Chapitre 82 : P I E R C I N G
Leurs affaires laissées dans les chambres, ils choisirent d'aller faire un petit tour dehors. Mais une fois sur la plage, ce fut la douche froide, le vent s'était levé, les chassant par grandes bourrasques, les vagues étaient déchaînées et même les mouettes poussaient des cris déchirants. Et malgré cela, la petite Myrtille insista pour aller se baigner. Les enfants étaient invraisemblables.
« Myrtille... Tu vois bien qu'il fait trop froid pour se baigner. Mais tu peux jouer un peu dans le sable si tu veux. Tu veux que je t'aide à faire un château de sable ? »
« Non. Je veux le faire avec Élias. »
Alix ouvrit la bouche et articula dans le vide, sans trouver quoi dire. Alors que la petite fille tirait le blond vers le bord de l'eau, Alix lui dit :
« T'es pas obligé tu sais ? Elle peut très bien s'amuser toute seule ou... »
« Non. C'est bon, ça ne le dérange pas. Et puis ta sœur est adorable. »
Prune étendit un plaid en éponge sur le sable en tapota la place à côté d'elle pour qu'Alix et Lior viennent la rejoindre.
« Quand je disais montrer nos tatouages en bikini, je ne parlais pas de le faire par 6 degrés... » Rit-elle en resserrant les pans de son gilet.
Cela fit également rire Alix et Lior. Tous les trois étaient contents de se retrouver.
Ils passèrent le reste de la matinée sur la plage avant d'aller manger les sandwichs qu'ils avaient préparé en partant. Puis dédièrent l'après-midi pour aller faire des courses, les placards de la maison étant vides.
Le soir, ils mangèrent tous ensembles et Alix alla mettre sa sœur au lit avant de revenir dans le salon dans lequel la cheminée crépitant doucement. Ils avaient eut bien du mal à l'allumer.
Des cris se firent entendre à l'extérieur, du côté de la plage. Alix fut le premier à les remarquer et à proposer, se tournant vers ses amis blottis sous un plaid sur le canapé devant la cheminée :
« Y'a l'air d'avoir une fête sur la plage, ça vous dit on s'incruste ? »
Prune se leva du canapé pour marcher jusqu'à la baie vitrée pour jeter un œil vers la plage. Elle décala le rideau avant de pousser un cri de stupeur, une silhouette se tenait juste de t'autre côté du carreau. Remise de sa frayeur, elle se rendit compte que ce n'était personne d'autre qu'Anselme et ses bras pleins de tatouages qui lui faisait un petit signe ridicule de la main.
La paume sur le cœur -parce que celui-ci battait décidément trop vite- elle fit glisser la baie pour laisser le garçon entrer, trop perturbée pour ne serait-ce que lui demander ce qu'il faisait là, et surtout en pleine nuit. Quand il entra, elle remarqua qu'il n'était pas venu seul, puisque derrière lui, se trouvaient Tasha, Luca, et enfin Aïko, qui avait sérieusement l'air d'avoir été trainé de force.
En voyant son frère, Lior se leva en fronçant les sourcils.
« Ne me dit pas que tu m'espionnes ! Parce que ça me mettrait en colère. Tu sais je ne suis plus un.e enfant. »
« Plus un.e enfant ? Ah, dommage, je m'étais arrêté sur la route pour prendre un paquet de bonbons, tu sais ceux qui font des colliers et des bracelets, mais je suppose que ça ne t'intéresse pas, que ce n'est plus de ton âge... » Feint de se désoler Luca en tenant ledit paquet de bonbon à la main. « Mais Myrtille est avec vous, je suis sûr qu'elle sera ravie de les trouver demain matin en se réveillant. »
« Non ! Je les veux ! » S'exclama Lior en sautant sur son frère, provoquant un éclat de rire général.
« Sinon, la vraie raison de notre venue, c'est pour offrir un break à Aïko avant ses exams, Luca nous a dit que vous faisiez pareil alors on s'est dit qu'on pourrait le faire ensemble. » Leur expliqua Tasha dans un de ses habituels sourires.
