01 - RENZO
∞ RENZO ∞
En manque d'inspiration !
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Dimanche 18-11-18 | Appartement de Renzo au 4 rue Dancourt, 75018 Paris
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Mes dernières promenades sur les quais de Seine ne m'ont pas apporté l'inspiration que j'attendais. Cela fait plus de trois mois que je bute sur la complicité de ce couple. J'éprouve toutes les peines du monde à leur créer une vie trépidante. À leur trouver un but. À faire évoluer leur relation. Mais comment puis-je y arriver, alors que les contours de ce binôme ne sont pas nets dans mon esprit ?
Mes écrits ne me satisfont pas. Je les lis, je leur apporte des modifications, je les parcours à nouveau, mais ça ne me convient toujours pas. Mon éditeur s'impatiente et les premiers chapitres sont d'après lui d'une qualité inférieure à ce que j'ai pu produire, jusqu'à maintenant. Pourtant je suis reconnu comme un auteur à succès, selon les critiques et journalistes.
Quant à moi, je me considère plus comme un romancier, car, si ma vie publique tourne autour de mes livres, ils sont peu à savoir que j'aime tout autant dessiner ou passer des heures à prendre des photos. Pour être complet, j'ai besoin de ses trois activités. Mais ça, je ne l'ai compris qu'en arrivant à Paris.
À Montmartre, plus précisément.
Ses rues pavées, ses places ombragées, où les dessinateurs croquent des caricatures ou tentent de peindre l'essence même de ce quartier si vivant. Je me sens chez moi. Toute cette émulation a nourri mon imaginaire en me permettant d'écrire trois romans qui d'après mon éditeur devaient être réservés à un lectorat ciblé. Quelle ne fut pas notre surprise de voir un réel engouement pour ces histoires érotiques. Ce qui m'a permis d'acquérir une certaine notoriété avec mes premiers livres et de percer dans le monde de l'édition depuis mon arrivée à Paris.
L'autre revers de la médaille, c'est la petite célébrité dont je jouis depuis mon dernier roman. Suite à une interview avec une journaliste, cette idiote s'est permis de dévoiler dans son article dans quel quartier je vivais en précisant que Montmartre était mon terrain de jeu favori. Depuis, j'ai des lectrices inconditionnelles de mes bouquins qui tentent de me rencontrer pour prendre des selfies, pour obtenir des dédicaces. Je m'y plie, mais j'aurais préféré me fondre dans la foule au milieu de ces anonymes. J'aime la solitude, passer inaperçu pour débusquer des moments de vie chez les autres. C'est comme ça que j'adore mon existence, que je nourris mon imaginaire. Je suis un vampire qui aspire tout ce qu'il peut trouver pour avancer dans ses écrits.
Ça s'est encore vérifié le jour du 14 juillet, quand j'ai suivi ce couple dans cette ruelle sombre et quasi déserte. Cette femme, que j'avais nommée France, avait accepté de se faire baiser contre un mur par son date, alors qu'ils auraient pu être surpris par n'importe quel passant. En l'occurrence, moi. J'avais profité du spectacle sans m'imaginer une seconde de la finalité.
France avait pris du plaisir en trouvant mon regard. En le fixant tout en gémissant de plus belle pour que je comprenne bien qu'ils m'étaient destinés. Une fois que son compagnon de débauche avait terminé son affaire, elle m'avait rejoint en se déhanchant outrageusement. Sa façon d'agir, de s'adresser à moi comme si nous nous connaissions avait mis mes sens en alerte et j'avais aussitôt rangé mon matos.
On ne sait jamais à quoi s'attendre avec ce genre de nympho !
Sa manière de me demander si le spectacle m'avait plu avait terminé de me convaincre que je me trouvais face à une lectrice qui venait de reproduire en partie une scène de mon dernier livre.
Elle m'avait apporté la confirmation quand je lui en avais fait la remarque. Autant vous dire que j'ai débandé à une vitesse record et qu'il n'a pas été question qu'elle me touche. Mon envie de faire plaisir à mes lectrices a atteint un point de non-retour ce jour-là. Depuis, je ne sors plus sans mes lunettes de soleil, sans une casquette. Ou comme aujourd'hui, vu la température basse de ce mois de novembre, sans une écharpe, qui recouvre une partie de mon visage en plus de me tenir chaud.
Car, malgré ce désagrément, il n'est pas question que j'arrête de mater la vie des autres. Et pour cela, je peux compter sur la Ville lumière et ses nuits parisiennes, qui m'apportent l'inspiration tant recherchée.
Le nombre de mes tableaux croissant ainsi que mes photos en noir et blanc, j'ai eu l'envie d'une exposition qui s'est profilée de plus en plus, au point de toucher au but. Si tout se passe bien, elle aura lieu dans quinze jours. Il ne me reste plus qu'à trouver l'inspiration pour une ou deux pièces fortes, mais le modèle que je recherche se fait tout aussi rare que mes écrits.
