08 | PERLE
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Un défilé sexy...
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Lundi 26-11-18 | Appartement de Perle au 4 rue Dancourt, 75018 Paris
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À peine sortie de la douche, je me sèche et applique la crème sur tout mon corps avant de passer mon ensemble de lingerie rouge passion. C'est un des modèles que j'ai dessinés l'année dernière. Je suis trop heureuse de pouvoir enfin le porter pour voir s'il répond aux critères que je me suis imposés en le créant. Il fait partie de la nouvelle collection qui sera présentée dans la boutique Sensuellement vôtre par Coco Charnel.
Je sors de la salle de bains toute fière de moi de voir à quel point ces deux pièces en soie mettent mes formes en valeur. Tout en transparence et dentelle, cet ensemble est si coquin que j'en rougis en découvrant mon reflet dans le miroir de ma chambre. J'adore me promener ainsi vêtue. Rien de tel pour éprouver des sensations de liberté sans aucun autre tissu sur la peau.
Ce matin, je dois recevoir à l'appartement cinq mannequins pour sélectionner les trois qui défileront pour le lancement de la boutique. En passant devant le piano, j'ai une envie irrépressible de jouer. Je me trouve libre de mes mouvements en étant seulement vêtue de ma lingerie. Je me sens sexy et prête à conquérir le monde.
Le sourire aux lèvres, je m'assois sur le banc recouvert de velours noir. Je pose mes doigts au-dessus des touches sans jamais les effleurer. J'aime ce laps de temps, qui précède le moment où je commence à jouer. Ces quelques secondes de calme avant que la mélodie se répande dans le salon.
La musique m'envahit et me transporte.
Le soleil commence à baigner la pièce de ses rayons et je lève les yeux pour regarder le ciel bleu, qui a l'air de s'installer tout en s'harmonisant avec ma bonne humeur. Mais c'est tout autre chose qui attire mon attention.
Lorenzo.
Il a l'air en colère, il crie, jure, balance son téléphone et boit un verre de whisky.
Je regarde ma montre pour me prouver que je n'hallucine pas et lis qu'il n'est que huit heures du matin. Je ne le connais pas beaucoup certes, mais ce comportement n'a rien de normal.
Sans plus réfléchir, je passe à la hâte une robe et décide de me rendre chez lui. Je traverse le hall et je peux l'entendre rager même à travers la porte. Je frappe, mais il ne me répond pas. Je tente encore une fois d'attirer son attention en me servant du heurtoir et j'y ajoute :
— Renzo, ouvre !
— Dégage !
— Non !
— Vous avez tous décidé de me faire chier ce matin ?
— Les autres... Je ne sais pas, mais... Basta così, aprimi !
— ...
— S'il te plaît, Renzo.
— Laisse-moi tranquille.
J'entends son corps glisser le long de la porte. Sa voix triste me bouleverse. Mais qu'est-ce qui a bien pu le mettre dans cet état ?
— Ok, je reste là.
Je m'installe au sol, le dos contre le bois qui grince lorsque je m'y appuie.
— Tu ne travailles pas ce matin ?
— J'ai un shooting sur le rooftop. Je dois choisir, fais-je une pause pour trouver mes mots. Trois top models.
— Tu as informé les voisins ?
— Bien sûr ! Madame Colbert a donné... Le mot.
— Quel mot ?
— Dans la boîte aux lettres.
Renzo râle. Jure. Il peste contre moi, ma façon de faire, mon culot... Il s'en prend aussi à la concierge qui fait tout ce que je lui demande d'après lui. Puis je perçois la molette de son briquet qui tourne et rapidement je sens l'odeur de la weed s'infiltrer au travers des interstices du bois.
Après un petit moment de silence, il reprend :
— Génial ! Ça va encore être le bordel.
Je l'entends souffler fortement tandis que sa tête cogne contre la porte. Je ne sais pas ce qu'il lui arrive et ça me peine de le sentir si mal. Lui qui est toujours souriant. C'est donc cette tristesse et cette rage, qu'il tente de me cacher quand je plonge plus profondément dans son merveilleux regard tout aussi hypnotisant, qu'inquiétant.
— Renzo ?
— Quoi ?
— I need...
— Tu as besoin de quoi ? il s'exaspère.
— De toi !
— Je suis hors service.
— È impossibile !
Il jure à plusieurs reprises, et même en italien, mais je le sens moins tendu. J'espère qu'en le poussant à me parler, ça va lui permettre d'oublier un peu. Je ne sais pas pourquoi je me mets à fredonner. Je ne chante pas vraiment, mais j'aime le faire tout en jouant du piano. Ça m'apporte une sérénité de l'âme incomparable.
— Tu ne lâches jamais l'affaire...
— Non.
Je l'entends rire, même si celui-ci reste froid, puis il se lève, tourne la clé dans la serrure avant d'ouvrir la porte.
Il se cale contre l'embrasure, les bras croisés sur son torse nu, musclé. Sa posture met en valeur les tatouages se trouvant sur ses bras tandis que ses pectoraux et ses abdominaux restent crispés. Une veine palpite aussi sur son front et même s'il veut se la jouer relax, ses sourcils subsistent légèrement froncés. Sa barbe est un peu plus longue que d'habitude, preuve qu'il ne l'a pas taillée comme il le fait sans doute régulièrement pour parfaire son look baroudeur.
