Chapitre 60 : C O M I N G - O U T
{Désolé de poster si tard mes chats ♡}
« Je vais leur dire. Ce soir je leur dit tout. »
Lior avait prit cette décision le soir où iel avait appris que son infirmier allait se fiancer -chose de laquelle iel n'avait parlé ni à Prune, ni à Alix, comme si le garder pour ellui pouvait rendre l'information moins vraie, l'effacer simplement de sa mémoire et faire comme s'il n'avait jamais été question de bague de fiançailles en émeraude ni quoi que ce soit-. Iel ne voulait plus continuer à mentir et vivre dans le doute. Mais c'est seulement quand les mots passent la barrière de ses lèvres, que la pensée devient concrète, énoncée avec des mots, qu'iel se rendit compte à quel point iel était déterminé.e, sa décision arrêtée.
D'un même mouvement, Prune et Alix se tournèrent vers Lior qui se balançait d'avant en arrière sur la petite balançoire du jardin chez Alix.
« Vraiment ? »
« Ouais. Hier j'ai vu un film avec ma mère. Je sais plus le titre, mais on a fini par plus ou moins aborder le sujet... Plus ou moins. Plutôt moins que plus, mais toujours est-il qu'elle avait l'air plutôt ouverte, mon père un peu moins je crois, mais aucun des deux n'a fait de remarques péjoratives ou quoi que ce soit et bon, ça risque de leur faire un choc bien sûr, mais je pense qu'ils sont prêts à l'accepter. J'en ai parlé avec Tasha, et elle pense que je me sentirais mieux si je peux être moi-même au moins chez moi. Elle dit que c'est important, et je pense qu'elle a raison. »
« C'est super ! » S'exclama Alix, pour encourager son ami.e.
« Je suis sûre que tout se passera bien. Peut-être qu'il leur faudra un petit temps d'adaptation, surtout quand ils te parleront, ne plus dire ''il'' ou ''lui'', parce que ce sont des choses tellement naturelles qu'elles sont faites un peu par automatisme, alors il va leur falloir désapprendre tout cela, mais passé cette période, je suis certaine que tout redeviendra comme avant, à la différence près que tu seras libre d'être toi-même. » Renchérit Prune avec un sourire.
Lior hocha la tête, iel savait qu'iel pouvait compter sur ses meilleurs amis pour lae rassurer.
« Mais... » Commença Alix, peu assuré. « Je veux pas attirer le mauvais œil ou quoi que ce soit, juste si ça ne se passe pas bien, si tu as besoin de mettre un peu de distance après leur avoir dit, tu sais que tu peux venir chez moi. »
Lior acquiesça, mais iel ne voulait pas envisager la possibilité que ça se passe mal. Iel ne voulait pas se faire de mauvaises ondes.
Leur après midi passa rapidement, sous les rires et les chants -ils avaient décidé d'un accord silencieux de ne pas plus évoquer le coming-out prochain de Lior- et alors que le soleil se couchait doucement, chacun regagna sa maison. Prune sur son joli vélo blanc, quant à Lior, iel prit le bus.
Une fois devant sa maison, iel prit trois profondes inspirations, avant de poser sa main sur la poignée. Mais avant même qu'iel n'ait pu esquisser le moindre mouvement, cette dernière s'ouvrît sur Tasha. Elle portait une jolie robe jaune, des collants noirs et des docMartens. Elle sursauta en trouvant Lior debout de l'autre côté de la porte.
« Hey, Lior, comment ça va ? »
Iel répondit d'un simple haussement d'épaules, le stress commençant déjà à lui nouer le ventre.
« Tu comptes leur dire ce soir c'est ça ? »
« Ouais... »
« Tu veux que... que je reste, pour t'épauler ? Où tu préfères faire ça en famille seulement ? »
« Je crois que ce serait mieux que je le fasse juste en famille. Mais merci de proposer. »
Iel était crispé et un silence un peu gênant s'installa. Alors pour le briser, iel demanda :
« Tu es venue voir Luca ? »
La jeune femme rougit en hochant la tête.
« Ouais. On est allés au cinéma. »
« Et tu comptes lui dire un jour, que tu es amoureuse ? »
« Je suis pas sûre que... »
Elle se coupa dans sa phrase, parce qu'elle ne savait pas vraiment ce qui l'empêchait de se confesser. Sans doute le fait qu'il soit partit étudier à l'étranger avant qu'elle n'en ait eut le temps et que le fait de le retrouver plusieurs années après rendait les choses un peu étranges.