Je dois dénicher ma muse.
Celle qui me permettra de me sublimer. D'approfondir mon style littéraire. En trois ans, je me suis imposé dans cette nouvelle vague de romance érotique. Un style littéraire en pleine expansion où règnent en maîtresse plutôt des auteures, j'ai pu truster les premières places. Ma plume aime à décrire des moments charnels entre hommes et femmes tout en leur apportant un point de vue tout en nuances.
Nuances qui ont permis aux critiques de vite comparer mes personnages masculins à un certain Christian Grey. Pourtant dans mes romans, il n'est pas question de pratique BDSM poussé. Juste des hommes un brin dominateurs, aimant diriger les ébats et se servant des cinq sens de leurs partenaires pour leur faire perdre la tête et prendre leurs pieds.
Pour nourrir ma plume, je mets un point d'honneur à sortir le plus régulièrement possible de mon appartement, où je vis seul depuis quatre ans. J'ai quitté le sud de la France pour emménager dans le quartier de Montmartre après le décès de mon grand-père maternel. Ce dernier m'ayant couché sur son testament en me léguant ce superbe appartement haussmannien, qui possède un toit-terrasse commun avec le logement voisin offrant une vue imprenable sur le Tout-Paris. Je l'ai rapidement aménagé en me créant un rooftop pour pouvoir profiter de cet endroit calme pour m'évader et écrire.
Jusqu'à maintenant, je jouissais seul de cet espace, mais qu'en sera-t-il avec les prochains locataires ?
Mon ancien voisin de palier n'y venait déjà plus depuis quelques années, n'ayant plus la possibilité physique d'y accéder. La faute à un escalier métallique dont les marches sont assez raides pour un homme de son âge. Seul point noir pour ce petit joyau qu'est cet immeuble de cinq étages avec ascenseur.
La construction en U du bâtiment possède en son centre un écrin de verdure créé dans la cour intérieure. Ce petit coin de paradis est entretenu par tous les copropriétaires. Nous aimons, entre voisins, nous y retrouver de temps en temps pour partager un apéritif ou en été un repas.
Cela fait trois mois que l'appartement d'en face est vide, depuis la mort de ce cher Henry Prana. Le chagrin l'a emporté après avoir perdu sa femme, Eugénie. Ils avaient fêté avec nous, leurs voisins, leurs soixante-dix ans de mariage avant qu'une longue maladie ne les sépare. Tous les habitants de l'immeuble en ont été affectés. Il faut dire que c'étaient les plus anciens résidents. Je m'étais attaché à eux. Les aidants comme je le pouvais quand ils me sollicitaient. Que ce soit pour de la paperasse ou pour des courses alors que leur santé devenait trop fragile. Ils avaient bien des auxiliaires de vie, mais ils m'aimaient bien... Leur unique fils ne venant les voir que très rarement.
Il faut croire qu'il appréciait bien mon côté loup solitaire et mon mauvais caractère, même si, avec eux, je faisais en sorte de le montrer le moins possible.
C'est à lui que revient leur appartement et je me demande quel genre de personne va habiter sur le même palier que moi. Un couple ? Auront-ils des enfants ?
Le ballet incessant de l'ascenseur m'a réveillé beaucoup trop tôt à mon goût pour un dimanche matin. Et malgré plusieurs tentatives pour essayer de me rendormir, celles-ci sont restées vaines. Alors c'est dans un piteux état que je rends les armes. Il faut dire que la nuit a été courte. Je suis rentré à mon appartement au petit matin en même temps que mon chat, qui a tout de suite réclamé à manger avant de venir me rejoindre au pied de mon lit.
Avec Gianni, mon meilleur ami, nous avons commencé la soirée dans un café branché et éphémère, comme il s'en crée très régulièrement dans le quartier. Puis nous avons terminé dans un cabaret où bon nombre de spectacles de transformistes sont donnés. Avant de basculer dans un club où des danseuses faisaient leur show allant de la barre de pole dance au strip-tease. Après quelques bouteilles de champagne bu en charmante compagnie et des moments de corps à corps collés serrés sur la piste, nous avons clôturé la nuit chez Gianni.
Pas question pour moi de ramener des gonzesses dans mon appartement.
C'est une règle d'or à laquelle je tiens contrairement à mon pote, qui s'en fout royalement. Je l'ai donc abandonné, sur les coups de six heures du matin, à son triste sort avec les deux nanas qui nous ont suivis chez lui. La soirée a été bonne, et l'after, d'autant plus. Il faut dire que les deux blondes n'ont rien eu de farouche et fort heureusement que Gianni possède un lit kingsize. Car nos duos se sont petit à petit transformés en un quatuor hédoniste nous offrant une multitude de combinaisons.
