09 | RENZO
∞ RENZO ∞
J'ai vraiment merdé...
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Mercredi 28-11-18 | Trattoria de Gianni au 10 Rue de la Trémoille, 75008 Paris
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La semaine a continué dans un certain marasme que j'ai eu du mal à dissiper. Ma mauvaise humeur se reflétant dans mes chapitres, ça fait deux jours que je jette plus de paragraphes que je n'en écris.
— Ça va, mon pote ?
— Pas vraiment.
Gianni vient de s'asseoir en face de moi après avoir posé deux expressos sur une des tables rondes de sa trattoria.
— Tu as quoi, mec pour faire une tronche pareille ?
— J'ai déconné avec Perle.
— Oh putain ! C'est tout ? souffle-t-il de soulagement. J'ai cru que tu allais m'annoncer que tu avais fait un truc chelou ou pire que tu rentrais à Florence !
— Là, c'est toi qui délires !
Gianni boit son café puis s'adosse à la chaise métallique en attendant la suite.
— Allez, Renzo, déballe !
— Charlotte m'a appelé et...
— Alors, elle, je m'en tape ! Passe plutôt au croustillant avec ta voisine sexy.
— Mon ex m'a annoncé que l'autre connard a Alzheimer.
— Ah merde. Je suis désolé mon pote.
Je bois mon café d'une traite. J'aime sentir ce liquide noir et chaud tapisser ma gorge. J'apprécie ces arômes mêlés à l'amertume, qu'il me reste en bouche. J'adore savoir que la caféine va couler dans mes veines en m'apportant ma dose stimulante. Mais celui-ci a plus le goût de fiel qui ne veut pas me quitter depuis que j'ai appris la maladie de celui qui a honte de moi.
— Sous le choc de l'annonce, j'ai pris un verre, puis deux, puis...
— Bon ok, tu as dérapé. Et alors, c'est quoi, le problème ? Ce n'est pas la première ni la dernière fois que tu prendras une cuite. D'ailleurs, un petit tour au Divino nous ferait le plus grand bien.
— J'ai du boulot, je dois me concentrer sur mon roman. Mon éditeur me met la pression, comme si j'avais besoin de ça !
— Arrête tes conneries, une soirée entre mecs, c'est ça qu'il te faut. Tu n'as pas tiré ton coup depuis combien de temps ?
— Deux jours ! Satisfait !
— Heureux de voir que malgré tout tu arrives encore à baiser.
— Ouais, mais j'ai déconné.
— Décidément, relève Gianni en posant son dos contre le haut de sa chaise en ne me lâchant pas du regard. Raconte que je me marre.
— C'était Tessa !
— Tu es allé au Divino sans moi ?
— Tu devrais arrêter la branlette sous la douche, ça te rend vraiment trop con.
— Et toi, tu es trop bizarre. Alors, accouche, mec.
— Elle s'est pointée au studio.
— Attends, tu l'as prise comme modèle pour ton expo ?
— Non. C'est un putain de concours de circonstances.
Je m'allume une clope et lui raconte la séance photo avec Perle et les mannequins. Puis l'arrivée de Tessa. Notre baiser après que tout le monde soit parti. Puis le regard assassin de ma voisine alors que je pensais qu'elle était descendue avec les mannequins. La façon dont, plutôt, je m'étais comportée avec elle, alors que je venais d'apprendre la « bonne » nouvelle par mon ex...
— Les événements se sont enchaînés et j'ai perdu le contrôle. Alors quand Tessa m'a rejoint dans mon studio photo.
— Tu as sauté sur l'occasion !
— On peut dire ça. Je devais relâcher la pression.
— Et c'est quoi, le malaise ? Ce n'est pas la première fois que tu la baises !
— Oh, ça, non ! Mais ça a toujours eu lieu en boîte.
— Ou chez moi ! Souviens-toi de cette fois, où elle nous a tellement chauffés qu'on a poursuivi ce bon moment à trois.
— Comment oublier notre trio ? C'était plutôt hot.
Son poing frappe le mien et nous partons dans un rire. Oh oui, c'était chaud, bouillant même. Cette belle métisse a su nous satisfaire et en a redemandé. Mais l'exceptionnel ne le reste que s'il est unique. Alors depuis, systématiquement toutes ses avances étaient refoulées par Gianni ou moi.
