Chapitre 98 : N E W S T A R T
La nouvelle arriva début septembre. Son père, s'il ne serait pas condamné, n'avait plus le droit de s'approcher de lui. Élias savait que ce dernier avait fait jouer ses relations, allant jusqu'àmenacer de façon très"peu subtile l'avocat de son fils. Mais, enfin majeur, Élias était définitivement libéré du joug de son paternel. Peut-être que certains ce seraient acharnés, dans l'idée de faire payer leur bourreau, mais Élias n'avait pas cette hargne là, cette force de caractère. Sa liberté nouvellement acquise lui suffisait amplement. A l'inverse d'Alix, Élias avait toujours été du genre à se contenter de peu.
Maître Garcia-Caustra, son avocat, avait tenu à venir lui annoncer en personne la décision rendue et surtout lui expliquer les recours qu'il avait au cas où il voudrait fermement que son père écope d'une condamnation à la hauteur de ses actes. L'homme était tout à fait bien dans son métier, assoifféde justice, il aurait voulu que le blond continue les poursuites, mais il était aussi à l'écoute de ses clients et ne leur imposaitjamais sa volonté. La mère du blond avait prit à sa charge tous les frais, et même s'il s'agissait plus d'une compensation pécuniaire que d'un réel soutient maternel, Élias s'en estimait heureux. Au final, même si sa mère avait fait sa vie ailleurs, loin d'un mari dont elle n'avait jamais voulu, quand il lui avait demandé son aide, elle avait fait l'effort de répondre. Même si au début, il avait bien cru qu'elle allait le laisser se débrouiller entièrement seul.
Désormais âgé de dix-huit ans révolus, le blond allait enfin pouvoir quitter le domicile familial, bien qu'en vérité il n'y ait pas remis les pieds depuis presque des mois, le fait qu'il soit désormais légalement libre d'aller vivre où bon lui semblait était un merveilleux cadeau. La mère d'Élias lui avait promis de mettre en place un virement mensuel permanent du montant de son loyer dès qu'il aurait trouvé un appartement. Il avait déjà fait quelques visites et les parents d'Alix l'aidaient dans ses recherches, tout en lui rappelant que rien ne pressait, qu'il pouvait encore rester chez eux à tant qu'il le souhaitait, qu'il ne fallait surtout pas prendre en location un bien médiocre dans la précipitation. Le père d'Alix n'avait d'ailleurs pas loupé la moindre visite, pour s'assurer que les appartements que le jeune homme visitait ne possédaient pas de vices cachés ou bien que le loyer n'était pas trop élevé pour la valeur du bien.
Alix aimait voir son père et son petit-ami tisser des liens. Il trouvait ça adorable. David avait également accompagné Élias récupérer toutes ses affaires chez lui. Ça n'avait pas été une mince affaire, parce que le paternel du blond semblait bien décidé à ne rien lui laisser emporter, il pensait qu'ainsi, il pourrait en quelque sorte avoir le dernier mot dans toute cette histoire, du moins en apparence. Il s'accrochait tellement fort à son petit reste de pouvoir, d'autorité, que ça en devenait risible. À force d'arguments et même de menaces, Élias avait pu aller rechercher ce qui lui appartenait. Mais qu'elle ne fut pas sa surprise en découvrant sa chambre entièrement vide. Chaque tiroir, chaque placard avait été soigneusement vidé. Et ça lui fit un choc. Élias comprit mieux pourquoi son père avait soudainement changé d'avis. Au final ce n'était rien d'autre qu'un énième mauvais coup de sa part, il voulait une fois de plus ridiculiser son fils et le faire se sentir mal. Élias n'avait jamais eut beaucoup d'effets personnels, rien de ce qu'il possédait n'avait de valeur sentimentale, ou presque, mais savoir que toutes ses affaires avaient fini à la benne, pour la seule raison qu'il avait voulu se défaire de l'emprise de son père, était simplement cruel. Quand il quitta la vieille et sinistre bâtisse, toujours flanqué du père d'Alix, Élias eut envie de vomir à la vu du petit sourire satisfait de son propre géniteur. Même l'idée de lui vociférer des insultes semblait trop faible, cet homme était un monstre, et rien ne pouvait changer cela. Élias savait qu'il finirait par s'y faire et ne plus y penser, de toute façon c'était bien la dernière fois qu'il mettait les pieds dans cette maison. Avant qu'il ne passe les portes définitivement, son père ajouta, d'une voix calme et doucereuse :
« Il va sans dire que si tu passes cette porte, tu ne percevras plus un sou de moi. Tu seras blacklisté, de tous mes cercles sociaux, tu n'auras plus aucun privilège. Et tu seras immédiatement radié de mon testament. »
Élias manqua de s'étouffer devant son manque de savoir vivre, et son air suffisant. Dans sa tête, il entendait distinctement Alix s'offusquer. Il aurait sûrement dit quelque chose du genre : Privilèges ? C'est-à-dire ? Celui de se faire rabaisser en permanence ou celui de prendre des coups sans broncher ? Et s'il avait eut un peu plus de courage, Élias lui aurait peut-être lui aussi répondu en ces mots, mais quelque part, il n'en valait pas vraiment la peine. Alors il se contenta de tourner les talons, sans rien répliquer.