Rien de tel qu'une nuit de débauche. Bon, après, il faut assumer pour passer outre la migraine et la fatigue.
Curieux de connaître la source de ce tintamarre responsable de mon réveil, je bois mon café en fumant une clope sur mon balcon avant de prendre une douche rapide. Je m'habille à la hâte tandis que du bruit émane du palier ainsi que des voix que je ne reconnais pas. Je vais enfin obtenir ma réponse. Assurément, les nouveaux voisins emménagent.
Aussi excité qu'un gamin pourrait l'être le jour de Noël, je sors de chez moi.
Mon carnet de croquis sous le bras, je tente de réguler mon envie de fouiner. La porte d'entrée de l'appartement voisin est identique à la mienne et il se trouve qu'elle est grande ouverte. Je peux donc, sans trop insister, voir l'intérieur. Il ne ressemble plus à celui des anciens occupants. Leur fils l'ayant entièrement vidé, cela me permet de découvrir les nouveaux volumes. Sans paraître trop intéressé par ce qui s'y passe, je fais semblant de refaire le lacet de mes sneakers.
Les cartons s'empilent dans la grande pièce à vivre. Un large canapé a déjà trouvé sa place et, sur ce dernier, est assise une femme. Elle me tourne le dos, mais je peux observer ses longs cheveux bruns, détachés, lisses et brillants, qui recouvrent le haut de son corps. Ils oscillent avec légèreté sur un simple crop top rouge à fines bretelles qu'elle porte avec une certaine prestance. Elle est au téléphone et échange en italien avec son interlocuteur.
— Vous descendez ?
Je me relève et fais face à un homme qui retient la grille de l'ascenseur ouverte.
— Oui, merci.
Je trouve une place dans la cabine exiguë, légèrement encombrée par un chariot permettant de transporter les charges lourdes et je me souviens à quel point il est ardu d'emménager dans un immeuble ancien.
— Désolé pour le dérangement.
— Ne le soyez pas. Je comprends.
— La p'tite dame est pressée de vivre ici. C'est un bel immeuble.
Il tente d'entretenir la conversation, mais mes pensées s'envolent. C'est donc cette femme, qui va partager le même palier que moi, mais aussi un vis-à-vis au niveau de certaines pièces de nos appartements respectifs et enfin le toit-terrasse. Le bip de l'ascenseur me sort de ma réflexion. Je laisse le déménageur récupérer son chariot avant de le suivre à mon tour.
Deux camions se trouvent devant la double porte d'entrée en bois. Celles-ci sont maintenues ouvertes par une barre métallique accrochée au mur. Et déjà, deux autres déménageurs s'affairent à remplir la cabine. Tout en quittant le bâtiment, je jette un regard sur les meubles qu'ils leur restent à monter. Une grande table en verre, des chaises dépareillées qui ont l'air d'avoir été chinées. L'encadrement d'un lit dont le dosseret matelassé est recouvert d'un velours rouge profond tirant sur le grenat. Les contours constitués d'arabesques en fer noir qui m'envoie aussitôt des flashs sur les possibilités à les utiliser lors de débats passionnés. Je note mentalement ces détails pour une des prochaines scènes de mon roman.
Je poursuis mon observation par des luminaires contemporains, des petits meubles et encore des cartons qui complètent le reste des affaires de ma nouvelle voisine. Je commence à me détourner lorsque ma curiosité est attisée par un piano qui se dévoile quand le drap qui le recouvrait glisse après une bourrasque fraîche qui me rappelle que nous sommes aux portes de l'hiver. À découvert, il me laisse admirer sa belle couleur noire et vernie.
Ma voisine serait-elle une musicienne ?
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➥ L'immeuble possède un rooftop avec vue sur les toits de Paris qu'il va devoir mettre en commun avec Perle. Comment va se passer cette cohabitation ?
➥ La nuit de Renzo a été courte et s'est terminée chez son ami Gianni en compagnie de deux nanas qu'ils se sont partagées. En effet, il vaut mieux un lit kingsize dans ces cas-là, non ?
➥ L'arrivée de cette belle brune donne déjà à Renzo des idées pour des scènes de son roman et notamment la tête de lit. Un vent d'inédit va-t-il souffler sur lui ?
➥ Renzo ne peut s'empêcher de jouer les curieux quitte à espionner sa nouvelle voisine. Cet intérêt vous paraît normal ou dérangeant ?
➥ Vous avez été nombreux-ses à vous demander si Renzo connaissait cette femme que j'ai nommée « France ». On dirait que Renzo supporte mal la notoriété. Aviez-vous pensé à cette éventualité ?
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📍 Dimanche, on pourra lire le chapitre de PERLE :
✨ Paris, me voilà !
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🥰 Bonne journée, mes Sexys Love, gros bisous 💋
💗 Kty. Edcall. Author 💙
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