Chapitre 8 : F A M I L L Y
Il pénétra doucement dans la pièce, incertain.
« Alix ? »
Il balaya la petite chambre du regard, et trouva Alix au coin de celle-ci, torse-nu face à un haut miroir sur pied.
« Tout va bien ? »
Il commença à s'inquiéter quand il ne reçut aucune réponse et qu'Alix ne daigna même pas se retourner. Alors le blond s'approcha un peu et établit un contact visuel à travers le mirroir. Néanmoins, il ne s'était pas préparé à être soufflé par toute la douleur que reflétait le regard d'Alix.
« Qu'est-ce qu'il se passe. »
De nouveau, Alix passa une main sur sa joue pour essuyer une larme solitaire. Exactement ce que craignait Élias quand il l'avait vu monter. Alors il s'approcha encore, presque jusqu'à butter contre le dos du bleu.
« Je suis ridicule, pardon. »
Le bleu baissa le regard, coupant leur seul encrage. Élias ne put résister plus longtemps, il fallait qu'il touche Alix. Il avait besoin d'avoir un contact avec lui, et si ce n'était visuel, ce serait physique. Lentement, il monta sa main pour venir la glisser entre les mèches bleues de son camarade.
« Dis-moi. »
« Je suis vraiment un dégénéré. »
« Non. Ça c'est n'importe quoi. »
Alix s'appuya un peu plus contre la main d'Élias, s'y lovant presque juste avant de se décoller entièrement et de se tourner pour lui faire face.
« Regardes-moi dans les yeux et dis-moi que je suis un garçon normal. » Le défia le bleu.
Élias laissa un petit rire nasal lui échapper avant de dire :
« Non. Non tu n'es pas normal. Normal c'est ennuyeux. »
Il essuya encore une fois ses joues, un peu méchaniquement et pour se donner une contenance.
« J'préférerais être ennuyeux, comme tout le monde voudrait que je sois plutôt que me trimballer cette différence qui me flingue un peu plus chaque jour. Ennuyeux c'est facile. »
« Détrompes-toi. Te rendre ennuyeux et t'efforcer d'être comme tout le monde n'a rien de facile. Je sais de quoi je parle. Ne dis-tu pas toi-même que je suis terriblement ennuyeux et banal à en mourir ? »
« Désolé pour ça aussi, je peux être vache parfois... »
Il n'allait pas le contredire sur cela.
« Ce que je veux dire, c'est que la seule solution pour ne pas souffrir, c'est d'être soi-même. C'est quelque chose que tu fais admirablement, as-tu une fois seulement accepté de te plier aux règles quand je venais te menacer de faire un rapport au proviseur ? »
Alix hocha négativement la tête, peinant à retenir un petit rire. Élias continua :
« Visiblement, tu as la chance d'avoir une famille qui te supportera quoi que tu fasses et qui t'aime inconditionnellement, tu n'imagines même pas à quel point ça peut être différent dans certaines familles. »
« Si, j'en sais quelque chose. » Répondit le bleu si bas qu'Élias ne l'entendit pas.
Il y eut un instant de silence avant que le blond n'ajoute :
« Et si tu veux mon avis, tu es beaucoup plus beau dans tes vêtements que dans ceux que tu piques à ton frère, non mais sans déconer, c'est quoi ces tee-shirts bizarres que tu nous mets depuis un moment ? »
« Je croyais vraiment que tu me détestais depuis tout ce temps. »
« Qui pourrait te détester Alix ? Cite-moi une personne, une seule, qui te déteste. »
« Euh... Le prof de math ? »
« Ouais mais lui c'est un con, ça ne compte pas. »
Le plus petit ouvrit grand la bouche, choqué des dires de son vis-à-vis. Depuis quand Élias se permettait-il d'injurier le corps enseignant ?
« Il est l'un des amis proches de mon père, ça veut tout dire. » Explicita-t-il.
Alix hocha simplement la tête sans rien ajouter, pas certain que ce soit le bon moment pour avoir cette discution au sujet de la famille du blond. Il était surement trop tôt et celui-ci risquait de se braquer. Pourtant, un paquet de questions lui brûlaient les lèvres. Il avait à plusieurs reprises remarqué des allusions à la famille du blond, qui, si d'extérieur semblait être la parfaite famille, d'intérieur avait l'air bien moins reluisante. Sans doute n'imaginait-il pas encore à quel point.
« Tu me laisses le temps de me changer et on va manger ? »
« Euh ouais, tu veux que je sorte peut-être ? » Proposa poliement Élias.
