14 - PERLE
∞ PERLE ∞
Je dois le repousser...
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Jeudi 29-11-18 | Boutique Coco Charnel au 42 Av. Montaigne 75008 Paris
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La matinée se termine à peine que je me trouve déjà à bout de nerfs. Les problèmes s'enchaînent les uns après les autres. Je ne sais plus comment faire face avec tout ce qu'il me tombe sur la tête. Comme si le sort tenait à donner raison à mon Boss.
Mais merde, je me démène depuis des mois pour que cette ouverture soit parfaite, ce n'est pas pour flancher maintenant.
Pour commencer, je suis arrivée en retard à l'aéroport, pourtant en partant deux heures avant je pensais être dans les temps, mais c'était sans compter sur les embouteillages matinaux. Bref ! Victor m'attendait sur la zone réservée aux taxis qu'il arpentait en traînant sa valise à roulettes derrière lui tout en râlant.
Toujours aussi beau et élégant, j'ai eu un pincement au cœur en le voyant dans son costume trois-pièces bleu marine, sa chemise blanche, dont les deux premiers boutons étaient détachés. Ses cheveux noirs plaqués en arrière, il n'a laissé aucune nana autour de lui indifférente. Et je n'ai, malheureusement, pas fait exception.
Notre histoire est terminée parce que sa fiancée avait des doutes. Mais même sans ça, nous ne serions plus ensemble, car mon arrivée à Paris m'a permis d'ouvrir les yeux et de ne plus me sentir sous son emprise. Bon apparemment, Victor n'a pas intégré cette notion, alors je vais devoir me montrer encore plus ferme.
— Te voilà enfin. Je t'attends depuis trente minutes. Tu n'as plus la montre que je t'ai offerte ?
— Bonjour, Victor.
Je lui fais la bise, tandis qu'il me serre contre lui. Sa main descend dans le creux de mes reins, il me presse de retourner à l'intérieur de la berline. Il s'installe à mes côtés, il attend que le chauffeur redémarre, après que je lui ai indiqué l'adresse de la boutique.
— Bonjour, chérie.
Sans me laisser le temps de lui répondre, mon Boss crochète ma nuque. Avant de m'embrasser comme il l'a rarement accompli. Cette fougue. Cette passion. Celle de nos débuts. Je ferme les yeux tant ce baiser fait remonter des souvenirs heureux de nous deux.
— Tu m'as manqué, Perle.
Front contre front, je n'arrive pas à le quitter du regard. Il se montre toujours aussi magnétique, troublant et envoûtant.
— Victor.
— Ose me dire que je ne t'ai pas manqué.
Il sait très bien l'effet qu'il produit sur mon corps, je ne peux pas le nier, mais je dois mettre un terme à ce rapprochement.
— On ne peut plus agir ainsi. Pense à Salomé, à ton futur mariage. Et surtout, n'oublie pas ta carrière.
— Tu m'emmerdes, Perle.
— Tu sais que j'ai raison.
— Oublie ma fiancée, l'Italie. Je repars dimanche. Alors, laisse-moi de profiter de toi et de ton sublime corps pendant ces trois jours.
— Non, Victor. Tout ceci est terminé.
— Je ne supporte pas de te sentir aussi distante avec moi.
— Tu as fait ton choix, alors respecte-le et surtout respecte-moi.
Je vois que ma pique lui déplaît. Je l'ai blessé, mais on doit s'en tenir à cet arrangement. Je sors de ma pochette, une feuille que je lui tends, tandis qu'il regarde par la fenêtre. Il s'en saisit, mais n'y jette même pas un coup d'œil.
— C'est le planning pour ces deux jours avant l'ouverture de la boutique et la soirée de vendredi ainsi que les top models qui participeront au défilé. J'ai aussi préparé des cartons de présentation. Je les lui tends et, cette fois-ci, il daigne y poser les yeux dessus.
— Vingt pour cent de remise. C'est excessif. Je te rappelle que nous représentons une marque de luxe.
— Tu m'as dit de...
— Je t'ai précisé de leur fournir une invitation avec un privilège. Des soldes comme dans n'importe quel magasin, tu estimes que c'est digne de notre maison de couture ?
— Je vais relancer l'imprimeur en espérant qu'il pourra m'en refaire en urgence.
— Avant de le rappeler, tu peux me dire où sont passées les couleurs que j'ai sélectionnées.
— Noir et Or, c'est ce que l'on a défini à la dernière réunion en visio.
— Tu n'as pas eu mon mail visiblement.
— Lequel ? Je te signale que tu m'en envoies des dizaines par jour depuis que je suis partie.
— Je suis bien obligé de te faire part de mes idées, avant, je n'avais qu'à appuyer sur l'interphone ou à t'en parler pendant nos repas ou nos parties de baise.
Il presse ma main de la sienne et de ses doigts qui pianotent sur ma peau, il attire mon attention.