Élias avait finit par mettre la main sur un petit appartement meublé en centre ville juste avant la rentrée. En fait, ce qui l'avait fait tomber sous le charme de cet appartement, ce n'était ni son agencement, ni son emplacement hyper centre, pas plus que la superbe luminosité qui rentrait par la grande fenêtre de la pièce de vie, non, de tout cela, ce qui l'avait fait craquer, c'était le sourire parfaitement visible dans les yeux d'Alix au moment de la visite. Il était évident que le bleu se projetait dans les lieux, avec lui, et ça fit battre son cœur un peu plus vite. Trop vite. Assez pour signer les papiers relatifs à la location le lendemain même.
Il n'y avait déposé que quelques cartons, c'était tout ce qu'il avait -bien que Florence ait insisté pour lui offrir tout un service d'assiettes et de couverts, qu'elle avait en double dans ses placards- mais c'était déjà parfait. Ce serait sûrement un peu petit, surtout quand le bleu viendrait lui rendre visite, ce qui serait sûrement très très régulier, mais au moins il était chez lui, et en sécurité. C'était un sentiment qu'il n'avait pas ressenti depuis de trop longues années.
Alix déverrouilla son téléphone pour envoyer un petit message sur le groupe de ses amis. Prune et Lior lui manquaient, et il voulait un peu de leur soutient en ce jour de rentrée. Il avait accompagné Élias à sa fac de droit, le blond aussi était stressé, mais Alix savait que ce nouveau départ lui ferait le plus grand bien. Devant les grandes portes de l'école de commerce sur laquelle il avait jeté son dévolu -ce n'était pas une grande école sélecte, plutôt un petit cursus- Alix se demandait sincèrement ce qu'il faisait là. Il essayait de se dire qu'il avait toujours été très bon en math, alors que le commerce serait un jeu d'enfant, mais il n'y croyait pas vraiment. Son portable vibra trois fois :
De Prunette 🍒 :
Tout va bien se passer bébou ! Et puis on se voit fin de la semaine pour un debrief ✨
De Dior ⚜️ :
Je sais que ce sera compliqué de trouver des amis aussi merveilleux que nous, mais je sais déjà que tout le monde va t'adorer.
De Dior ⚜️ :
Et puis avec la jolie tenue que tu nous a montré ce matin, je suis sûr.e que tout le monde va se battre pour s'assoir à côté de toi.
Ça lui remis du baume au cœur. C'était vrai, il avait mit tellement de temps à se préparer le matin même que ce n'était pas le moment pour se dégonfler. Il poussa la grande porte pour aller se poster devant le plan de l'établissement. Il afficha sur son portable le mail envoyé à tous les nouveaux inscrits et y rechercha le numéro de l'amphithéâtre dans lequel il devait se rendre pour la première réunion. Mais il déchanta rapidement. Après un seul pas fait dans cet amphi, il se rendit compte a quel point il allait faire tache. Il n'était pas du tout à sa place. C'était à peine s'ils ne portaient tous pas des tailleurs parfaitement coupé. Ils avaient tous sur le visage cet air chiant comme la pluie. Alix savait bien qu'il ne fallait jamais juger les gens au premier regard, encore moins tout un groupe de personnes, mais là, il était certain que ce n'était pas des préjugés. Il ne serait jamais ami avec ces gens-là. Du moins pas vraiment, ce serait des camarades tout au plus.
Démoralisé, il alla s'installer à une place libre en haut de l'amphithéâtre, seul. Sur son passage, de nombreux regards se posèrent sur lui. Il s'était promis de ne plus jamais s'effacer comme il avait tenté de le faire pendant son année de première, avec du recul, il se rendait compte qu'il n'était pas passé si loin de le dépression à cette époque là. Heureusement Lior, Prune, et même Élias avaient été là pour lui à ce moment. Mais là, au milieu de ces gens si conformes à une règle implicite quil ne comprenait pas, il voulait juste se faire tout petit. S'il ne se laisserait plus marcher dessus, ce temps là était bel et bien révolu, il ne voulait pas non plus faire de coup d'éclat. Il avait également fini de chercher l'attention de cette façon.
