03 - RENZO

∞ RENZO 

Ma nouvelle voisine !

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Dimanche 25-11-18 | Quais de Seine, 75019 Paris

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Allez savoir pourquoi, en ce dernier dimanche d'automne, ma balade a été aussi rapide. Pourtant, le temps était clément et propice à la promenade sur les quais, au jogging. Les ultimes apéros auraient dû m'attirer, me donner envie de gribouiller une esquisse sur mon carnet à dessins ou de noircir mon bloc-notes de scènes de la vie courante qui auraient contribué à étoffer mon roman.

Mais la seule trace que j'ai laissée est celle sur mes poumons en ayant un peu trop fumé. J'ai tenté de me convaincre que mon idée de rentrer plus tôt n'était pas la bonne. Pourtant mon esprit n'arrivait pas à se concentrer assez sur ces anonymes.

L'unique inconnue à laquelle je pense est ma nouvelle voisine.

L'appartement en face du mien va enfin reprendre vie. Au cours de mes réflexions sur le potentiel candidat à la location de ce logement, je n'ai pas envisagé qu'une personne seule, peut-être même célibataire, pourrait investir ces murs anciens. Je pensais être l'exception. À tous les étages, des familles plus ou moins nombreuses se côtoient. Il me paraissait normal que celui-ci ne déroge pas à la règle.

Et pourtant, selon mes premières constatations, pas de couple en vue, pas d'enfants. Juste cette magnifique brune parlant italien d'après les bribes de conversation que j'ai captée alors qu'elle se trouvait au téléphone. Une compatriote ? Ou bien une Française maîtrisant ma langue natale ? Ne pouvant chasser les dizaines de questions qui affluent dans ma tête, je décide de rentrer et de perturber ma routine.

C'est ainsi que je passe prendre mon pain et mon petit gâteau du dimanche bien en avance, soulevant des interrogations chez la vendeuse.

— Tu rentres tôt, Renzo. La pêche n'a pas été fructueuse ?

— Pas vraiment !

— Une baguette de campagne et un millefeuille, comme d'habitude ?

Sa réflexion me pique un peu au vif. Et la réalité de mon quotidien millimétré de ces derniers temps me saute à la gueule. L'aiguillon qui se plante dans mes tripes m'arrache un frisson. Je suis à ce point prévisible. Où est passé l'étalon sauvage ? Celui qui arrivait de province avec l'envie de croquer dans tout ce que Paris pouvait lui offrir ? À quel moment suis-je devenu ce genre de mec plan-plan ?

— Un pain au maïs et deux tartes au citron meringuées.

Soyons fous !

Le temps d'arrêt de la vendeuse reposant sur son étal, ce qui était mon ancien choix m'arrache un rictus.

— Tu veux que je le tranche ?

Continuant dans ma prise de risque et mon envie de nouveauté, je lui réponds en souriant à pleines dents :

— Non, je vais vivre dangereusement et je le couperai moi-même.

Apparemment, mon humour au second degré lui passe au-dessus de la tête ainsi que mon autodérision.

— Tu devrais, lui confié-je, toi aussi, faire des changements dans ta vie pour sortir de cette routine.

— Mais de quoi parles-tu ? Tu es vraiment bizarre ce matin.

Son habituel sourire a déserté son visage potelé. Je m'approche d'elle et pose mes mains à plat sur le comptoir, lui retirant une partie de la clarté et de son oxygène.

— Tu verras à quel point tu te sens mieux ensuite, lui affirmé-je en lui claquant une bise sur la joue.

— Voilà... Ta commande, bredouille-t-elle rouge comme les coquelicots dans le bouquet de fleurs trônant dans la vitrine.

Je paye, laisse la monnaie qu'elle me rend en guise de pourboire et sors de la boulangerie en sifflotant. J'ai l'impression de respirer un tout autre air. D'un pas décidé, je rentre chez moi avec l'envie de faire connaissance avec celle qui pimente déjà ma vie et qui acceptera peut-être de déguster une tarte de bienvenue.

Ma nouvelle voisine.

Après une marche rapide de dix minutes, j'emprunte la rue Dancourt et j'aperçois la silhouette imposante des deux camions de déménagement devant l'immeuble ancien. J'avale les pavés sous mes pieds avec envie. Mes lunettes aviator glissent légèrement sur mon nez et mon sac à dos sautille sur mon épaule. Je resserre ma main sur la sangle, mais ne baisse pas le rythme pour autant.

