La claque partit sans qu'il ne puisse l'anticiper, et la tête du blond décrivit un quart de tour sur la gauche avant qu'il ne sente sa joue chauffer.

« Alors c'est ça le fils que j'ai élevé ? »

« Papa... »

« Non ! Ne m'appelle pas ainsi quand tu passes tes journées à gâcher toutes les opportunités que je me tue à t'offrir depuis que tu es né ! »

« C'est juste une erreur ! Mais ça ne se reproduira plus, j'te jures ! »

« Ton langage ! »

« Je suis désolé père. Je vous promets que je vais me rattraper. »

« Ah oui ? Et comment ? Je me tue à t'enseigner l'excellence et tu te contentes d'être médiocre ! »

« Je vais travailler plus, je pourrais même prendre des cours de soutient, ou me trouver un job pour me payer des cours particuliers, je ferais tout pour vous rendre fier. »

Son père lui jeta un regard emplis de dédain.

« Monte dans ta chambre, je ne veux plus te voir ! »

« Je... »

« Tu montes dans ta chambre ! »

Sa voix était tranchante, l'ordre sans appel.

« Oui, père. »

Élias baissa la tête, son humiliation plus cuisante encore que la brûlure sur sa joue. Il senti ses yeux lui piquer et soupira. Il ne manquait plus que cela, qu'il se mette à pleurer. Pour que son père puisse de nouveau le rabaisser, et cette fois avec une raison, autre que ce six en math.

Il faut dire que depuis un certain temps -depuis son repas dans la joyeuse famille Dalktford plus exactement-, il était plus concentré sur Alix -comme si son cerveau lui-même s'était mis en tête de mémoriser chacun des petits tics, des petites habitudes du garçon bleu- que sur les cours qu'il était supposé suivre. L'atmosphère dans sa famille l'avait comme déconcerté, émerveillé, il en resterait marqué à jamais, il en était sûr.

Il se laissa tomber sur son lit et saisi son téléphone. Il alla tout d'abord sur l'espace de travail de son lycée, pour regarder ses notes, et il était vrai que ce trimestre n'était pas des plus glorieux. Il peinait à dépasser les 13 de moyenne générale. Cela ne lui était jamais arrivé. En math, là où il avait le plus de mal, sa moyenne plafonnait à 10,8. Il allait avoir du mal à remonter tout cela. Il changea d'onglet pour ouvrir celui où ses profs mettaient les cours à travailler et un certain nombre d'exercices avec corrigés. Il allait passer sa soirée à faire des exercices dans sa chambre, du moins jusqu'à l'heure du diner, si toutefois son père lui accordait de sortir pour descendre manger, même s'il ne doutait pas qu'il serait également privé de repas. Cependant, malgré se résolutions pour la soirée, au moment où il allait pour télécharger un pdf de six pages d'exercices, son téléphone vibra et la fenêtre de notifications indiqua :

''Lixouille_<3 vient de publier une nouvelle story depuis un certain temps, soyez le premier à réagir''

Sans réfléchir, il cliqua dessus.

Le son anormalement mauvais de la vidéo qui s'ouvrit le fit presque sursauter dans sa chambre habituellement exclusivement emplie de silence.

« Mais t'es vraiment un connard, vient m'aider ! J'te jure dès que j'descends j'te bute ! » Scandait le bleu contre la personne qui filmait, tout en riant, rendant la vidéo floue et mal cadrée, laissant tantôt voir le sol, puis les nuages dans le ciel teinté de rose, et surtout Alix qui semblait coincé dans un arbre, riant et râlant contre son acolyte qui n'allait visiblement pas daigner venir l'aider.

Élias se surprit à rire, mais encore plus à cliquer sur ''envoyer un message''.

A Lixouille_<3 :
Plus malade ?
Envoyé à 18h50

Presque immédiatement, son téléphone vibra.

De Lixouille_<3 :
Si je dis que si, tu reviendras veiller sur moi ?
Reçut à 18h50

A Lixouille_<3 :
Donc ça veut dire non. Quand tu étais malade tu ne pensais plus à ce genre de choses.
Envoyé à 18h51

De Lixouille_<3 :
Qui te dit à quoi je pensais quand tu t'occupais si gentiment de moi ?
Reçut à 18h54

Nouvelle vibration.

De Lixouille-<3 :
Vocal. 0.03s
Reçut à 18h55

Il appuya sur ce vocal, persuadé qu'Alix l'avait envoyé par erreur au vu de sa taille.