« Ne me remet pas tout sur le dos Tasha, moi passer le week-end dans mes révisions me convenait très bien, vous êtes venu chez moi en pleine nuit pour m'emmener de force, n'inverse pas les rôles s'il te plait. »
« Quel rabat joie je vous jure ! On lui offre des vacances et il est encore pas content. » Soupira Anselme en s'installant sur le canapé, croisant ses pieds chaussés de doc Martin à plateforme sur la table basse, les bras étalés sur le dossier du canapé.
« Tout ce que je dis, c'est que s'inviter chez les gens en les pistant sur la map de Snapchat, c'est mal élevé. Un peu comme mettre ses chaussures sur les meubles alors que personne ne nous a invité à nous asseoir. »
Lior se retourna pour dévisager son frère qui lui offrit un petit sourire contrit. Iel savait qu'iel aurait dû se mettre en mode fantôme...
« Ouais, c'est vrai que j'ai un peu fait cela, j'avoue. Mais ! Mais, mais, mais, j'ai une excuse !" S'exclama Luca, attirant toute l'attention vers lui.
"Je t'écoute." Offrit Lior, dubitatif.ve.
"C'est simple, ma frèrette me manquait !"
"Tu m'auras pas avec ton chantage affectif ! Tu mériterais que je te bloque sur snap."
A cela, Luca lui répondit par une bouille de chien battu, et Lior n'eut pas à cœur de continuer ses taquineries. En vérité, iel était heureux.se de voir son ainé. Depuis qu'iel lui avait révélé son secret, ils s'étaient considérablement rapprochés, rattrapant tout ce temps perdu sans se comprendre vraiment.
« Vin rouge ? » Proposa Prune, revenant de la cuisine une bouteille à la main.
« T'as pas idée à quel point je t'aime là, tout de suite ! » Répondit Tasha en un sourire.
Alors que la soirée était assez avancée, que les verres s'étaient, les uns après les autres enchainés, Alix se laissa aller contre l'épaule d'Élias, lui jetant un regard un peu de biais. Là, comme cela, il avait une vue parfaite sur l'angle de sa mâchoire. Il la suivit du bout du doigt, avivant jusqu'à son oreille, qu'il retraça également, avant de dire : « Je te verrais bien avec des boucles d'oreilles.»
Élias tourna la tête vers lui. Il n'avait jamais été aussi sobre. En soirée habituellement, il buvait pour oublier son père, ses problèmes, mais là, ce soir, il n'en avait pas ressentit le besoin, quelques verres lui avaient suffit, il se sentait bien, à sa place c'était la première fois qu'il le ressentait aussi clairement, surtout en soirée. Ces quelques jours loin de son père lui avaient fait le plus grand bien. Il ne remercierait jamais assez Alix d'avoir insisté pour le faire venir.
« Tu trouves ? »
« Grave !»
Anselme s'approcha d'eux.
« Ça parle Piercing par ici ? C'est mon domaine ça. »
« Tu ne trouves pas qu'il serait encore plus canon avec les oreilles percées ?»
« Moi, pour ce que j'en sais, c'est que si c'est ton désir, je peux te le faire ici, et maintenant. » Fit savoir Anzo en se tournant vers Élias.
« Là, genre tout de suite ? » S'étonna le blond.
« Ouais, je peux même te faire un tattoo, j'ai mon dermographe dans mon sac. »
C'était vrai, il se promenait partout avec, parce qu'il s'avait que parfois, quand il n'était pas au mieux de son moral, qu'il se sentait un peu naviguer psychologiquement sur une mer trop sombre, trouble, proche de chavirer, il avait besoin d'encrer ce mal-être sur sa peau, pour éviter que ce ne soit le sentiment qui s'ancre en lui. Et il en allait de même pour les jours heureux. Quand il était avec ses amis, qu'il se sentait bien, il voulait pouvoir en garder une trace à même la peau.
« Alors ? »
« Dis oui ! » Se précipita Alix, les yeux pleins d'étoiles.
Il acquiesça, sans vraiment savoir pourquoi, peut-être parce qu'il voulait lui faire plaisir, ou bien parce qu'il voulait, pour une fois au moins, prendre une décision pour lui sans que son père n'ai rien à y voir. Et loin de lui, il se sentait libre.
« Ok. »
Alix frappa dans ses mains comme un enfant. Il avait sûrement un peu trop bu, à en juger par ses joues rougies et ses yeux brillants.