Il y a longtemps que je ne m'étais pas senti aussi bien. Aussi vivant.

Cette arrivée va insuffler un air nouveau dans mes poumons. Fini la mine triste, les doutes, la feuille blanche... Je sens à nouveau le sang battre dans mes veines. Une sensation de renaissance s'empare de moi. Je suis comme Rocky Balboa en haut des marches du musée de Philadelphie. Je tempère mon enthousiasme tout de même et ne lève pas les bras en l'air en signe de victoire. Mais un sentiment fort m'investit et c'est avec cette énergie nouvelle que je pénètre dans l'entrée de l'immeuble.

Mon corps franchit le seuil, mais se stoppe aussitôt. Par réflexe, je tends les bras devant moi, tandis que mes mains saisissent celles de la personne que je viens de percuter. Des bracelets tintent, alors qu'instinctivement, je la ramène à moi, la presse contre mon torse pour la sécuriser. L'affaire d'une seconde je ferme les yeux et respire son parfum fleuri, frais, charnel, avant que mes iris plongent dans les siens.

— Désolé.

Au fur et à mesure qu'elle me dévisage, ses joues prennent une jolie teinte coquelicot. Ses pommettes rouges rehaussent ses yeux en forme d'amande bordés de cils retournés par le maquillage qui accentue son regard vert moucheté d'éclats de noisette. D'un air gêné, elle libère ses mains, que je maintiens encore un instant en exerçant une légère pression sur ses poignets recouverts de bracelets composés pour certains de perles multicolores et pour d'autres en métaux bruyants.

— Excusez-moi.

Son français est remarquable, rehaussé juste de ce qu'il faut par cet accent, qui la rend d'autant plus délicieuse.

— Charmante entrée en matière, chère voisine. Je me présente, Lorenzo Barresi.

Pour je ne sais quelle raison, ses joues deviennent écarlates avant qu'elle ne me donne son nom.

— Enchantée. Io sono, Perle Marcillac. (traduction en commentaire)

Elle serre la main que je lui tends, secouant par la même occasion ses bracelets. Je souris quand je perçois son trouble après ce qu'elle a ressenti lorsque nos peaux sont entrées volontairement en contact. Elle recule d'un pas comme si mon toucher l'avait brûlée.

— Tout va bien, Perle ?

Je prends un malin plaisir à faire rouler son prénom sur ma langue. Il est si original, lui va si bien. Une perle précieuse dans un écrin de courbes voluptueuses. Pure comme le sont les gemmes rares. Son parfum dévoile des notes fruitées, mais aussi de rose, de vanille qui alimentent mes sens olfactifs. Je mémorise tous ces détails, arrivant à bloquer in extremis des pensées bien trop spicy pour le moment et qui inclut mon appendice buccal et sa chatte.

— Oui... Merci.

— Vous devriez vous asseoir sur les marches.

Ce qu'elle fait sans rechigner. Je bascule mon sac à dos vers l'avant, l'ouvre et en récupère une petite bouteille d'eau minérale.

— Buvez.

Grazie, Signore Barresi.

— Lorenzo, ça sera plus convivial entre voisins.

— Bien... Lorenzo.

Décidément, cet accent est charmant et mon prénom prononcé, ainsi... Il y a bien longtemps que plus personne ne m'appelle de la sorte.

— Vous venez de quelle ville d'Italie ?

— Florence. Mon français est...

Quelle coïncidence, cette belle brune habite ma ville natale. Sa grimace me fait rire. Elle est adorable. Un peu trop même quand je balaye une fois de plus son corps longiligne, ses formes pulpeuses aux endroits stratégiques...

— Il est très bien, la rassuré-je.

— Vous... Trouvez ? Sono nata... Merda... Heu... Excusez-moi. Je mélange...

De gêne, elle baisse les yeux face à son mix franco/italien.

Je trouve pourtant ça mignon. Touchant, même. Alors je m'accroupis devant elle. Je ne visualise que trop bien les images créées par mon esprit face à cette position. Perle, jambes écartées, moulées dans son jean. Je me retrouve entre celles-ci, avec mes mains appuyées de chaque côté de son corps sur la marche en bois, sur laquelle, ma belle voisine est assise. Je me contrains à repousser ces clichés un peu trop précis afin de continuer notre discussion.

