Chapitre 80 : S N U G G L E

La semaine n'avait jamais parut aussi longue à Alix. Depuis le mardi, il n'avait plus eut de nouvelles d'Élias. Et il savait pourquoi. Outre la photo que Nuccya avait publié, la visite médicale imminente était une raison suffisante pour le blond de ne pas se montrer. Alix savait que trop bien qu'il était inenvisageable pour Élias de se faire ausculter par l'infirmier sans laisser voir les marques laissés par les coups de son père, il ne ferait jamais l'erreur de mettre son secret à jour si bêtement.

Pendant ces quelques jours, puisqu'il n'avait que ça à faire -ça ou s.en faire pour Élias-, Alix avait réfléchi à la photo. Vraisemblablement, elle avait été prise par Dwight. Mais ce qu'il n'arrivait pas à comprendre c'est comment elle avait pu se retrouver entre les mains de Nuccya. Il manquait un élément, c'était indéniable, le tout était de savoir lequel. Quel intérêt aurait pu avoir Dwight d'envoyer cette photo à Nuccya, et où aurait-il eut son numéro d'ailleurs ? Tant de questions qui, quelque soit le sens dans lequel Alix les prenait, restaient sans réponses.

Alix détestait Nuccya d'être la source de tout ce merdier. Juste pour une question de réputation... Elle pouvait se montrer si égoïste parfois. Pourtant, d'un certain côté, il la comprenait, et même, il lui ressemblait, un peu. Pour lui aussi l'avis des autres avait beaucoup trop de valeur, et peut-être que s'il avait été dans son cas, trompé, trahi, abandonné, il aurait pu agir pareil, par impulsivité. Oui, il comprenait mais il ne la pardonnait pas pour autant. Tout ce qu'il espérait était qu'Élias aille bien. Élias et les autres, car le blond n'était pas le seul concerné, Éos aussi avait à subir tout cela sans rien avoir demandé, Andrea également. Alix l'avait eut au téléphone, à peine quelques minutes, et le garçon lui avait semblé détruit. Il avait comme tout le monde vu cette photo, et se sentait trahi. Sa relation avec Éos commençait tout juste à s'esquisser, elle en était encore aux prémices, aux balbutiements, c'était quelque chose de doux et fragile. Alix craignait que cette photo ne lui ait porté le coup fatal. Andrea n'avait pas reparlé à Éos, il ne lui avait pas même laissé l'occasion de s'expliquer, parce qu'il était trop tôt pour cela, le châtain avait besoin de mettre les choses au clair dans son esprit avant de le laisser s'approcher à nouveau. Alix ne savait pas comment l'aider, il avait bien trop à faire avec Élias...

Le bleu était inquiet. De n'avoir aucune nouvelle, de ne pas savoir si le père d'Élias avait vu cette photo... Le blond, lui, avait été atterré quand il l'avait vu. Il était resté chez Alix ce soir là, mais n'avait pas réussi à trouver le sommeil de la nuit, et par conséquent, le bleu non plus. Il avait dû supporter les cauchemars et sueurs froides d'Élias, se contenter de lui murmurer quelques mots doux et de lui prodiguer quelques caresses apaisantes. Puis au matin, il avait dit devoir repasser chez lui avant d'aller au lycée, il était arrivé en retard en cours, et depuis la pause de midi ce jour-là, Alix ne l'avait pas revu. Il avait simplement répondu à un seul de ses messages, écrivant qu'il allait bien. Mais Alix en doutait, il ne savait pas quoi faire pour l'aider et ça le rendait fou. Il parlait de moins en moins à ses amis, trop concentré sur toute cette histoire, même leur sollicitude l'agaçait, à quoi bon dire qu'ils étaient désolés ? Ils n'y étaient pour rien et des excuses vides de sens ne l'aideraient pas à trouver une solution à tout cela. Le garcon était de plus en plus irascible et même ses parents commençaient à voir que quelque chose n'allait pas. Mais comme ils ne voulaient pas le brusquer, ils ne s'étaient toujours pas risqués à lui poser frontalement la question.

Alix regarda Andrea passer dans le couloir, les yeux rougis et cernés il devait encore avoir pleuré, le voir ainsi, sans son si joli sourire était douloureux-, il se leva pour aller le rejoindre quand son téléphone vibra.

Un nouveau message. Un message d'Élias. Le bleu n'y croyait plus.

Il l'ouvrit, et il ne contenait qu'un seul mot, ''oui''. Alix comprit tout de suite. Il était d'accord pour partir ce week-end, retrouver Alix le lendemain soir à la gare et prendre le train avec lui pour aller à la plage. Loin de son père, loin des problèmes. Loin de tout. Alix sauta presque de joie. Ça faisait bien deux jours qu'il lui avait proposé l'idée dans un énième message resté sans réponse jusqu'à quelques instants plus tôt. Quand le bleu releva les yeux, Andrea avait disparu parmi les autres élèves. Le bleu se promit d'aller le voir avant la fin de la journée et pourquoi pas lui proposer de les accompagner pour ce week-end à la plage. Lui aussi avait manifestement besoin de changer d'air. Malgré la réponse affirmative d'Élias, une crainte subsistait dans l'esprit d'Alix. Il avait peur que le soir venu, il ne vienne pas, qu'il se retrouve seul à la gare, comme une mariée abandonnée juste avant sa lune de miel. Ça le rongea toute la fin de la journée.

