Chapitre 61 : W H E N T H E H E A R T F O O L S T H E M I N D

Après la discussion avec son frère, Lior avait failli oublier le message qu'iel avait reçu. Avant même de le lire, parce qu'iel était un peu stressé de découvrir ce qu'il contenait et aussi parce qu'iel n'avait pas réellement envie de se rappeler que l'homme pour lequel iel avait le béguin allait se fiancer à une personne qui n'était manifestement pas ellui, iel alla dans les paramètres et changea le nom de contact. Iel ne voulait plus voir à chaque nouveau message qu'iel avait prit cet homme pour l'homme de sa vie, sans rien savoir de sa situation avant. Tout ce qu'iel avait fait avait été de se faire des idées, et ce pari stupide n'avait rien arrangé, du tout. Iel le renomma simplement Byzance. Après tout, c'était son prénom...

Puis iel ouvrit le message, se rongeant presque les ongles. Iel ne savait pas très bien si c'était une bonne idée de continuer à échanger des messages avec lui. Après tout il allait se fiancer. A une jeune femme magnifique. A une femme, tout simplement. Et Lior se disait qu'iel ferait sûrement mieux d'enterrer au plus vite tous les restants de cette histoire morte avant d'avoir démarré. Se protèger avant de trop souffrir, la technique de la tortue qui rentre dans sa carapace à la moindre menace. Mais le problème de Lior était que sa carapace était loin d'être assez solide pour contrer les attaques de requins, iel n'était encore qu'un bébé tortue qui devait traverser toute la plage pour se rendre à l'océan, sous les assauts mortels des goélands. Et la seule protection qu'iel avait contre cela était le pouvoir de se fondre dans la masse des milliers d'autres bébés tortues, dans l'espoir de ne pas être cellui que l'on remarque et de ne pas finir en déjeuner.

Iel ouvrit le message. Il y en avait deux en réalité.

De Byzance :

Salut. Je sais pas trop comment commencer, ni pourquoi je te dis cela, sans doute parce que je n'ai personne d'autre à qui en parler... Et comme on se connaît pas c'est plus facile. Enfin je crois. Peut-être aussi que c'est juste toi. Nos conversations m'apaisent. (Je dis ça mais je ne veux pas passer pour un type bizarre, je sais qu'on ne se connaît pas, je sais même pas ton nom et tu ne connaissais pas le mien, mais c'est sûrement pour le mieux, ça rends les choses plus faciles...) Enfin voila, depuis des semaines, je me balade partout avec cette boite dans ma poche, une boîte minuscule mais qui pourtant semble peser une tonne. Parce qu'elle représente un futur duquel je ne suis pas sûr de vouloir. Mais plus j'y pense plus je me sens bête. Offrir cette boîte, cette MINUSCULE boîte me donnerait accès à ce dont chaque homme rêverait, un avenir heureux, quelque chose de bien comme il faut, alors pourquoi j'ai le sentiment que cela ne me suffirait jamais ? Que j'aurais toujours cette sensation de manque si je choisi cette voie ? Une voie qui contenterait tout le monde, la société, ma mère, toute ma famille fait, alors pourquoi j'ai l'impression que moi pas ? Je sais pas ce que je dois faire, c'est peut-être juste un coup de pression que je me mets moi-même parce que je sais que c'est une grande décision qui à le pouvoir de changer ma vie du tout au tout. Un peu comme un coup de blues de la mariée avant de passer devant l'autel. Quelques chose d'inévitable, qui accompagne les grandes décisions, dans l'ordre des choses, qu'il faut juste laisser couler. Mais d'un autre coté, j'ai juste envie d'envoyer valser tout ce plan qu'on a fait pour moi, et de recommencer une une feuille vierge de tout chemin, me laisser pousser par le destin parce que je suis certain qu'il existe. J'aimerais juste savoir ce qu'il a prévu pour moi.

De Byzance :

Désolé pour le pavé, je ne me suis pas relu, sinon je l'aurais jamais envoyé. J'espère que c'est pas trop le fouillis, tu sais t'es pas obligé de répondre, j'écris juste ça là parce j'ai besoin de le laisser sortir, de savoir que mes pensées ne vont pas juste rester dans mon esprit, une fois le message envoyé, c'est comme si j'étais un peu exorcisé de tout cela...

Le cœur de Lior fit un soubresaut, comme s'il essayait, par une façon sournoise de s'échapper de sa poitrine en passant par sa gorge. Lior n'osait pas faire le lien entre ce qu'iel venait de lire et ce qu'iel savait déjà. Iel n'osait pas s'autoriser les faux espoirs et les vaines attentes. Pourtant, si sa tête refusait de réfléchir à tout cela, d'emboîter les pièces du puzzle, son cœur lui n'en faisait que des siennes, battant la chamade comme pour lui dire, pas dans un murmure mais plutôt comme un grand cri -oui, iel comprenait pour la première fois l'expression cri du cœur- : il ne veut pas se fiancer, il ne l'aime pas, toute jolie et femme qu'elle soit, il n'est pas amoureux d'elle ! Sans réfléchir, Lior appuya sur la touche appel.

Puis se rendant compte de son erreur, iel lança son téléphone par terre, par réflexe, appeuré.e de ce qu'iel venait de faire, croyant avoir raccroché directement. Mais une voix grave s'élevant du téléphone à la coque pailleté lui prouva le contraire.

« Allô ? »

Oh mon dieu oh mon dieu oh mon dieu ! Gémit intérieurement Lior en attrapant son téléphone.

« Allô... » Répondit-iel incertain.e, à deux doigts de raccrocher sans rien dire.

