07 | RENZO

∞ RENZO 

Ma muse...

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Lundi 26-11-18 | Appartement de Renzo au 4 rue Dancourt, 75018 Paris

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Putain ! Mais qu'est-ce qu'il m'a pris hier de faire couler du vin de ma bouche dans la sienne ? Il faut que j'arrête de jouer avec le feu. J'ai failli tout foutre en l'air en franchissant la limite que je me suis imposée. Je ne dois pas me laisser aller à mon envie. Alors pour éviter que ça ne dérape, j'ai abandonné ma belle Italienne, les yeux fermés, en train d'avaler la boisson que je venais de verser entre ses lèvres pulpeuses. J'ai fui pour rejoindre mon havre de paix.

Quelle idée, j'ai eue de vouloir la prendre en photo ?

D'un autre côté, la trouver perdue dans la contemplation des toits de Paris, son visage caressé par les couleurs chaudes du soleil couchant, ne pouvait que me faire craquer. Car au-delà de sa tenue « bohème chic », je ne pouvais m'empêcher de la revoir avec son kimono en soie rouge. Ou avec ce body en dentelle crème, qu'elle a passé mardi et avec lequel elle déambulait de la cuisine à sa chambre sans aucune gêne. Et encore moins en admirant avec quelle facilité elle a enfilé ses bas hier matin avant de les accrocher à un porte-jarretelles de couleur aubergine assorti aux restes de sa lingerie.

Ce matin-là, l'envie d'écrire me tenaillant, j'ai vite ouvert mon ordinateur pour y retranscrire le désir provoqué par cette vision de rêve...

« Le pied en appui sur le matelas, le corps à demi-plié sur sa cuisse relevée, sa poitrine ornée de roses en dentelle plonge généreusement vers l'avant tandis qu'elle fait glisser la soie sur sa peau lisse. Ses doigts fins et longs délivrent cette caresse, qu'elle a l'air d'apprécier. Le sourire aux lèvres, elle ne quitte pas des yeux son amant.

Lascivement allongé sur le lit, il s'occupe de son membre tendu par la vision de rêve sans jamais la lâcher du regard. Elle attache la bordure en dentelle à son porte-jarretelles sans se laisser corrompre par la situation. Puis d'une attitude féline, elle se tourne vers la psyché. La belle brune avale la distance entre elle et le miroir en prenant plaisir à se déhancher à chaque pas faisant monter inéluctablement la tension entre eux...

Son amant n'y tenant plus se lève pour la rejoindre. Son membre se hisse fièrement. Conquérant, il se dresse contre ses abdominaux si bien dessinés. Le corps bandé, il le colle contre celui de la belle métisse. Ses mains se posent sur ses hanches pour mieux les rapprocher des siennes.

Tel un serpent fier et dangereux, il se niche entre les fesses de sa maîtresse qui laisse échapper un soupir de plénitude quand il s'enfonce dans son intimité palpitante. Ses mains en appui sur la commode, elle encaisse les coups de reins de son partenaire. Il soulève sa jambe, maintient sa cuisse sur son avant-bras, puis faufile ses doigts pour mieux atteindre le clitoris de son amante. Le désirant proche de l'orgasme, il la caresse avec une attention toute particulière, surtout sur ses lèvres intimes, qu'il sait si réceptives à ses effleurements. Puis il se stoppe. La maintenant au pied de cette falaise, où les sensations régissent son bon vouloir. Les cris de frustration de la belle brune entretiennent le rythme soutenu qu'il lui impose.

Un nouveau gémissement, de satisfaction celui-là, s'échappe de la bouche ouverte de cette lionne. La gorge de cette dernière, tendue vers l'arrière par la main impérieuse du bellâtre se trouvant dans son dos. Ses doigts nichés dans les boucles brunes, il maintient ce corps, aux courbes parfaites, arc-bouté en arrière. Il vient de la sodomiser, et elle adore ça. Les pointes de ses seins malmenés par son désir, elle gémit rapidement sa délivrance. Quelques secondes plus tard, il jouit dans son fondement accompagné d'un grognement guttural, qui s'apparente plus à un cri de bête en rut... »

Depuis ce matin-là, je me lève en sachant que j'aurai droit à un défilé haute couture. Perle possède un corps magnifique qu'elle embellit avec des dessous plus sexys les uns que les autres. D'après ce qu'elle m'a expliqué, c'est un des avantages de son métier. Elle doit porter les ensembles de lingerie pour maîtriser à fond son sujet afin de conseiller au mieux sa clientèle riche et exigeante.