En rentrant chez lui après les cours, Alix prit la descision de parler à ses parents, cela faisait trop longtemps qu'il leur cachait trop de choses, il détestait cela.

Tout en mettant la table alors que son père sortait une pâte à pizza qu'il avait laissé reposer dans le frigo depuis la veille, Alix prit une grande inspiration et se lança. D'abord la nouvelle la plus simple à avouer :

« Ce week-end, je vais à la plage. Prune a une maison bord de mer et ses parents sont d'accord pour nous la prêter pour deux jours. »

« Ce ne serait pas mieux d'y aller pendant un week-end prolongé ? Deux jours c'est plutôt court, et je ne veux pas que vous soyez crevés le lundi matin pour aller en cours. »

« C'est pas très loin en train, et si on attends le prochain week-end prolongé, on sera en plein dans les révisions du bac alors on préfère deux jours comme ça où on pourra s'amuser que quatre que l'on passerait le nez dans les bouquins. »

Son père acquiesça tout en étalant de la sauce tomate sur la pâte.

« Et tu en as parlé à ta mère ? »

« Non, je vais le faire dès qu'elle rentrera. »

Il aurait préféré parler aux deux en même temps mais sa mère faisait des heures supplémentaires pour dépanner un collègue ce soir, et il ne voulait pas attendre le lendemain, leur annoncer qu'il partait le matin pour le soir même.

« Tu y vas avec qui ? »

« Prune, Lior, et Élias. Peut-être Andrea, il faut que je lui demande. »

Il se rappela qu'il n'avait pas réussi à le recroiser de la journée, pour discuter.

« Ça fait un moment qu'on les a pas vu à la maison, Prune et Lior. Je me demandais si vous étiez brouillés. »

« Non, c'est juste que comme on est plus dans la même classe, nos emplois du temps ont du mal à coïncider. C'est pour ça aussi qu'on veut faire ce week-end, pour se retrouver un peu. »

Son père sembla réfléchir avant de demander :

« Alix, ça t'embêterait d'emmener Myrtille avec vous ? Je sais que vous avez plutôt prévu de faire la fête et pas de devoir baby-sitter ta petite sœur, mais Léo n'est pas là non-plus et si tu prends Myrtille avec vous, je pourrais emmener ta mère quelque part. Comme c'est bientôt notre anniversaire de mariage. »

Alix sourit à s'en froisser les zygomatiques.

« Pas de problème, et puis t'en fait pas, on comptait faire un week-end calme, juste chiller un peu. »

« La dernière fois que tu voulais faire une soirée calme, on t'a retrouvé à l'hôpital à cinq heure du matin avec un jambe dans le plâtre. »

Alix rit, parce qu'il savait que son père ne lui en voulait plus pour cela. Il aimait comme ses parents étaient capable de pardonner et de plaisanter sur les choses, une fois qu'il avait compris ses erreurs. Et il aimait aussi le modèle d'amour pur qu'il leur donnait, à lui, Léo et Myrtille.

« Tu as une idée d'où je pourrais l'emmener ? Tu es bien meilleur que moi pour organiser des cadeaux. »

Alix sourit encore, parce qu'aider son père à faire une surprise à sa Maman était vraiment le meilleur moyen de se vider l'esprit. De se sortir de tout ce brouillard opaque qui couvrait sa vie depuis un certain temps.

« Tu as qu'à prendre un week-end détente au spa. Maman a fait pas mal d'heures sup' pour remplacer Corine à cause des complications avec sa grossesse, alors comme ça elle pourra se reposer un peu. Et puis ce sera bien pour toi aussi comme tu as mal au dos. »

« Tu as toujours des bonnes idées toi. »

Le bleu acquiesça, en un manque total de modestie, qui fit pouffer son père.

« Tu me diras combien coûte le billet de train, que je te donne de quoi le payer, pour Myrtille et toi. Et puis de quoi faire les courses une fois là-bas, je suppose que si c'est une maison de vacances, les placards risquent d'être vides. »

« Ouais, je regarderais sur le site et je te dirais. »

Son père mit la pizza au four quand Alix, un peu moins joyeux, stressé par ce qui lui restait à dire se tourna vers lui, craquant ses doigts.

« Papa ? »

« Oui ? »

« Il y a aussi autre chose dont j'aimerais qu'on parle. »

« Je t'écoute. »

« Tu sais, l'année dernière, quand j'ai été voir ma mère, ma mère biologique je veux dire... »

Comprenant que la discussion ne tournait plus du tout autour de sujets futiles, son père se tourna vers lui et s'appuya contre le plan de travail, les yeux dans ceux de son garçon.

« Oui. Je me rappelle. »

« Je vous ai jamais trop parlé de ce qu'on s'était dit, tout ça... »

Il hocha la tête pour l'encourager à continuer.