Me voyant perdue dans ma contemplation, il prend la parole après avoir jeté un coup d'œil sur ma tenue. Rien de bien excitant, pourtant quelque chose a l'air d'attirer son regard. Ses iris, déjà bien obscurcis par la colère, là, sont devenus ébène, quand je m'aperçois de la vue plongeante qu'il possède sur mon décolleté.
« Tellement bandante »
Mon cher voisin imagine murmurer cette réflexion pour lui sauf qu'il ne contrôle pas sa pensée, qui me fait tout autant coquelicoter que m'énerver.
— Alors, comme ça, tu as besoin de moi ?
— Oui.
Il tire sur son joint avant de l'écraser dans un cendrier posé sur la commode de l'entrée.
— Tu restes là ? Ou tu viens boire un café, chère voisine ? me propose-t-il avec un sourire en coin.
— Allez ! Un caffe per favore.
Il me tend la main pour m'aider à me relever. Et dans un geste vif, il attire mon corps vers le sien. L'espace d'une seconde, je pense qu'il va m'embrasser, mais il me claque une bise sur la joue avant de se mettre à rire. Un son profond. Provocateur. Indomptable.
Vu son haleine, il ne s'est pas contenté de boire qu'un seul whisky. Et, ajouté à son pétard, je le découvre avec les pupilles bien plus dilatées, plus brillantes que d'habitude, illuminées par quelques éclats aurifères dans ce bleu lagon dans lequel je plonge sans retenue.
Alors que je tente de me reculer, il nous maintient proches. Trop proches. Tandis que je le repousse avec douceur, je sens son souffle sur mon décolleté me chatouiller.
— Tu es magnifique, Perle.
Ses mots justes susurrés à mon oreille recouvrent de frissons la peau fine de mon cou.
— Merci... Renzo.
— Tes joues sont aussi rouges que ton soutif !
Sa remarque accompagne son geste. Du bout du doigt, il longe la bretelle de ma lingerie.
— Arrête. À quoi... Tu joues là !
— Tu veux que je cesse quoi ? De t'embrasser ?
Ses lèvres se posent instantanément sous mon lobe déclenchant une réaction épidermique que je n'arrive pas à contrôler tandis que je sens sa langue tracer les contours de mon petit tatouage. Cette caresse ajoutée à la pression de sa main au creux de mes reins me fait perdre la tête, alors que je le repousse sans trop de conviction.
Je dois lui dire d'arrêter.
Mes paumes sur son torse nu veulent détacher mon corps du sien, mais l'impulsion ne parvient pas à mon cerveau, qui s'est mis en pause vraisemblablement. Toute volonté m'abandonne, quand il descend le long de ma carotide avant de remonter vers ma mâchoire, à laquelle il s'attaque.
Je dois impérativement l'arrêter.
Nous ne devons pas passer ce cap. Nous sommes voisins et, là, je me souviens des raisons de ma venue. Ce que j'ai vu depuis mon appartement, sa colère, ses cris, sa tristesse, le verre d'alcool. Je suis là pour l'aider, mais ce n'est pas ainsi que je vais y arriver. Je dois me reprendre.
— Renzo. Le café...
— Ah oui, c'est vrai, tu veux un expresso, répète-t-il en secouant la tête. Entre, bella ragazza.
Enfin, c'est lui qui m'a invitée. Mais peu importe, je ne vais pas le lui faire remarquer. Alors que je passe devant lui, son bras fait barrage, sa tête se penche vers moi et ses mots s'impriment dans chacune de mes cellules.
— Un jour... Tu seras à moi.
Je veux lui répondre que ça n'arrivera jamais, quand il pose son index sur mes lèvres entrouvertes.
— Chut, tesoro. Cette bouche si sensuelle ne mérite pas de prononcer des mensonges.
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Une heure plus tard, Lorenzo me rejoint sur le toit-terrasse. Il s'est douché et je peux vérifier qu'il sent bon, quand il s'approche de moi d'une allure décontractée avec un rictus provocateur qui est accroché à ses lèvres pleines pour me confier à l'oreille :
— Je ne compte pas m'excuser, car je pensais tout ce que je t'ai dit... Perle.
Son sourire irrésistible révèle l'éclat charmeur de ses yeux bleus. Son visage est lumineux et je tente de voir si l'alcool ou le cannabis sont toujours présents dans ses veines.
— Je vais bien. Arrête de t'en faire pour moi. Ton café salé était tellement bon, grimace-t-il, que je n'ai plus aucune envie de boire.
— Très bien. Tu me... Diras ce qui...
— Oui, mais pas maintenant. Il paraît que tu as besoin d'un excellent photographe. Alors me voilà ! annonce-t-il théâtralement tout en ouvrant les bras.