— Tu te souviens du nombre de décisions que nous avons prises dans ton lit. Nos corps alanguis diffusant ce doux parfum du plaisir...
— Arrête.
Il termine sa démonstration en embrassant mon cou.
— Tu sens tellement bon.
Ses doigts ont délaissé ma main pour remonter le long de mon bras, laissant un sillon brûlant sur mon épiderme.
— Regarde comme tu frissonnes...
— Mon corps réagit. Il reconnaît tes caresses, mais ça ne veut pas dire que je suis d'accord avec ton attitude.
Je sors le laptop de ma serviette et part à la recherche de ce fameux mail. Je les fais défiler sans qu'un objet de discussion m'apporte la preuve de cette décision.
— Je ne trouve pas ce fameux mail. Tu es sûr de me l'avoir envoyée.
Son regard noir me fusille.
— Tu insinues quoi ? Que j'ai zappé ?
— Vérifie de par toi-même.
Je déplace l'écran vers lui. Victor en profite pour se pencher tout en appuyant son épaule contre la mienne. De mon index, je fais défiler les mails les uns après les autres.
— Ouvre celui-là.
— Mais, tu as noté : Rouge Rubis. Ça n'a rien à voir.
— Tu es sûre ? Comment s'appelle la collection ?
— Rubis. Mais rouge rubis, ce sont les modèles pour la prochaine...
Il balaye d'un revers de main ma remarque pertinente sans ajouter d'autres arguments à sa voix, qui s'est faite plus douce. Son ton est devenu cajoleur et d'une pression de son majeur, il clique sur le mail. Je le découvre, je le lis et je relève la tête sans intention de m'excuser quand nos regards se croisent.
— Ce n'est pas grave, chérie. Je m'aperçois que j'ai trop attendu de toi en te laissant gérer bien trop d'éléments. Mais je suis là à présent. Je vais pouvoir reprendre les choses en main.
— Je ne suis pas...
Ses doigts pincent mon menton et il insiste pour que mes iris restent plongés dans les siens. Je retrouve l'homme qui faisait battre mon cœur. Celui dont je suis tombée amoureuse. Le doux, le charmeur, le romantique, le seul pour qui j'ai éprouvé des sentiments si forts.
Mais il est aussi celui qui m'a sacrifiée pour préserver son futur mariage, celui qui a pris des décisions pour nous deux, celui qui m'a imposé ma nouvelle vie...
— Vous êtes arrivés.
Nous avons sursauté en entendant la voix du chauffeur qui vient de briser ce lien, que Victor tentait de reconstruire. Mon Boss règle la course en grimaçant face à la note salée.
— Putain, ça coûte une blinde ! Heureusement que j'ai pu faire un reçu.
Il s'arrête face à la devanture de la boutique et je reste suspendue à ses impressions. Je lui ai bien sûr envoyé des photos au fur et à mesure, mais rien ne vaut la prise directe avec les choses.
— Tu aimes ?
Il se tourne vers moi, son regard me brûle, son insistance à me détailler me gêne. Victor avale d'un pas l'espace entre nous. Sa main se pose dans le creux de mes reins, l'autre encercle mon visage. Son pouce trace ma lèvre. J'en ai le souffle coupé.
— La boutique est aussi époustouflante que toi. Si tu savais...
Une voix l'interrompt.
Je me détache aussitôt comme si son contact me brûlait. Je ne dois plus le laisser m'approcher, me toucher. Il me fait oublier mes résolutions, mes décisions.
— Bonjour, Perle. Excusez-moi, mais il y a un souci avec une livraison.
— J'arrive, Jade.
— C'est qui ?
— La responsable.
— Je ne suis pas d'accord, c'est ta boutique, elle est à toi, chérie.
— Écoute, je n'y connais rien dans la relation avec les clients, les plannings, la caisse. Et puis j'avais besoin qu'elle recrute aussi les deux vendeuses.
— Mais, c'est à toi, que j'ai...
— Victor, tout ce que je veux, c'est le succès de la marque et de cette boutique. Alors, laisse-moi diriger comme je l'entends. Et ce n'est pas avec la tonne de boulot que tu me donnes que j'aurai pu tout accomplir.
Je rentre sans attendre mon Boss et tente de comprendre ce qui ne va pas avec cette commande. Après plusieurs coups de fil, le problème est réglé, mais cette demi-heure de négociation a grappillé du temps précieux sur mon organisation déjà tendue.
Je sors de l'arrière-boutique et trouve Victor en grande discussion avec la responsable et les deux vendeuses.
— Ah, Perle ! Tu tombes bien. Tu vas pouvoir trancher.
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
— Je voudrais que les portants soient disposés de cette façon, mais ces trois charmantes dames m'affirment que ce n'est pas l'idéal.
— Elles ont raison. On a passé plusieurs jours à déterminer la place de chaque élément, alors ne viens pas remettre tout ce travail en question.