« En fait, ça n'a pas du tout été comme ce à quoi je m'attendais. Je sais même pas ce que j'espérais... »

« Viens t'asseoir dans ce salon, on va parler de cela calmement. »

Le bleu suivit son père qui éteignit la télévision pour pouvoir se concentrer sur ce qu'Alix avait à lui dire.

« Je la pensais pas si jeune. En fait je sais pas comment je me l'imaginais, dans tous les cas pas sortant tout juste de désintox' et visiblement pas trop décidée à ne pas replonger. »

David fronça les sourcils.

« Tu ne nous l'avais pas dit... »

Il ne savait pas quoi dire, au départ, il avait été contre l'idée de laisser Alix rencontrer seul cette femme dont ils ne savaient finalement pas grand-chose. Visiblement, sa première opinion avait été la bonne et il n'aurait pas dû laisser Alix le persuader de l'inverse.

« Je sais. J'aurais dû, mais je voulais pas que vous vous en vouliez de m'avoir laissé y aller. »

« Oh, Alix, quand est-ce que tu arrêteras un peu de tout faire pour les autres avant de penser à toi ? »

« Je veux juste pas vous décevoir. Vous m'avez tout offert et... J'aimerais être à la hauteur. Vous rendre fiers. »

« Mais de quoi tu parles, bien sûr qu'on est fiers de toi. Alix voyons. »

« Oui, mais si jamais... Si je fais une erreur, que je vous déçois, je voudrais pas que vous m'abandonniez comme ma mère biologique. Je veux dire, je n'étais pas encore né, elle savait déjà qu'elle ne voudrait pas de moi. Léo et Myrtille eux, ce sont vraiment vos enfants, par le sang. Moi je ne suis que la pièce raportée. Et les parents de Maman ne veulent même pas entendre parler de moi. Et puis j'ai entendu ce que les gens disent aussi, les rumeurs qui circulent, comme quoi toi et Maman devriez me donner un cadre plus strict, que vous me laissez juste me dévergonder et faire une crise d'ado stupide pour me faire remarquer. Je ne veux pas que les gens vous jugent à cause de ma façon de m'habiller, ou parce que je me maquille, vous n'avez pas à supporter cela par ma faute. Et... Et si vous aussi vous en aviez marre et décidiez de m'abandonner, comme l'a fait ma mère biologique, je... »

« Mais Alix, tu t'entends parler ? Ça n'a vraiment aucun sens. Jamais on ne t'abandonnera, et tu es autant notre fils que le sont Léo et Myrtille. Et ta mère biologique... Comment dire... Ce n'est pas qu'elle ne voulait pas de toi, je pense juste qu'elle était bien trop jeune quand elle t'a eut, et elle avait des problèmes d'addictions, enfin de ce que tu sembles dire, ce n'est pas totalement du passé. Je pense que le fait de te faire adopter était pour ton bien, elle n'avait pas les moyens de s'occuper de toi convenablement. Ce n'était pas un moyen de t'abandonner, plutôt de te protéger. C'était peut-être la meilleure chose à faire. Et c'est d'ailleurs pour cela qu'elle a accepté de reprendre contact avec toi, parce que tu reste important pour elle. Après, bien sûr, rien ne t'oblige à garder des liens avec si tu ne préfères pas. Tout ce que l'on veut, c'est ton bonheur, et jamais, tu m'entends, jamais on ne t'abandonnera, il faut que tu arrêtes d'avoir peur de cela. Viens par là. »

Alix ne se fit pas prier et alla se réfugier dans les bras de son père. Ça faisait un moment qu'ils ne s'étaient pas montré ce genre de marques d'affections, ça lui manquait.

« Tu sais Alix, je pense que tu ne te fais pas assez confiance. Même si tu essayes de te montrer plein d'assurance et sûr de toi, au fond, tu as toujours peur d'être confronté au regard des autres et de ne pas plaire. »

« Je suis lion. » Haussa-t-il les épaules. « C'est un peu le propre des lions de montrer leu plus belle facette au monde et... »

« Et le monde à parfois besoin de voir les parties un peu moins brillantes de ton être. La vie ce n'est pas être parfait Alix, et les gens, ceux qui comptent, tes amis, ta famille, ne vont pas t'abandonner au moindre problème. D'accord ? »

Alix hocha la tête, son père avait raison, mais c'était difficile pour lui de se départir de cette peur qu'il avait toujours eut.

Le cliquetis de la porte se fit entendre et Florence entra dans le salon. Elle sourit en voyant son mari et leur fils se câliner. Elle était soulagé, depuis un moment, elle sentait bien qu'Alix était distant, les deux semblaient avoir eut une discussion et c'était pour le mieux.

« Le repas est prêt ? »

« La pizza est dans le four. » L'informa Alix.

« Bien, alors va chercher Myrtille et Léo pour mettre la table. »

Le bleu hocha la tête et disparut à l'étage, le cœur un peu plus léger.

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[EDIT (19/02/2022) : Version révisée]

J'aime beaucoup ce chapitre, ça apaise mon petit cœur d'écrire sur Alix et sa famille, ils sont si doux ♡

Avec amour et dévotion,

Paradoxalementparadoxale.

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