'' Je pensais à tes lèvres sur les miennes. Juste à cela. ''

Il ferma les yeux et inspira profondément. Ce garçon allait le rendre fou. Vraiment. Il resta à fixer l'écran de son téléphone sans savoir quoi répondre.

De Lixouille_<3 :
Alors, tu ne réponds pas ?
Reçut à 19h00

A Lixouille_<3 :
Si.
Envoyé à 19h01

De Lixouille_<3 :
Non. Là tu ne réponds pas.
Reçut à 19h01

A Lixouille_<3 :
Si, je réponds.
Envoyé à 19h02

De Lixouille_<3 :
Ok, si tu veux tu m'envoies des messages, mais tu ne réponds à ce que j'ai dit. Au fait que je veux t'embrasser. Encore. Et encore.
Reçut à 19h03

De nouveau il resta bloqué sur les mots du bleu. Puis il se ressaisit, Alix avait toujours été comme cela, à dire ces phrases sans queue ni tête et à chauffer tout le monde juste pour le plaisir d'embarrasser les autres. Seulement il n'avait jamais osé faire cela avec lui.

A Lixouille_<3 :
Je crois surtout que je n'ai pas grand-chose à répondre à cela...
Envoyé à 19h06

De Lixouille_<3 :
Tqt, on n'est pas obligé de faire ça dans les toilettes, je sais que tu as un problème avec cet endroit. Tu peux revenir chez moi. Quand tu veux.
Reçut à 19h06

Le blond se senti rougir et saisi sur son message sur son clavier.

A Lixouille_<3 :
Ne joue pas à cela avec moi Alix. Tu sais très bien qu'il ne faut pas.
Envoyé à 19h06

De Lixouille_<3 :
C'est bien ça le problème. Je ne joue pas. Du tout.
Reçut à 19h07

La porte de la chambre d'Élias s'ouvrit à la volée et il comprit son erreur quand le regard de son père tomba sur le téléphone entre ses mains.

« Non mais je rêve ! C'est comme ça que tu comptes te rattraper et progresser ! Tu me fais honte. Trainer sur les réseaux sociaux à rien faire pendant toute la soirée ! »

« Je demandais juste de l'aide à un ami de ma classe... »

« Et qui est cet ami ? »

Seul le silence embarrassé de son fils lui répondit.

« Donnes-moi ton téléphone. »

« Non, je... » La voix du blond mourut dans sa gorge. Parce que si au lycée il était capable de faire les plus beaux discours, argumenter sur presque tous les sujets, devant son paternel, il redevenait un petit garçon effrayé qui ne pouvait que se faire gronder sans rien dire.

« Ton téléphone. »

Il fixa la main tendue de son père et, résigné, il glissa l'objet dedans, déverrouillé, parce qu'il savait qu'il ne servait à rien de résister plus longtemps.

Et il vit le visage de son paternel se décomposer. S'il avait prit le temps de refermer la conversation, il était néanmoins resté sur le profil du bleu.

« Alors c'est ça le genre d'ami que tu te fais ? Ce genre de dégénéré ? Alors quoi, tu veux devenir comme ce gosse, c'est à cela que tu aspires, n'être qu'un poids pour la société ? Pas étonnant que tu n'aies plus des notes à la hauteur de mes attentes ! »

« Non ! Alix n'est pas... »

« Il n'est pas quoi, c'est bien ton ami non ? » Cracha son père en le fusillant toujours du regard.

« Il m'aide juste en math, c'est l'un des meilleurs de la classe dans cette matière. »

« Je ne veux pas le savoir, je doute d'ailleurs que Régis, ton professeur de maths accepte ce genre de dégénérés dans son cours. Je ne comprends même pas même pas pourquoi ils acceptent ce genre d'individus dans ton école. Tu vas la quitter. Je vais en parler au majordome et il se chargera de te trouver un nouvel établissement dans la semaine. »

« Non ! Papa... J'aime vraiment cette école. Hum... Je vous en supplie, laissez-moi une dernière chance de faire mes preuves je... Je ferais n'importe quoi ! »

« Tu l'as déjà eu ta chance, et tu viens de la perdre. Quant à ta capacité à donner dans le n'importe quoi, j'en suis convaincu, tu viens de le démontrer. »

« Pa... Père, je... »

« La discussion est close. »

« Mais juste... »

« La. Discussion. Est. Close ! Tu comprends encore ce que parler veut dire si je ne m'abuse ! »

Élias baissa les yeux, parce qu'il peinait à retenir ses larmes et qu'il en avait honte. Il ne voulait pas énerver son père plus encore.

« Bien. »

-

[EDIT (17/8/21) : version révisée]