— Très bien. Après tout, c'est toi, la chef ! Mais, regarde ! Celui-là...
Mes yeux noirs le stoppent et il me suit à l'étage.
— Tu n'as rien de mieux à faire que d'emmerder mes employées ?
— La mise en valeur de nos créations est primordiale et tu le sais.
— Et c'est ce que je m'applique à faire.
Je croise les bras sur ma poitrine en même temps que je le défie du regard de mettre à mal mon travail.
— Dois-je te rappeler qu'après avoir repris en main l'organisation de la boutique de Florence, les ventes ont progressé de 30 % ?
— Non, tu n'en as pas besoin et c'est d'ailleurs pour ça que la direction n'a pas refusé ta promotion.
— Tu appelles ça une promotion ?
— Tu vas tenir une des plus belles boutiques de lingerie de Paris. Qu'est-ce qu'il te faut de plus ? La société de mon beau-père a mis à ta disposition un superbe appartement. Ton salaire a été multiplié par deux et tu trouves encore à redire.
— Tu ne me connais vraiment pas ! Je n'en ai rien à foutre du fric et des paillettes, contrairement à toi.
Victor me regarde comme si un troisième œil venait de pousser au milieu de mon front. Mon téléphone sonne et je l'informe :
— Je dois répondre, alors essaye de te rendre utile en attendant.
Je redescends l'escalier tout en vérifiant le message qui vient d'arriver.
Renzo : Je suis devant la boutique.
Il ne manquait plus que lui. Non, mais il est gonflé de venir ici.
Perle : Qu'est-ce que tu fais là ?
Renzo : Sors !
Ils m'énervent tous les deux à me donner des ordres. Obéir à ceux de mon Boss est une chose. Je n'ai pas le choix en tant qu'assistante. Mais en aucune façon, ceux de Renzo ne sont une obligation.
Perle : Je n'ai pas le temps !
Renzo : Tu préfères que j'entre dans la boutique ?
Perle : Non !
En passant devant les vendeuses, je leur indique que je prends ma pause et leur montre mon paquet de cigarettes sans même m'arrêter.
— Attends-moi, me lance Jade.
— Désolée, j'ai besoin d'être seule.
Je sors rapidement avant qu'elle ne me pose des questions sur mon comportement, qui n'a rien d'habituel. À peine la porte vitrée passée, je l'aperçois. Appuyé contre un lampadaire, il m'attend, les bras croisés sur son blouson en cuir noir. Il porte des lunettes de soleil qui m'empêchent de voir son regard, mais au sourire qui illumine son visage, je sais qu'il est content de lui de m'avoir fait sortir de ma tanière. J'ai envie de le baffer pour que disparaisse ce rictus satisfait, qu'il arbore tout en s'approchant de moi.
— Sois bref, j'ai juste le temps de fumer une clope.
— Alors tu vas devoir en fumer plusieurs, car il faut qu'on parle.
— Renzo, j'ai des milliers de choses à régler encore.
— Tu découvriras que notre discussion va résoudre une partie de tes soucis.
— Je ne vois pas en quoi tu pourrais m'aider.
— Tu en es sûre ?
La discussion est âpre et Renzo a bien bossé ses arguments. Son sourire malicieux étire sa bouche rieuse, découvrant ses dents blanches et creusant un peu plus la fossette sur son menton. Malgré son début de barbe, je peux l'apercevoir. Il profite de cette seconde d'abandon à le mater pour me crocheter le bras et m'entraîner à le suivre.
— Renzo !
— Senti, non preoccuparti, tesoro.
— Mon Boss ne va pas apprécier.
Je le sens se crisper, mais il continue de nous faire avancer. Ne voulant pas attirer un peu plus l'attention des passants, je le suis afin que cet intermède dure le moins longtemps possible.
— Si tu savais avec quelle force je m'en bats les couilles de ton ex !
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➥ Son Boss ne veut pas entendre que leur relation est terminée. C'est tellement pratique pour lui d'avoir sa future femme en Italie et sa maîtresse en France, non ?
➥ Perle ne souhaite plus entretenir cette liaison avec Victor, mais son corps réagit pourtant à celui de son ancien amant. Quelle décision doit-elle prendre ? Renouer les liens ou insister pour qu'il comprenne que c'est terminé entre eux ?
➥ Son Boss tient à imposer sa façon de penser en voulant modifier toute l'organisation mise en place par Perle et les employées de la boutique. Il agit juste en patron ou le fait-il pour d'autres raisons ?
➥ Il ne manquait plus que Renzo pour mettre à mal la matinée chaotique de Perle. Que lui veut-il ?
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📍 Mardi, on pourra lire le chapitre de RENZO :
🎭 Je dois me montrer convaincant !
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🥰 Bonne journée, mes Sexys Love, gros bisous 💋
🌸 Kty.Edcall.Autrice 💙
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