L'autre soir, posté au coin de la rue, tenant mon sac de bouffe asiatique à la main, j'attendais qu'elle rentre de son travail, provoquant ainsi une énième rencontre. Après avoir partagé l'ascenseur, Perle, fatiguée, a accepté de manger les sushis avec moi et m'a dévoilé les raisons de sa venue à Paris. Elle a la responsabilité de lancer la boutique de lingerie de la marque Coco Charnel. J'avoue que le nom est bien trouvé et en dit long sur ce que cette gamme plus sexy et érotique va offrir à cette clientèle internationale. Et je peux en attester grâce à mon observation quotidienne, les dessous de Coco Charnel sont des plus affriolants et chics.

Cependant, la coïncidence est déroutante. À croire que c'est le destin qui se joue de moi. Ne dit-on pas que, quels que soient les kilomètres que l'on place entrent les problèmes et nous, ils surgissent toujours au moment où l'on s'y attend le moins ? Et bien, je suis en train de le vérifier.

Et ça n'a rien de plaisant.

Et comme les mauvaises nouvelles n'arrivent jamais seules, voilà que mon ex-compagne tente de reprendre contact avec moi ces derniers jours. Depuis que je suis réveillé, ça fait trois fois qu'elle m'appelle. Son insistance commence vraiment à me faire chier. Prêt à l'envoyer balader, je décroche :

— Charlotte.

Ciao, Lorenzo.

Je souffle déjà d'impatience tandis qu'elle attend que je lui renvoie sa salutation. Pourtant elle me connaît et mon silence doit lui rappeler que je peux rester longtemps ainsi quand je l'ai décidé.

— Tu daignes enfin décrocher...

— Va à l'essentiel !

— C'est ton père.

— Qu'est-ce qu'il a encore ?

— Il est malade.

— Ce n'est pas nouveau. Il a quoi cette fois-ci ? Un ongle incarné ? Trop de cheveux blancs ?

— Alzheimer...

J'encaisse la nouvelle.

Tel un uppercut, ça me fout ko avec un simple coup. Je me laisse tomber dans un des fauteuils en cuir du salon, complètement sonné. Je m'allume une clope tandis que je fixe le bar. Ce n'est pas raisonnable. Mais si j'accomplissais que des actes sensés, ça se saurait.

Je me lève rapidement avant de me saisir de la bouteille pour me servir un whisky. Je retourne m'asseoir et prends le temps de faire tourner le liquide ambré dans le verre. La voix angoissée de celle qui a partagé ma vie sort toujours du haut-parleur de mon téléphone. Contrarié. Exténué comme après un entraînement à la salle de sport. Je fais abstraction de tout ce qui m'entoure et je le bois cul sec.

— Lorenzo, tu es toujours là ?

— Oui... Depuis quand ?

— Si tu étais plus présent pour tes parents, tu t'en serais rendu compte, ça fait des mois qu'il oublie...

— Il oublie ? Tu parles d'une nouvelle. Je te signale qu'il a tout fait pour m'exclure de sa vie. Alors alzheimer ou pas. Je n'existe plus pour lui depuis des plombes.

Je me ressers un nouveau verre et la bouteille tinte contre ce dernier quand je la repose.

— Ne me dis pas que tu es en train de boire ?

— Charlotte, tu sais quoi ? Tu m'emmerdes.

Je raccroche et balance mon téléphone sur la table basse tout en jurant face à ce petit ton condescendant, qu'elle emploie chaque fois qu'elle me fait des reproches. Cependant, elle a raison sur un point.

Il n'est que huit heures du mat...

Pourtant, j'ai arrêté depuis longtemps ce comportement destructeur. Boire pour oublier ne sert à rien, car, au réveil, la vérité de la vie est encore pire. Alors partir d'Italie a été la meilleure idée que j'ai eue, avant celle de venir ici pour laisser derrière moi ce semblant de famille.

Abandonner ma terre natale n'a pas été simple. Mais avec l'aide de Charlotte, j'ai remonté la pente, je me sentais pousser des ailes à son contact. Depuis longtemps, je n'avais plus autant compté pour quelqu'un et son amour me permettait d'aller mieux.

Partir à l'aventure, c'est la seule chose que j'avais trouvé à faire après une énième dispute avec mon paternel. Mon sac à dos rempli de quelques affaires et photos. J'avais coupé les ponts pendant plus d'un an. Et puis, après avoir bouclé mon tour du monde, j'ai posé mon bagage dans cette petite ville du sud de la France.

Au départ, ça devait être l'affaire d'une ou deux semaines, mais le destin avait mis Charlotte sur ma route. C'est à st Rémy de Provence, dans cette petite ville, qui sent bon le thym et la lavande, que je l'ai rencontrée lors de l'ouverture d'une galerie où certaines de ses œuvres étaient exposées.