Une jeune fille s'assit à ses côtés, avec un petit sourire en coin. Elle lissa sa veste un peu froissée et lui dit, avec un regard sur sa tenue :
"J'aime beaucoup ton collier. Il va bien avec ton pull. Le pastel te va bien."
Alix posa une main sur son choker en perles colorés et esquissa un sourire.
"Merci. Je les ai trouvé en friperie."
Elle sourit à son tour et lui tendit une main.
"Candy. Je suis redoublante. Si tu veux mon avis, ton look, bien que très mignon ne fera pas l'affaire ici. Même moi j'ai du me plier à cette règle stupide du tailleur. Bon je ne te cache pas avoir un peu de mal, mais au bout d'un an on commence à s'y faire."
Le fait était qu'Alix n'avait aucune envie de s'y faire. Alors, bien que les babillages de cette Candy se montraient distrayants et passablement drôles, Alix passa sa première semaine d'études supérieures dans une attente morne. Ses amis lui manquaient, Élias croulait sous le travail, les cours à sa fac avaient démarré sur les chapeaux de roues, les devoirs avec, et même quand ils se voyaient le soir, le blond n'avait pas l'esprit suffisamment libre pour qu'Alix s'épanche sur ses tracas. C'était juste un nouveau rythme et il fallait juste qu'il prenne le pas. Ça irait vite mieux, il en était persuadé. Du moins il essayait de s'en persuader. Et puis s'il était réaliste, lui non plus n'avait pas tellement le temps de se lamenter sur son sort. La première année était plutôt sélective et s'il se reposait sur ses lauriers, il ne la validerait pas.
Le week-end venu, quand il retrouva Lior et Prune, au lieu de lui redonner le sourire, ça le démoralisa d'autant plus. Ces deux là semblaient si enjoués par leurs études respectives. Lior avait retrouvé le sourire après sa période à vide d'après le bal de fin d'année. Iel leur avait rapidement raconté ce qu'il s'y était passé avec Byzance, la dance partagée, puis l'arrivée de se fiancée, la rupture des dites fiançailles par celle-ci, et l'absence de la moindre nouvelle depuis lors. Alix voulait laisser à l'infirmier le bénéfice du doute, mais il commençait à sérieusement douter qu'il recontacte Lior un jour. C'était peut-être pour le mieux, au fond, il n'en savait trop rien, peut-être que ces deux-là ne s'étaient tout simplement pas rencontrés au bon moment. Au moins, désormais, Lior semblait prêt.e à passer à autre chose, ce qui n'avait pas été une mince affaire vu son état au début des vacances.
"Je traîne avec un groupe de filles, il faudra que je vous les présente, je me suis fait une copine sagittaire et on se fait tout le temps des blagues, j'aime trop." S'extasia Lior alors qu'Alix se concentrait sur la discussion.
"Et toi Alix, par qui tu nous as remplacé ?" S'enquit Prune, taquine.
C'est à ce moment qu'Alix se rendit compte qu'il n'avait parlé à personne de sa promotion, hormis Candy, et encore, cetait plutôt elle qui lui parlait, ça ne lui ressemblait pas, lui qui était de nature si volubile habituellement. Il ne s'attarda pas sur cela et sourit à ses deux meilleurs amis.
"Personne. Tu sais bien que vous êtes irremplaçables !"
Au moins, ce n'était pas un mensonge.
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Et voilà le chapitre, je l'aimais pas en l'écrivant, c'est pour ça que je ne l'ai pas posté plus tôt, puis en le relisant, j'ai trouvé que ça allait, j'ai ajouté une ou deux scènes, et maintenant il me plaît presque haha
J'aurais dû finir les publications lundi, mais disons qu'il s'est passé pas mal de trucs dans ma vie, relationnellement parlant (si ça veux dire quoi que ce soit haha) et comme c'était les derniers chapitres, je voulais pas les bâcler juste pour tenir les délais. Cette histoire touche à sa fin et ça me rend toute émotive haha. Bon en vrai de vrai, j'ai encore plein de projets pour ses personnages (d'ailleurs si vous voulez en savoir plus sur ce sujet, vous pouvez carrément me suivre sur insta : paradoxalement_paradoxale) mais je risque de ne pas les sortir tout de suite, parce que je veux explorer dautres horizons pour le moment :)
Avec amour et dévotion,
Paradoxalementparadoxale.
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