« Non, tu m'as déjà vu à poil de toute façon. »
Et si le blond s'appretait à démentir, Alix fut plus rapide, baissant d'un seul geste son short en tissus -et il ne portait rien en dessous, évidemment qu'il ne portait rien en dessous- pour dire :
« Bah maintenant c'est fait. »
Il se délecta un moment des rougeurs sur les joues du plus grand qui, planté au milieu de la pièce, ne savait pas quoi faire, pas même s'il devait détourner le regard ou au contraire se faire plaisir et regarder, afin de noter chaque courbe du corps d'Alix dans sa mémoire. Le bleu se retourna, affichant fièrement son postérieur alors qu'il chinnait dans son armoire pour dénicher un jogging serré noir et un sweat kaki brodé de fleurs. Se mettre à nu physiquement lui avait toujours été plus facile que ce mettre à nu mentalement. Ainsi il avait l'impression d'avoir une prise sur la situation, il maîtrisait, parce quil avait plus confiance en son corps qu'en son cœur. Il resta pieds-nu et attrapa la main d'Élias pour de guider jusqu'en bas, à la cuisine.
« Alix, tes chaussons. » Soupira sa mère plus par habitude que pour réellement les lui faire enfiler, elle avait depuis longtemps perdu espoir. D'ailleurs le bleu n'y répondit même pas, continuant de se ballader pieds-nus jusqu'au frigo qu'il ouvrit.
« Saucisson ? » Demanda-t-il au blond. « J'te jures que si tu me dis non, mon père va vraiment te faire la peau, que tu ne manges pas de fromage, passe encore, mais le saucisson, c'est une étape obligée pour intégerer la famille. Même si tu es allergique ou quoi que ce soit, je te conseille d'en manger, quitte à te faire vomir après ou à finir aux urgences parce que... »
Élias n'avait pas écouté la fin, il était resté accroché aux mots ''intégrer la famille'' son cœur avait eut des ratés et même s'il savait qu'il ne devait en aucun cas se faire d'idées, que c'était juste un façon de parler, il ne pouvait s'empêcher de se demander comment ce serait d'appartenir à une vraie famille, comme celle d'Alix.
« Dis, tu m'écoutes ? »
« J'aime bien le saucisson. » Répondit-il seulement. Et même s'il n'avait pas aimé, ou été allergique, il aurait préféré se faire vomir comme l'avait suggéré le bleu plutôt que de passer à côté d'une famille, d'une vraie famille, aussi irrationnelle que puisse être cette réflexion.
« Cool. »
Alix saisit le grand couteau et commença, non sans mal, à couper en rondelles le bâton de viande porcine.
« Tu as déjà goûté le saucison de sanglier ? Honnêtement c'est le meilleur. » Babilla joyeusement Alix alors qu'Élias se tournait vers Florence une interrogation dans le regard.
« Il n'y a rien à faire ? » Interrogea-t-il.
« Pour qu'il arrête de parler ? Non, rien si ce n'est faire semblant d'écouter et hocher la tête de temps à autre pour parfaire l'illusion de ton attention. »
« Hé ! C'est pas cool ça ! »
« Non, je voulais dire, il ne faut pas vous aider pour le repas, préparer quelque chose ou... » Pouffa légérement le plus grand des deux garçons.
« Oh non, ne t'en fais pas, c'est gentil de proposer. »
« Oulala, mais qui lui a mit cet outil dangereux dans les mains ? Je ne sais pas pour quoi j'ai le plus peur, le saucussion qui va finir en charpie, le plan de travail ou ses doigts. » Rit le père d'Alix en arrivant à son tour, une malette en cuir à la main et sa veste sur le bras.
« Mais vous avez quoi à vous liguer contre-moi ce soir ? Si t'es pas content des tranches que je coupe t'as qu'a t'en occuper, de toutes façons celle-là sont pour moi. »
Élias était stupéfait qu'il ose s'adresser à son père sur ce ton. Et ce qui le surprit encore plus fut le rire chaud du père d'Alix qui répondit à cette attaque.
Il embrassa sa femme et ébouriffa les cheveux de son fils puis il remarqua Élias :
« Tu dois être un ami de mon fils, je suppose. Enchanté, je suis David, son père. »
« C'est Élias. Il mange ici ce soir. Et c'est pour lui que je coupais le saucisson. » Bouda Alix.
« Et bien je ferais mieux de te remplacer ou quand il aura vu la tronche de tes tranches il ne reviendra jamais. »
« C'est en voyant ta tronche à toi qu'il risque de fuir ! » envoya Alix avec un petit sourire moqueur. Il rit avec son père et lui passa le couteau avant de venir s'asseoir à côté d'Élias qui était sagement installé sur une chaise depuis que Florence lui avait dit de ne rien faire qu'elle s'occupait de tout.
Et dans cette ambiance joyeuse, bruyante -elle le fut encore plus quand Myrtille se décida à les rejoindre- pleine de plaisanteries et de piques lancés les uns envers les autres, Élias se sentait bien. Il se demandait pourquoi lui n'avait pas mérité ça, chez lui.
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J'ai plus de forfait internet, je suis en débit réduit 😭
BREF,
Avec amour et dévotion,
Paradoxalementparadoxale.
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