Belle, pétillante, elle croquait l'existence à pleines dents. Elle insufflait en moi l'énergie de sa joie de vivre. Pendant deux ans, nous avons été charmés par une parfaite harmonie, jusqu'au jour où j'ai dû me rendre aux obsèques de mon grand-père maternel.

Ce jour funeste le fut à plus d'un titre.

En tout premier lieu, de par la cérémonie émouvante qui venait de se terminer. J'étais pris d'une profonde tristesse. C'était le seul de mes grands-parents qu'il me restait et ces dernières années, malgré ma vadrouille autour du globe, nous nous étions beaucoup rapprochés, communiquant par visio dès que je le pouvais.

Ensuite parce que je redoutais la présence de mes parents. J'avais tout de même apprécié de retrouver ma mère. Quant à mon père, égal à lui-même, il avait juste daigné me saluer et me demander quand j'allais arrêter mes conneries. Ce à quoi j'avais répondu que je ne faisais que commencer.

Il n'était pas question que je rentre en Italie pour enfin intégrer la manufacture de textile située à Prato en Toscane. Mon grand-père paternel avait créé un atelier de tissus, puis mon père avait pris sa succession et l'avait fait s'accroître grâce à la collaboration avec de grandes marques de luxe. Après mes études, il en attendait de même de moi. Étant fils unique, j'étais son digne héritier, enfin, surtout le seul. Je n'ai jamais été à la hauteur de ses attentes du plus loin que je me souvienne.

Pourtant gamin, j'adorais courir dans les allées de l'usine au travers des machines qui tissaient tous ces fils. Je trouvais ça magique. Il suffisait que ces dizaines de lignes se croisent pour obtenir de merveilleuses étoffes. Mon amour pour la soie, le satin, le lin et la dentelle me vient de mon enfance.

De ces heures passées avec mon grand-père qui m'enseignait les différentes techniques d'assemblage. Tout ceci était un jeu et j'adorais me prendre pour un magicien en dessinant des motifs qui se retrouveraient ensuite sur les tissus. Mais tout ceci ne représentait rien aux yeux de mon père, jaloux de la relation que j'avais avec ses parents.

Aussi, à leur mort, il a décidé de ce que serait ma vie. Devenir chef d'entreprise n'était pas dans mes envies. Moi, ce que je voulais, c'était de dessiner, créer, tandis que, pour mon paternel, c'était une perte de temps. Nous avions des stylistes pour ça. Mon rôle était d'apprendre à diriger pour lui succéder le moment venu.

Je m'étais opposé, puis rebellé, mais ça n'avait pas suffi, alors je me suis enfui.

Trois années à vivre comme je l'entendais et surtout loin de lui et de son autorité. Je souhaitais lui prouver que j'étais capable d'exister sans son emprise et son fric.

Et pourtant, il a suffi que l'on se revoie lors des obsèques pour qu'il veuille reprendre la main mise sur ma vie. Cette fois-ci, l'attaque avait été plus sournoise. Il était passé par ma compagne. Il avait obtenu, grâce à ses relations, ce dont Charlotte avait toujours rêvé. Intégrer une grande école d'art pour parfaire sa technique. Alors, quoi de mieux que de faire partie de celle de Léonard de Vinci à Florence.

Son annonce m'avait mis à terre, car je savais très bien pourquoi et comment cette place avait été obtenue. Loin de moi, de penser que Charlotte ne la méritait pas. Mais je reconnaissais bien là les méthodes machiavéliques de mon géniteur. Tout ce qu'il voulait, c'est que je suive le mouvement.

Attirer Charlotte dans ses filets pour mieux me faire revenir à Florence et de ce fait reprendre ma place dans l'entreprise familiale. Mais ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que j'hérite de mon défunt grand-père. Il venait de me léguer son appartement à Montmartre et tous les biens qu'il possédait dans cette capitale.

Ma décision n'avait pas été longue à prendre...

— Renzo, ouvre !

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Perle défile en sous-vêtements sans savoir qu'elle ranime l'inspiration de Renzo pour écrire. Comment pensez-vous qu'elle va réagir en apprenant qu'elle lui sert de muse ?

Charlotte, son ancienne compagne l'appelle pour lui annoncer la maladie de son père. Elle lui fait des reproches et il raccroche. A-t-elle eu raison ?

Renzo renoue avec ses anciens démons, ça n'augure rien de bon. Qu'en pensez-vous ?

Qui frappe à sa porte et l'appelle ?

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📍 Mercredi, on pourra lire le chapitre de PERLE :

✨ Un défilé sexy...

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🥰 Bonne journée, mes Sexys Love, gros bisous 💋

🌸 Kty.Edcall.Author 💙



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