Anselme se leva d'un bond, sûrement un peu trop enthousiaste, et revint avec une petite pochette noire et une boîte de gants en latex. Il se désinfecta les mains avant d'en enfiler une paire.
« Sérieusement ? »
Tout le monde se tourna vers Aïko qui fixait Anselme sourcils froncés et bras croisés.
« Bah quoi ? »
« Quoi ? T'es bourré, tout ce que tu vas faire, c'est lui charcuter l'oreille. »
« N'importe quoi. Je connais mon métier. Et je suis pas bourré. Juste bien. »
« C'est absolument pas professionnel. C'est même irresponsable. Et il y a que moi que ça dérange ? »
« Ça te dérange pas. T'es juste jaloux parce que je ne m'occupes pas de toi. »
« N'importe quoi ! »
« Tu dis ça, mais tu rougis. Et je sais que ce n'est pas le vin, tu n'en as pas pris un verre. »
« Je... »
« Cherches pas. T'es cuit. Enfin BREF, si tu veux je t'en fais un aussi. Un piercing de la langue serrait trop sexy. »
Il agrémenta sa phrase d'un sourire aguicheur et d'un clin d'œil exagéré. Tirant sa propre langue de manière obscène, juste pour le plaisir de voir son vis-à-vis mal à l'aise.
« Hors de question ! »
« T'auras cédé avant la fin du week-end, je m'y engage. »
« Ça je crois pas non ! »
« Tu verras. »
« Non, toi tu verras ! »
Anselme lâcha un petit rire. Il adorait le faire sortir de ses gonds. C'était si facile. Pendant leur petite joute verbale, il avait eut le temps de sortir tout son matériel et de désinfecter la zone qu'il allait percer. Il déballa l'aiguille et se concentra enfin sur ce qu'il faisait.
« Ok, j'y vais, ça va juste piquer un peu, t'inquiètes pas. »
Élias déglutit, remettant un peu en question le bien fondé de ce qu'il était en train de faire, mais la main d'Alix dans la sienne le retint de se décourager. Il s'attendait à avoir mal, mais au final, la douleur était plus que minime.
« Maintenant je vais passer la boucle d'oreille, si ça pince un peu, c'est normal. »
Il allia le geste à la parole.
« Ça va ? »
Élias dû se retenir pour ne pas tourner la tête vers Alix et lui répondit un simple « oui. » avec un sourire timide.
« Aller, on passe à la seconde. »
Comme pour la premier oreille, il le prévint à chaque étape et ce fut fini.
« Tu vois, aucun problème et aucun danger. » Se vanta Anzo avec un sourire narquois vers Aïko.
Il expliqua rapidement à Élias les soins à faire.
« Oh et évite aussi les écouteurs, au moins pendant une à deux semaines, pour pas risquer qu'ils se prennent dedans. »
« Pas de problème. »
« Ça fait plaisir les gens comme ça. J'ai eut une cliente une fois qui avait l'air de croire que c'était à moi de lui faire les soins, comme si j'allais venir matin et soir lui désinfecter son piercing. Et quand je lui ai parlé des écouteurs, qu'elle ne pourrait pas mettre d'écouteurs la nuit pendant sa cica, elle m'a fait toute une scène, comme si je l'avais obligée à se faire percer l'oreille. Je te jures, les gens sont insupportables. »
« Au moins comme ça tu comprends ce que ça fait. » Tacla Aïko
« Parce que tu crois que toi tu ne l'es pas aussi, insupportable ? Excusez-nous, monsieur sainte-nitouche ! »
Aïko lui jeta un regard noir avant de se lever et de quitter la pièce, furibond.
Luca soupira et jeta un regard blasé vers Anselme.
« T'étais obligé ? Tu vas toujours trop loin avec lui. »
« Quoi ? Ça va être de ma faute maintenant ? »
« Euh... Ouais. Carrément. »
« Mais ! Mais c'est lui qui a commencé, à quel moment c'est de ma faute s'il se vexe ? Il n'a qu'à pas me chercher, s'il supporte pas qu'on lui réponde. C'est pas mon dos hein. »
Luca lui lança de nouveau un regard désabusé, presque lasse.
« Ok, c'est bon, je vais m'excuser... » Soupira Anselme en se levant, de mauvaise volonté.
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[ EDIT (23/04/2022) : Version révisée]
Avec amour et dévotion,
ParadoxalementParadoxale.
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