« C'est... Je ne m'attendais pas à avoir un appel. Je ne m'attendais même pas à une réponse. »

« Pourquoi, j'ai toujours répondu à tes messages... Enfin maintenant que je le dis, je me rends surtout compte que c'est toi qui répondait aux miens, de messages. C'est la première fois que tu m'écris. »

« J'aime pas trop parler de moi. »

« Qui aime ça ? Y'a tellement de choses importantes et interessantes desquelles parler dans le monde pour ne pas perdre de temps en restant centré sur nous. »

Iel entendit Byzance rire à l'autre bout du fil.

« J'aime ta ferveur. »

« Normal je suis sagittaire. »

« Et moi Balance. »

Je sais, aurait-iel voulu dire, mais iel se retint juste à temps.

« C'est pour cela que tu te poses tant de questions. La balance est incertaine quand il s'agit de penser pour elle. Autant elle est très bonne conseillère pour les autres, parfois trop bonne même, c'est parfois rageant, autant quand il s'agit d'elle, il n'y a plus personne. Elle passe trop de temps à tout suranalyser et se faire des noeuds au cerveau. »

« Dis donc, tu en connais un rayon. J'ai toujours trouvé ça super interessant, l'astrologie. »

« Je le sais parce que je suis ascendant Balance, je sais ce que c'est de toujours se questionner pour tout et n'importe quoi. Moi aussi j'aime beaucoup l'astrologie. Pour tout dire, ça me passionne, depuis petit... »

Iel se força pour se genrer au masculin.

Merde merde merde.

Iel en disait beaucoup trop, il ne fallait pas que Byzance puisse faire le rapprochement, iel ne pouvait pas lui laisser découvrir qui iel était réellement.

« Je suis Balance ascendant Balance, alors niveau indécision je suis servit. Je suis lunaire Taureau aussi. »

« Lunaire Gémeaux, ce qui explique mon petit côté inconstant et mensonger. Quelque part peu bad bitch...»

Iel se coupa en pleine phrase. Iel n'arrivait pas à croire qu'iel venait de dire cela. A un homme de dix ans son aîné. Enfin sept ans plutôt, aurait précisé Lior, par soucis d'exactitude. Évidemment. Pas pour minimiser l'écart d'âge. Évidemment pas.

« Ravi d'apprendre que tu n'es pas toujours sage. » Rit Byzance de l'autre bout du fil, pas le moins du monde perturbé par les mots de son interlocuteur.

« C'est bizarre de t'avoir au téléphone. Je dois dire qu'habituellement j'ai une peur panique des appels, j'ai toujours peur de faire une bourde, par message, on peut se relire, réfléchir, effacer des morceaux et relire encore avant d'envoyer -ascendant Balance- au téléphone, c'est du direct. Même quand c'est avec de potes, ça me fait flipper. Je suis capable d'écrire tout ce que je dois dire à l'avance, de me faire un script avant le moindre appel. Mais là ça ne me fait pas pareil, c'est presque... Agréable. »

Tu ne veux pas lui dire directement que tu es transi d'amour non plus ? Se réprimanda mentalement Lior.

« Oh, parler avec moi est ''presque agréable'' je suis flatté. »

« Oh merdre, je voulais pas que ça sonne comme ça. »

Iel se donnerait des claques.

« T'en fait pas, j'avais compris. Et je dois dire que moi aussi je trouve ça agréable de te parler. Encore plus par téléphone que par messages. Tu as une très jolie voix. »

Lior s'étrangla. Iel avait du mal entendre, ce n'était pas possible autrement.

« Je vais te laisser dormir, il est tard déjà. Je voudrais pas te tenir éveillé toute la nuit parce que mon esprit est incapable de se mettre en pause juste cinq minutes le temps que je m'endorme. »

« Toujours autant d'insomnies ? »

« Pire que jamais. »

« A cause des fiançailles ? »

Se rendant compte que Byzance n'avait jamais parlé explicitement de fiançailles, Lior s'empressa d'ajouter :

« Enfin c'est bien de cela que parlait ton message ? »

« Ouais. Elle s'appelle Mellina. »

Et elle est magnifique, je sais.

« C'est la fille de la meilleure amie de ma mère. On a grandit ensemble, on a fait toutes nos premières fois en même temps. Et qu'on se marie, c'est pour ainsi dire une évidence, pour tout le monde, même pour moi, on a pour ainsi dire grandit dans cette idée... Alors je ne sais pas pourquoi je suis si indécis maintenant que le moment se présente. »

« Peut-être justement parce que tu as grandis dans cette idée qui n'est au final pas la tienne et que du coup tu n'as jamais vraiment réfléchi à la question, à ce que tu voulais toi. »

« Peut-être... J'ai l'impression que plus j'y pense, plus je m'embrouille. Balance ascendant Balance. »

Lior ne pu empêcher un joli sourire de fleurir sur ses lèvres. L'entendre lui parler astrologie, comme s'il reprenait un de ses petits tics de language était comme une caresse sur son cœur, et iel retomba une nouvelle fois amoureux.se. Charmé.e, comme envouté.e par cet infirmier qui, iel en était vraiment certain.e désormais, était la représentation même de l'homme de ses rêves.

Ils discutèrent encore un peu, avant de se souhaiter mutuellement une bonne nuit, et Byzance le fit d'une voix si chaleureuse que Lior pria pour réussir à graver à jamais ses quelques mots murmurés de l'autre bout du téléphone dans sa mémoire.

Et voilà, une fois de plus son cœur avait su tromper son esprit.

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[EDIT (25/10/21) : Version révisée]
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J'espère que ce chapitre est assez compréhensible, a la relecture je l'ai trouvé un peu trop fouillis 😶

Btw, je n'ai pas publié hier, parce que j'ai décidé de reprendre le publications un jour sur deux, so le prochain chapitre est pour mardi ♡

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