— Maintenant, Tessa sait où j'habite ou du moins où se situe mon studio photo.
— Et alors ? Tu as peur de quoi ? Ça va, elle est collante, mais ce n'est pas une psychopathe.
— Tu sais très bien que je ne ramène aucune nana chez moi.
— C'est vrai que tu préfères les baiser chez les autres, se marre mon meilleur ami.
Gianni représente mon seul lien avec le passé. On se connaît depuis qu'on est gamin, on a grandi à Florence et tout comme moi il en est parti. J'ai été le premier à quitter l'Italie et, pendant mon tour du monde, il en a fait de même. Pas pour les mêmes raisons. Ce cœur d'artichaut a suivi une nana. Il pensait qu'elle était la femme de sa vie...
Après trois mois, elle l'a quitté, mais ce trimestre à Paris a suffi à Gianni pour tomber amoureux. Mais cette fois-ci de la ville. Il a bossé comme serveur dans ce bistrot avant de le racheter quand le propriétaire a décidé qu'il était assez vieux pour passer la main. Et depuis que je vis à Montmartre, je viens tous les matins boire mon café ou manger un bout.
— Tu vas gérer, t'inquiètes.
— Je l'ai déjà envoyée chier. Elle voulait revenir hier soir...
— Tu as refusé une baise avec elle à cause de l'appartement ? Ou y a-t-il autre chose ?
— Perle m'évite depuis deux jours.
— C'est nickel si elle est jalouse !
— N'importe quoi. Je n'aurais jamais dû me comporter avec elle comme je l'ai fait, mais entre le whisky et la weed, j'ai perdu le contrôle. Je voulais la garder à distance...
— Depuis quand t'imposes-tu de telles règles avec les femmes ?
— C'est ma voisine, Gianni. Je ne peux pas me comporter avec elle comme avec un plan cul.
— OK... Alors tu comptes agir comment ?
— Je n'en sais rien !
Je penche mon buste vers la table et après avoir posé mes coudes dessus, j'enferme ma tête entre mes mains. Je dois trouver une façon de renouer le dialogue. Je ne peux pas continuer de vivre à ses côtés en agissant comme je le fais.
Je dois arrêter de me lever en même temps qu'elle, de filer sous ma douche alors qu'elle se trouve justement sous l'eau en l'imaginant avec moi. Ou encore de prendre l'ascenseur quand je sais qu'elle rentre afin de la croiser. Je dois stopper cette emprise, qu'elle a sur moi en ne la regardant plus défiler en tenue sexy dans son appartement...
— Ce soir, je passe te prendre après la fermeture de la trattoria et l'on va au club.
— Tu as raison, ça ne peut que me faire du bien.
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Je rentre chez moi en ayant retrouvé du peps.
Après avoir déposé mes affaires à l'appartement et pris une douche revigorante, je monte dans mon studio photo. C'est un espace que je me suis créé en reliant les trois chambres de bonnes se trouvant sous les toits. Bonus que j'ai découvert en emménageant. J'en ai fait mon antre. Je peins, prends des photos des toits de la capitale, les développe dans ma chambre noire. Et c'est exactement ce que je fais sur certains clichés que j'ai réalisé lors de la séance des mannequins. Je vais m'en servir comme d'une excuse pour renouer le contact avec Perle.
Son mutisme a assez duré.
Même si je vais m'en tenir à une relation voisine, voisin, je veux que nos échanges restent cordiaux. J'attends qu'elle soit rentrée du boulot pour me pointer chez elle. Je frappe deux coups...
— Oui. J'arrive !
Ce putain d'accent me fait toujours autant d'effet. Je ne peux retenir un sourire tandis qu'elle perd le sien en me voyant. Elle tente de rabattre la porte, mais je suis plus rapide qu'elle et surtout je me doutais que son accueil ne serait pas des plus chaleureux. Mon pied contre le chambranle, je bloque la fermeture du battant.
— Retire-le !
— Bonjour, très chère voisine.
— Ciao.
Son grognement vaut toutes les salutations et la moue qui l'accompagne me fait encore plus sourire.
— Heureux de constater que tu es toujours en vie.
— Pfff... N'importe quoi.
— Tu ne réponds pas à mes textos. Tu as aussi changé tes horaires pour qu'on ne se croise plus.
— J'en étais... Sûre. Toutes ces rencontres ne pouvaient pas...
