« Alors ce tatouage, on prends rendez-vous quand ? » Demanda Alix dès qu'il croisa Lior à l'arrêt de bus.

Iel lui sourit doucement en secouant la tête.

« J'en sais rien. Je ne suis pas sûr.e que ma mère serait ravie à cette idée. »

Alix haussa les épaules.

« Elle n'est pas obligée de le savoir. »

« C'est vrai que ça ne sera pas mon premier mensonge... »

« Hé ! Je disais pas cela pour ça. Faire son commig-out à ses parents est quelque chose qui peut prendre du temps, qui est difficile, je sais de quoi je parle, même si personnellement j'ai eut la chance que cela se passe extrêmement bien, on ne peut pas comparer cela à un petit secret de pacotille comme un tatouage. »

Lior soupira. Iel était conscient de cela, mais c'était comme si tout dans la vie lae ramenait à son mensonge. Iel savait bien que c'était un biais de son esprit, un travers mental qui lae poussait à voir le verre à moitié vide, mais c'était d'autant plus douloureux pour ellui qui avait toujours été un.e optimiste invétéré.e.

« Tu as raison. Je sais que tu as raison. Pourtant j'arrive pas à me le rentrer dans le crâne. Si je le fais, le tatouage -parce que après tout, c'est mon corps, mes choix, ma vie- tu viendras avec moi ? » Sourit-iel, le regard voilé d'incertitudes.

« Évidemment. On pourrait y aller tous les trois, avec Prune. Ça nous ferait un souvenir. »

« Ouais. Ouais, ce serait une super idée ! » S'enthousiasma Lior. « Et puis bon, on avait dit sur la fesse droite, alors il ne devrait y avoir de raison pour que ma mère le voit un jour. » Rit-iel en passant une main dans ses cheveux roux légèrement bouclés. Ils commençaient à être un peu longs, et iel ne détestait pas cela.

« Ça parle de fesses ? Les fesses de qui ? » Les interrompus Prune en arrivant derrière eux.

« Nos trois paires de fesses. » Répondit Lior en souriant à la nouvelle venue.

Alix glissa un regard vers la brunette et fronça les sourcils.

« T'as changé de style, il s'est passé quoi ? »

En effet, la jeune fille avait troqué ses habituelles baskets, pulls confortables et jeans boyfriend qui lui allaient à ravir, contre des escarpins en une jupe crayon, une jolie chemise rentrée dans celle-ci et un serre-tête de perles vissé sur la tête. Un style très élégant, presque guindé, aux antipodes de son style casual, comfy.

« J'avais juste besoin d'un peu de changement, tu n'aimes pas ? »

« Si, bien sûr que si. C'est hyper joli. Mais pas vraiment dans tes habitudes. On dirait un peu... un peu les tenues de Nuccya. On est censé y voir quelque chose ? » Releva Lior sceptique.

« Rien à voir avec la façon dont Nuccya s'habille. » Bougonna la jeune fille. « C'est juste que je passe à la vitesse supérieur pour séduire M.Dawilt. »

« Monsieur qui ? » S'exclama Alix, sourcils froncés.

Il n'avait aucune idée de qui était ce M.Dawilt, ni d'où il sortait.

« L'infirmier, tu as oublié notre petit pari ? » Râla Prune en secouant ses cheveux.

« Oh donc maintenant il a un nom ? »

« Évidemment qu'il à un nom ! Et même un prénom. Que je compte bien découvrir bientôt. »

« Et donc tu penses qu'un serre-tête en perles suffira à le séduire ? »

« Non, mais je pense que c'est un début. Cette tenue lui donnera une image de moi plus adulte. »

« Hum... Ma sœur aussi porte des serre-tête. Elle a quatre ans... » La charria le bleu.

Prune le bouscula en maugréant, faussement vexée avant de leur demander, reprenant leur premier sujet de conversation momentanément abandonné.

« Et donc c'était quoi le problème avec nos fesses ? »

« On va aller se les faire tatouer ! » S'enthousiasma le bleu, sautillant presque.

