EPILOGUE
La fin d'une aventure, le début d'une nouvelle
__________
Les nuages glissaient sur l'horizon. Seul le vent venait glisser sur les herbes hautes et balayer mon visage, aucun son si ce n'est celui du froissement de l'herbe contre mon corps, aucun danger à l'horizon. Je respirais, de grandes inspiration et je n'osais pas faire de bruit en expirant de peur de briser le calme qui s'était installé. Nous étions loin, de la zone de recherche A il ne restait plus rien, on avait fui et dans des champs de verdure nous étions caché. Il nous faudra du temps avant de repartir, si nous repartions un jour.
Les journaux parlaient de l'explosion comme un accident, une erreur lors d'une expérience. Personne n'avait tenté de nous chercher et la presse ne semblait que rare étaient ceux qui s'intéresser à ce sujet. Quand bien même, nous avions réussi, d'une certaine manière. Je ne pense pas que la Šerik soit sous les verrous, mais après l'explosion des recherches autour de la zone ont été faites : la brigade avait pour une fois fait son travail correctement. Ils avaient retrouvé des objets illicites, d'autres qui tournaient sur des trafics illégaux et petit à petit, on voyait dans les unes de journaux les visages des scientifiques arrêtés, les horreurs que certains avaient pu faire par le passé. Estéban Modry n'était jamais mentionné, jamais accusé et N avait disparu sans que personne ne puisse l'incriminer. Un goût amer me restait sur le palais, mais je savais que je devais me satisfaire de cette avancée aussi maigre soit-elle.
J'expirais. Assis dans l'herbe, je regardais le temps passer, tenant entre mes mains ce petit carnet rouge. Il était abîmé, mais toujours utilisable. Je voulais écrire dedans, pour ne pas oublier, me souvenir plus tard de tout ce que je sais, ce que j'ai vécu pendant ces derniers mois. Mais ma mémoire était fraîche, trop récente et à chaque mot que le grattais sur le papier jaunis, je me revoyais dans ces salles étroites, j'entendais le sifflement de l'explosion et chacune de mes blessures semblaient s'ouvrir à nouveau. Se laisser du temps ? Je devrais, mais comment avancer ?
J'essayais de me redresser, appuyé sur une béquille, mais je n'avais pas la force pour me supporter. Alors je m'abandonnais à l'herbe humide, je m'allongeais et j'aurais pu m'endormir ici. La silhouette de Mona se dessinait au loin, elle était toujours grande et imposante, mais sa tête était baissée, son regard brisé et fatigué. Elle n'en était pas plus faible, peut-être plus forte à vrai dire, mais elle m'était plus proche, plus humaine. J'entendais ses boucles dorées taper contre sa peau, ses tresses fouetter l'air et ses pas faire trembler le sol. La capitaine se posa à côté de moi, appuyée sur ses bras et les jambes étendues. On restait en silence pendant de longues minutes, je n'avais rien à lui dire ou trop pour l'exprimer et elle, elle cherchait ses mots j'imagine.
« Tu m'en veux ? Me demanda-t-elle d'une voix basse. »
J'ouvrais les yeux, elle ne me regardait pas, n'osant pas poser son attention sur moi comme si sa personne était devenue sale. Je ne savais pas quoi lui répondre, j'étais un mélange d'émotion. De la colère que j'avais contre elle, mais aussi la reconnaissance. Devais-je lui en vouloir de m'avoir sauvé ? Je savais que non, mais elle m'avait arraché ce que je désirais et que je n'aurais sûrement jamais. Une grimace se traça sur mon visage, mélange de rancœur et de sympathie.
« Je ne pense pas, commençais-je, mais c'est difficile de passer à autre chose.
— Vraiment ? J'entendais dans sa voix une lueur d'espoir qui l'avait quitté ces derniers jours.
— Le suivre dans la mort n'aurait rien changé. Tu as eu raison de me sauver ce jour-là. Mais une partie de moi... m'en veut de ne pas avoir persévéré.
— Jamais tu n'aurais eu ce que tu voulais. Souffla-t-elle, je ne regrette pas de t'avoir empêchée, je ne me le serais jamais pardonné sinon.
— Je sais Mona, je sais. C'est fini maintenant.»
Mona s'allongeait à côté de moi et observant le ciel décliner dans des couleurs plus sombres, on discutait. Elle passait son bras par-dessus mon épaule et on rigolait de notre première rencontre, du début de nos aventures avant que tout ne change. Les étoiles se dessinaient sur la voûte au-dessus de nous alors que les appels de Stanislas s'intensifiaient. Enlevant ses lunettes de protection, il restait au loin essayant d'attirer notre attention avec de grands gestes de bras.
« On doit y aller ! Cria-t-il, Vous venez ou vous abandonne ?!
— On arrive ! Tonna Mona en se levant.
Debout, elle me tendit sa main pour m'aider. C'est sans hésitations que je l'attrapais et me redressait sur mes jambes et béquilles.
— Ce n'est pas comme s'ils allaient partir bien loin sans nous, rigolais-je en suivant la capitaine.
— Que serait le Bronze sans sa capitaine et son grand timonier ? »
Cette histoire se terminait au moins avec un rire. Montant sur le dirigeable, on reprenait tous nos postes, on n'avait pas de but ou d'objectif, mais on était tous prêt à reprendre nos voyages, voguer sur la mer de nuage. Je m'appuyais contre le gouvernail, le regard vers l'horizon, prêt pour une nouvelle aventure.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top