C'est l'excuse que je lui ai donnée pour justifier ma venue chez lui de si bon matin. Il n'a pas été dupe, mais il a accepté quand je lui ai dit que celui qui était prévu a eu un empêchement. En vrai, il n'y a pas de séance photo. Je dois juste les voir défiler pour me rendre compte de celles qui auront le corps et la démarche pour mettre en valeur la lingerie Coco Charnel lors de l'ouverture de la boutique.
Il ne me reste plus que cinq jours pour tout boucler.
— Tu veux que je m'installe où ?
— Ici. C'est bon... Per te va bene ?
— Oui, ça me convient. Tu veux que je les prenne dans quelle position ?
Mes yeux s'agrandissent et instamment ma gorge s'assèche, m'obligeant à déglutir plus profondément. Il vient bien de faire une allusion sexuelle déguisée ou bien c'est moi qui suis trop réceptive à ses mots ? J'ai ma réponse quand je croise son regard et qu'il me fait un clin d'œil malicieux.
— Alors ?
— Quoi ?
— Quelle position préfères-tu ?
— Oh... Heu...
Son rire de gorge me fait tressaillir.
— La couleur coquelicot te va si bien. Presque autant que le rouge carmin de ta lingerie.
Automatiquement, je referme le décolleté de ma robe en le boutonnant un peu plus. Son rire est moqueur. Il se joue de moi et c'est un nouveau côté de sa personnalité que je découvre. Mon téléphone sonne. Je lis le message avant de l'informer que les mannequins arrivent.
— Je compte sur toi !
— Je sais être professionnel... En plus de tout le reste ! Andiamo, bella mia, andiamo !
Il se saisit de son appareil photo. Il s'applique à faire quelques réglages avant de me fixer. Je n'arrive pas à détacher mon regard du sien tandis qu'il s'approche de moi avec cette démarche de conquérant.
— Là, c'est toi qui ne l'es plus... Ressaisis-toi !
Son ordre claque.
Incapable de lui répondre, je bloque la réplique dans ma tête tandis que mon corps se crispe.
C'est quoi, cette putain de voix suave ?
Je me reprends quand j'entends les grincements de l'échelle menant au toit-terrasse. Il recule et j'ai aussitôt un sentiment de manque.
— Hello, girls !
Quatre sur cinq des mannequins sont là. Celle qui fait défaut m'ayant prévenue qu'elle a un souci de transport et qu'elle fait au plus vite pour nous rejoindre. J'espère qu'elle ne tardera pas trop, car, sur le papier, c'est une de celles qui correspondent le plus à ce que je recherche.
Pendant plus de quinze minutes, les mannequins défilent à tour de rôle, prennent la pose, se laissent photographier par Renzo, qui n'a rien à envier à certains professionnels que j'ai déjà côtoyés. Il sait les diriger pour qu'elles donnent le meilleur d'elles-mêmes.
Tessa nous rejoint enfin.
Sa beauté me fascine et je l'imagine déjà porter certaines pièces de notre collection. Les sexys. Je la présente aux autres mannequins puis à Lorenzo. Ce dernier à peine a-t-il levé les yeux vers la dernière arrivée qu'il se replonge aussitôt dans ses photos. Son attitude m'interpelle, mais il ne laisse plus rien transparaître.
Par contre, du côté de Tessa, ce n'est pas la même chose. Ses joues ont pris une teinte rouge et elle ne quitte pas des yeux le photographe. Je la guide vers le fond de la terrasse tout en lui expliquant ce que j'attends d'elle avant de lui demander :
— Tu connais... Renzo ?
— Oui, on s'est rencontrés à plusieurs reprises en boîte de nuit avec son ami Gianni.
— Ah... Ok !
— Ne t'inquiètes pas, je sais rester professionnelle. Je veux trop bosser pour Coco Charnel.
En effet, elle a assuré, et Lorenzo aussi. Entre le défilé et les photos réalisées, je sais que je tiens mon mannequin vedette avec cette belle métisse.
— Je fais mon choix dans la soirée et vous recontacte pour vous donner ma réponse, leur annoncé-je.
Pouvoir m'exprimer en anglais avec elles me facilite les choses et là au moins je ne cherche pas mes mots à chaque phrase.
Je leur précise tout ça avant de prendre congé. Je commence à ranger tous les ustensiles qui ont servi au shooting quand je retrouve Lorenzo et Tessa, en train de s'embrasser à pleine bouche.
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➥ Perle porte un ensemble de lingerie qu'elle a créé et se met au piano pour jouer. On comprend mieux pourquoi Renzo a retrouvé l'imagination, non ?
➥ Perle découvre le côté torturé de son voisin, mais elle ne lâche pas et Renzo l'invite à boire un café. Avait-il une autre idée en tête ?
➥ Le shooting photo se passe bien et Renzo arrive à les diriger comme Perle désire. Une collaboration pourrait-elle naître entre les deux voisins ?
➥ Apparemment, Tessa et Renzo se connaissent bien et ont abaissé rapidement la barrière professionnelle. Peut-on dire qu'il agit comme un goujat envers Perle ?
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📍 Samedi, on pourra lire le prochain chapitre de RENZO :
🎭 J'ai vraiment merdé...
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🥰 Bonne journée, mes Sexys Love, gros bisous 💋
🌸 Kty.Edcall.Author 💙
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