'être dans un monde cotonneux où tous les sons m'arrivent avec un temps de retard en même temps qu'ils sont déformés. Je ferme les yeux et ma tête se pose instinctivement dans le creux de son épaule. Je me calque aux battements de son cœur. Seul rythme qui me semble correct. Je me sens bien à l'abri de ses bras musclés et protecteurs.

Je l'entends parler avec Manon et Gianni, qui nous ont rejoints. Je reconnais leurs voix. Mon amie me demande comment je vais, alors que je sens que Renzo me dépose sur quelque chose de moelleux. Il tente de se relever, mais je l'en empêche en refusant de dénouer ma prise sur sa nuque. Je veux le garder auprès de moi. Le sentir contre mon corps m'apaise.

— Reste.

Mes larmes reviennent et je n'arrive pas à les arrêter.

— Calme-toi, tesoro. Je ne bouge pas. Alors, essaye de contrôler ta respiration.

Renzo s'est assis à côté de moi. Il me tient la main, à laquelle je m'accroche comme à une bouée de sauvetage. C'est ça. J'ai l'impression de couler, de me noyer et j'ai peur.

Je sens un vertige annonciateur de crises d'angoisses accompagnées de bouffées de chaleur et pourtant je tremble de froid. Je suis terrorisée et n'arrive pas à contrôler mon corps, à réguler ma respiration. Tout s'emballe et se dérègle. Mon cœur bat tellement vite que le son se répercute dans mes oreilles, qui bourdonnent. Je sens les gouttes de sueur dévaler mon dos, mes muscles se tétaniser en me rendant prisonnière de ce corps qui s'affaiblit.

Tout devient noir autour de moi.

Je ressens la panique dans ses mots, dans les petites tapes qu'il me donne sur la joue. J'entends Manon qui me demande de revenir. Elle est inquiète, elle aussi. Je suis morte de trouille. Je ne sais pas où je me trouve. Ni comment m'en échapper. Je tente de faire de mon mieux pour me raccrocher à ses paroles. Je sens quelque chose de froid et humide sur mon front. Ça me surprend et le soubresaut que j'éprouve me sort de ma léthargie.

— Te revoilà enfin.

Sa voix est grave, inquiète et rocailleuse.

— Essaye d'ouvrir les yeux. Tu peux faire ça pour moi ?

Je hoche la tête, mais ce geste m'assène aussitôt une douleur qui résonne dans mon crâne. J'essaye de dépasser les élancements provoqués par ce mouvement, afin de les rassurer. Je tente d'ouvrir les yeux, mais je dois m'y reprendre à deux fois. La lumière m'agresse et j'entends l'ordre donné par Renzo.

— Gianni éteint.

Apparemment, son ami s'exécute rapidement et cette fois-ci j'arrive à supporter la faible clarté apportée par une lampe posée pas très loin ee moi.

Je les découvre tous autour du lit. Je me trouve dans une chambre, mais je ne reconnais pas l'endroit.

— Nous sommes dans une des pièces du club, m'informe Renzo.

Tandis qu'il passe le gant humide sur mon visage, j'essaye de comprendre ce que je fais là. Cette sensation de fraîcheur m'apporte un bien fou.

— Tu te souviens, ma bichette. Après le spectacle du moulin rouge, on a décidé de finir la soirée dans un Club.

Après les détails donnés par mon amie et ce que je perçois autour de moi, je réalise où je suis. C'est donc normal que je ne connaisse pas ce décor. Ce n'est pas un nouveau délire.

— J'ai soif.

Ma gorge est sèche et cette simple demande m'arrache une grimace. Je sens qu'on me relève la tête avec douceur et je me laisse faire. Je manque cruellement de tonus. Renzo me soutient tandis que Manon fait couler enfin cette eau fraîche, que j'attendais comme le messie. Sentir le liquide froid ruisseler en moi me provoque des frissons. Mais c'est un tel plaisir que j'en redemande.

Je croise le regard de Renzo et une vague de culpabilité me submerge.

— Reste tranquille Perle.

— Je suis désolée...

Je me sens si fatiguée. Je n'essaye pas de résister et me rendors.

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Vendredi 30-11-18 | Appartement de Perle au 4 rue Dancourt, 75018 Paris

Je viens d'ouvrir les yeux avec difficulté et la vivacité de la clarté me gêne.

— Bonjour, princesse.

Je distingue la voix, mais je ne comprends pas ce qu'il fait dans mon lit. Car oui, je reconnais ma chambre, mes meubles. Cet environnement familier m'apaise ainsi que les caresses que je ressens tout le long de mon bras.

— Renzo ?

— En chair et en os.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

En attendant sa réponse, j'avise sa tenue puis la mienne. Il est en caleçon et, moi, en nuisette en soie noire. Bon, on n'est pas à poil, c'est déjà ça. Si l'on avait couché ensemble, je m'en souviendrais tout de même. Son sourire franc illumine son visage tandis qu'il me répond :

— Oh oui, je te l'assure !

— Mais de quoi parles-tu ? Tu es bizarre ce matin.

Son rire de gorge, grave et profonde, me colle des frissons autant qu'il me donne le sourire.

— Tu ne te souviens de rien ?

