Chapitre 53 : M I S S E D C H A N C E
La musique s'échappait doucement d'une petite enceinte posée au milieu du salon, pas trop forte pour ne pas couvrir les conversations, plus comme un bruit de fond. Alix se surprenait à beaucoup aimer ce genre de soirées calmes, sans personne qui se déhanche sur de la musique trop forte et de mauvaise qualité, sans trop d'alcool non plus, tout juste assez pour se détendre et passer un bon moment, sans avoir besoin de vomir ses tripes ou se retrouver pris d'intenses nausées et d'un mal de crâne tonitruant le lendemain.
Luca, le frère de Lior qui se trouvait être l'invité d'honneur, était au centre de toutes les conversations, il était celui qui menait les discussions, celui que l'on remarquait, le genre d'idéal à qui n'importe qui voudrait ressembler, parce que la société a dicté que c'était la chose à faire. En se sens, il ressemblait un peu à Élias, mais seulement en surface, parce qu'Alix connaissait bien trop le blond pour le comparer à n'importe qui qu'il venait de rencontrer. Et Alix comprenait ce qui pouvait mettre Lior mal à l'aise. Dès qu'iel était arrivé.e avec son frère, Alix l'avait comprit. Ellui et Luca étaient aux antipodes l'un de l'autre. Néanmoins, une chose avait rassuré le bleu, Luca se trouvait être extrêmement gentil, attentionné même. Il avait craint qu'il soit rabaissant, voire vulgaire envers son.a ami.e mais ce n'était pas du tout le cas, hormis quelques remarques maladroites de temps à autres qui n'étaient sûrement due qu'au fait de son ignorance.
Prune semblait en être arrivé au même constat, puisque après un regard entendu échangé avec Alix, elle se leva et tira Lior vers la cuisine, loin du reste du groupe.
« Ça va ? »
L'adolescent.e haussa les épaules. Depuis qu'iel était en présence de son frere, iel était sur le qui-vive, mal à l'aise.
« Tu sais Lior, tu n'es pas moins parfait.e que ton frère. Il rentre simplement plus dans les standards de la société, mais la perfection n'a jamais été de faire partit d'un standard. La perfection c'est de surpasser les catégories par un petit on-ne-sait-quoi qui magnifie tout le reste. Tu es ce petit on-ne-sait-quoi. Tu es magnifique. Et tu n'as pas à te sentir inférieur.e ou quoi que ce soit. Et peut-être que ton frère est brillant, qu'il a eut une bourse pour faire des études aux États-Unis, mais il a trois ans de plus que toi, tu vas seulement passer le bac, alors évidement qui tu n'en as pas accompli autant pour le moment, mais ça ne veut pas dire que tu vaux moins bien. Alors arrêtes de stresser. C'est ton frère, et lui, ne te vois pas le moins du monde comme un.e adversaire, il n'y a aucune course, détends-toi et profite de sa présence, lui il est content de te revoir, ça se lit dans son regard. »
Elle hésita un petit instant et ajouta :
« Pour ce qui est du fait de lui parler de toi, de ton secret, si tu n'es pas prêt.e, alors tant pis, ça attendra, et si tu te sens de lui révéler, tant mieux. Je ne le connais pas personnellement, et je sais que ce n'est pas toujours écrit sur leur visage, mais il n'a vraiment pas l'air que quelqu'un de LGBTphobe. Je dirais même que malgré son apparence qui crie qu'il pourrait être recruté pour jouer la brute de l'équipe de foot d'une série américaine, il a plutôt l'air ouvert, du moins quand on l'écoute parler. Mais je ne veux te pousser à rien, fait comme tu le sens Louloute. »
Lior lui accorda un petit sourire et la remercia, parce que quelque part, iel avait besoin d'entendre cela. Iel avait besoin qu'on lui dise qu'iel était légitime et ne valait pas moins que n'importe qui d'autre. Iel s'était stressé.e tout.e seul.e avec le retour de son frère, oubliant totalement que malgré les fois où il l'avait repoussé, refusant de jouer avec ellui, Luca avait toujours été protecteur envers ellui, veillant sur ellui et lae défendant quand les brutes de sa classe s'en prenait à ellui parce qu'iel était lae plus petit.e, et lae plus jeune, né.e en décembre -la saison du sagittaire-. Toutes ses craintes avaient comme recouvert ces souvenirs d'une brume opaque, l'empêchant de rationaliser, lae faisant redouter son frère comme on redoute une sorte de monstre terrifiant peuplant d'anciens cauchemars. Non, Luca était loin du monstre, il en était même l'opposé. Iel devait le voir tel qu'il était, juste un garçon un peu bruyant, parfois trop fier mais qui restait son frère et qui l'aimait.
Luca entra dans la cuisine, un peu surprit d'y trouver Lior et Prune. Il accorda un petit clin d'œil à Lior, s'imaginant sûrement qu'il se passait un truc entre ellui et la jolie jeune fille. Mal à l'aise, Lior lui rendit seulement un petit sourire, peu assuré.