— Être du hasard ? Je te le confirme, je les ai provoquées.
— Tu es un malade ! râle-t-elle. It's crazy !
Elle tente de refermer la porte. Heureusement que j'ai anticipé, car elle possède de la force et je pourrais presque avoir mal si je ne portais pas mes boots.
— Donc tu m'évites ?
— Assolutamente !
— Je viens en paix.
— Avec du rosé ?
— Et les photos du shooting !
Elle regarde sa montre et je ne peux m'empêcher de la détailler. Elle porte un legging qui moule à la perfection ses longues jambes. Une brassière de sport qui épouse au plus près sa poitrine et une paire de runnings. Sur son biceps gauche, elle a placé un brassard dans lequel elle a déposé son téléphone.
— Tu viens de courir ?
Je connais déjà la réponse entre sa tenue, la pellicule de sueur qui recouvre sa peau et colle ses cheveux sur son front. Cette même transpiration a laissé une trace de son passage sur le tissu en redessinant le galbe de ses seins. Suivant mon regard focalisé sur sa poitrine, elle croise ses bras sur ceux-ci pour me les cacher.
— Stop your investigation ! Sherlock...
Je profite de ce qu'elle a lâché la porte pour entrer. Si je ne la pousse pas un petit peu, je ne pourrai pas renouer le dialogue avec elle. Et il n'est pas question qu'elle continue à me faire la gueule. On va mettre les choses à plat. Et le plus vite sera le mieux pour repartir sur de solides bases afin d'entretenir de bonnes relations de voisinage.
— Tu me fais chier, Renzo !
— Ton français s'améliore de jour en jour.
— Pas le choix ! Je dois échanger avec les entreprises, les livreurs, passer des commandes...
Elle me montre son téléphone et ses écouteurs.
— Tu te perfectionnes en courant ?
— Oui, comme ça... J'optimise mon temps, sourit-elle enfin.
Apparemment, elle est contente d'avoir pu placer ce mot.
— Tu comptes rester là ?
— Oui ! On doit parler, Perle.
Elle se dirige vers la cuisine et se sert un grand verre d'eau pendant qu'elle m'en tend un de vide.
— Tu ne bois pas avec moi ?
— Non. Si l'on doit parler... Je veux avoir...
Elle place son doigt dans sa bouche, lève les yeux au ciel et réfléchit. Je le contemple et attends de voir si elle va trouver d'elle-même la suite de sa phrase. Elle est tellement concentrée qu'elle ne perçoit pas mon regard, qui caresse ses courbes pulpeuses. Elle plisse les sourcils et fait une bouille trop mignonne. Putain, il faut que j'arrête de la détailler et d'apprécier autant ce que je vois.
— Les idées claires ! Yes, j'ai trouvé, se félicite-t-elle.
Elle applaudit des deux mains, toute contente d'elle. Son sourire est juste magnifique. Ses yeux noisette brillent de malice et je ne sais pas où je vais trouver la force de repousser des moments aussi délicieux.
— Je vais prendre une douche !
— Fais comme chez toi, me marré-je.
— Très drôle, Renzo.
Perle me tend un flyer et me demande :
— Pour moi, ça sera le numéro quatre. Grazie mille.
Elle me balance un regard qui ravage mes neurones puis me plante là. Je reste au milieu du salon comme un con avec le prospectus des pizzas en main tout en suivant son déhanchement jusqu'à la salle de bains. Je souris de plus belle en me disant qu'une fois de plus, elle n'a pas pris d'affaires de rechange.
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➥ Nous faisons la connaissance de Gianni, le meilleur ami de Renzo, son seul lien avec son passé. Quelle place va-t-il avoir dans l'histoire ?
➥ Apparemment, ils ont vécu des soirées hot en compagnie de Tessa. Va-t-elle arrêter d'insister pour voir Renzo ?
➥ Renzo pousse Perle à le laisser entrer pour faire la paix. Pour cela, il se sert de l'excuse de lui montrer les photos du shooting. Il a été plutôt malin sur ce coup-là, non ?
➥ Perle a encore oublié de prendre des affaires de rechange. Comment voyez-vous la suite ?
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📍 Dimanche, on pourra lire le chapitre de PERLE :
💥 Foutue serviette !
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🥰 Bonne journée, mes Sexys Love, gros bisous 💋
🌸 Kty.Edcall.Author 💙
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