— Tu es née à... Ça ne te dérange pas qu'on se tutoie ?

Au point où j'en suis de la découverte de son corps, impossible de continuer à la vouvoyer. Surtout quand sa belle poitrine, mise en valeur par une superbe lingerie que son crop-top ne cache pas, se soulève avec plus de force. Je lui fais de l'effet, c'est indéniable. Revoilà le rouge qui magnifie l'ovale de son visage, tout en plaçant ses lèvres en avant.

Du calme Renzo, tu vas pouvoir l'étudier à ta guise et ça tous les jours, alors fais redescendre la pression.

— Tu es d'ici ? C'est cool !

— J'ai vécu dans la Capitale pendant sette anni. Scusame... Sept ans. Je...

— Mélange, reprends-je en souriant. C'est normal. Avec de la pratique, ça ira mieux dans quelques jours.

— J'espère, elle ajoute en se redressant.

Fière d'elle de ne pas avoir accroché sur ce mot, elle me rend la bouteille d'eau et me fait comprendre qu'elle veut se lever. Je me redresse et lui tends la main pour l'aider à se mettre debout. Elle s'en saisit tout en gardant son regard ancré dans le mien. Si ça n'était pas ma voisine, j'aurais déjà fondu sur sa bouche si magnifiquement dessinée par un rouge à lèvres brillant. Mais je dois respecter une certaine distance, car contrairement aux nanas avec qui je couche, elle, elle sera là, le lendemain et le surlendemain encore...

Situation ingérable.

Quel dommage, car je suis sûr que nos corps s'emboîteraient à la perfection. Que ma queue serait la plus heureuse de naviguer entre ses nymphes. Perle perd l'équilibre et, une nouvelle fois, elle se retrouve collée à mon torse. Pas que je m'en plaigne, mais la sentir si proche n'arrange en rien mon excitation.

— J'ai la tête...

Avec son index, elle me fait comprendre qu'elle lui tourne.

— Tu as eu un étourdissement. Ce n'est rien. Je parie que tu n'as rien mangé depuis...

— L'avion.

Son aveu, sa voix, qui s'apparente à une gamine qui a fait une bêtise, ses yeux, qui se baissent légèrement. Putain. Je vais commettre une connerie, je le sens. Je dois me reprendre.

Il faut que j'applique le No sex in job, et que je le transforme en, no sex between neighbours.

Voilà mon nouveau mantra « pas de sexe entre voisins ». L'ascenseur arrive et deux déménageurs en sortent. Je place ma main dans le creux de ses reins et lui intime d'entrer dans la cabine. J'appuie sur le chiffre quatre et attends qu'il entame sa montée pour lui annoncer :

— Je vais te préparer à manger.

— Ce n'est pas...

— Si c'est la peine, tu as failli tourner de l'œil.

— Je suis... râle-t-elle avant de me balancer son idée en italien. Mi sento sporca !

Ok, elle se sent sale et pour accentuer ses mots, Perle me montre les traces laissées par la poussière sur son tee-shirt. Attirant de ce fait mon regard sur sa poitrine. Dans un rictus satisfait, je lui indique :

— Je te laisse trente minutes pour prendre ta douche.

L'ascenseur s'arrête, j'ouvre la grille et j'en sors sans attendre sa réponse.

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Renzo change sa routine du dimanche et se sent revivre. Est-ce que le premier effet de Perle est-il en train d'agir ?

Renzo percute le corps de Perle en voulant entrer dans l'immeuble. Quel est donc ce courant, qui est passé entre eux ?

Renzo est sous le charme de la belle Italienne qui peine à tenir une conversation en français. Il trouve ça irrésistible. Et vous, aimez-vous cette touche d'italien ?

Renzo veut garder ses distances avec Perle, mais lui propose de lui préparer à manger. Pas très cohérent, notre écrivain, non ?

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📍 Mercredi, on pourra lire le chapitre de PERLE :

✨ Première soirée !

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🥰 Bonne journée, mes Sexys Love, gros bisous 💋

🌸 Kty.Edcall.Author 💙



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