« T'es au courant qu'il faut être majeur ? »

« Prunette, pour acheter de l'alcool aussi, théoriquement il faut être majeur, pourtant je ne crois pas que ça nous ait jamais arrêté cet été. Et puis regarde, c'est un bon moyen de tester si ta tenue a vraiment l'effet escompté et te fait bel et bien passer pour plus adulte et mature que tu ne l'es. »

« En fait, je connais quelqu'un qui travaille dans un salon de tatouage et voudra bien nous prendre sans faire d'histoires. » Glissa Lior, avec un clin d'œil tout sauf subtil.

« Sérieux ? Mais c'est que tu en connais du monde, pourquoi je ne suis pas au courant de ça ? » Demanda Prune.

« C'est juste... Les potes de mon frère. »

Iel haussa les épaules.

« Je l'ai jamais vu ton frère non plus, il te ressemble ? » S'intéressa Prune.

Elle qui connaissait Lior depuis maintenant presque trois ans, n'en avait que très peu entendu parlé, et ne l'avait jamais croisé les quelques fois -rares, parce que Lior ne s'y sentait pas des plus à l'aise- où elle était allée chez lae rouquin.ne.

« Pas vraiment. On ne peut pas vraiment dire ça comme ça. Quand j'étais gosse, on était super proche, puis quand il est entré au collège, il a commencé à changer, il me traitait comme un parasite et me disait toujours que j'étais trop petit.e pour comprendre ses jeux... Après il est partit aux États-unis pour ses études et on s'est encore un peu éloignés... Il ne revient pas souvent à la maison. Je suppose que dans le fond c'est pas si grave. Il a l'air d'aimer ce qu'il fait alors c'est bien. »

Il hésita un moment avant d'ajouter :

« Il revient ce soir en fait... Et ça m'angoisse un peu. »

« C'est par rapport à... parce que tu es non-binaire ? » Tenta de comprendre la brune.

« Ouais. En partie. Je... je pensais aborder le sujet avec mes parents. Pas forcément leur dire pour moi, mais au moins tâter le terrain. Et j'ai peur de ne pas y arriver s'il est là. Mon frère a toujours été le fils parfait, l'homme fort, pas trop mauvais à l'école, sociable, populaire, aimé de tout le monde. Et moi, à côté, je me suis toujours senti un peu... j'en sais rien, pas à la hauteur. »

Prune hocha la tête sans réellement trouver quoi dire. Elle qui était fille unique avait bien du mal à comprendre cette rivalité, cette comparaison qu'il pourrait y avoir au sein d'une fratrie.

Ce fut Alix qui prit la parole.

« Tu sais, tu as de la chance d'avoir un frère. Vous êtes reliés par les liens du sang et c'est quelque chose de... Limite de sacré. Qu'il ne faut pas briser. Alors peut-être que le lien est entamé, mais je crois que tu devrais surtout tout faire pour le restaurer. Après tout, même s'il t'a un peu abandonné, et que c'est dur l'abandon -je crois même qu'il n'y a rien de pire- tu devrais essayer de simplement aller vers lui. Les choses ont pu changer, évoluer. Et si ça se trouve, tu te rendras compte qu'il est plus facile de lui parler à lui qu'à tes parents. L'écart générationnel est moins grand qu'avec tes parents, donc techniquement ça devrait être plus facile pour lui de comprendre. Il pourrait même devenir un allié pour toi. »

« Si tu veux, on peut passer chez toi ce soir, et on partira juste avant qu'il arrive, comme ça on pourra te donner un petit peu de courage. » Renchérit Prune avec un sourire doux.

« Ouais. Ouais, ce serait cool. »

« Mais avant, on se cale une date pour ce tatouage ! Je n'ai qu'une envie, de te voir avec un paresseux sur la fesse. »

« Je peux envoyer un message au salon, on a du temps cet après-midi, enfin Prune et moi quittons à 14h20, et peut-être qu'ils ont un peu de place pour nous trois. »

« Je suppose que si tu peux nous trouver un créneau aussi tôt, je peux bien sécher un cours ou deux. Ou trois. Qu'importe. »

La remarque du bleu détendit un peu l'atmosphère et tous les trois entrèrent dans le lycée, bras-dessus, bras-dessous.

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[EDIT (21/10/21) : Version révisée]
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J'avais dit 12h00 😭
(Pour ma défense, j'ai pas encore mangé alors c'est comme si midi n'était pas passé 😅)
Oui je me trouve des excuses comme je peux 😂