« Tu devrais lui dire. Parce que sinon, quand il trouvera une autre fille et commencera à sortir avec, tu n'auras plus le choix que d'oublier tes sentiments et te contenter du rôle de la meilleure amie qui l'écoute parler de son couple avec les yeux en cœur. »
« Mais s'il ne ressent pas du tout la même chose, je ne veux pas briser notre amitié... »
« Tu te rappelles ce que tu m'as dis un jour ? Je ne peux pas me contenter d'exister alors que je pourrais vivre. Passer à côté du fait d'être moi-même au sein de ma famille, par peur de ne pas être accepté, c'est comme ne pas lire un livre qui a l'air intéressant par peur d'être déçu. Parfois il faut franchir le cap, sauter le pas. »
Tasha lui sourit.
« Je suis fière que tu aies trouvé le courage de le faire. Et je suis intimement convaincue que tout va bien se passer. »
« Si j'y arrive ce soir, promets-moi moi que tu diras à Luca ce que tu ressens. »
« Ouais. C'est promis. »
La jeune femme lui déposa un baiser sur le front avant de descendre les quelques marches du perron. Lior entra dans la maison, pris.e d'un regain de confiance. Iel aida sa mère à mettre la table pendant que son père cuisinait, et iel appela son frère quand le repas fut prêt.
Autour du gigot d'agneau, les discussions s'enchaînaient alors que Lior cherchait à mettre de l'ordre dans ses pensées. Iel n'avait jamais eut le meilleur des tact -évidemment, puisqu'iel était sagittaire, heureusement que son ascendant balance contrebalançait un peu- et ne voulait pas lancer la nouvelle trop abruptement.
« J'ai un truc à vous dire... »
Toutes les discussions se stoppèrent, comme si son ton avait laissé présager qu'il s'agissait de quelque chose d'important.
« On t'écoute mon chéri. »
« Je suis pas un garçon. Je suis non-binaire. »
Pour le tact et l'annonce en douceur, on repassera. Visiblement son ascendant avait prit quelques vacances de dernière minute.
Un blanc s'installa, comme si personne ne savait comment réagir, puis son père ouvrit la bouche :
« Et bien mon garç... enfin Lior... »
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'une chaise racla le sol et Luca quitta la table sans un mot. Lior voulut le rattraper, parce qu'iel avait besoin de savoir ce qu'il pensait, mais sa mère l'en empêcha.
« Laisse-lui un peu de temps. Il a le droit de vouloir s'isoler un peu, chacun réagit à sa manière. »
Malgré cela, ses parents n'avaient toujours rien dit, ils n'avaient pas dit à Lior ce que son annonce leur faisait, et iel avait peur qu'ils fassent preuve de déni. Qu'ils fassent comme s'iel n'avait rien dit et ne veulent plus jamais entendre parler de cela. Au fond, Lior se rendait compte que si c'était le cas, tout resterait comme avant en surface, mais ce serait bien pire qu'un rejet pur et simple, clairement exprimé. Sa vision commençait à se brouiller et sa respiration s'accélérait, quand la voix douce de sa mère l'arracha à ses pensées.
« Tu sais que pour nous ça ne change rien. Tu restes notre enfant. Et je suis contente que tu nous fasses assez confiance pour nous l'avoir avoué. »
A sa droite, son père acquiesça à ses mots, et Lior fondit réellement en larmes. De soulagement cette fois-ci. Ils l'acceptaient. Ses parents l'acceptaient comme iel était.
Son père se leva pour lae prendre dans ses bras et sa mère fit de même. Le repas se finit dans une ambiance assez étrange, parce que ses parents semblaient marcher sur des œufs à chaque fois qu'ils lui parlaient, comme s'ils avaient peur de dire quelque chose de travers, mais cela finirait par passer, et Lior était heureux.se de les voir faire des efforts. Cependant, iel ne pouvait s'empêcher de jeter des coups d'œil à l'assiette à peine entamée de Luca, et ça ternissait un peu trop son soulagement. Après avoir mit les assiettes dans le lave-vaisselle, Lior remonta dans sa chambre, marquant un temps d'arrêt devant celle de son frère, sans oser frapper. Iel passa son chemin.
Allongé.e sur son lit, Lior sortit son téléphone et sourit en voyant les messages de ses amis. Prune l'encourageait une fois de plus, et Alix voulait savoir comment ça c'était passé. Iel leur expliqua brièvement en un vocal sur leur groupe commun et reposa son téléphone qui vibra à nouveau.
Un nouveau message, de Peut-être-pas-si-Futur-ex-homme de ma vie 🌙💐.