« Je peux parler à mon frère un moment ? » Demanda Luca, intimant gentillement à Prune de les laisser un instant.
La brune jeta un petit regard encourageant à Lior, pour lui montrer son soutient. Elle voulait qu'iel ose parler à son frère. Puis elle quitta la pièce, rejoignant le salon.
« Alors, c'est elle qui te rend toute chose ? » Interrogea Luca, plongeant son regard dans les yeux clairs de Lior.
« Prune ? Non. On est juste amis. » Démenti Lior, se demandant ce qui avait pu pousser son frere à imaginer qu'il y avait plus que cela entre elle et ellui.
Inconsciemment, Lior se mit à gratter l'intérieur de son coude, comme pour détourner son esprit du stress qui le prenait subitement.
« Alors pourquoi tu es si tendu ? Depuis que je suis revenu, je ne t'ai pas vu une seule fois simplement calme et détendu. Avant tu faisais toujours des blagues idiotes. Il y a un truc qui va pas ? Encore des petits cons qui te cherchent des noises au lycée ? Si tu veux que j'aille prélever quelques quenottes, pour qu'ils te laissent tranquille, tu n'as qu'un mot à dire. »
« Non. Tout va bien. C'est juste le stress du bac. » Mentit-iel sans trop d'aplomb.
Luca le regarda, sceptique.
« Tu sais que s'il y a autre chose, tu peux me le dire ? Je sais que j'ai pas été super cool avec toi quand j'étais ado, j'étais vraiment un petit con, et je te prenais pour un gosse parce que tu avais trois ans de moins, mais à la vérité je crois que tu étais déjà bien plus mature que moi. Et je sais aussi que j'ai pas été là pour toi les dernières années, parce que j'étais sur un autre continent, et j'avais pas grand chose d'autre que mes études en tête, mais à la fin de cette année, je reviens m'installer en France. J'en ai marre d'être loin de ceux qui comptent. »
Lior fixa son frère dans le yeux. Ceux-ci ne mentaient pas, et iel savait que s'iel le repoussait alors qu'il faisait le premier pas, la communication ne se referait jamais entre eux. Alors iel laissa ses lèvres se délier :
« Enfaite... »
Mais il fut coupé par Aïko qui entra dans la cuisine en pestant, sa chemise tachée de vin rouge. Suivit de près par Anselme. Et ça semblait être à qui crierait le plus fort.
« Putain tu pouvais pas faire un peu attention ? Non ça ne t'arrive jamais ! Est-ce que tu sais au moins ce que signifie 'être soigneux' ? »
« Oh ça va ! C'est juste une chemise tu vas pas en chier une pendule ! Et puis ça va pas non plus être de ma faute si tu bois du vin en soirée. Prends de la vodka, comme tout le monde, ça tache pas. »
« Tu m'as bousculé idiot ! Et excuse-moi de ne pas être un poivrot dans ton genre qui ne jure que par la vodka ! J'y peux rien si je suis plus rafiné que toi ! Il n'y a qu'a voir ton allure pour le comprendre. »
Aïko descendit un regard lourd de jugement sur les bras couverts de tatouages d'Anselme et son T-shirt trop grand, déchiré et couvert de taches de peinture.
Il s'approcha en suite de l'évier pour essayer de faire partir la tache de sa chemise blanche. Quand Anselme fit mine de s'approcher à son tour, il houspilla :
« C'est bon, j'ai pas besoin de ton aide, tu en as déjà assez fait ! »
« Très bien ! » Se résigna le blond. « Comme tu veux. Mais avec de l'eau chaude, tu vas juste encore plus imprégner la tache dans le tissus. Tu devrais prendre de l'eau gazeuse. Mais je te laisse te débrouiller. »
Lior et Luca qui avaient, silencieusement, assisté à cet échange virulant, se regardèrent. Et Luca s'étonna :
« Ils n'ont toujours pas couché ensemble pour détendre leurs nerfs ces deux-là ? Personne n'a pensé à leur souffler l'idée ? »
Lior haussa les épaules, un peu surpris.e de la remarque de son frère.
« Alors, qu'est ce que tu allais me dire ? Avant que ces deux énergumènes ne nous interrompent. » Redemanda Luca.
« Oh rien de très interessant. Juste que je crois que Tasha aimerait bien passer un peu plus de temps avec toi, tu lui as beaucoup manqué tu sais. »
Lior avait comprit que la jeune femme en pinçait secrètement pour son frère, et que son départ avait été difficile pour elle. C'est d'ailleurs pour cela qu'ils s'étaient beaucoup rapprochés elle et ellui.
Luca lui sourit et hocha la tête. A lui aussi, sa meilleure amie lui avait manqué. Et il comptait bien rattraper le temps perdu.
Lior retourna dans le salon, la conscience lourde de n'avoir une fois de plus, pas eut le courage de tout dire à son frère. Iel s'en voulait d'être aussi faible. Encore.
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[EDIT (24/10/21) : Version révisée]
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Encore un petit chapitre autour de Lior ♡
J'espère que ça vous a plu ♡
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