— Mais c'est quoi, toutes ces questions ? Dis-moi plutôt pourquoi tu es dans mon lit si l'on a couché ensemble ou pas.

Il n'a pas le temps de me répondre que la porte s'ouvre doucement.

— Vous êtes visibles ?

— Oui, Manon. Je ne lui ai pas encore arraché ce petit bout de tissu en soie, qui m'a nargué toute la nuit.

Je le regarde comme si un troisième œil avait poussé au milieu de son front. Et instinctivement, je cache ma poitrine de mes mains croisées dessus.

— Je te rappelle que j'ai déjà vu tes seins, je les ai même touchés et...

— Je ne suis ni un fantôme ni transparente et encore moins sourde, alors garde pour toi les détails, clame ma meilleure amie en se marrant.

Manon s'approche avec un plateau bien garni pour le petit-déjeuner tandis que Renzo me dévore du regard sans se formaliser de la remarque de cette dernière.

— Tu as faim ? me demande-t-elle avec douceur.

— J'ai l'impression de ne rien avoir mangé depuis des semaines.

— Pourtant...

— Pourquoi te marres-tu ?

Ma main tape l'épaule de Renzo et il fait semblant d'être vraiment tombé sur le matelas en s'étalant comme une étoile de mer.

— Quel cinéma ! Tu as avalé un clown ce matin ?

— Ben non, puisque j'ai joué à l'infirmière avec toi.

— Qu'est-ce que tu sous-entends ?

— Tu ne te souviens pas d'hier soir, reprend calmement Manon.

— Non ! Vous allez me dire ce qui se passe.

— Le moulin rouge ! balance Renzo.

— C'est un cabaret. C'est bon ! Je ne suis pas ignare.

— Ce qu'il veut dire, c'est qu'on y a passé la soirée.

— Impossible ! Je m'en souviendrais si c'était le cas.

Je cherche dans ma mémoire des traces de cette soirée et à part me faire mal au crâne pour le moment rien ne revient. Jusqu'à ce que Renzo me montre un bout de papier qu'il vient de récupérer dans la poche de son jean.

— Et ça, tu t'en souviens ?

Je regarde les ébauches de croquis et je reconnais tout de suite mon coup de crayon. Je relève mes yeux vers ce beau brun, qui ne me lâche pas de ses iris d'un bleu profond.

— Alors ? s'impatiente-t-il. Ça aussi tu l'as oublié ?

— Ce sont mes dessins, j'en suis sûre...

— Tu les as réalisés lors du spectacle en voyant les danseuses, ajoute Manon.

J'observe les lignes simples, les courbes. Les entrelacs de matières...

— Sur ces dernières, je verrais bien des perles pour souligner la taille et sur celui-ci, le soutien-gorge pourrait être entièrement recouvert de brillants de différentes couleurs...

— La mémoire te revient ?

— J'ai des flashs qui ressurgissent, mais c'est encore un peu flou.

Je repasse les croquis l'un après l'autre et là je ressens une drôle de sensation. Un frisson. Puis une bouffée de chaleur.

— Oh, mon Dieu !

— Quoi ? s'inquiète ma meilleure amie.

Renzo rapproche mon corps du sien. Je me niche contre son torse nu et chaud tandis qu'il resserre son étreinte sur ma taille. Sa poigne se referme sur ma main, qu'il presse pour que je continue de m'exprimer.

— Monsieur Capresi les a vus ? Je n'ai pas rêvé, hein ?

Je cherche la réponse dans ses iris bleus et ce que j'y aperçois s'apparente à une véritable tempête déchaînée par des flots incontrôlables. Ils me submergent, me font chavirer et passer par-dessus bord. Que veut-il que je comprenne ?

— Il les a adorés.

— Alors pourquoi tant de colère dans tes yeux ?

Je vois sa pomme d'Adam monter et descendre. Je me doute qu'il essaye de tempérer ses émotions avant de me dire ce qu'il pense. Je le connais assez bien maintenant et, même si je dois avoir mal, il me balancera la vérité, même si celle-ci est dure à entendre, il ne m'épargnera pas. Parce qu'il est honnête et droit.

Aussi quand les mots sortent de sa bouche... Je ne suis même pas surprise.

— Parce que ton connard d'ex t'a volé ton travail !

Je suis juste anéantie...

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➥ Perle réagit vraiment mal au joint qu'elle a fumé. Un bad trip dont elle se serait bien passée, non ?

➥ Renzo, Manon et Gianni sont inquiets et au petit soin pour elle, alors que Renzo l'a conduite dans l'un des chambres de l'Extase. Ce n'est pas ainsi qu'il voulait les lui faire découvrir !

➥ Renzo a tenu à rester auprès d'elle cette nuit. Geste extrêmement honorable d'autant plus qu'il ne l'a pas touché et n'a pas profité de son état léthargique. Serait-il, malgré son comportement abusif à certains moments, un mec avec des valeurs ?

➥ Le réveil est difficile et douloureux, mais la mémoire lui revient petit à petit. Comment va-t-elle réagir après avoir appris le vol de son travail par Victor ?

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📍 Dans le prochain chapitre de RENZO :

🎭 Je dois la pousser à...

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🥰 Bonne journée, mes #Sexys #Love, gros bisous 💋

💗 Kty.Edcall.Autrice 💙



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