D'un seul coup, Lior se releva, alerte. C'était la première fois qu'il était à l'initiative du premier message. Habituellement, c'était toujours ellui qui le sollicitait, même s'ils n'avaient somme toute pas tant parlé que cela. A peine quelques dizaines de messages depuis la première fois. Dubitatif.ve quant à ce qu'iel allait trouver dans ce message, Lior cliqua sur le nom de contact -qui était bien trop long et qu'iel devrait songer à changer pour quelque chose de plus simple, soit dit en passant, son prénom par exemple-. Mais l'adolescent.e n'eut pas le temps de lire le contenu du message que la porte de sa chambre s'ouvrît, brusquement. Son frère se tenait sous l'huisserie. Et, sans vraiment le contrôler, Lior se recula dans son lit, comme dans une posture défensive, protectrice. Le visage de Luca se décomposa, et il souffla, d'une petite voix qui ne lui ressemblait pas :
« Est-ce que je te fais peur, Lior ? »
Il semblait profondément ébranlé, comme horrifié à l'idée même de pouvoir tenir un rôle de bourreau sans même s'en rendre compte. Et la perspective que cela durait peut-être depuis plusieurs années le dégoûta plus encore. De lui-même. Était-il aveugle à ce point ?
« Il y aurait des raisons pour que ce soit le cas ? » Murmura Lior, incertain.e.
« Non. Enfin j'en sais rien, j'espère que non. »
Sa voix tremblait. Lior n'avait jamais vu son frère dans un tel état. Confus, doutant de lui-même, presque apeuré. Iel se rendait soudain compte que son frère aussi était humain, derrière son masque de perfection, il n'en restait pas moins un être doté de sensibilité comme tout un chacun. Et sans doute l'avait-iel ellui aussi repoussé sans le vouloir, par peur que son secret soit mis à jour. Et tout cela pour quoi ? Pour les mener à une impasse d'incompréhension et de non-dits. Mais peut-être qu'à deux, en y mettant du leurs, ils pourraient la surmonter, dépasser les embûches...
Lior se détendit un peu, mais une partie de son esprit restait tout de même sur le qui-vive, sans qu'iel ne puisse la contrôler. Cinq minutes, peut-être dix, passèrent sans qu'aucun des deux ne décroche le moindre mot.
« Tu me détestes ? »
« Quoi ? Non, bien sûr que non, tu es mon frère, enfin ma... mon... Je suis désolé. J'ai l'air d'un con. »
Luca se passa une main sur le visage.
« Pourquoi tu es partit sans rien dire alors, si tu ne me détestes pas ? »
« Parce que bordel Lior, pourquoi tu ne m'as rien dit avant ? T'imagine pas comme je me suis sentit con en apprenant. J'me repasse tout les trucs déplacés que j'ai pu te dire sans savoir et j'ai l'impression d'être un vrai looser... Et puis tu sais, j'aurais vraiment voulu que tu me fasses assez confiance pour m'en parler. C'est ça que tu voulais me dire à la soirée chez Anzo, pas vrai ? »
« Ouais, mais je me suis dégonflé.e. »
« Parce que t'avais pas assez confiance en moi... et je sais pourquoi. Parce que ado j'étais un gosse stupide qui jouait les caïds et qu'après je suis partit aux USA, et quand j'y pense j'ai vraiment dû te laisser l'image d'un mauvais frère... »
Lior était estomaqué.e jamais iel n'aurait pensé que son frère puisse s'en vouloir pour quoi que ce soit, qu'il puisse ne pas se sentir à la hauteur, lui qui était en tout point l'homme idéal...
Ou peut-être était-ce ellui qui l'idéalisait ? Parce qu'il était tout ce que Lior aurait toujours voulu être, ce qu'iel n'était manifestement pas. Parce que si Lior avait été comme lui, un homme tout simplement, tout aurait été vraiment plus simple. Au final iel avait finit par le déshumaniser, ne gardant en tête que la perfection qu'il pouvait incarner, mais pas ce qu'il était au fond de lui.
« On efface les ardoises et on reprends du bon pied, frérot ? Ou frèrette ? »
Lior rit et laissa son frère lae prendre dans ses bras, comblé.e. Pourquoi n'avait-iel pas fait cela plus tôt, au lieu de se cacher toutes ces années...
Maintenant que c'était passé, ce qui lui avait parut insurmontable pendant tant de temps semblait tout à coup avoir été si... Simple. Presque dérisoire. Et désormais, rien que le fait de respirer lui paraissait plus facile.
_
[EDIT (24/10/21) : Version révisée]
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