Chapitre 5 : M E E T Y O U

Le chemin jusqu'à la vie scolaire lui parut durer une éternité et une fois qu'il entra dans le bureau, il le trouva vide, si ce n'est Éos, ce garçon à l'air rebelle et au regard dur qui attendait tout comme lui.

"Tu es là pourquoi toi ?" Demanda Alix au bout d'un moment.

L'autre garçon sursauta presque et se retourna vers lui, incrédule, comme s'il se demandait s'il s'adressait vraiment à lui. Et quand le regard d'Alix possé sur lui lui en donna la confirmation, il se contenta de lui répondre d'un haussement d'épaules et de tourner le regard, peu enclin à faire la conversation.

Alix détourna alors lui aussi son regard bleu, un air contrit au visage. Le ventilateur au coin de la pièce rafraîchissait un peu l'air ambiant et cela lui fit du bien. Il avait l'impression d'enfin sortir d'un bain brulant dans lequel il avait été plongé toute la journée.

Avant même qu'un surveillant n'arrive, la sonnerie de 16h30 retentit. Le brun à côté d'Alix se leva de la chaise où il était assis et s'apprêtait à quitter le bureau dans un soupir quand la porte arrière s'ouvrit, laissant passer la vieille surveillante à l'air aigri.

"Où comptes-tu aller mon garçon ?"

Le brun lui jeta un regard mauvais avant de lancer :

"Il est quatre heures et demie, je rentre chez moi, fallait v'nir avant si vous vouliez me parler, ça fait presque une heure que j'attends ici."

"Oh ça va, tes jeux vidéo peuvent attendre cinq minutes tu ne penses pas ?" Rouspéta-t-elle sans lui accorder un regard.

"Quels jeux vidéos ? Hein ? Par contre mon retard vous pourriez venir en personne l'expliquer à mon patron et aussi payer mon loyer à la fin du mois quand je me serai fait virer par votre faute, vous en pensez quoi ?" Cracha-t-il avec une certaine arrogance.

Alix était bouche bée, il admirait la prestance de ce garçon, il aurait aimé lui aussi savoir faire preuve de cette force de caractère. Éos ne se laissait pas faire, il ne l'avait jamais fait. Pour Alix, il ressemblait en tout point à un fauve, toujours en train de se débattre contre la vie elle-même. Malgré cela, rien ne semblait vraiment l'intéresser. Alix ne lui connaissait pas d'amis, pas de passions, rien. Éos était un mystère.

La surveillante soupira.

"Bon donnes-moi ton nom qu'on en finisse rapidement."

Le brun leva les yeux au ciel, s'avança quand même jusqu'au bureau et se laissa tomber sur la chaise devant celui-ci, ayant bien en-tête que sa bourse dépendait en partie du formulaire que la surveillante avait à la main.

"Éos Privelsy."

Alix lui jeta un dernier regard, presque admiratif, et sorti du bureau, pour rejoindre son prochain cours. Il ne voulait pas qu'il soit dit qu'il séchait intentionnellement, et puis avoir été un peu au frais sous le ventilateur l'avait aidé à se sentir mieux, du moins un petit peu. Les couloirs étaient emplis d'un chassé-croisé de lycéens, ceux heureux de quitter et ceux qui, comme lui, désespéraient d'avoir encore une, voire deux heures à tirer. La chaleur ambiante revint étreindre le bleu qui lâcha un soupir discret. Du regard, Alix chercha son petit groupe, il les repéra devant sa salle de cours et s'apprêta à les interpeler pour leur dire de l'attendre, mais avant qu'il n'ait pu, quelqu'un l'attrapa par la main. Le bleu se tourna et fut surprit de tomber dans le regard gris d'Élias.

"Oh, Élias... Qu'est-ce que tu veux ? Si c'est pour ma proposition de ce matin, je ne suis pas trop en forme là, c'est à cause de ces vêtements trop longs, j'ai un peu chaud..."

Tout en disant cela, il lança un petit sourire narquois à Élias, il pensait qu'il allait encore lui reprocher son attitude, mais à la place, le blond posa une main sur la joue, puis sur le front d'Alix, repoussant quelques mèches qui étaient venues s'y coller, avant de déclarer :

"Alix t'as pas juste chaud, tu fais de la fièvre. Pourquoi tu n'es pas allé à l'infirmerie comme l'avait recommandé le prof de math ?"

Lux manqua de s'étouffer dans un bruit assez proche d'un rire, plein de dédain.

"Recommandé ? Tu te fous de ma gueule ? Il a juste voulu que je me barre de son cours, j'aurais pu crever, tant que j'étais de l'autre côté de la porte il s'en foutait, pire je suis sûr que ça l'aurait fait sourire avec sa gueule d'édenté !"

"Dis pas de conneries tu... "

Alix s'accrocha soudainement à son bras, le coupant au milieu de sa phrase.

"Oh putain j'ai la tête qui tourne."

Peut-être qu'Élias avait raison, peut-être qu'il avait effectivement de la fièvre.

"Ok, viens, on va s'asseoir quelque part."

Le blond le guida jusqu'aux toilettes et Alix de rétorquer :

"Je t'ai dit que j'étais pas en forme pour ça..."

"Tais-toi voir un peu." Rit doucement Élias, dissimulant du mieux qu'il pouvait sa gêne et le rougissement qu'elle faisait apparaître sur ses joues.

Il le fit asseoir sur le bord du lavabo et il alluma l'eau de celui d'a côté pour humidifier son mouchoir. Il le posa ensuite sur le front du bleu puis le passa sur sa nuque pour le rafraîchir. Alix frissonna.

"Ça fait du bien ?"

Alix se retint au dernier moment de faire un sous-entendu salace et se contenta de hocher la tête.

"Ok alors tiens, prend le mouchoir, remouille-le s'il n'est plus assez frais et prêtes-moi ton téléphone, je vais appeler ta mère pour qu'elle vienne te chercher."

Le bleu obtempèra et Élias sorti des toilettes pour passer l'appel.

"Allô, Alix ?"

"Heu... Bonjour Madame, je suis un... un ami d'Alix et en fait il ne se sent pas très bien alors je vous appelle pour savoir si vous pourriez venir le chercher."

"Oh, est-ce que c'est grave ?"

"Non, juste une fièvre, mais il faudrait qu'il puisse se reposer au calme."

"Je suis désolée de te demander ça, mais est-ce que tu pourrais le raccompagner ? On n'habite vraiment pas loin du lycée. Je ne peux pas quitter mon travail tout de suite, mon chef ne le permettrait pas. Je suis vraiment désolé de te demander cela alors que tu sembles déjà avoir prit soin de lui jusque-là..."

"Il n'y a pas de mal madame, je vais m'en charger. "

"Tu es un amour. Je vais appeler le lycée pour les prévenir. Quel est ton nom déjà ?"

"Oh oui, pardonnez-moi, je m'appelle Élias De La GEIZE."

"Et bien je te remercie, Élias, pour ce que tu fais pour mon fils."

"Il n'y a pas de quoi. Vraiment. "

Il raccrocha et retourna dans les toilettes où il trouva Alix les yeux rivés sur son mouchoir.

"Dis, je croyais que c'était que dans les films que les gens avaient des mouchoirs en tissu avec leurs initiales brodées dessus. T'as pas que l'air, en fait t'es un vrai bourge, avec le nom à particule et tout ce qui va avec."

"Ouais, tout ce qui va avec, comme tu dis." Soupira Élias.

Alix se tut, parce qu'il avait bien remarqué qu'il avait dit quelque chose qu'il ne fallait pas et Élias ajouta seulement.

"Bon je te raccompagne chez toi. Viens."

Le bleu obtempèra. Les deux garçons s'assirent à l'arrêt de bus côte-à-côte.

" Je connais le chemin en bus tu sais. Tu peux retourner en cours maintenant. T'es pas obligé de sécher pour moi."

"J'ai dit à ta mère que je te raccompagnait alors je te raccompagne. "

"Comme tu veux." Souffla le plus petit, les yeux plissé à cause du soleil qui l'éblouissait. Il laissa retomber sa tête en arrière, espérant que s'appuyer contre la vitre de l'arrêt de bus lui procurerait un peu de fraîcheur, mais elle était aussi chaude que l'air ambiant.

Élias se releva et se mit entre Alix et l'astre lumineux, comme pour le protéger des rayons et lui faire de l'ombre.

"C'est mieux ?"

Le bleu hocha la tête avant de demander :

"Pourquoi tu es si gentil avec moi tout à coup ?"

"Parce que c'est mon rôle, en tant que délégué. Et parce que tu as besoin d'un ami. Je ne suis pas stupide, je vois bien que tu ne vas pas bien en ce moment. Tu as beau être toujours entouré de plein de gens, au fond tu es seul. Et je sais ce que c'est, ce que ça fait. Alors je me suis dit que comme on avait fait une sorte de trêve, qu'on passe plus notre temps a s'envoyer des piques, on pourrait en profiter pour être amis."

''Mais j'ai des amis. Il y a Lucien, Stella, Line... Et puis je ne t'envoies des piques que quand tu me cherches. C'est toi qui veut toujours me dénoncer au proviseur pour la fco tu dont je m'habille, parce que je me maquille, ou parce que je passe du bon temps, avec mes nombreux amis.''

Alix savait surtout que s'ils avaient moins l'occasion de se jeter des crasses, c'était surtout parce qu'il ne prenait plus la peine de s'apprêter ou de se maquiller, et qu'Élias ne pouvait pas être au courant à chaque fois qu'il passait un peu de temps à se faire plaisir avec quelqu'un où quelqu'une, il n'était pas non plus totalement dévergondé et inconscient, il se montrait discret pour ces choses-là.

''Alix, des amis c'est pas juste des gens à qui tu permets de recopier tes devoirs ou avec qui tu couches. C'est plus que cela, ce sont des gens qui te connaissent réellement.''

Alix ne répondit rien, parce quil ne savait pas trop quoi dire. D'un côté, il avait envie de lui cracher du venin, parce qui était il pour juger ses fréquentations, mais d'un autre côté, ce qu'il disait n'était pas totalement faux, Alix le savait. Le bus arriva, coupant définitivement court à la conversation.

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[EDIT (7/8/21) : version révisée ]

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